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28 juillet 2010 3 28 /07 /juillet /2010 00:00

Dominique.gif"Il y avait plus de dix-huit mois que je vivais près d'elle, et pour la première fois, je venais de la regarder, comme on regarde quand on veut voir."


Dominique raconte l'histoire de Dominique de Bray, gentleman farmer d'une campagne française dont le narrateur fait la rencontre à l'occasion d'un séjour de chasse chez un ami. Cet homme de quarante ans semble bien paisible, dans son charmant manoir, accompagné d'une épouse discrète et de beaux enfants. Cependant, à l'occasion d'un séjour chez M. de Bray, le narrateur va prendre conscience qu'avant de se retirer dans cette campagne, Dominique a vécu une vie bien plus mouvementée, à Paris.
En effet, durant sa jeunesse, studieuse et rêveuse, Dominique a fait la rencontre d'une charmante jeune fille, dont il est tombé éperdument amoureux. Las, à l'occasion d'un séjour aux eaux, la jeune fille se fiance à un autre, et voilà Dominique amoureux, sans jamais le lui avoir avoué, d'une femme mariée.


On tombe là (et pourtant avec quelques années de retard, si j'en crois la courte bibliographie - ah oui ... en 1863, il a du retard, le père Fromentin !) en plein drame romantique. Tous les poncifs y sont, le jeune homme timide, ses deux amis, le débauché et le bourreau de travail et d'étude, la jeune fille pure et honnête, l'amour malheureux, et surtout, surtout, les descriptions sans fin de la Nature, dont l'observation et l'admiration est le seul remède à une passion sans borne.


Tous les poncifs que j'aime en fait !
Dominique n'est pas le meilleur exemple de ce genre de littérature, mais à  sa décharge, l'auteur était peintre avant d'être romancier. Les personnages sont taillés à la serpe, les oppositions sont manichéennes, les rebondissements prévisibles. Mais comme un fauteuil confortable, c'est un style de roman dans lequel j'aime me plonger régulièrement. A réserver donc aux amoureux de l'Adolphe de Benjamin Constant et des autres romans du genre.

Dans ma PAL depuis, pfiouuuuuuu

PAL.jpg

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27 juillet 2010 2 27 /07 /juillet /2010 13:41

petitmeurtreanglaise.jpg

"Tony, come and see what happen when you don't clean the gun."

 

Petits meurtres à l’anglaise raconte l’histoire de Victor Maynard, tueur professionnel, fils de tueur professionnel, petit-fils de tueur professionnel, et fils d’une mère psychopathe très présente.

Victor, 54 ans, est un anglais type, tout en retenu, flegme et savoir-vivre (la scène où il apprend à tuer à Tony est juste extraordinaire …). Célibataire, il ne vit que pour sa maman, mère qui  d'ailleurs n’aurait pas dépareillé dans la Famille Addams (ahhhhhh, le cadeau des 4 ans de son fiston...). D’ailleurs, Maman commence à se poser des questions sur l’orientation sexuelle de fiston : est-il normal que celui-ci ne se soit pas trouvé de femme, et n’ait pas déjà donné d’héritier à la grande affaire familiale ?

Entre dégustation solitaire de Bourgogne, visites à la maison de retraite, révision des conjugaisons françaises et cadavres, tout est pour le mieux, jusqu’au jour où est donné l’ordre de tuer Rose, charmante anglaise, cleptomane et menteuse, et « completely out of control ». Mais Rose est tellement ravissante que pour la première fois, le pistolet du vieux garçon tremble, et qu’il décide de protéger la jeune fille.

Sauf qu’avec Rose, les aventures commencent …


C’est drôle, c’est hilarant, c’est bourré d’humour anglais. Toutes les scènes, sans exception, sont réussies. Les acteurs jouent tous très bien (surtout Bill Nighy, qui est extraordinaire, au niveau de Good Morning England). Les méchants sont admirablement réussis, tous plus bêtes les uns que les autres. Les gentils tous les plus attachants les uns que les autres. Et Mrs Maynard ... Oh, Mrs Maynard ! Quelle adorable grand-mère elle va être (mais je ne goûterai pas les confitures) !

