
Il y a depuis peu à la FNAC un merveilleux coffret. Il contient de petits trésors de finesse, d'intelligence et d'esprit anglais. Oui, chers amis (et surtout chères amies), oui, un coffret contenant les adaptations BBC de 4 romans de Jane Austen est sorti. Oui, la plus merveilleuse des drogues qui soit est enfin en vente libre et à un prix relativement modique (une quarantaine d'euros, ne croyez pas que je veuille faire de la pub, mais quand même ça se note).
Bref, samedi après midi oblige et virée à la FNAC aidant, j'ai craqué. Et comme notre samedi soir était tranquille, nous l'avons passé à regarder l'adaptation télévisuelle de Northanger Abbey, mon Jane Austen préféré à l'exclusion d'Orgueil et Préjugés, Persuasion, Emma, Raison et Sentiments et Mansfield Park.
J'aime Northanger Abbey, j'aime ce roman pour l'humour qui le parsème. C'est la quintescence du roman, celui où l'auteur cherche à se moquer des romans et des héroines (les premières pages sont ... delightful), et où l'auteur se fait rattraper par son histoire, par ses héros et ses héroines, et où le romanesque prend le dessus sur la causticité. J'aime ce roman pour le charmant personnage de Catherine Morland, si fraîche et si jeune, qu'on a envie de la protéger contre ce qui la menace, ce qui nous menace tous, lecteurs, notre débordante imagination qui cherche à introduire le romanesque dans la vie même. J'adore le personnage d'Henri Tilney. De tous les séduisants jeunes hommes de Jane Austen, il est le plus réel et le plus vivant. Il n'a ni le charme altier de Darcy, ni l'élégance virile du capitaine Wenworth, ni le côté aventurier et séducteur d'Henri Crawford. Non, Tilney est un pasteur, et heureux de l'être même s'il préfère les romans aux sermons. Il est intelligent et d'un caractère heureux, un peu dans l'ombre, malgré son tact et ses manières parfaites. Et quant aux personnages secondaires, ils sont dépeints avec l'intelligence et la causticité de Jane Austen.
Tout ça pour vous dire en quelques mots pourquoi ce roman est mon préféré (à l'exclusion de tous les autres, bien sûr).
Et bien, tout cela, je l'ai retrouvé dans le film. Catherine, déjà. Elle a le charme de l'enfant qui devient une femme, sa timidité et son orgueil devant les premiers regards appréciateurs des hommes, les rêves et les fantasmes de l'adolescence, la petite fille qui se transforme sous nos yeux en merveilleuse jeune femme, avec les maladresses, les erreurs, les gaffes de l'enfant dans la peau d'une femme, et les premiers éclats du regard de la femme dans le corps de l'enfant.
Henri Tilney, ensuite. Extraordinaire JJ Feild ! Il est un Tilney fantastique, dans toutes ses ambigüités, dans tout son charme particulier. Il n'est pas très beau, mais lorsqu'il taquine Catherine, il devient pétillant de séduction. Son sourire moqueur illumine son visage, tandis qu'il donne à son regard toute la tendresse de l'homme amoureux quand il regarde Catherine. Bref, the right man at the right place.
Et tous les autres personnages sont ... austeniens à souhait ! Plus ou moins ridicules, plus ou moins fats, mais tous criants de vérité.
Oh, que c'était bien ! Et bien filmé en plus, et bien joué et avec des beaux décors et ... J'veux le revoir !!