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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 17:11

Chères amies, chers amis aussi (bien que que vous soyiez moins nombreux sur ce lieu), je me fait beaucoup moins présente et c'est à mon grand désespoir. Je suis en train de rédiger ma thèse. Ca me prend du temps, beaucoup de temps. Passant moins de temps dans les transports, je lis moins. Et surtout, l'idée d'écrire à nouveau sur un clavier pendant mes pauses ne me tente plus du tout.

Et pourtant, la blogosphère, vous toutes et vous tous, me manque. J'ai hâte de pouvoir revenir à temps plein, et plus en pointillés... J'ai hâte de reprendre le temps de lire et d'écrire. J'ai hâte de ne plus avoir en thèse ces deux compte-à-rebours, celui des semaines qui passent - trop vite, et du nombre de pages qui avance - trop lentement.

En attendant, j'ai une dead-line : la mi-Juillet. Après, le manuscrit envoyé, j'aurais l'esprit libre ...

 

Bien sûr, je vais continuer mes lectures communes ! J'ai déjà lu Mauprat - même s'il faut que j'écrive le billet, et j'ai Le journal d'une femme de chambre qui n'attend que d'être entamé. Sur whoopsy-daisy, on lit Belle du Seigneur, un régal que je savoure.

Je continue d'aller au cinéma, même si je n'ai plus le temps d'écrire des chroniques sur ce que je vois. Tant pis pour Detective Lee (un film divertissant et sympathique, mais qui aurait pu se payer le luxe d'un scénario et d'effet spéciaux moins ... kitchs), et Tomboy (un charmant petit film, d'une humanité bouleversante, mais qui manque un chouia de rythme).

Je suis aussi allée au théâtre, où j'ai vu hier un Agamemnon de Sénèque extraordinairement mis en scène. J'écrirai un billet sur cette pièce, plus tard, dans la semaine, pour vous encourager à aller à la Comédie Française voir cette pièce merveilleuse.

 

Et puis, je continue de m'inscrire à des challenges. Avant de poursuivre, il faut que je précise que Stendhal et Balzac (avec Hugo, comme troisième compère) ont été les compagnons merveilleux de mon adolescence. C'est eux qui m'ont démontré que les "Classiques" pouvaient être aussi enthousiasmant que des romans modernes. Je leur en garde une reconnaissance émerveillée.

Balzac.jpg

Alors, je ne pouvais que m'inscrire aux challenges Balzac, de Marie, et Stendhal, de George. Celui de George est sans limite (ni de livres, ni de temps). Quant à celui de Marie, il dure jusqu'à 20 Mai 2013, et je me suis inscrite en Lucien de Rubempré (avec 6 livres de et sur Balzac à lire).

challenge-stendhal.jpg

Et enfin, le fameux défi Steampunk, de Lord Orkan Von Deck !

Le Steampunk est un genre que je connais très mal, mais qui me tente beaucoup. Mélange entre la littérature XIXème et la fantasy, j'ai très envie de le découvrir. Et puis, les quelques blogs qui en parle m'ont fait noter de nombreux titres sur ma LAL. Comme je veux surtout découvrir les romans, je me suis inscrite en mode aéronaute.

Et parce que Lord Orkan Von Deck ne fait rien à moitié, il a même créé un blog consacré au challenge !

Eye_Steampunk.png

 

Sur ce, je disparais à nouveau (enfin, je vais être un peu plus présente la semaine prochaine que la semaine précédente) ... A très bientôt !

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 09:00

"Vous me rendez malheureux par la plus grande marque de fidélité que jamais une femme ait donné à son mari."

Jeune beauté arrivée dans une Cour débauchée et ragoteuse, Mlle de Chartres détonne : elle est non seulement d'une grâce à couper le souffle, mais elle est également vertueuse.

Alors que le roi affiche sa maîtresse, que la reine et les princesses s'octroient des favoris, que toutes et tous flirtent d'amourette en amourette, Mlle de Chartres a le coeur pur et indépendant. Sa mère, la stricte Mme de Chartre, l'a élevée dans le respect de loi, de la religion et de la morale, et, de manière plus importante, dans le respect de soi.

Bien vite, les amoureux lui tournent autour, sans espoir. Même celui qu'elle épouse, le Prince de Clèves, n'a jamais touché son coeur. Et le malheureux jeune homme, aussi pur et honnête qu'elle, se désespère de la froideur de sa femme.

