“This is what the human story is, not the emperors and the generals and their wars, but the nameless actions of people who are never written down, the good they do for others passed on like a blessing, just doing for strangers what your mother did for you or not doing what she always spoke against.”
A la fin du Moyen-Âge, l’Europe a connu une succession d’épidémies de pestes dramatique. On estime que près d’un tiers des européens sont morts à cette occasion. The years of Rice and Salt part d’un postulat très simple : et si la Peste Noire avait tué la totalité des européens ?
Si le monde s’était construit autour de l’Asie centrale, entre la Chine, le monde arabe, l’Inde et Samarqand ?
L’idée est excellente et est poursuivie sur près de 600 ans, jusqu’à l’équivalent de nos années 2000. Comme personnages se trouvent trois âmes, prises dans le cycle des réincarnations bouddhistes, liées et vouées à se retrouver et à s’attacher les unes aux autres dans chaque réincarnation. Il y a celui, ou celle, dont le nom commence à K., l’être plein de charisme, parfois colérique, parfois emporté, mais au charme sans pareil. Celui dont le nom commence par I., le savant, l’érudit. Et B., qui est je crois mon favori, le sage, le doux, le complaisant.
A chaque révolution, à chaque découverte extraordinaire, ces trois êtres sont là, et nous les voyons par leurs yeux.
C’est très émouvant de voir le monde tel qui l’aurait été si notre culture n’avait été qu’un tas de ruine. Quand, par exemple, les charges positives et négatives des protons et des électrons s’appelle le yin et le yang. Ou tout simplement de voir le monde tel qu’on le voit quand on ne se centre pas sur l’Europe et son histoire, et qu’on prête autant d’intérêts aux événements se produisant sur la Route de la Soie qu’on en donne à ceux arrivant à Florence à la Renaissance.
Cet aspect m’a enthousiasmé : comme une expérience que l’on refait en changeant un paramètre.
“Most of the women in Idelba’s lab were Buddhist nuns, and many of the men there were monks. Compassion, right action, a kind of agape, as the ancient Greek had called it-the Greek, those ghosts of this place, people who had had every idea already, in a lost paradise that had included even the story of paradise lost, in the form of Plato’s tale of Atlantis, which were turning out to be true, according to the latest studies of the scholars on Kreta, digging in the ruins.”
Mais, j’ai plusieurs réserves, et d’importance, concernant ce livre.
Je ne le trouve déjà pas assez ambitieux : sa trame reprend plus ou moins celle de l’histoire réelle. Est-ce pour dire que certains événements sont faits pour se dérouler à telle période : la découverte de l’Amérique au XVIème siècle, et la Guerre Mondiale au XXème ? Que l’Histoire est écrite ? Ou est-ce par manque d’imagination de l’auteur ?
J’ai trouvé cet aspect vraiment dommage, car on finit par voir de la prédictabilité là où il ne devrait pas en avoir, et connaitre d'avance les événements sur lesquels portent les chapitres.
L’autre aspect qui m’a vraiment gênée, c’est le manque de qualités littéraires. Le style est correct (mais sans plus), mais toutes les autres qualités du roman manquent. On est plus face à un documentaire sur une uchronie que face à une histoire. S’il y a progression entre les premiers chapitres et les derniers, je ne la vois pas. Et au sein même des chapitres, les intrigues sont généralement réduites à leur plus simple expression.
Au final, un roman qui traine en longueur, qui manque de rythme. Passé la première surprise, j’ai eu du mal à le finir …
Alors, il y a quelques moments de grâce. Des chapitres (Nsara), ou des passages (quand K sous forme de tigre retrouve B et lui sauve la vie) splendides que j’ai relu plusieurs fois. Mais je les ai trouvés un peu trop rares …
Lu dans le cadre du challenge 100 ans de littérature américaine