Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 09:00

   derrierelemasque.gif"Je suis une sorcière, en effet ; un jour mon déguisement tombera et vous me verrez telle que je suis, vieille, laide, méchante et damnée."

 

J'ai adoré ce très court roman de Louisa May Alcott, bien qu'il soit diablement différent de l'ambiance bon enfant qui rêgnait chez les March.

Suite à un différend avec le fils de famille, Miss Jean Muir arrive chez les Coventry comme gouvernante de la petite Bella. Dès les premiers instants, tous succombent à son charme : Bella bien, sûr, mais aussi son hypocondriaque de mère, qui voit chez la jeune femme la plus douce des infirmières. Le jeune frère, Edward, est touché par sa grâce et sa beauté. L'oncle, Sir John, la trouve la plus merveilleuse des lectrices. Même le plus âgé des frères, Coventry, devient peu à peu amoureux de l'envoûtante jeune femme. Seule sa cousine et fiancée, Miss Lucia, se méfie de Miss Muir.

Et avec raison, car Jean cache un secret ...

 

C'est un délice. On retrouve le style des Quatre filles du Dr March, sa grâce et sa gentillesse. Car, malgré le regard porté sur Jean Muir, je n'ai pas pu m'empêcher d'être touchée par cette jeune fille, et par aimer tous les personnages, même ceux qui sont injustes avec elle. Même si ce roman m'a fait penser à Wilkie Collins et à Armadale (Miss Gwilt et Miss Muir ont beaucoup en commun, y compris la manie d'écrire ...), il est d'une telle tendresse pour tous ses personnages, qu'il en perd tout caractère sulfureux.

Qu'importe, c'est un bonheur tout familier et délicat à savourer avec un chocolat chaud !

Partager cet article
Repost0
5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 09:00

Lavinia.jpg"I know who I wasn I can tell you who I may have been, but I am, now, only in this line of words I write."

Je connaissais Ursula LeGuin grâce à sa série Terremer, dont j'ai lu les trois premiers opus. Est-ce à cause de l'adaptation du fils de Miyazaki ? Ou grâce à l'élégante sobriété de son style ? J'étais persuadée que cette auteur était japonaise. Non, elle est américaine, mais douée d'une telle poésie que ses écrits atteignent une finesse et une délicatesse merveilleuse.

 

"He simply stood out, the way the morning star stands out from other stars."

Lavinia raconte l'histoire d'une jeune fille latine, que les oracles destinent à épouser un étranger, un grec qui fuit sa cité en flammes, et navigue pendant sept années : Enée. A peine évoquée par Virgile, son poète, son autre amour, Lavinia est destinée à une vie passive et flottante... Sauf qu'elle décide de prendre sa vie et son histoire en main, et de nous la raconter.

Ce roman est une petite merveille, un bijou de tendresse et de charme. Lavinia est aimable dès les premiers instants, entre son père, roi sage et généreux, et une mère malade de chagrin et de folie. Elle devient forte et courageuse quand arrive Enée, avant de devenir une louve à la mort de son aimé. Les autres personnages, Enée, en particulier, mais aussi son père Latinus, sa mère Amata, ou son beau-fils Ascagne, sont tout aussi beau et terrible. Il y a une part de tragédie dans le destin de ces êtres, voués à la mort et à la violence par la parole du poète.

 

"We talked in the summer mornings before we got to work ; we talked in darkness, in our marriage bed, in the lengthening autumn nights."

Il y a également une très belle évocation de la vie en Italie durant l'âge de Bronze, les coutumes religieuses, les cités de paysans, les relations entre grecs, latin, étrusques, dans un monde encore vaste où les terres ne manquent pas. Les petites guerres intestines, le quotidien de ces hommes et de ces femmes qui ont fondé la Rome éternelle de l'empire.

 

Mais c'est surtout un chef d'oeuvre d'écriture, que je vous conseille ne serait-ce que pour le style ...

 

Lu dans le cadre du challenge Mythes et Légendes

mythesetlégendeset du challenge Au coeur de la Rome Antique

Rome

Partager cet article
Repost0
4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 09:00

frenchrelations.jpg

"Wherever she looked was a buzz of rich, saturated colour and activity. She wished she'd brought her sketch pad. Exquisite, characterful brown faces were gabbling with a curious animation that could only be French. Hands flaired around, gesticulating madly, while others poked through the different stalls' wares with critical, sunburnt fingers. They squeezed a peach here, prodded a sea bass there."

