Pour cette semaine irlandaise, je vous propose un petit panorama de la musique de pub et d'ailleurs qui m'a longtemps bercé et dans laquelle je me replonge régulièrement...
Le premier groupe irlandais à avoir frappé mes oreilles s'appelle les Dubliners. Je ne pouvais pas faire autrement : mon père chantonne The Wild Rover et Molly Malone régulièrement !
J'aime la chaleur de ce groupe, j'aime les voix graves et douces, ou légères et aigres. J'aime les refrains repris en coeur. Il y a dans cette musique de pub une familiarité gaie ou tragique qui m'a toujours donné l'impression de m'immiscer dans une bande d'amis à chaque fois que je rentrais dans un pub inconnu, et d'y être bienvenue.
Mais il n'y a pas que cela dans The Dubliners, et dans les autres chanteurs de pub : une chanson, en Irlande, c'est un morceau d'Histoire. Et Dieu sait que les irlandais aiment l'Histoire. The Foggy Dew décrit les Pâques sanglantes de 1916, et si j'aime cette chanson, ce n'est pas pour son rythme entrainant, ou ses excellents arrangements, mais pour le cri de colère qu'elle dégage. C'est une chanson révolutionnaire, qui enflamme le coeur, et fait se souvenir des disparus.
Leurs chansons parlent aussi des événements modernes, et en en composant certaines (The town I loved so well, sur les villes d'Irlande déchirées par la guerre civil, ou The Lifeboat Mona, sur les marins d'un bateau de sauvetage noyés lors d'une opération), ils participent à cet acte éternel, de la Grèce Antique aux bardes anciens : propager l'information par des chants et des poèmes.
Mon deuxième groupe chouchou s'appelle Clannad et chante majoritairement en gaélique. Je serais bien incapable de vous dire ce que signifie Dhéanainn Sugradh, ou Dulaman ! Mais ces deux chants me font rêver, parcourir mains espaces et arriver dans un monde différents ...
Altan qui pratique le même genre que Clannad est passé en concert l'an dernier au Théâtre de la Ville : dans une salle loin d'être faite pour ça, leur entrain et la grâce de leur chanteuse a mis une ambiance extraordinaire ! La salle a fini debout, tapant dans ses mains.
Leur répertoire est presque le même que celui de Clannad (en particulier, ils chantent aussi Dulaman), mais ils sont capables de produire avec beaucoup de pêche des chansons à danser (Pretty Peg).
Retour dans les pubs avec un groupe plus jeune (enfin, datant des années 90 ...), découvert suite à un film : le groupe jouant dans la Third Class Party : The Gaelic Storm. Si j'accroche moins à leurs derniers albums, je suis une fan inconsidérée du premier (pour I tell me Ma que je chante encore parfois à tue tête, et pour The leaving of Liverpool), et pour certaines du deuxième album. Black is the colour me bouleverse à chaque fois que je l'entends tandis que New York Girls me fait presque lever de mon siège.
Dernier chanteur Gilles Servat. Servat est breton, mais, avec sa voix chaude et grave, mêlée parfois à celle de Ronnie Drew, encore plus grave, transmet magnifiquement les émotions de Vieille ville de merde (Dirty old Town) et de cette splendide chanson On the Raglan Road...
Et maintenant, musique !