Alors, c’est sûr, ça ne sera pas le meilleur film de l’année ; mais il n’a jamais visé à l’être. Ce n’est « qu' » une petite comédie anglaise – mais c’est une excellente petite comédie anglaise !

 

 

"Someone has seen the cat ?"

 


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26 juillet 2010 1 26 /07 /juillet /2010 12:12

evelina.jpg" 'Pardon me, then, Sir Clement, if I speak to you with freedom. This young lady, though she seems alone and, in some mesure, unprotected, is not entirely without friends; she has been extremely well educated, and accustomed to good company; she has a natural love of virtue, and a mind that might adorn any station, however exalted: is such a young lady, Sir Clement, a proper object to triffle with?' "

Les amis, je saute partout, je halète, je couine, je ris toute seule dans le métro, je soupire, je tressaille. Et je suis amoureuse (littérairement, s'entend, sinon, je sens qu'un certain B. va venir demander des comptes).
Ne me parlez plus de Darcy, j'ai trouvé son modèle et il a toutes les qualités : "the friendship he has shewn me - his politenes, his sweetness of manners - his concern in my affairs - his solicitude to oblige me. "(je l'ai lu tellement de fois sous la plume d'Evelina que maintenant, je le sais par coeur).

Ah ... Evelina ... Quelle adorable ravissante idiote ... Issue de deux nobles familles, elle a grandi, sans mère et sans père (les raisons, une vraie histoire à part entière, en sont expliquées dans les deux premières lettres) auprès d'un saint homme (oui, oui, à l'entendre répéter toutes les trois pages, on finit par le comprendre qu'il est sage, généreux, obligeant, tendre et gentil), le révérend Villars.
Alors qu'Evelina a dix-sept ans, une amie de Villards, Lady Howard invite la jeune fille à lui tenir compagnie, ainsi qu'à sa fille, Mrs Mirvan, et à sa petite fille, Miss Mirvan.

Prenez une petite campagnarde élevée chez un vieillard à la campagne, emmenez-la à Londres en pleine saison fashionable : que pensez-vous qu'il arriva ? Elle se rend ridicule, et c'est très très drôle.
Ce qui rajoute du piquant, c'est qu'elle est splendidement belle (et qu'elle attire donc tous les hommes qui passent - certains d'ailleurs ne restent pas très longtemps après l'avoir entendue bégayer, dire des sottises, et s'enfuir en rougissant, ce qu'elle finit par faire fort bien, avec l'expérience).
Et encore plus : une grand-mère française (et totalement vulgaire), quelques amis bruyants et franchement mal élevés, une famille de cousins absolument désastreux.
Épicez avec un Lord. Orviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiille !!!

C'est drôle. C'est niais. C'est fantastique.

"It is very true, said Lord Orville, that I did not, at our first acquaintance, do justice to the merit of Miss Anville."

Et c'est la source d'inspiration de Jane Austen, quand elle écrit Pride and Prejudice : des scènes de bal qui se terminent mal ; un prétendant maladroit et franchement pas engageant ; une parente vulgaire et marieuse ; quelques proches plus présentables ; un séjour dans une demeure chic en compagnie quotidienne du cher-et-tendre to be, etc. etc. etc. La principale différence consiste en la personnalité de l'héroïne : Evelina est bête à manger du foin, surtout comparée à Lizzie.

"When they were sitting together during the Opera, he told her that he had been greatly concerned at the impertinence which the young lady under her protection had suffered from Mr Lovel; but that he had the pleasure of assuring her, she had no further disturbance to apprehend from him."