Je cherchais un bouquin de chick lit pour me reposer dans ma lecture de Daniel Deronda, et je suis tombée sur des critiques très positives de celui-là : livre doudou, livre qu'on lit et qu'on relit, c'était exactement ce dont j'avais besoin.


Sauf que non, ceci n'est pas un bouquin reposant.

Pourtant, niveau chick lit, c'est ça : Natacha, dite Tash, French, jeune fille de 23 ans, un peu trop grosse et dans un boulot de merde et une relation amoureuse pourrie, est invitée par sa mère à aller passer un mois de vacances avec le reste de sa famille et des amis, dans le chateau de beau-papa, en Touraine.

Où elle va donc se retrouver avec un Comte anglais, un acteur hollywoodien irlandais et dépressif, une star de monde equestre dont elle est amoureuse depuis toujours, etc. etc. etc.

Bien sûr, elle va y trouver l'Amour avec un grand A, et boire du vin français.

 

Sauf que c'est pas du tout reposant : il y a 15 millions de personnages, 10 intrigues parallèles, en plus avec les surnoms, c'est le bordel ... V'là t'y pas du roman pour se détendre !

C'est un roman terriblement sympathique : bourré de défauts (les clichés sur les français ...), pas hyper bien écrit, mais effectivement drôle, chaleureux et cocon. Je n'en ferais pas un livre-pantoufle (parce que je vais oublier très vite qui est qui), mais ce fût une lecture agréable !

Partager cet article
Repost0
3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 16:27

Lolitaaffiche.jpgAprès avoir lu et adoré le roman de Nabokov, j’étais très inquiète de ce que j’allais trouver dans le film de Kubrick : la Lolita de l’affiche ne me semblait pas du tout correspondre à celle que j’avais lu dans le roman, et je me demandais si je n’allais pas voir un immense contresens de ce que j’avais tant aimé.

Non : ce film est excessivement fidèle au roman. A quelques exceptions près (le passé de Humbert Humbert a disparu, et Clare Quilty est maintenant affublé d’une ombre féminine, dangereuse et angoissante), tous les personnages, toutes les péripéties de ce chef d’œuvre y sont, et y sont comme dans le roman.

Lolita_JamesMason.jpg

De plus, les acteurs qui les interprêtent sont excellents : Humbert Humbert donne une impression de familiarité et de confiance, qui rend encore plus effrayant sa relation avec Lolita ; Clare Quilty est merveilleux de drôlerie et de folie ; et la mère de Lolita, Mrs Haze, est tellement ridicule que le film semble se transformer, au début en film comique. Seule Lolita manque un peu d'épaisseur à mon goût, mais interprêté un fantasme n'est pas chose facile.

Quilty.jpg

Finalement, ce qui m'a un peu déçue dans le film est inhérent au support cinématographique. Là où le roman nous emmène dans l'esprit de Humbert Humbert, et nous fait douter de tout ce qu'on lit (Lolita est-elle ou nous une petite allumeuse ? Et Mrs Haze une folle nymphomane ? ou tout cela n'est-il que la manière dont Humbert Humbert se justifie à nos yeux ?), le film tranche, sans laisser de part de mystère. Une partie de la richesse du roman est donc perdue, à mon grand regret...

kubrick-lolita.jpg

Je n'ai également pas retrouvé la sensualité glauque, la salacité qui rend le roman de Nabokov aussi fort et dérangeant - mais aussi génial. Le film, adapté aux années 60 et dont le support est plus "prude" que ne l'est l'écrit, ne nous montre pas les pensées les plus révoltantes d'Humbert Humbert, son désir pour un corps de fillette. L'actrice jouant Lolita ayant plus dans les 15-16 ans que les 12 ans de l'enfant du roman, l'amour d'Humbert Humbert pour elle apparait plus normal : ce n'est plus un pédophile théorisant son attirance pour les nymphettes, c'est un homme atteint de passion pour une très jeune femme.

En perdant de son côté insoutenable, Lolita perd aussi de son souffre ...

 

 


Partager cet article
Repost0
2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 12:00

Je voudrais commencer avec une nouvelle qui m’a beaucoup attristée cette semaine : Diana Wynne Jones, l’auteur des Chroniques de Chrestomancy, s’est éteinte le 26 Mars dernier. Je ne savais pas qu’elle était encore vivante, mais apprendre son décès m’a fait un coup. Je ne la connais pour l’instant que par son premier volume des Chroniques de Chrestomancy : Ma sœur est une sorcière, mais ce livre m’a tellement bercée étant plus jeune, qu’elle est comme une proche dont j’apprendrais la perte.

