« -That’s a bingo ! … Is that the way you say 'that’s a bingo' ? – We’d just say 'bingo'. »
Attention, film jubilatoire en vue ! J’avais peur de voir un remake de la Grande Vadrouille, avec Brad Pitt dans le rôle de Louis de Funès et Diane Kruger dans celui de Bourvil… Loupé ! Pourtant, ça commence un peu dans la même ambiance. Chapitre 1 : une ferme dans la campagne française. Un homme coupe du bois (‘Tchak. Tchak. Tchak.’) tandis qu’une de ses filles étend un drap. Arrivée de 4 soldats allemands dans une auto. La tension monte d’un cran, et l’envie de rire aussi. Parce que tout est surjoué. La voiture arrive lentement, très lentement. Pierre Labadite a exactement la tête d’un fermier français dans un film américain sur la seconde guerre mondiale et sa fille étend le drap beaucoup trop sérieusement pour que ça soit honnête. Dès cette minute, on se doute que ce film ne sera pas sérieux et qu’il sera une déclaration d’amour au cinéma.
Ce film n’est pas sérieux, et c’est une déclaration d’amour au cinéma. Des références comme s’il en pleuvait (et je n’en ai sans doute même pas repéré la moitié) ! Une déclaration d’amour aux réalisateurs ! Un film (et quel film !) dans le film, une actrice espionne, un acteur soldat de la SS, un cinéma de quartier, et le 7ème art qui sauve le monde (rien que ça …). Car Tarantino croit comme Goebbels que le cinéma peut changer l’histoire, et si Goebbels essaie de le faire via un navet à la gloire d’un jeune sniper nazi (La Gloire de la Nation, rien que ça), Tarantino fait mourir Hitler et toute la fine fleur du régime nazi dans une fusillade et un incendie dans un cinéma parisien.
Mais le film n’est pas que ça : c’est aussi un hommage vibrant aux langues, aux langages, aux accents, à tout ce qui fait qu’on appartient (ou pas) à tel pays, à telle région, à telle culture. Pour cette raison, ce serait un sacrilège de ne pas le voir en VO. A-t-il encore un sens sans l’accent péquenot d’Aldo Raine (fantastique Brad Pitt) ? Sans l’aisance et l’élégance avec laquelle le colonel Hans Landa (extraordinaire, mirifique, inoubliable Christophe Waltz) se débrouille dans toutes les langues qu’on lui présente ? Sans les passages réguliers de l’allemand au français, du français à l’anglais, mâtiné de quelque peu d’italien ? Sans le « Buongiorno » américain d’Aldo ?
Dans ce film, on meurt pour ne pas savoir faire correctement le chiffre 3 avec les doigts (qui, je l’apprends, ne se fait pas de la même manière en Allemagne et aux Etats-Unis), pour commander du whisky au lieu de schwaps, et pour mal accentuer certains mots.
C’est un film presque parfait. Presque car deux points m’ont gênée : d’une part l’extrême violence de certaines scènes. J’ai beau savoir que c’est du cinéma et que la scène est sensée être drôle, voir quelqu’un se faire scalper, ça me répugne (mais j’avoue ma petitenaturitude). Et je ne parle pas des doigts enfoncés dans les plaies ouvertes, brrrrrr, j’en frissonne encore.
D’autre part parce que l’acteur qui joue Marcel ne joue pas. Il récite vaguement et sans conviction un texte dans lequel il ne croit pas. Et quand on voit la performance des autres acteurs (aaaahhhhh, Christopher Waltz), c’est dommage…