"Ah que cela est bien dit ! Approche, que je t'embrasse pour ce mot. Voilà la plus belle sentence que j'aie entendue de ma vie. Il faut vivre pour manger, et non pas manger pour vi... Non, ce n'est pas cela. Comment est-ce que tu dis?"
L'autre jour (ça commence à dater en fait, ma paresse en matière dé'criture de billets me perdra), j'ai emmené ma nièce voir L'Avare à la Comédie Française. Première vraie pièce de théâtre, premier Molière, première entrée au Français ... Autant vous dire que j'étais fière d'accompagner cette jolie demoiselle !
Venons-en à la pièce : je me rappelais que l'Avare parlait d'un avare, qu'il y avait des histoires de coeur au milieu, et que tout se terminait bien, mais les détails en étaient un peu loin. Le début est lent, et met en place trois histoires. Arpagon a deux enfants, un fils et une fille. La dite fille s'est engagée avec un jeune homme charmant, Valère, qui voulant plaire au père est devenu son majordome, poussant ses avarices à l'extrême (et se moquant perfidement du paternel de sa bien-aimée). Le fils, lui, est tombé fou amoureux de sa voisine, la jeune et jolie Marianne, amour réciproque, pour laquelle il engage des frais que son père lui reproche.
Harpagon, lui, après des années de veuvage, décide de se remarier : il porte son choix sur Marianne (drame en perspective), veut marier sa fille à un homme bien plus vieux qu'elle, mais qui la prend sans dot, et son fils à une riche veuve.
Plus la présence de Valère, qui assure tous les quiproquo qu'on veut en tant qu'ami du père, mais fiancé de la fille, et vogue la galère !
J'avoue que la mayonnaise a mis un peu de temps à prendre... Les premiers actes sont longs, pas spécialement drôles, en fait. Et la diction trop précipitée des jeunes acteurs n'aide pas à la compréhension des détails de l'histoire.
Mais, dès qu'Harpagon (splendide Denis Podalydès) entre en scène, le spectacle se transforme. Espèce d'araignée tantôt immobile appuyée sur sa canne, tantôt sautant et bondissant partout, il donne à la pièce un côté populaire, qui pouvait se cacher effrayé des doreries de la Salle Richelieu. Il est vraiment époustouflant et la fin, menée de main de maître entre lui et Valère, est si brillante qu'on voudrait que la pièce ne s'arrête pas.