Diana-Wynne-Jones-007Je m’étais jurée de lire la suite de ces Chroniques, et je vais donc le faire cette année, comme hommage à cette auteur jeunesse fine et intelligente. Ce n’est pas vraiment un défi, ni un challenge, mais si d’autres veulent se joindre à moi pour cet hommage à Diana W. Jones, ils sont les bienvenus.

 

 

RAT.jpg

Grande nouvelle : le RAT revient ! Après une première expérience merveilleuse (s’offrir 12h de lecture, quel paradis), j’ai décidé de récidiver au printemps. Je suis déjà en train de préparer mes lectures, de changer leur ordre de préférence, de choisir mes auteurs. Pour l’instant, George Sand, Dumas et des auteurs pour le challenge Vintage tiennent la corde. Mais la fantasy me fait de l’œil aussi … Rendez-vous donc la semaine prochaine !!


Val lance un challenge qui était fait pour moi : un challenge de culture irlandaise ! J'aime ce pays d'amour très très très fort (un peu trop diront certains et certaines pour lesquels passer des vacances sous quelques averses n'est pas la définition des vacances d'été). J'aime sa culture, joyeuse et nostalgique, folle et raisonnable, féérique ; j'aime ses bières ; j'aime ses gens. Et surtout, surtout : j'aime ses moutons (je ne peux pas passer à côté d'un challenge qui me permet de mettredes moutons sur mon blog) !

Irlande-en-challenge.jpgLe but de ce challenge est de lire au moins un roman de littérature classique, un roman de littérature moderne, de voir un film se passant en Irlande, et d'écouter de la musique irlandaise (l'occasion ou jamais de vous parler de ses groupes qui baignent mes oreilles depuis toujours), le tout avant le 30 Avril 2012.


Pour continuer, quelques petites nouvelles de cinéma.
Oh my books ! lance un challenge Colin Firth. J’y avais pensé, ne l’avais pas lancé par manque de temps : Primrose le fait à ma place, et je ne vais pas bouder mon plaisir !! Bien sûr, je participe ! Le but sera donc de voir 3 films où joue Colin (ça ne devrait pas être très difficile …) et de lire un roman dont il joue dans l’adaptation. Ayant déjà lu Pride and prejudice, A single man, et La jeune fille à la perle, la partie va être plus difficile, mais Wilde et son The importance of being earnest va me sauver !

ColinFirthColin, me voilà !!

Les contes de notre enfance sont à la mode, car, après Les frères Grimm et une adaptation contreversée du Petit Chaperon Rouge, c’est Blanche Neige qui est en ligne de mire, avec pas moins de trois projets d’adaptation. Walt Disney, bien sûr, prépare Snow and the Seven pour 2013. Une autre adaptation avec Kristen Stewart en princesse, et Charlize Theron en belle-mère, devrait sortir pour le 21 Décembre 2012. Et enfin, Tarsem Singh prépare The Brother Grimm : Snow White, avec Julia Roberts en belle-mère et Saoirse Ronan en Blanche Neige, qui devrait sortir courant 2012.
Quant à savoir si ces adaptations reprendront la violence et la cruauté du conte originel, c’est une autre histoire …

Je vous ai parlé cet automne d’un festival de lecture à haute voix auquel j’ai eu la chance d'assister. L’équipe de lecteurs, extrêmement doués, qui m’avait enchantée à l’époque, récidive avec une soirée consacrée à la lecture à haute voix d’œuvres de Beckett, Jeudi 7 avril, à 20 h, 29 rue Boursault dans le 17ème. Pour tout savoir sur cet événement, je vous conseille le site de cette association.

 
J’avais été sidérée par une performance théâtrale vue il y a peu au Théâtre de la Villette : Alexis, une tragédie grecque. Ce Théâtre poursuit dans la veine du spectacle à visées politiques avec Nour, du GdRA. Cette pièce est programmée dans le cadre du festival Haute-Tensions, et semble proche, à la fois par son ancrage dans des problématiques de notre société, et par sa forme (utilisation de la danse et de la video) d’Alexis. Elle se joue du 6 au 9 Avril, et vous aurez toutes les informations ici.

 

Sinon, Amy cherche du monde qui souhaiterait créer avec elle un club de lecture en Bretagne sud ; Gromovar interviewe Val ; Lhisbei relate l'appel à contes du XXIème siècle.

Partager cet article
Repost0
2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 07:52

Pecora-Negra.jpg

Un petit mot rapide pour vous proposer deux places de cinéma.


