
J’ai lu ce livre sur les recommandations d’une amie : les livres policiers sont un domaine dans lequel je m’aventure rarement (trop souvent déçue) ; et ceux avec une couverture jaune, une fausse étoile de chérif et un pistolet pour gamins bleu pétard encore moins. Mais elle avait l’air tellement enthousiaste que je me suis laissée convaincre … et je ne le regrette pas !
L’histoire dure une journée, celle de Card, un mec paumé, blessé de guerre (de la mitraille dans les fesses), un privé malchanceux, propriétaire d’une arme, sans aucune balle pour mettre dedans et pas un sou vaillant pour en acheter, réduit à voler dans les sébiles des mendiants aveugles, mais qui, à Babylone, se nomme Smith Smith, se laisse aimer par la splendide Nana-Dirat, se lave dans une baignoire en marbre et est à la fois le plus grand joueur de base-ball de tous les temps et le détective le plus célèbre de l’univers.
Même pour les personnages qui l’entourent, l’ambiance est aux clichés : le flic est un coriace, le médecin légiste un cynique, la blonde est pulpeuse et son homme de main une brute, les noirs se déplacent en bandes et la veuve éplorée est éplorée. Le tout est décrit avec une jubilation contagieuse. On suit avec attachement cette curieuse affaire policière, le meurtre d’une prostituée avec un coupe papier, on se demande comme le héros ce que la blonde peut bien faire de toute la bière qu’elle boit et à quelle heure sa mère va-t-elle bien rentrer du cimetière !
Dans le fond, bien que le style soit totalement différent, ce bouquin m’a rappelé Pratchett : les mêmes héros pitoyables et terriblement attachants, un univers farfelu, des coïncidences troublantes et la volonté de caricaturer avec humour un genre littéraire …