 

Si bien que, quand arrive le Duc de Nemours, galant attitré de la Cour, la Princesse ne comprend pas d'abord ce qui lui arrive : elle est amoureuse. Craignant pour son honnêteté, pour sa vertu et pour le repos de son coeur, elle cherche à échapper à celui qui la trouble. Mais, amoureux aussi, et n'ayant pas l'habitude qu'on lui résiste, le Duc de Nemours la poursuit de ses assiduités.

 

"M. de Nemours avait raison, dit la reine dauphine en souriant, d'approuver que sa maîtresse allât au bal. Il y avait alors un si grand nombre de femmes à qui il donnait cette qualité que, si elles n'y fussent point venues, il y aurait eu peu de monde."

 

Quel roman ! J'étais un peu perplexe avant d'ouvrir les pages de ce "monument de la littérature française", mais j'ai bien fait de vaincre mes réticences. Ce livre est un chef-d'oeuvre, qu'il ne faut absolument pas lire trop jeune.

Si je l'avais lu à l'adolescence, je me serais révoltée contre ces sottises de religion et de morale qui empêche deux êtres qui s'aiment de se retrouver. L'ayant lu maintenant, j'ai espéré de toutes mes forces que la Princesse résiste au Duc, un être frivole et égoïste, qui ne la respecte pas et qui se lassera d'elle dès qu'il l'aura eu. Et le Prince est un être si honnête et gentil que je ne voulais pas le voir souffrir.

 

Cette histoire m'a infiniement plu. J'ai été séduite par le développement de la psychologie des personnages, de la Princesse qui se débat dans une toile d'araignée, qui se referme sur elle à chacun de ses gestes, aux personnages secondaires, aux prises avec leurs amours.

 

Et que c'est bien écrit. Certes, c'est précieux, mais quel jeu, quelle musicalité dans la langue !

"Comment pouviez-vous espérer que je conservasse de la raison ? Vous aviez donc oublié que je vous aimais éperdument et que j'étais votre mari ? L'un des deux peut porter aux extrémités : que ne peuvent-ils point les deux ensemble ? Eh ! que ne font-ils point aussi, continua-t-il; je n'ai que des sentiments violents et incertains dont je ne suis pas le maître. Je ne me trouve plus digne de vous; vous ne me paraissez plus digne de moi. Je vous adore, je vous hais; je vous offense, je vous demande pardon; je vous admire, j'ai honte de vous admirer. Enfin, il n'y a plus en moi ni de calme, ni de raison."

 

lecturecommune1

Lu en lecture commune avec Anne, Vilvirt, Delphine et Karine :). Bénédicte l'a également lu il y a quelques semaines.

 

Lu dans le cadre du challenge Dames de lettres

dame d11

et du challenge La littérature fait son cinéma

Challenge La littérature fait son cinéma 3e catégorie

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 09:00

letourd-ecrou.JPG"Y'avait-il un "secret" à Bly - un Mystère d'Udolphe, ou un parent inavoué tenu dans une réclusion insoupçonnée ?"

 

Lorsque Ann, une jeune gouvernante, se rend à son entretien d'embauche, elle ne sait pas vers quoi elle s'engage. Un jeune homme charmant, un dandy, lui demande de s'occuper de ses deux neveux orphelins, dans sa maison de campagne, sans jamais le déranger, sans jamais lui écrire. Il se décharge de deux enfants dans ses jeunes mains, et advienne que pourra.

Son arrivée est un enchantement : la demeure, sous le soleil couchant, est splendide, les serviteurs sont adorables et se plient à ses désirs, et sa petite élève est un modèle de beauté et de gentillesse.

Le frère, l'autre élève, arrive plus tard : il s'est fait renvoyer de l'école, et pour une raison qu'Ann ne parvient pas à comprendre : n'est-il pas l'enfant le plus charmant du monde ? Le plus intelligent ? Le plus beau ?

 

Après une lune de miel avec ces enfants, Ann commence à s'inquiéter : elle entend des pas dans le couloir la nuit, elle voit un homme, d'allure vulgaire, et une femme, aux traits méchants, errer dans le domaine. Et après enquête, leurs traits correspondent à ceux de l'ancien valet et de l'ancienne gouvernante, morts tous les deux. Leur influence sur les enfants est pernicieuse.

 

Alors ? Fantôme ou délire ? Et les enfants sont-ils des anges ou des démons ?