Après son succès au théâtre, la pièce La Pecora Negra est adaptée au cinéma. Ce film italien, sélectionné pour la Mostra de Venise, sortira le 20 Avril 2011. Voilà ce qu'il raconte :


"L'asile est le lieu où se concentrent le plus grand nombre de saints. Saints sont les pauvres fous qui dorment sous des draps chinois, suaires de fabrication industrielles Sainte est aussi la soeur qui, à côté de la petite lumière qui illumine sa table de chevet, brille comme un ex-voto. Mais le saint des saints, c'est le docteur, il est Jésus Christ."

C'est dans ses termes que Nicola nous raconte ces 35 ans "d'asile électrique".

Dans son cerveau disloqué, la réalité et la fiction entrent en collision et génèrent des illuminations imprévisibles.

Nicola est né dans les années 60, "les fabuleuses années 60", et le monde qu'il voit à l'intérieur de l'institut psychiatrique n'est pas très différent de la réalité que vivent les gens à l'extérieur. Un monde toujours plus vorace, où la seule chose qui semble ne pas pouvoir se consommer, est la peur."

 

Ca vous tente ? J'ai deux places à offrir pour une projection privée en avant première au Club Lincoln, 10 rue Lincoln, 75008 Paris, le Lundi 4 avril à partir de 20h.

A la suite de la projection, vous pourrez rencontrer le réalisateur Ascanio Celestini autour d'un verre ...

 

Ca vous tente ? Ces deux places iront au premier qui me laissera un commentaire sur ce billet !

 

Partager cet article
Repost0
1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 10:14

name-of-the-wind-copie-1.jpgC’est en arpentant les allées du salon du livre l’année dernière que j’ai découvert The Name of the Wind (en français Le nom du vent) premier volume de la trilogie King Killer Chronicle (en français traduit avec les pieds Chronique du tueur de roi). Si j’ai été intrigué par une très bonne quatrième de couverture, autant le dire tout de suite, j’ai rarement été aussi séduit par une première page, et en tout cas jamais dans un roman de fantasy. Le second volume (The Wise Man’s Fear) qui est sorti il y a quelques semaines est tout aussi réussi que The Name of the Wind.

 

Ces deux romans sont un vent d’air frais dans le monde de la fantasy sur tous les plans : stylistique, construction, fond.

 

Kvothe est une légende vivante, le héros de centaines d’histoires et de chansons. Kvothe est mort. C’est pourtant lui que nous retrouvons comme tenancier anonyme d’une auberge dans laquelle s’arrête Chronicler, un scribe qui va le reconnaître et obtenir qu’il nous raconte son histoire.

 

J’ai aimé cette construction habile. Nous sommes au temps présent et l’histoire qui nous est racontée a déjà eu lieu. Qui plus est, elle nous est racontée par son protagoniste principal, bien trop intelligent pour son/notre bien. Cette construction par autobiographie donne une fraîcheur incroyable aux deux premiers opus des King Killer Chronicle. Elle permet en outre de créer une attente et un décalage entre l’histoire haletante que nous suivons et ce temps présent qui n’avance pas. Pourtant, nous ne sommes pas long à nous rendre compte que le mystère se situe aujourd’hui, que l’autobiographie de Kvothe n’a d’autre objet que de nous mener à cette auberge et que c’est au moment où l’autobiographie se clôturera que les choses décisives interviendrons. Qu’est-ce que fiche Kvothe, le héros de toutes ces histoires, dans cette pauvre auberge paumée ?

 

Cette construction est maline et efficace mais pourrait rapidement s’avérer pesante si le personnage même de Kvothe n’était pas à la hauteur. Rassurez-vous, il l’est amplement.

 

Kvothe est un petit génie, mage, conseiller de rois, esprit brillant, lettré, ménestrel de génie, combattant hors pair et surtout, maître dans l’art de se créer des ennuis. Kvothe n’a pas une once de modestie en lui, il est parfaitement conscient de ses talents et ce qui pourrait faire de lui un petit crétin prétentieux lui donne un charme et un charisme fou. Et puis sincèrement, ça vous intéresse vous l'histoire d'un type banal et sans intérêt ? Vous avez déjà vu une légende à propos d'un type banal ? Kvothe nous raconte sa vie mais il est l'auteur d'innombrables balades et chansons, vous ne vous attendiez tout de même pas à ce qu'il perde la main alors même qu'il raconte la plus importante des histoires : la sienne. 

