"Bessy (Le cas tout à fait remarquable d'une vile catin)"
Bessy, 15 ans, une robe jaune en satin, ornée de gros noeuds bleus, marche en direction d'Edimbourg pour y trouver un travail de gouvernante. Elle tombe par hasard sur un panneau en direction de "Castle Haivers" et, curieuse comme pas deux, décide d'y faire un tour. Sur le chemin, elle tombe sur une jeune femme qui fuit le domaine : c'est la servante précédente qui s'en va. Dès qu'elle apprend qu'elle sait lire, et bien que Bessy lui mente comme un arracheur de dent, Mrs Arabella Reid l'embauche comme bonne à tout faire.
Mais elle a quelques demandes un peu particulières : que Bessy tienne un journal détaillant ses pensées intimes et son travail quotidien ; et qu'elle obéisse à quelques ordres qui n'ont aucun sens ...
J'ai acheté ce roman après en avoir lu d'excellentes critiques ; je l'ai lu parce qu'avec Downton Abbey, j'avais envie de retrouver l'ambiance des cuisines dans une demeure victorienne.
Même si on le retrouve un peu, ce n'est pas ça qui fait l'intérêt du récit, mais bien le mystère qui planne au dessus de Mrs Reid : est-elle folle ? A quoi vise ses Observations ? Et qui est cette Nora qui hante ses souvenirs ?
C'est un roman que j'ai lu passionnément (en même temps, avec Daniel Deronda en parallèle, le botin apparait passionnant ... mais je reviendrai George Eliot dans quelques semaines !), en étant complètement prise par l'histoire.
Bien que son style m'ait un peu rebutée au début (Bessy écrit vraiment comme elle écrit !), j'ai au bout de quelques pages été séduite par Bessy. Bessy, c'est un peu Gavroche, en fille et en irlandaise : pleine de vie, pleine de gouaille, elle a en même temps une immense fragilité qui la transperce, elle veut être aimée. Et Arabella apparait dans sa vie à point nommé, comme mère de substitution.
C'est un roman qui joue avec tous les styles : roman gothique, roman à suspence, roman de moeurs. J'ai frémi avec Bessy et Arabella, je me suis laissée emportée comme elle par la folie poignante qui règne sur le domaine. Et j'ai ri, souvent, car Bessy croque son entourage avec une verve extraordinaire.
C'est un roman qui déborde de vie et de mystère et qui se laisse lire comme une bonne Guiness (oui, c'est la Saint-Patrick, fallait bien que je le place !) : rafraichissant, mais sombre et plein de mystère, et qui n'est pas sans amertume...
Lu dans le cadre du challenge néo-victorien, sur whoopsy-daisy
Et du challenge God save the livres !