(Il s'est battu en duel ! Pour elle ! Orviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiille, je couine)

Bon, j'avoue, il y a des longueurs : le burlesque se marie pas toujours très bien au romantique. Les disputes entre le capitaine Mirvan et Madame Duval sont longues, très longues et très répétitives.
Les prétendants de Miss Anville sont très lourds eux aussi. La lecture du roman ne permet pas de comprendre comme Orville tombe amoureux d'Evelina : elle est souvent embarrassante, parfois grossière, et semble manquer complètement d'esprit. En revanche, on comprend très bien les raisons pour lesquelles elle s'amourache de son Lord (Orviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiille).
Mais, je pardonne tout à fait : Frances Burney a écrit Evelina à 17 ans...

C'est également passionnant pour découvrir une Angleterre très très loin de celle décrite par Austen : si on retrouve les gentlemen polis et respectueux, on en trouve également quelques uns très pressants (et c'est clairement pas pour se marier) ; les jeunes filles marchant dans une promenade risquent à tout moment de se faire violer (et la seule compassion qu'elles s'attirent, c'est  un "vous aviez qu'à ne pas marcher là bas." ; les vieilles femmes de se faire détrousser. On s'éloigne des verts pâturages pour trouver une Angleterre diablement violente - et misogyne.

"It has always been agreed, said Mrs. Selwyn, looking round with the utmost contempt, that no man ought to be connected with a woman whose understanding is superior to his own."

Et l'anglais est tellement beau à lire, tout plein de "thy" et de "shall" ! La moindre remarque devient élégante sous cette plume. Je me suis délectée à chaque phrase (à l'exception des phrases de Madame Duval et du capitaine, je dois l'avouer, qui elles sont plutôt argotiques).

 

défiXVIII

Sans le Défi XVIIIème, je ne l'aurais sans doute jamais ouvert. Donc : merci Canthilde !!

 

EnglishClassics.jpg

C'est un classique anglais

 

 

LireEnVo.jpg

Et c'est lu en VO !

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24 juillet 2010 6 24 /07 /juillet /2010 09:17

J'étais partie... A un moment en Mars, la vie et la fatigue ont repris leurs droits. J'étais coincée entre une thèse, des engagements (pervers ...) dans le conseil de mon quartier, un manque de temps criant et un besoin de vacances lui aussi criant.

Ce blog en a fait les frais, à mon grand regret. Je n'avais plus la force de le tenir, je n'avais plus la force de parler de mes lectures, de mes envies et de mes goûts. Je n'avais même plus la force d'aller au cinéma - mais je gardais celle de lire, ce qui fait que plusieurs dizaines de bouquins attendent d'être chroniqués.

Ça va mieux. J'ai fait du ménage, ne gardant que ce qui me tient à coeur. Je ne promets pas que cela ne se reproduira pas, les mêmes causes (la thèse, entre autres) produisant les mêmes effets. Mais je reviendrai quoiqu'il arrive.


De plus, même si je suis trop occupée pour écrire, quelqu'un s'est proposé pour écrire quelques articles ici. Quelqu'un avec qui je parle littérature depuis plusieurs années et dont les goûts sont similaires aux miens. Quelqu'un qui lit ce blog par dessus mon épaule quand je l'écris. Qui consulte ma LAL glannée sur le web. Et qui m'accompagne régulièrement au cinéma et avec qui je discute pendant le trajet du retour.

Bienvenue B. !!


Une autre nouveauté que je voudrais introduire, c'est le projet "relecture". Jusqu'à présent, je ne parle ici de de romans que je viens de lire. Or, je relis, souvent, parfois, de temps à autre, suivant mon humeur, quelques uns de mes chouchous qui dorment sur mes étagères, et j'aimerais en parler ici, afin de vous faire partager ces livres délicieux... Jane Eyre inaugurera bientôt cette catégorie !

