« Il pleut sur Cavan et Monaghan ; il pleut sur les collines, sur les lacs et sur les routes ; sur les maisons, sur les fermes, sur les clôtures qui les divisent, sur les fossés et sur les champs, sur la terre qui soupire ; la pluie tombe sur toute cette géométrie biscornue et lui impose une forme. »
Grace Quinn s’est installée en Irlande, après son mariage avec un irlandais alcoolique et violent. Et là, sous la pluie, elle a regardé sa vie petit à petit se défaire : elle a vu son petit garçon Sean mourir noyé dans un étang, son mari boire, la battre, son autre fils, Martin, partir à Dublin, loin de tout cela. Finalement, une nuit, soûl, son mari renverse une jeune fille qu'il tue. Il part en prison pendant six mois, revient et se remet à boire. Et, le jour où il recommence à la battre, elle décide de le tuer. A l’endroit où il a renversé la jeune fille, avec la même voiture encore cabossée, elle lui roule dessus. Puis rentre chez elle, prépare ses affaires et part pour Dublin afin de renouer avec son fils Martin.
Que dire ? Je n’ai absolument pas accroché à ce roman. Pourtant, il y avait beaucoup d’ingrédients qui auraient pu me plaire : l’Irlande, déjà, certains personnages, comme Martin, coincé entre la tradition et la modernité, entre son père et sa mère, entre la très catholique Irlande et son homosexualité. J’étais attirée par un roman qui prend un personnage et lui demande ce qu’il a fait de sa vie. Et pourtant.
Peut-être n’ai-je pas du tout accroché au personnage de Grace que j’ai trouvée trop fade, trop imprécise, trop inexistante. Peut-être que ce roman ne demande rien à cette femme, qu’il se borne à décrire un fait-divers, sans introduire rien de romanesque ni de littéraire. Peut-être que c’est juste une mauvaise pente, où on la voit petit à petit tout perdre, son père, son mari, sa ferme, son fils, toute sa vie, sans que rien ne vienne le remplacer, sans qu’aucun événement ne se produise.
J’ai eu l’impression que quelque chose me manquait dans ce roman, même si je ne sais pas vraiment quoi. Comme si personne ne nous parlait vraiment à nous, lecteurs. Comme si nous étions inopportuns, et que, par pudeur, l’auteur cherchait à nous éloigner de Grace et de son drame.
Voilà, je ne suis pas rentrée dans ce livre, et je le regrette. J’ai eu l’impression de passer à côté de quelque chose qui aurait pu me séduire, et puis finalement non.