 

L'écriture est totalement typique d'Henri James : charmante et intellectuelle. Comme lire un roman dont on aurait qu'une phrase sur deux : c'est obscur. On cherche en vain le mystère entre les lignes, et on ne reste que sur cette question : "Fantôme ou délire ?"

James a le talent de nous faire voir les choses sans les dire : ce qui demande une certaine concentration parfois (et ne le rend pas très facile à lire, j'avoue ...), mais qui donne une incroyable profondeur à ses écrits.

 

"Je me suis emparée de lui, oui, je l'ai étreint - on peut imaginer avec quelle passion"

 

Qu'ai-je lu entre les lignes ? Une histoire d'amour, maudite... Dès le début, on nous signale qu'il s'agit là d'une histoire d'amour. Et les premières lignes du texte de Ann nous laissent penser que la jeune gouvernante est amoureuse de son patron. Mais est-ce bien de l'oncle qu'elle est amoureuse, ou de son jeune élève, Miles ?

Ann est jeune : à peine vingt ans, et son petit élève doit en avoir douze. Elle est inexpérimentée, fragile, impressionnable. Milès, qui m'appelle 'ma chère', semble presque plus mature qu'elle ! Elle pénètre dans sa chambre, non sans hésiter, agit en jalouse vis à vis de lui, et semble si bien chercher une influence malhonnête dans les actes des fantômes qu'elle semble bien posséder elle même le vice des autres ...

 

Une nouvelle passionnante, très agréable à lire, mais qui demande tellement de concentration que je me demande ce que va donner la lecture des Ailes de la Colombe !

 

Lu en lecture commune avec Mélusine

lecturecommune3

 

Lu dans le cadre du challenge Henry James

challenge-henry-james


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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 09:00

anidealhusband.jpg"Of course. You see, it is a very dangerous thing to listen. If one listen one may be convinced; and a man who allows himself to be convinced by an argument, is a thouroughly unreasonnable person."

 

An Ideal Husband est l'histoire d'un cadavre dans le placard. Le placard, c'est celui de Sir Chiltern, le cadavre c'est une lettre qu'il n'aurait pas du écrire. Et celle qui s'apprête ressortir la lettre, c'est l'odieuse Mrs Cheveley, une intriguante qui souhaite le soutien politique de Sir Chiltern dans une sombre affaire...

Sir Chiltern est depuis connu pour son honnêteté et sa rigueur intellectuelle. Va-t-il se laisser manipuler ? Va-t-il accepter la honte, le déshonneur et de perdre l'amour de sa femme, la rigide Lady Chiltern ? Ou son ami brillant Lord Goring va-t-il réussir à le sauver de ce mauvais pas ?

 

"My father told me to go to bed an hour ago. I don't see why I shouldn't give you the same advice. I always pass on good advice. It is the only good thing to do with it. "

 

ideal2.jpg

 

Cette pièce est joussive. Outre l'histoire, bien menée et peuplée de personnages campés, c'est surtout l'esprit qui infiltre chacun des vers de la pièce qui m'a mise en joie. Lord Goring en tête, suivi de Miss Chiltern et de Mrs Cheveley, c'est un festival de traits d'esprit, d'intelligence et de vivacité intellectuelle qui est juste délicieuse !

 

"If one could only teach the English how to talk and the Irish how to listen, society here would be quite civilized."

 

Lu dans le cadre du challenge Born to be Wilde,

Wilde

 

Du challenge de littérature irlandaise, car ce cher Oscar se nomme Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde (plus irlandais, c'est difficile à trouver !)

Irlande-en-challenge

et de la Semaine Celtique pour la même raison

63109087_p.jpg

 

Et du challenge La littérature fait son cinéma

Challenge La littérature fait son cinéma 3e catégorie

 

 

Minnie.jpgCar j'ai bien entendu continué ma lecture par le visionnage de l'adaptation d'Olivier Parker, avec une jolie brochette d'acteurs : Rupert Everett joue un Lord Goring dandy, élégant, cynique et désespéré ; Cate Blanchett une Lady Chiltern fragile et droite ; Jeremy Northam est un Sir Robert touchant et perdu ; Julianne Moore est une Mrs Cheverley très élégante ; et Minnie Driver est adorable en Miss Mabel.