 

librairie5

 

La troisième nouvauté me tient à coeur depuis longtemps, mais comme elle me semble plus compliquée je n'ai pas encore réfléchi à la manière de la mettre en oeuvre. Il y a quelques librairies que j'aime d'amour à Paris. Parce qu'elles sont spécialisées sur un sujet ; parce qu'elles dégagent une ambiance particulière ; parce qu'elles sont de très très bonnes librairies, avec de très très bons libraires. Et parce que tenir une rubrique de ce type me poussera à ouvrir d'autres portes et à découvrir d'autres lieux magiques.
Je ne sais pas quand j'aurais le temps de mener ces petites enquêtes, de partir à la rencontre des libraires avec mon appareil photo, mais dès que je peux, je le fais !

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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 11:59

Pursuitlove.jpg
" 'I suppose it might have been worse,' Uncle Matthew said doubtefully, 'at least the fella's not a Roman Catholic.' "

 

 

Ce livre donne l'immense plaisir de retrouver Fanny et son univers à la fois totalement anglais et déjanté au dernier degré. Elle nous raconte encore une fois son enfance, mais en centrant cette fois le récit sur la famille de sa tante et de ses nombreux enfants. La vie à Alconleigh est bien étrange. Son oncle Matthew, une espèce d'ogre à la grosse voix, est fan de chasse et s'amuse à des child hunt : deux des gamins partent en courant, dans les bois, et leur père les poursuit avec ses chiens. Il se vante que ses filles n'iront jamais à l'école et les prépare à une éducation toute austenienne (en 1930 ...) : "It never seemed to dawn upon the Alconleighs that respect is not an attitude of mind indulged in by modern young men, who look for qualities in their wives than respectability." Lors de son enfance, Fanny a noué une amitié toute particulière avec sa cousine de son âge Linda, une petite jeune fille sensible et romantique.
Avec ce genre d'idées et d'éducation, une vie mouvementée l'attend, qui est l'objet de ce récit plein d'esprit.

Comme toujours, c'est pétillant, gai et drôle. La famille décrite ici est encore plus dysfonctionnelle que celle de "Love in a Cold Climate". Les conversations des petites anglaises de 14 ans sont une merveille (le fantasme de voir le Prince de Galles débarquer à leur ball de débutantes et épouser Linda est encore plus merveilleux quand on pense que le Prince en question doit, et bien, être le père d'Elisabeth II ... Et que j'ai du mal à en voir un objet de fantasme ...).
De plus, ce récit est complètement ancré dans la réalité politique du moment : conservateurs britanniques désireux d'aider l'Allemagne nazie, Guerre d'Espagne, militants communistes. Cette adorable petite écervelée de Linda se retrouve mêlée bien malgré elle aux débats brûlants de l'Histoire, et y mène une vie uniquement sentimentale. C'est délicieux !

Enfin, dernier point : ce  livre contient une déclaration d'amour à Paris, et ça ne peut que séduire l'amoureuse de Paris que je suis. "Paris in the early morning has a cheerful, bustling aspect, a promise of delicious things to come, a positive smell of coffee and croisants, quite peculiar to itself."
Ça donne envie de se lever plus tôt !

Bref, un merveilleux livre à lire et relire...

 

Lu en anglais !

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L'instant CLAP : lu dans le RER principalement, et un peu dans le bus.

CLAP

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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 12:22

mandarins.gif"Survivre, habiter de l'autre côté de sa vie : après tout, c'est très confortable; on n'attend plus rien, on ne craint plus rien, et toutes les heures ressemblent à des souvenirs."

 

 J'ai lu mon premier Beauvoir, avec un peu d'appréhension : cette auteur est tellement connue que je craignais d'être déçue. Je ne l'ai pas été.


Les mandarins raconte l'immédiate après guerre, dans le milieu intellectuel parisien germanopratin. Tous les personnages se sont engagés dans la Résistance, créant des journaux, participant aux actions, risquant leur vie, voyant leurs proches mourir ou être déportés. Ils ont survécus et reviennent dans une vie normale, simple, sans danger. La vie d'avant, qui se révèle finalement bien plus complexe  difficile qu'ils ne le croyaient.
Le roman est raconté à travers deux narrateurs. Henri Perron est un écrivain engagé, de gauche, mais non communiste, rédacteur en chef d'un journal créé pendant la guerre, l'Espoir. Il se retrouve confronté à une terrible angoisse de la page blanche, et à une crise conjugale qui le poussent à consacrer de plus en plus de temps à l'Espoir. D'autant plus que son journal est l'objet de beaucoup d'attentions, en particulier de son mentor Robert Dubreuilh, qui souhaite l'utiliser politiquement. (Quand j'écris ça, je me rends compte à quel point cette histoire semble compliquée. Je vous rassure, tout est très clair dans le roman !)