 

Mais je m’efface devant Kvothe lui-même qui saura bien mieux que moi se présenter :

 

« I have stolen princesses back from sleeping barrow kings. I burned down the town of Trebon. I have spent the night with Felurian and left with both my sanity and my life. I was expelled from the University at a younger age than most people are allowed in. I tread paths by moonlight that others fear to speak of during day. I have talked to Gods, loved women, and written songs that make the minstrels weep.

You may have heard of me.
 »

 

(« J’ai enlevé des princesses des tombeaux de rois oubliés. J’ai brulé la ville de Trebon. J’ai passé la nuit avec Felurian et l’ai quittée à la fois avec ma vie et mon âme. J’ai été expulsé de l’Université à un âge auquel la plupart n’y sont pas même admis. J’ai arpenté des chemins à la clarté de la lune dont d’autres n’osent pas même parler le jour. J’ai parlé aux dieux, aimé des femmes et écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels.

 

Vous avez peut être entendu parler de moi ».)

 

Rothfuss maîtrise parfaitement cette construction. L’autobiographie est utilisée dans tous ses aspects. Elle permet de dynamiser le récit, de donner une tribune à Kvothe, sa personnalité et son géni et s’avère une trouvaille géniale pour insuffler le mystère et l’attente. Kvothe a écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels, son talent et son intelligence brillent à chaque page ; nous dit-il réellement toute la vérité ? Se joue-t-il de nous ?

 

Rothfuss reprend de nombreux codes du genre et les détourne. Une part non négligeable du premier volume se passe à l’Université et pourtant, sur une situation aussi proche d’Harry Potter, la différence n’est que plus flagrante. On sort du jardin d’enfant pour entrer dans le monde adulte.

 

J’aime aussi une chose. A la fin du second volume de la trilogie je ne sais toujours pas où Rothfuss nous amène. Je suis totalement transporté dans son monde, je me laisse balloter par Kvothe et sa plume enchanteresse, je suis totalement en son pouvoir, au pouvoir d’un narrateur puissant et présent. Vous êtes le spectateur d’un homme qui vous conte sa vie, et qui ne se cache pas d’être à l’origine d’une bonne part des légendes qui circulent à son compte.

 

Enfin, fini la fantasy barbare dans laquelle on vous conduit à fil de prophétie et de bataille en bataille jusqu’à sauver le monde, sauver la princesse et découvrir que vous êtes bien le fils du roi… Fini les personnages taillés à la tronçonneuse, les dialogues à la Conan le Barbare (moi tuer toi et moi manger toi avec carottes et panais cuits au four, émulsion asperges vertes et épices – oui Conan est peut être débile mais aux fourneaux c'est lui l'patron). Rothfuss ne fait pas que « bâtir un monde ». Rothfuss nous dévoile son personnage, ses interactions, ses amis et ses ennemis. Vous passerez du temps à discuter, refaire le monde, tomber amoureux avec Kvothe, fouiller avec lui dans les archives tentaculaires de l’université etc. Rothsfuss laisse aux petits détails de la vie ordinaire le temps d'exister et c'est aussi l'une des bonnes surprises de ces romans.

 

Rothfuss laisse le temps au temps et emplit son univers de petites choses qui nous rendent Kvothe et son entourage familier. C’est la première fois qu’un héros de fantasy est dépeint d’une telle façon que je me prends à me sentir proche de lui, à me dire tiens je prendrais bien un verre avec lui.

 

Autre nouveauté, voilà ENFIN un roman de fantasy bien écrit. Rothfuss a enfin compris que l’histoire ne fait pas tout et croyez-moi, qu’est-ce que ça fait du bien !

 

Enfin, la magie fondamentale est celle du nom. Les mages les plus puissants sont les Namers. Out le réservoir de pouvoir de la Roue du Temps où si vous êtes pas tombés dedans quand vous étiez petit bah tant pis pour vous, et bienvenue dans le monde où les mages sont ceux qui savent comprendre le monde, le voir tel qu’il est, pénétrer jusqu’au sens profond des choses pour mieux les contrôler.

 

Bienvenue dans The Name of the Wind et The Wise Man’s Fear, les deux premiers opus de la trilogie du King Killer Chronicle, le renouveau de la fantasy acclamé par une critique unanime. Vous en avez peut être entendu parler. En tout état de cause, vous ne le regretterez pas.

 

B.

 

PS : je joins ci-dessous la quatrième de couverture de The Name of the Wind :

 

« My name is Kvothe, pronounced nearly the same as "quothe." Names are important as they tell you a great deal about a person. I've had more names than anyone has a right to. The Adem call me Maedre. Which, depending on how it's spoken, can mean The Flame, The Thunder, or The Broken Tree.