 

 

  everett.jpg

L'adaptation s'éloigne un peu du texte original : au lieu de se passer sur une seule journée, l'intrigue prend plusieurs jourse qui la rend plus crédible. Certaines scènes sont remaniées, d'autres disparaissent complètement (le coup du collier volé, par exemple), mais l'esprit de la pièce reste là. Et si elles n'apparaissent pas dans le même ordre que dans la pièce, toutes les répliques savoureuses de Wilde sont là !

 

Un petit régal !!!

 

Vu dans le cadre du challenge Back to the Past, catégorie Cup of tea !

Backtothepastcup

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 15:20

Pour la suite de la semaine irlandaise, je vous laisse avec un poème, d'un irlandais que je vénère : WB Yeats. Yeats a écrit au début du XXème siècle, mêlant poésie classique, mythologie et un aspect plus symbolique. Mêlé au coeur des événements de la libération de l'Irlande, il a chanté les Pâques sanglantes et a inventé ce vers sublime pour désigner cette révolution : "A terrible beauty is born."

 

Mais c'est un autre poème que je voudrais vous faire partager :

 

If I make my lashes dark

And the eyes more bright,

And the lips more scarlet,

Or ask if all be right

From mirror after mirror,

No vanity's displayed :

I'm looking for the face I had

Before the world was made

 

What if I look upon a man

As though on my beloved,

And my blood be cold the while

And my heart unmoved ?

Why he should he think me cruel

Or that he is betrayed ?

I'd have him love the things that was

Before the world was made.

 

Lu dans le cadre de la Semaine Celtique !

semaineirlandaise2

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 09:00

Marlowe.jpgO, it strikes, it strikes ! Now, body, turn to air,

Or Lucifer will bear thee quick to hell !

O soul, be changn’d into little water-drops,

And fall into the ocean, ne’er be found !

Enter Devils

My God, my God, lok not s fierce on me !

Adders and serpents, let me breathe a while !

Ugly hell, gape not ! Come not, Lucifer !

I’ll burn my books ! – Ah Mephistophilis !

 

Est-il besoin de rappeler l’histoire de Faust ? Brillamment intelligent, terriblement avide de connaissance, il décide d’apprendre les arts interdits de la nécromancie. Mais pour cela, il doit vendre son âme au Diable … Il hésite : son bon ange et son mauvais ange débattent au dessus de sa tête, mais l’attrait du pouvoir finit par le faire céder : il signe de son sang le terrible parchemin. Après tout, le Diable ne doit venir le chercher que 24 ans plus tard …

Mais au fur et à mesure que les années se passent, l’Enfer fait de plus en plus peur à Faust, et il regrette. Il voudrait revenir vers Dieu, mais le Diable ne le lui permet pas. Et n’est-il pas déjà trop tard ?


C’est une pièce de théâtre très inégale : il y a des passages admirables, et des passages très ennuyeux… Quand son valet prend le Clown comme valet ; quand Faust va s’amuser à Saint-Pierre de Rome, ou expose ses prodiges à un Empereur en mal de reconnaissance ; c’est long, burlesque et pas très intéressant.


Mais les autres passages … Les longs monologues de Faust ou de Méphistophélès … C’est splendide et poétique, d’une poésie un peu grivoise qui se montre par exemple dans la description des Sept Péchés Capitaux. J’ai beaucoup aimé aussi les hésitations de Faust entre plusieurs professions.

C’est surtout une pièce sur les tourments des remords : une éternité dans les flammes vs 24 ans de toute puissance, cela vaut-il le coup ? Ce côté tragique, se montre dans de nombreux passages, depuis le moment de la signature, jusqu’à la fin. A plusieurs reprises, Faust voudrait revenir vers Dieu, mais le Diable l’en empêche. C’est splendide et terrible.

 

Lu dans le cadre du Challenge Elizabéthain

challenge-elisabethain-1

et dans le cadre du Challenge God Save the livres !

Challenge-anglais

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 09:00

chimeres-1.jpg"Des panneaux indicaient le nom du village suivant, qui se révélait être, quand j'avais réussi à traduire le sens des mots irlandais, un joli nom. Le Moulin de l'Etranger. Le Fort de la Vache Brune. Les Cygnes resplendissants. Puis venait la dure réalité : une large rue entre deux rangées de maisons à deux étages en briques grises ou couvertes de crépi gris, une grande et unique église, grise, et une paire de pubs sinistres. Toute l'histoire du lieu s'était réfugiée dans la langue."