L'autre personnage est Anne Dubreuilh, l'épouse de Robert, une psychiatre célèbre, qui se retrouve complètement perdue dans sa nouvelle vie pacifique. Elle voit son époux qu'elle adore changer ; sa fille Nadine fuir dans un tourbillon de plaisir la tristesse causée par la mort de son fiancé pendant la guerre ; et tous ses amis s'écharper pour des questions politiques.


Car le fond du roman est là : c'est une magistrale leçon de politique et d'Histoire. La place de l'intellectuel dans les luttes politiques est au coeur du récit. Chaque page décrit les dilemmes de cette génération qui se rend compte, après la bataille, que tout reste à faire : choisir le communisme contre le libéralisme, malgré Staline et les crimes dont on commence à entendre parler ? Choisir le libéralisme, bien qu'il asservisse les ouvriers ? Ou essayer de tracer une voie entre les deux ? Porter le poids de la Shoah, et des bombardements alliés sur Nagasaki et Hiroshima ? Après la guerre, où les choix étaient simples, se retrouver dans la complexité du monde.

"Il y avait une route qui serpentait à travers les châtaigneraies et qui descendait vers la plaine en lacets rapides ; ils entrèrent gaiement dans la petite ville dont les platanes annonçaient déjà la chaleur et les parties de boules du Midi ; Anne et Henri s'assirent à la terrasse déserte du plus grand café et ils commandèrent des tartines pendant que Dubreuilh allait acheter les journaux ; ils le virent échanger quelques mots avec le marchand et il traversa l'esplanade à pas lents, tout en lisant. Il posa les feuilles sur le guéridon et Henri vit l'énorme manchette : "Les Américains lâchent une bombe atomique sur Hiroshima." "

C'est splendide d'intelligence et de clarté. J'ai lu ce livre avec un enthousiasme certain, et j'attends de lire la suite avec impatience !

CLAPlu dans le RER et allongée dans le canapé à la maison.

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21 juillet 2010 3 21 /07 /juillet /2010 13:32

cranford.jpg"There was in them a vivid and intense sense of the present time, which seemed so strong and full, as if it could never passe away, and as if the warm, living hearts that so expressed themselves could never die, and be as nothing to sunny earth. I should have felt less melancholy, I believe, if the letter had been more so."


"A vivid and intense sense of the present time" ... Voilà mot pour mot l'impression que m'a donnée ce livre. Pendant quelques centaines de pages, j'ai vécu à Cranford, étrange et émouvante expérience que le quotidien d'un village anglais du début du XIXème.

On y suit la narratrice, jeune femme en congé chez ses grands tantes vieilles filles,  Miss Jenkyns et Miss Matty. Elle nous écrit nous écrit cette période de la vie, quand les espoirs fadissent, quand le regard se tourne vers le passé et mesure les désillusions. Elle nous donne à voir les chroniques du quotidien, de l'arrivée du chemin de fer, des magiciens qui passent et des fantômes qui hantent les chemins creux la nuit. Elle nous introduit dans des petites habitudes so british, le thé de 5 heures, les visites aux voisines, les jeux de cartes interminables, les ragots et les médisances, les hiérarchies sociales immuables, les questions existentielles (comment s'adresser à une Lady ?)...


"Small pieces of butter grieve others. They cannot attend to conversation, because of the annoyance caused by the habit which some people have of invariably taking more butter than they want. Have you not seen the anxious look (almost mesmeric) which such personn fix on the article ? They would feel it a relief if they might bury it out of their sight, by popping it into their own mouths and swallowing it down ; and they are really made happy if the personn on whose plate it lies unused, suddenly breaks off a piece of toast (which it does not want at all) and eats up his butter. They think that this is not waste."