"The Flame" is obvious if you've ever seen me. I have red hair, bright. If I had been born a couple of hundred years ago I would probably have been burned as a demon. I keep it short but it's unruly. When left to its own devices, it sticks up and makes me look as if I have been set afire.

"The Thunder" I attribute to a strong baritone and a great deal of stage training at an early age.

I've never thought of "The Broken Tree" as very significant. Although in retrospect, I suppose it could be considered at least partially prophetic.

My first mentor called me E'lir because I was clever and I knew it. My first real lover called me Dulator because she liked the sound of it. I have been called Shadicar, Lightfinger, and Six-String. I have been called Kvothe the Bloodless, Kvothe the Arcane, and Kvothe Kingkiller. I have earned those names. Bought and paid for them.

But I was brought up as Kvothe. My father once told me it meant "to know."

I have, of course, been called many other things. Most of them uncouth, although very few were unearned.

I have stolen princesses back from sleeping barrow kings. I burned down the town of Trebon. I have spent the night with Felurian and left with both my sanity and my life. I was expelled from the University at a younger age than most people are allowed in. I tread paths by moonlight that others fear to speak of during day. I have talked to Gods, loved women, and written songs that make the minstrels weep.

You may have heard of me.

So begins the tale of Kvothe—from his childhood in a troupe of traveling players, to years spent as a near-feral orphan in a crime-riddled city, to his daringly brazen yet successful bid to enter a difficult and dangerous school of magic. In these pages you will come to know Kvothe as a notorious magician, an accomplished thief, a masterful musician, and an infamous assassin. But The Name of the Wind is so much more—for the story it tells reveals the truth behind Kvothe's legend. 
»

Partager cet article
Repost0
31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 18:09

DanielDeronda-copie-1.jpg"Some readers of this history will doubtless regard it as incredible that people should construct matrimonial prospects on the mere report that a bachelor of good fortune and possibilities was coming within  reach, and will reject the statement as a mere outflow of gall : they will avert that neither they, nor their first cousin have minds so unbridled; and that in fact this is not human nature, which would know that such speculations might turn to be fallacious, and would therefore not entertain them."

Il faut se rendre à l’évidence : avec moi, ça n’a pas marché. J’ai même fini par refermer ce livre à la page 550, sur 880, effrayée par les 330 pages qui me restaient à lire. Pourtant, j’ai essayé. A plusieurs reprises. Je l’ai laissé tombé, je l’ai repris, re-laissé tomber, re-repris. Mais non, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.

C'est le style, trop lourd, qui a fini par me rebuter : ça m’avait déjà frappée dans The Mill on the Floss, et Middlemarch, mais ces chroniques de la vie villageoise était tellement riches et intéressantes, qu’à part quelques moments de lassitude, je n’étais pas plus gênée que ça. Mais dans Daniel Deronda, où l’histoire ni les personnages ne sauvaient ma lecture, j’ai trouvé ce style, ces longues dissertations sur la religion, la spiritualité, le bien, le mal, la morale, ennuyeuses à mourir.


Et l’histoire … George Eliot nous propose, comme une expérience, deux personnages, de caractère opposé et d’éducation très différente, et nous montre leur destin : pour l’un, le malheur, pour l’autre (enfin, je suppose, j’ai craqué avant), la sérénité.


La suite n’est qu’un immense spoiler, sautez à la fin si vous ne voulez pas connaître les rebondissements de ce pensum.


Gwendolen.jpg"Gwendolen on her spirited little chestnut was up with the best, and felt as secure as an immortal goddess, having, if she had thought of risk, a core of confidence that no ill luck would happen to her."

Prenez Gwendoleen : belle comme un cœur, élevée en princesse, égoïste comme pas deux, incapable de constance. Elle a été pourrie-gâtée toute sa vie,  et, quand la misère arrive, son égoïsme la pousse à se jeter dans un mariage avec un riche salaud, qui la fera souffrir toute sa vie.


mirah.jpg"Her voice, her accent, her looks - all the sweet purity that clothed her with a consecrating garment made him shrink the more from giving her, either ideally or practically, an association with what was hateful or contamining."