 

Kathleen de Burca approche de la cinquantaine. Elle est arrivée à Londres quand elle avait à peine vingt ans, et a changé son nom en Kathleen Burke. Devenue journaliste, elle oublie son passé, l'Irlande, sa mère dépressive, son père alcoolique et violent, dans son travail et les hotels luxueux aux quatre coins du monde. Elle se recrée une famille, son patron, ses amis, et surtout Jimmy, son confident, son frère.

Le jour où Jimmy meurt, elle décide de retourner en Irlande. Elle y va soit-disant pour enquêter sur une affaire d'adultère entre une jeune noble anglaise, et un roturier irlandais, au sortir de la Grande Famine. Elle y va surtout pour se retrouver.

 

"Jimmy affirmait qu'il pouvait dire, lorsque j'arrivais au bureau, si je sortais de mon sous-sol ou pas. L'obscurité me collait à la peau."

 

C'est un livre riche, terriblement riche, et je ne sais pas par quel bout commencer mon commentaire.

L'Irlande. Elle imprègne Kathleen jusqu'au bout des ongles. Kathleen a en elle cet amour bouversant des exilés pour leur pays, un amoure mêlé de haine. Sa plongée en Irlande m'a fait l'effet d'un grand bol d'air frais, un cri d'amour pour un pays dont elle montre tous les défauts, les gens trop bavards, ce culte de l'histoire, cette victimisation constante, la situation désastreuse des femmes.

 

"Je ne savais pas qu'après une journée passée à me faire rembarrer de partout, je prendrais un faux accent anglais pour parler aux agents immobiliers. Je ne pardonnerai jamais à cette ville, me dis-je au matin de mon quatrième jour de recherche, de m'avoir obligée à m'abaisser ainsi."

 

Il y a Marianne Talbot, cette anglais exilée en Irlande, portrait en miroir de Kathleen, qui trompe son mari avec Mullan, le palefrenier, alors que les gens meurent de faim autour d'elle. Cette Marianne aux visages multiples, qui change au fur et à mesure que Kathleen progresse dans son enquête. Au fur et à mesure que Kathleen progresse dans son introspection.

 

"Mais elle avait surement lu Jane Austen, et les filles chez elle, à Londres, devaient beaucoup attendre des propriétés de leurs futurs maris. Emma aimerait beaucoup le domaine de M. Knightley et Elizabeth allait adorer la grande propriété de M. Darcy dans le Derbyshire."

 

Ce roman m'a bouleversée : c'est un magnifique portrait de femme, au tournant de sa vie. Sa jeunesse lui semble encore à portée de main, mais elle se demande déjà si ce n'est pas la dernière fois qu'elle fait l'amour et est aimée d'un homme... Les blessures de l'enfance ne sont pas refermée, mais l'angoisse de vieillir l'étreint.

C'est un livre qui m'a fait pleurer, parce qu'il est beau, parce qu'il doux, parce qu'il est tendre.

 

Lu dans le cadre de la Semaine Irlandaise

semaineirlandaise2.jpg

 

et dans le cadre du challenge irlandais.

Irlande-en-challenge

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 08:47

Pour cette semaine irlandaise, je vous propose un petit panorama de la musique de pub et d'ailleurs qui m'a longtemps bercé et dans laquelle je me replonge régulièrement...

Le premier groupe irlandais à avoir frappé mes oreilles s'appelle les Dubliners. Je ne pouvais pas faire autrement : mon père chantonne The Wild Rover et Molly Malone régulièrement !

J'aime la chaleur de ce groupe, j'aime les voix graves et douces, ou légères et aigres. J'aime les refrains repris en coeur. Il y a dans cette musique de pub une familiarité gaie ou tragique qui m'a toujours donné l'impression de m'immiscer dans une bande d'amis à chaque fois que je rentrais dans un pub inconnu, et d'y être bienvenue.


 

Mais il n'y a pas que cela dans The Dubliners, et dans les autres chanteurs de pub : une chanson, en Irlande, c'est un morceau d'Histoire. Et Dieu sait que les irlandais aiment l'Histoire. The Foggy Dew décrit les Pâques sanglantes de 1916, et si j'aime cette chanson, ce n'est pas pour son rythme entrainant, ou ses excellents arrangements, mais pour le cri de colère qu'elle dégage. C'est une chanson révolutionnaire, qui enflamme le coeur, et fait se souvenir des disparus.