Tout ce livre est plein d'amour et de tendresse. On les aime, ces vieilles dames ! Miss Matty est bien sûr la plus attachante, mais même les garces ou les pédantes deviennent sympathiques sous la plume pleine de douceur de Gaskell.

On y rit, on y pleure, on s'attendrit, on vit quelques heures avec elles, et on apprécie d'autant plus les échanges qu'on sait que le jeune auteur si méprisé est Dickens, et que l'illustre Docteur est de nos jours bien oublié :


"Perhaps the author is young. Let him persevere and who knows what he may become if he will take the great Doctor for his model."


Un vrai petit morceau d'Angleterre, avec de la vraie auteur anglaise dedans ! A lire, absolument, à savourer, à relire, à aimer...


 

Lu en VO !

LireEnVo.jpg

 

Et c'est un classique anglais !

EnglishClassics.jpg

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 13:26

femmesarthur.jpg"Seigneur, dit-il à Arthur, je vis une main et un bras vêtu de satin sortir du lac et prendre l'épée que j'y jetais. Par trois fois, elle la brandit et disparut enfin dans les eaux."


Cet excellent ouvrage, publié aux éditions Errance (une excellente maison d'édition pour tout ce qui concerne l'archéologie et l'histoire) revient sur la place des femmes dans les légendes arthuriennes. Après un bref rappel des principaux épisodes de ce récit complexe, il donne les principales sources sur lesquelles il s'appuie, depuis les écrits de Saint-Gildas de Rhuys au VIème siècle, jusqu'à la Matière de Bretagne de Chrétien de Troyes en passant par les Quatre Branche du Mabinogi, un récit mythologique gallois. Bref, tout ce qui a été écrit au Moyen-Âge sur Arthur, tant le réel que le légendaire.
Après cette introduction, l'auteur entre dans le vif du sujet : les femmes, les reines, les princesses, comme les fées et les sorcières. En décortiquant les textes, Marcel Brasseur retrace de manière limpide les relations familiales, les liens entre les personnages, ainsi que les origines mythologiques de ceux-là (en particulier pour Guenièvre). J'ai ainsi pu apprendre qu'Arthur avait une soeur, Anna, en plus de ses demi-soeurs Morgane, Morgawse et Helaine, qui fût épouse de Loth et mère de Gauvain. J'ai découvert avec grande stupeur qu'il avait eu deux femmes : Guenièvre n'est que la seconde, et elle a été précédée par une Léonora restée très discrète (et sans doute plus fidèle). Que Viviane ne doit pas être confondue avec la Dame du Lac, ni cette dernière avec la Demoiselle du Lac. Qu'il ne faut pas confondre Morgane la fée avec Morgawse, mère de Mordred.
Bref, que les adaptations sur lesquelles je fonde ma connaissance de cette légende sont erronées. Drame !


En plus de toutes ces découvertes,
Marcel Brasseur retrace la manière dont les femmes sont présentées dans les légendes arthuriennes au cours du temps, et survole ainsi la place des femmes dans la littérature médiévale, jusqu'à l'apparition de l'amour courtois

De plus, c'est un ouvrage très agréable à lire, qui cite d'abondants extraits des légendes.

Passionant !

 

Lu dans le cadre du défi Mythes et Légendes

mythesetlégendes

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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 10:24

hoteliris.jpg"Je me suis dit que je n'avais jamais entendu un ordre résonner d'une manière aussi belle. Il en émanait sang-froid, majesté et conviction. Même le mot 'putain' avait un accent aimable. 'Tais-toi, putain.' "
Mari travaille dans l'hôtel miteux de sa mère, à la réception. Une nuit, un cri de femme jaillit d'une chambre : une prostituée échevelée en sort, accusant son client, un homme d'âge mûr et d'aspect respectable, des pires vilenies. Mari est aussitôt fascinée par cet homme et par ce qu'il cache. Et quand elle le croise de nouveau quelques jours plus tard, elle ne peut s'empêcher d'aller vers lui. De rendez-vous en rendez-vous, elle va finir par devenir son amante d'un genre un peu spécial, et s'éveiller à la sexualité.