En face, un couple, deux côté d’une même pièce, Daniel et Myrah. Daniel, qui donne son nom au roman, est un petit jeune homme gentil et discret, plein de morale et de bonnes pensées. Daniel a été élevé comme un fils par Sir Hugo Mallinger, mais ne sait pas d’où il vient ni qui sont ses parents. Un jour, il sauve une jeune fille, Myrah, qui s’apprêtait à se suicider dans la Tamise. On découvre dans la longue histoire de la belle et pure Myrah qu’elle est juive, dotée d’une mère, d’un frère et d’un père, et que dans sa tendre enfance, son père l’a éloigné de sa mère qu’elle aimait tant et de son frère en tout point parfait, pour l’emmener chanter sur des scènes américaines et européennes. Mais hélas, se produire en public est une douleur atroce pour cette enfant réservée : elle fuit son père (mais ça ne l’empêche pas de se lamenter après sur le sort de son pauvre papa qui doit pleurer tout seul et tout malheureux dans sa cuisine), revient à Londres, cherche sa mère, se rend compte que la rue où elle habitait a été démolie, et que retrouver un Cohen à Londres, c’est pas simple. C’est là qu’elle décide de mettre fin à ses jours, et que Daniel la sauve

Bien sûr, on se doute que Daniel va découvrir qu’il est juif, et qu’ils vont se marier et vivre happily ever after (sans parler du douteux "les chrétiens se marient entre eux, et les juifs entre eux", on sait jamais, un mariage mixte pourrait corrompre les uns et les autres).

Fin des spoilers

Daniel-Deronda.jpgLa série m'a l'air tout à fait charmante, par contre ...

 

Soyons honnêtes : je n’ai rien contre les bons sentiments. Un roman qui se termine avec la victoire des méchants et des malhonnêtes, et la défaite des êtres bons et gentils me plait rarement. Mais bons sentiments n’exclue pas un peu de complexité dans les personnages, des gentils avec quelques traits plus sombres, des méchants avec un peu d’humanité, enfin quelque chose qui ne nous donne pas l’impression d’être dans un sermon. Là, à part le personnage de Gwendoleen, qui est celui qui m’a fait continuer ce roman au-delà de la page 100, non. Pas de complexité, des personnages taillés au couteau, de longues péroraisons philosophico-religieuses (Mordecai est le personnage qui m’a fait arrêter le roman : quand j’ai vu un chapitre dédié à lui, je n’ai pas pu me convaincre de passer quelques pages en sa compagnie), et rien qui ne soit montré : tout est démontré.

 

J'ai craqué...

 

C'était une lecture commune avec Titine et Peneloppe. Désolée, je n'ai pas pu vous accompagner jusqu'au bout pour ce coup là...

lecturecommune1

C'est de la littérature anglaise, donc ça compte pour le challenge God save the livres !

Challenge-anglais

Partager cet article
Repost0
30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 09:00

Riccoboni.gif

"Désirer la mort de son amant plutôt que son inconstance, c'est s'aimer plus que lui ; c'est être plus attachée aux douceurs de l'amour, qu'à l'objet qui nous les fait goûter."

 

Ce roman est un roman épistolaire, tout à fait dans le genre du XVIIIème. Miss Fanni, jeune anglaise de bonne famille, a un amant, Alfred, à qui elle écrit en long, en large et en travers, sa tendresse et son amour. Jamais nous ne lirons les lettres du jeune homme, et nous sommes donc contraints d'imaginer ce qui se passe chez lui.

Entre les visites familiale, sa bonne amie Betzy et le galant de celle-ci, Sir Thomas, Fanni essaie de voler chaque instant pour penser à Alfred, relire ses lettres, caresser son portrait et lui écrire.

Quand Alfred part pour des raisons professionnelles loin d'elle, et voilà que les lettres deviennent plus longues, plus tristes, plus déprimantes. Et quand à son retour, il découvre que la fortune de la jeune fille n'est pas si grande qu'il y paraissait ...

 

C'est un roman pour lequel je suis assez partagée : j'ai beaucoup aimé le personnage de Fanni, ses sentiments si universels, ainsi que la construction "à une voix" de ce roman. Certains passages sont extrêmement drôles, comme les relations entre Betzy et Sir Thomas :

"Grand Dieu, quel bruit ! quelle querelle ! Sir Thomas est perdu ! En prenant le thé, il vient de faire tomber une porcelaine admirable, elle est cassée. Si c'était le chat, Miss en rirait ; elle trouverait qu'il y aurait eu de la grâce à faire cette sottise ; mais sir Thomas est un maladroit : de quoi se mêle-t-il ? officieux personnages, il veut tout ranger ; c'est une âme servile, son talent est d'être le valet de tout le monde : ennuyeux, incommode, gauche ..."

 

Malgré tout, je me suis un peu ennuyée. Le style est assez ampoulé, un peu gauche. Et rien n'est plus ennuyeux que les amours heureuses ... Il m'a fallu attendre les dernières pages pour apprécier vraiment les lignes que je lisais !

