"Faut-il donc conclure que c'est un malheur d'être femme ?"
La femme auteur, c'est l'histoire de deux soeurs, Dorothée et Nathalie. A la fin de l'Ancien Régime, elles ont toutes les vertus et toutes les qualités qu'une femme peut avoir : elles sont belles, vertueuses, modestes, ont de l'esprit et de la finesse, et trouvent facilement à se marier.
Mais voilà, une chose les sépare : Nathalie aime écrire, elle compose des romans et des poèmes, tandis que sa soeur, plus sage, se contente d'être une femme.
Dorothée prévient Nathalie : écrire, passe encore si personne ne le sait ! Mais être publiée !! C'est là la honte ultime...
"Voilà les charmes et les illusions d'une célébrité naissante ; ne les envions point à la femme auteur qui en jouit, on les lui fera payer cher par la suite."
Au milieu de cette réflexion philosophique (et vraisemblablement autobiographique) sur le statut de la femme, Mme de Genlis nous rajoute une amourette très XVIIIème, un portrait de jeune femme très plaisant, et une description du milieu littéraire de son époque acerbe. Le tout en une courte centaine de pages !
"On ne représente point les grâces fixées fixées près d'un bureau, veillant et méditant dans le calme des nuits ; c'est une branche de roses qui doit parer la beauté, une couronne de lauriers la vieillit."
Cette nouvelle est la première à ouvrir le Challenge Dames de lettres car son titre l'y prédestinait. Ma curiosité a été attisée par la réflexion sur le féminisme qui s'y trouve. En demandant les mêmes droits que les hommes, les femmes perdent tout droit à demander à être traitées comme des petites choses fragiles. Elles perdent leur statut de femme, et deviennent des hommes : "L'homme qui désirerait être une femme serait un lâche, la femme qui voudrait pouvoir devenir un homme ne serait déjà plus une femme." Ce n'est qu'en restant à leur place, entre maternité et vie conjugale, que les femmes peuvent s'épanouir.
Mais en tenant de tels propos rétrogrades, c'est la description d'une femme libre que nous fait Mme de Genlis : Nathalie est veuve, elle n'a cure de l'opinion d'autrui, elle écrit parce qu'elle est douée, elle publie parce qu'elle a du coeur, elle annonce ses liaisons en public. Et comme la vie de Nathalie s'inspire très fort de celle de Madame de Genlis, il me semble que les propos qu'elle tient sont bien loin de la morale qu'elle montre ...
Inaugure le Challenge Dame de lettres, catégorie XIXème.
Dans ma PAL !