Je ne saurais trop quoi dire de ce roman. J'ai apprécié sa lecture, et, après avoir lu un certain nombre de critiques le déclarant pervers, je ne l'ai pas trouvé SI choquant. Il est certes osé, mais n'est jamais vulgaire. La description de la relation amoureuse qui se noue entre cette (très) jeune fille et cet homme vieillissant est même assez touchante.
En revanche, je n'ai pas retrouvé l'immense beauté qui m'avait saisie en lisant Parfum de glace, ni la poésie. Le style est relativement plat. On ne trouve nulle trace du merveilleux et de l'enchantement du verbe qui m'avait tant plu dans l'autre roman d'Ogawa que j'ai lu.
Dommage ...

 

CLAP

Lu majoritairement dans mon canapé !

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 17:18

Shrek4.jpg

"Just sign it."


Snif, c'est fini ...
Je n'étais pas une fan absolue de cette série (Les Âges de glace me font beaucoup plus rire, j'avoue), mais quand même, c'était quelque chose. Plein de bons souvenirs ... Le combat de Kung Fu de Princesse Fiona, le générique déjanté du premier épisode, les yeux de merlan frit du Chat Potté, les mouvements de cheveux de Prince Charming, le défilé des princesses hollywoodiennes, le chant de Princesse Fiona explosant les oiseaux.
Mais qu'est ce que je garderai du 4ème et dernier volet ? Je ne sais pas trop... Sans doute Princesse Fiona en walkyrie, la résistance Ogre et les perruques de Tracassin. Pas grand chose d'autre.

 

Shrek4b

 

Je suis déçue, et paradoxalement, j'ai passé un excellent moment : j'ai ri, je me suis régalée, j'ai partagé avec Shrek les re-rencontres avec l'Âne, le Chat Potté (fantastique Potté !), et Fiona. Chaque saynète était indépendamment parfaite, drôle et shrekienne, avec ce qu'il faut de références.

De plus, et pour la première fois, je trouve la 3D réellement bien utilisée. Dans tous les autres films en 3D (à l'exception peut-être de Coraline) que j'ai vu, la 3D servait plus de gadget à la mode. Là, le relief apportait réellement quelque chose au film.

Mais l'ensemble manquait de cohérence, de crédibilité, d'un scénario qui tienne la route. D'une fin qui ne tourne pas en rond, mais qui avance. Le film rend hommage à la série des Shrek, et surtout au premier, mais ne s'impose pas comme un film en tant que tel.

 

A voir pour les fans, pour passer un bon moment, mais à oublier aussi vite...

 


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Janvier 2013

Lecture commune approximative : Imposture, de Benjamin Markovits, avec George

 

9 Janvier 2013

Lecture commune : Silvia's lovers, de Gaskel, avec Titine

 

20 Janvier 2013

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Février 2013

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4 Mars 2013

Lecture commune : Le temps des métamorphoses, de Poppy Adams, avec Tiphanie, Soukee et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : The scarlett letter, de Nathaniel Hawthorne, avec Noctenbule et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : Quelle époque !, de Trollope, avec Adalana, Shelbylee, Maggie et Titine

 

Avril 2013

Lecture commune : Les vagues, de Virginia Woolf, avec Cléanthe , Anis et Titine


21 Juin 2013

Lecture Commune : Petite soeur, mon amour, avec Valérie

 

 Juin 2013

Lecture de L'Argent, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Juillet 2013

Lecture de La débâcle, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Août 2013

Lecture de Le Docteur Pascal, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

7 Novembre 2013

Lecture de Le dernier Homme de Camus, dans le cadre du défi Albert Camus

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