 

 

Lu dans le cadre du challenge Dames de lettres !

dame d11

Partager cet article
Repost0
29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 09:00

Je suis une grande amoureuse de la peinture de la Renaissance italienne, de sa grâce, de sa nonchalence, de la perfection de ses teintes, mais je reste assez aveugle aux charmes de la Renaissance flamande.

Sauf à l'un de ses peintres : Lucas Cranach l'ancien.

 

Quand j'ai vu que le Musée du Luxembourg, auteur des splendides expositions Titien et Botticelli, entre autres, faisait une rétrospective Cranach, j'ai sauté à pieds joints !

 

Cranach.jpg

 

Malheureusement, cette exposition n'est pas à la hauteur des précédentes : s'il y a quelques oeuvres splendides (sur lesquelles je vais revenir), j'ai trouvé l'ensemble assez médiocre.

L'exposition présente en particulier des gravures, sur lesquelles je n'ai pas du tout accroché. Peut-être qu'une observation attentive et longue m'aurait permis de me laisser toucher, mais, comme dans toutes les expositions du Luxembourg, il y avait un monde fou, qui ne laissait pas le loisir de se perdre dans ses oeuvres.

 

La plupart des oeuvres présentées sont un peu grotesques, caricaturant à l'excès les particularités physiques qui font le charme de ses chefs d'oeuvres : corps difformes, fronts exacerbés, femmes étranges ..;

 

Mais, il y a ses femmes nues. Mystérieuses. Dorées. Langoureuses. Femelles ressortant sur un fond noir et uni.

A titre de comparaison, l'exposition présente deux versions de Lucrèce se suicidant (à l'intention de la mère de famille qui était à côté de moi avec ses ados lorsque je regardais ces tableaux : non, cette Lucrèce n'est pas Lucrèce Borgia, mais une noble romaine, violée par Sextus Tarquin, qui se suicide pour échapper au déshonneur. Bref.). La version italienne, de Francesco Francia, montre une douce madonne, au regard levé vers le ciel, sur un fond verdoyant et paisible.

 

001785 005001 0     lucrece-cranach.jpg

 

Celle de Cranach, une femme attiffée comme une prostituée, nous regarde langoureusement droit dans les yeux, sensuellement, en nous rendant témoins de son acte.

 

87559_1293533672_cranach3.jpg

 

D'autres femmes sont présentées : la Justice, d'où vient l'affiche, une nymphe allongée, tès italienne, une Salomée portant la tête de Jean-Baptiste, toutes dans la même harmonie de formes et de couleurs, lascives et féminines.

 

Pour ces 4, 5 tableaux, l'exposition vaut le coup (peut-être pas les 9€ ...). Mais passez vite devant les autres.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog bleu
  • : Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
  • Contact

En passant

Envie de vacances, de bouquinage dans un jardin anglais, de farniente...

Recherche

http://www.wikio.fr

Archives

http://www.wikio.fr

Mon planning

Janvier 2013

Lecture commune approximative : Imposture, de Benjamin Markovits, avec George

 

9 Janvier 2013

Lecture commune : Silvia's lovers, de Gaskel, avec Titine

 

20 Janvier 2013

Lecture commune : Les Chouans, de Balzac, avec Maggie, Nathalie , Cléanthe et Marie

 

Février 2013

Lecture commune : La fausse maîtresse, de Balzac, avec Marie

 

4 Mars 2013

Lecture commune : Le temps des métamorphoses, de Poppy Adams, avec Tiphanie, Soukee et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : The scarlett letter, de Nathaniel Hawthorne, avec Noctenbule et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : Quelle époque !, de Trollope, avec Adalana, Shelbylee, Maggie et Titine

 

Avril 2013

Lecture commune : Les vagues, de Virginia Woolf, avec Cléanthe , Anis et Titine


21 Juin 2013

Lecture Commune : Petite soeur, mon amour, avec Valérie

 

 Juin 2013

Lecture de L'Argent, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Juillet 2013

Lecture de La débâcle, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Août 2013

Lecture de Le Docteur Pascal, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

7 Novembre 2013

Lecture de Le dernier Homme de Camus, dans le cadre du défi Albert Camus

Mes défis persos

On peut me retrouver : whoopsydaisy.jpg
Et j'en fais partie :
wildpal9.png
mythesetlégendes

souver10

D'autres blogs de lectures ?

Cuné a fait le compte et c'est !

 

Et Acr0 a recencé les blogs de fantasy, c'est ici