"Y'avait-il un "secret" à Bly - un Mystère d'Udolphe, ou un parent inavoué tenu dans une réclusion insoupçonnée ?"
Lorsque Ann, une jeune gouvernante, se rend à son entretien d'embauche, elle ne sait pas vers quoi elle s'engage. Un jeune homme charmant, un dandy, lui demande de s'occuper de ses deux neveux orphelins, dans sa maison de campagne, sans jamais le déranger, sans jamais lui écrire. Il se décharge de deux enfants dans ses jeunes mains, et advienne que pourra.
Son arrivée est un enchantement : la demeure, sous le soleil couchant, est splendide, les serviteurs sont adorables et se plient à ses désirs, et sa petite élève est un modèle de beauté et de gentillesse.
Le frère, l'autre élève, arrive plus tard : il s'est fait renvoyer de l'école, et pour une raison qu'Ann ne parvient pas à comprendre : n'est-il pas l'enfant le plus charmant du monde ? Le plus intelligent ? Le plus beau ?
Après une lune de miel avec ces enfants, Ann commence à s'inquiéter : elle entend des pas dans le couloir la nuit, elle voit un homme, d'allure vulgaire, et une femme, aux traits méchants, errer dans le domaine. Et après enquête, leurs traits correspondent à ceux de l'ancien valet et de l'ancienne gouvernante, morts tous les deux. Leur influence sur les enfants est pernicieuse.
Alors ? Fantôme ou délire ? Et les enfants sont-ils des anges ou des démons ?
L'écriture est totalement typique d'Henri James : charmante et intellectuelle. Comme lire un roman dont on aurait qu'une phrase sur deux : c'est obscur. On cherche en vain le mystère entre les lignes, et on ne reste que sur cette question : "Fantôme ou délire ?"
James a le talent de nous faire voir les choses sans les dire : ce qui demande une certaine concentration parfois (et ne le rend pas très facile à lire, j'avoue ...), mais qui donne une incroyable profondeur à ses écrits.
"Je me suis emparée de lui, oui, je l'ai étreint - on peut imaginer avec quelle passion"
Qu'ai-je lu entre les lignes ? Une histoire d'amour, maudite... Dès le début, on nous signale qu'il s'agit là d'une histoire d'amour. Et les premières lignes du texte de Ann nous laissent penser que la jeune gouvernante est amoureuse de son patron. Mais est-ce bien de l'oncle qu'elle est amoureuse, ou de son jeune élève, Miles ?
Ann est jeune : à peine vingt ans, et son petit élève doit en avoir douze. Elle est inexpérimentée, fragile, impressionnable. Milès, qui m'appelle 'ma chère', semble presque plus mature qu'elle ! Elle pénètre dans sa chambre, non sans hésiter, agit en jalouse vis à vis de lui, et semble si bien chercher une influence malhonnête dans les actes des fantômes qu'elle semble bien posséder elle même le vice des autres ...
Une nouvelle passionnante, très agréable à lire, mais qui demande tellement de concentration que je me demande ce que va donner la lecture des Ailes de la Colombe !
Lu en lecture commune avec Mélusine
Lu dans le cadre du challenge Henry James