Leurs chansons parlent aussi des événements modernes, et en en composant certaines (The town I loved so well, sur les villes d'Irlande déchirées par la guerre civil, ou The Lifeboat Mona, sur les marins d'un bateau de sauvetage noyés lors d'une opération), ils participent à cet acte éternel, de la Grèce Antique aux bardes anciens : propager l'information par des chants et des poèmes.

 

Clannad.jpg

Mon deuxième groupe chouchou s'appelle Clannad et chante majoritairement en gaélique. Je serais bien incapable de vous dire ce que signifie Dhéanainn Sugradh, ou Dulaman ! Mais ces deux chants me font rêver, parcourir mains espaces et arriver dans un monde différents ...

Altan qui pratique le même genre que Clannad est passé en concert l'an dernier au Théâtre de la Ville : dans une salle loin d'être faite pour ça, leur entrain et la grâce de leur chanteuse a mis une ambiance extraordinaire ! La salle a fini debout, tapant dans ses mains. 

 Leur répertoire est presque le même que celui de Clannad (en particulier, ils chantent aussi Dulaman), mais ils sont capables de produire avec beaucoup de pêche des chansons à danser (Pretty Peg).

 

Retour dans les pubs avec un groupe plus jeune (enfin, datant des années 90 ...), découvert suite à un film : le groupe jouant dans la Third Class Party : The Gaelic Storm. Si j'accroche moins à leurs derniers albums, je suis une fan inconsidérée du premier (pour I tell me Ma que je chante encore parfois à tue tête, et pour The leaving of Liverpool), et pour certaines du deuxième album. Black is the colour me bouleverse à chaque fois que je l'entends tandis que New York Girls me fait presque lever de mon siège.

 

Gaelic-Storm-Titanic.gif

 

Dernier chanteur Gilles Servat. Servat est breton, mais, avec sa voix chaude et grave, mêlée parfois à celle de Ronnie Drew, encore plus grave, transmet magnifiquement les émotions de Vieille ville de merde (Dirty old Town) et de cette splendide chanson On the Raglan Road...

 

Et maintenant, musique !


Billet écrit dans le cadre de la Semaine Irlandaise
semaineirlandaise.jpg
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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 09:00

THE-MAGDALENE-SISTERS.jpg"Philosophy here is a very simple one : here, you may redeem yourself at working beyond human endurance, to remove your skin of the sins you have committed."

Trois jeunes femmes, trois jeunes filles, dans les années 60, en Irlande. La première, c'est Margaret, pas très jolie, trop sérieuse, obéissante, bonne fille. Lors d'un mariage (sublime première scène), elle se fait violer par son cousin. La deuxième, c'est Bernadette, une charmante orpheline, une petite brune piquante, qui aime se faire draguer par les garçons - mais sans jamais leur offrir le baiser qu'ils demandent. La troisième, c'est Rose, une fille-mère pleine d'amour et de tendresse.

Ces trois jeunes filles ont été, consciemment ou inconsciemment, volontairement ou involontairement, ont été salies par le désir des hommes. Elles sont impures aux yeux de leurs familles ou des religieuses qui s'occupent d'elles. Mais tout espoir n'est pas perdu, puisque même Marie-Madeleine a reçu la rédemption du Christ. Mais il faudra travailler, souffrir, et prier.

 

magdalene_sisters.jpg

 

C'est l'histoire de ces couvents, de ces trois jeunes femmes et de quelques autres que nous raconte Magdalene Sisters. De cette injustice fondementale qui veut que les hommes sont incapables de résister à leurs pulsions - et que c'est aux femmes d'en payer le prix (et cette idée n'est pas passée d'actualité, bien malheureusement).

C'est aussi l'histoire d'un pays pétri de religion, abusé par les religieux. Une histoire très proche de celle d'Esme Lennox, et qui laisse percer une blessure purulente des pays celtiques : qu'avons nous fait par puritanisme ? A quelles personnes peu dignes de confiance avons-nous laissé nos âmes et nos corps ?

 

Au delà du témoignage, au delà de la dénonciation cinglante des religieux (plus que de la religion), c'est aussi un film magnifiquement filmé, une leçon de cinéma lumineuse et pleine de contraste. Les trois actrices sont émouvantes de vérité, d'émotion. La lumière, la musique joue avec brio sur elles et les décors. Il y a ce qu'il faut d'ellipse pour montrer sans démontrer (ohhhh, quel bonheur qu'un film qui prenne le spectateur pour un être intelligent...).

