Aristophane est un auteur qui m'amuse : on le prend pour un classique - tant qu'on ne l'a pas lu. Et dès les premières lignes, on se rend compte que cet auteur mort depuis 2500 ans est très très vivant, graveleux, bon-vivant, et très très populiste.
Pour poursuivre ma découverte de cet auteur, j'avais autrefois lu ses oeuvres complètes, dans la collection Folio, dont la traduction m'avait exaspérée : ils avaient tout traduit, même les noms; L'hélleniste que je suis (que j'étais plutôt), était choquée.
Par chance, je ne me rappelais plus rien des Oiseaux avant d'aller le voir au Français. Heureusement, car il ne reste plus grand chose dans la pièce que j'ai vu de la pièce antique.
Les héros ne sont plus des hommes, mais des femmes. Pourquoi pas ? Je n'ai rien contre à condition que ça apporte quelque chose à la pièce. Mais là, pourquoi ? quel est le sens de faire de ces deux humains fuyant la ville vers le monde des oiseaux pour échapper aux impôts et aux tracasseries judiciaires, deux femmes ?
Je n'ai absolument pas compris la raison de ce changement de sexe, d'autant plus qu'il rajoute des bizarreries à la fin, lorsque Camarade Constance adopte et n'épouse pas, la Souveraineté.
Mais soit.
Le lieu aussi à été changé, mais sans l'être réellement : le monde des oiseaux, est à la fois dans les cieux, à mi chemin entre le monde des dieux et celui des humains (en cela, la mise en scène reste fidèle à la pièce) et à la fois Place Colette (la place où se trouve la Comédie Française) et les oiseaux en sont les acteurs du même théâtre où l'on se trouve. Mise en abîme qui ne serait pas inintéressante si elle était menée jusqu'au bout, et qu'on ne parlait plus du tout des cieux ni des dieux.
Les références politiques ont elles aussi été actualisée : s'il devait y avoir une actualisation que je comprends et soutient, c'est bien celle là. Les diatribes d'Aristophane envers ses contemporains n'ont aucune chance de nous faire rire, alors que celles envers nos politiques sont plus faciles à saisir. D'ailleurs,l'apparition de Lagerfeld a provoqué les rires de la salle.
Mais en même temps, la pièce reste désespérement fidèle à l'Antique, nous ressortant Héraklès et Poséidon par exemple. Et donc se contredisant par moment, lorsque par exemple, Camarade Constance, qui honnissait la fermeture des frontières quelques scènes auparavant, se met à refouler tous les profiteurs venant s'installer à Coucou-sur-Seine.
Au final, on ne comprends plus rien à la pièce. Reste un décor splendide, dans toute la beauté de l'architecture classique du Palais Royal, des costumes foisonnants et lumineux, et quelques acteurs extraordinaires, comme en particullier Loïc Corbery, jouant Le Coryphée, vif et souple comme un passereaux, et qui arrive à nous faire voir, par intermittence l'oiseau qui se cache derrière l'acteur.
Je n'ai donc pas passé un mauvais moment, chaque scène était agréable, mais l'ensemble manque cruellement de cohérence.