Arrietty raconte l'histoire d'une petite jeune fille solitaire, à l'âge où l'on s'émancipe. Elle joue dans le jardin, se fait courser par le chat, ramène des fleurs pour sa maman et rêve du jour où ses parents lui feront suffisament confiance pour la laisser partir le soir avec son père.
Une vie presque banale.
Presque ? Sauf qu'Arrietty fait quelques centimètres, habite dans une maison de poupée, et vit de chaparde : aller voler deci-delà un morceau de sucre aux grand humains qui les entoure, un peu de nourriture ou de tissu. Rien qui ne se voit ou qui les prive de quoique ce soit, mais qui permette à cette petite famille de survivre.
Vie solitaire jusqu'au jour où un enfant maladif vient s'installer dans cette maison. Sho, gravement atteint du coeur, se repose chez sa grand tante, en attendant l'opération dont sans doute il ne se relèvera pas.
Entre ces deux enfants solitaires, ces deux enfants en quelque sorte voués à l'extinction, une sorte de curiosité se transformant en amitié se crée. Mais, les parents d'Arrietty sont très fermes : s'ils sont vus par les humains, ils doivent déménager ...
Je sors de ce film avec un avis très mitigé : c'est charmant, mais décevant. Commençons par ce qui m'a déplu, afin de revenir ensuite sur l'impression d'enchantement dans lequel me laissent tous les films du studio Ghibli... Première déception, le manque d'originalité. Ce type d'histoire, avec des petits êtres vivant au contact des humains, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu mille fois : Le grand livre des gnomes, de Pratchett, se fonde par exemple sur une histoire similaire. Mais également Trilby, de Nodier. Ou toutes les histoires celtiques parlant de nain, de gnome, d'hôte du foyer... Alors que les films des Studios Guibli sont d'ordinaires l'occasion de me confronter à une mythologie, à un surnaturel exotique, j'ai eu l'impression de voir là les contes qui ont bercé mon enfance, mais vu de l'étranger...
Le deuxième aspect qui m'a gênée est le scénario : assez simpliste, elle n'a rien de la beauté et de la complexité de Princesse Mononoké, de Chihiro, ou même de Totoro à laquelle elle peut plus faire penser. De plus, certaines pistes sont mises en avant, puis abandonnées (l'histoire de la maison de poupées, par exemple...). Et la fin m'a déplu : que dit-elle, sinon qu'hommes et chapardeurs, humains et autres espèces ne peuvent pas vivre en bonne entente ? Et que le destin de l'être humain, comme celui du petit garçon, est une vie solitaire et malade ? Même pour Arrietty, cette fin signifie une forme de continuité, continuité de vivre très seule, dans l'angoisse et la crainte de se faire repérer, une vie errante, où elle ne pourra rien construire...
Et enfin, la musique : je sais qu'il est de bon ton de saluer la performance de la jeune harpiste bretonne qui a produit cette musique. Mais voilà, moi, j'aime pas du tout. Je la trouve aguicheuse, trop forte, trop présente, trop démonstrative. Elle ne se contente pas d'accompagner, mais elle veut aussi expliquer, ce qui rend certaines scènes complètement cul-cul. Elle m'a réellement gâché de nombreuses parties du film !
Et c'est d'autant plus dommage que ce film est une petite merveille graphique et de réalisation. Le dessin, comme toujours, est splendide : les scènes de jardin, les scènes dans la maison d'Arrietty, dans la maison de poupée, dans la cuisine des humains, sont merveilleuses. En quelques traits de crayons, une sensation de vertige, quelque chose qui nous est si familier qu'une cuisine, devient exotique, effrayant, grandiose. De plus, la mise en scène, centrées sur les visages des humains, plus large sur le corps et le buste des chapardeurs, nous donne en quelques instants la sensation de la différence de taille. C'est parfait !