Et puis, un amour de l'Irlande, de ses hommes et de ses femmes, sans concession, sans gentillesse, mais avec une richesse de coeur émouvante. A ses paysages. A ses souffrances...

 

Un grand film.

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 09:00

esmelennox.jpg« Elles se tiennent en retrait de la piste. Assise sur une chaise, l’une ouvre et ferme de ses doigts gantés un carnet de bal. A côté d’elle, l’autre observe l’évolution des danseurs : couples qui virevoltent, mains qui s’agrippent, souliers qui martèlent, jupes qui tourbillonnent, parquet qui ploie. Dans une heure, ça sera le nouvel an et, derrière elles, la nuit noircit les vitres. Celle qui est assise porte quelque chose de pâle – Esme ne sait plus quoi, au juste - , l’autre, une robe rouge foncé qui ne lui va pas. Elle a perdu ses gants. C’est là que tout commence.

Ou peut-être pas d’ailleurs. Le début se situe peut-être plus tôt, avant le bal, avant que les deux jeunes filles aient revêtu leurs nouveaux atours, avant qu’on ait allumé les bougies et parsemé du sable sur le parquet, bien avant l’année dont elles fêtent la fin. Qui sait ? Quoiqu’il en soit, les choses se terminent devant une fenêtre grillagée dont les carrés font deux ongles de pouce de côté, très exactement. »

 

Ce roman choral donne la parole à trois femmes : Iris, une sorte de Bridget Jones aux amours difficiles ; sa grand-mère, Kathleen, une vieille femme atteinte d’Alzheimer à qui le passé revient en flash ; et Esme Lennox.

Un jour, Iris reçoit un coup de téléphone : l’asile psychiatrique va fermer ses portes et voudrait que la jeune femme vienne chercher Esme Lennox, sa grand-tante, car elle est la seule famille qui lui reste. Mais Iris n’a jamais entendu d’Esme, ne savait même pas qu’elle avait une grand-tante, enfermée depuis ses seize ans pour des raisons futiles, et dont sa famille a totalement occulté l’existence.

 

Entre les souvenirs d’Esme, les radotages de Kathleen, et les recherches d’Iris, ce roman nous raconte une époque où on enfermait à vie les femmes sous des prétextes stupides : une telle avait été violée et voulait se venger de son violeur, une telle ne rentrait pas dans les codes de la jeune fille parfaite et gênait sa famille … C’était une vie sacrifiée, toute une vie entière, parce qu’elles se refusaient de se soumettre aux bienséances. Absolument glaçant.

Mais ce roman raconte surtout l’histoire d’un secret de famille : une plongée dans des rancunes d’une autre époque, un questionnement sur ses origines qui m’a rappelée les premiers romans de Kate Atkinson.

Et puis, c’est merveilleusement écrit. Merveilleusement « mis en scène », pour qu’on arrive, petit à petit à la vérité. Un petit bijou, émouvant et terrible.

 

Lu pendant la Semaine celtique (car le Champagne, c'est chic, mais la Guiness, c'est celtique !)

celtique

et dans le cadre du challenge de littérature irlandaise

Irlande-en-challenge

Ainsi que du challenge God Save the livres !

Challenge-anglais

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Janvier 2013

Lecture commune approximative : Imposture, de Benjamin Markovits, avec George

 

9 Janvier 2013

Lecture commune : Silvia's lovers, de Gaskel, avec Titine

 

20 Janvier 2013

Lecture commune : Les Chouans, de Balzac, avec Maggie, Nathalie , Cléanthe et Marie

 

Février 2013

Lecture commune : La fausse maîtresse, de Balzac, avec Marie

 

4 Mars 2013

Lecture commune : Le temps des métamorphoses, de Poppy Adams, avec Tiphanie, Soukee et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : The scarlett letter, de Nathaniel Hawthorne, avec Noctenbule et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : Quelle époque !, de Trollope, avec Adalana, Shelbylee, Maggie et Titine

 

Avril 2013

Lecture commune : Les vagues, de Virginia Woolf, avec Cléanthe , Anis et Titine


21 Juin 2013

Lecture Commune : Petite soeur, mon amour, avec Valérie

 

 Juin 2013

Lecture de L'Argent, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Juillet 2013

Lecture de La débâcle, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Août 2013

Lecture de Le Docteur Pascal, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

7 Novembre 2013

Lecture de Le dernier Homme de Camus, dans le cadre du défi Albert Camus

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