En 1799, le Directoire touche à sa fin : le jeune général chéri de la Victoire vient de se faire nommer Premier Consul. Les choses changent à Paris, le pouvoir change de mains.
Mais en Bretagne, la guerre de Vendée recommence. Un jeune homme, débarqué d’Angleterre et surnommé le « Gars » réveille les Chouans endormis. L’armée française, dirigée sur place par Hulot, est mise en difficulté.
Mais de Paris, débarque une jeune beauté, dotée d’une lettre de mission lui donnant tout pouvoir sur les troupes, Mlle de Verneuil. Dès leur première rencontre, le Gars et Mlle de Verneuil vont tomber amoureux : comment concilier son cœur et son devoir ? Et qui est réellement Mlle de Verneuil ?
Ce roman est très étrange venant de Balzac. Il manque de cynisme. Romantique, il pourrait être du Hugo (il serait très intéressant de le comparer avec Quatre Vingt Treize, d’ailleurs, qui semble s’en être inspiré pour un grand nombre de personnages secondaires). Romanesque au dernier degré, il pourrait être du Dumas.
Il n’y a que dans ses descriptions, par ailleurs assez peu nombreuses (pour du Balzac) que je le reconnais : la Bretagne, ses paysages, ses haies, ses talus, ses villes de granit austère, sa Sainte Anne d’Auray, son peuple féroce et superstitieux (pas taper, pas taper, c’est le XIXème siècle quand même), forment plus qu’un décor au récit, mais lui donnent une vrai impulsion.
C’est aussi un très beau portrait de femme. Marie de Verneuil est le personnage principal de ce récit, bien plus que le fadasse « Gars ». Elle cultive un mystère à la Milady, avec une pureté dans ses intentions et dans ses choix presqu’adolescente : elle a en elle de l’intrigante d’Ancien Régime comme de la jeune fille romantique du XIXème, avec une volonté presque masculine. Balzac décrit là un idéal de femme, pure et sensuelle, claire comme de l’eau de source et mystérieuse, fragile et déterminée, amoureuse et calculatrice.
Au final, il n’y a pas qu’entre les deux aspects de la personnalité de Marie que Balzac ne parvient pas à trancher. Entre Républicains et Royalistes, son cœur hésite aussi. Si sa vision des Chouans est romantisée, comme gardiens du passé éternel de la France, il ne se voile pas les yeux sur la corruption de ceux qui les mènent. Quant aux Bleus, coupables de détruire ce passé, ils portent en eux l’avenir de la Nation, et sans doute un plus fort assentiment politique de Balzac.
Au final, c’est un roman que j’ai beaucoup aimé. Grâce au souffle romanesque qui le traverse, il se lit comme du petit lait. Mais la finesse, l’absence de manichéisme sur lequel Balzac la construit est un régal.
Lu en lecture commune avec Maggie, Nathalie , Cléanthe et Marie
Lu dans le cadre du challenge Balzac
Lu dans le cadre du challenge Romantique
Lu dans le cadre du challenge Révolutionaire