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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 13:57
canterville.JPG"Cher monsieur, dit Mr Otis, permettez-moi vraiment d'insister auprès de vous pour que vous huiliez ces chaines"

Le domaine de Canterville Chase a été acheté par une famille américaine : folie ! folie ! car le domaine est hanté, et toutes les personnes qui y ont vécu ont eu des frayeurs effroyables à cause du fantôme.
Mais cela n'effraie pas Mr Otis, digne représentant de son pays, et promoteur du progrès, de la modernité, et de l'argent. Les fantômes, ça n'existe pas.
Si, ça existe, et le fantôme de Canterville est particulièrement têtu. on lui retire ses tâches de sang avec du Super-Kinettoy ? Il revient pendant la nuit pour les y remettre... On veut lui huiler ses chaines ? On le bombarde d'oreiller ? Il tient bon, et continue ses activités nocturnes pour faire fuir les nouveaux arrivants.
Qui sera le plus têtu, du ministre américain ou du fantôme anglais ?

Bref, vous l'aurez compris, cette pièce est un petit bijou d'humour et de drôlerie. On prend vite parti pour le fantôme, et on rit des aventures qui lui arrivent. Un vrai petit régal, et un grand merci à Titine qui me l'avait offert, il y a bien longtemps, à l'occasion du Bloody Swap !

Et c'est un classique anglais !EnglishClassics.jpg

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 10:00
manonlescaut.jpgJ'ai ouvert ce livre avec un peu d'appréhension : "on" (ma soeur qui avait été obligée de le lire pour le bac) m'avait dit que c'était chiant et ennuyeux. Alors, je l'avais acheté il y a très longtemps (en 94) et je l'avais laissé trainer dans ma PAL, persuadée de ne jamais le lire.
Et puis, Canthilde a lancé son défi XVIIIème, j'avais envie de commencer très vite ce défi, mais aucun autre livre de cette époque dans ma PAL. Alors, j'ai sorti ce livre, je l'ai ouvert et j'ai tout de suite été happée.

"Je ne pouvais démêler si c'était de l'amour ou de la compassion, quoiqu'il me parût que c'était un sentiment doux et languissant."

Le chevalier des Grieux, un jeune blanc-bec de dix-sept ans, innocent comme une pucelle, s'apprête à rentrer chez ses parents pour les vacances. Hélas, son regard croise celui d'une jeune fille, que l'on emmène pour être religieuse, Manon Lescaut. Coup de foudre immédiat (au moins du côté de des Grieux), les deux jeunes gens décident de s'enfuir pour se marier à Paris. Et c'est le début de tout une suite d'aventure qui se poursuivra jusque dans les toutes jeunes Amériques. Le principe de ces aventures est souvent simple : la bourse de des Grieux se vide ; Manon, qui aime ses plaisirs avant toute chose, choisit de se trouver un protecteur fortuné ; des Grieux vient la chercher, les deux amants tombent dans les bras l'un de l'autre ; ils décident de voler le protecteur, celui-ci s'en aperçoit, et les deux compères se retrouvent en prison. Pas beaucoup de mémoire, les deux lascars !

Je vais commencer par ce qui m'a le plus gêné dans la lecture : le style. C'est très beau, mais ça reste assez "poussiéreux". Ou du moins, j'ai suffisament peu l'habitude de lire de la littérature de cette époque pour que les "Elle me confessa qu'elle me trouvait aimable et qu'elle serait ravie d'avoir obligation de sa liberté" me frappent dans ma lecture. Une fois ce détail passé, un autre aspect du roman m'a marquée : l'absence de description. Je serais incapable de vous dire ce à quoi ressemble Manon (à part qu'elle est tout à fait charmante et délicieuse), comment était la maison de Chaillot, ou si Mr de G... M... était grand ou petit. Pour une habituée des romans du XIXème, c'est assez déstabilisant.


"Il me proposa de profiter de ma jeunesse et de la figure avantageuse que j'avais reçue de la nature pour me mettre en liaison avec quelque dame vieille et libérale."

Donc, une seule chose : place à l'aventure. Et de l'aventure, il y en a !! Des meurtres, du sexe, des enlèvements, des bandits de grand chemin, des évasions spectaculaires, des Grieux et Manon ne laissent pas le lecteur tranquille un seul instant. Et on en redemande !
De plus, un certain humour (que le narrateur ne comprend pas du tout, ce qui le rend encore plus savoureux) parsème le bouquin. Manon et son frère se moquent plus ou moins gentiment du jeune homme amoureux, et le lecteur partage leur amusement :
"La faim me causerait un jour quelque méprise fatale ; je rendrais quelque jour le dernier soupir en croyant en pousser un d'amour." écrit un jour la jeune fille à son amant, pour justifier une de ses fuites dans les bras d'un riche noble.

Mais le principal intérêt de ce roman, c'est la description de la société du XVIIIème qui est faite. Beaucoup plus violente que la nôtre, sans droit autre que celui de la naissance et des relations. Les deux amants subissent les vengeances cruelles des amants de Manon. On emprisonne lorsqu'on est puissant, on tue ou on fuit lorsqu'on ne l'est pas.

"O Ciel ! m'écriai-je, je recevrai avec soumission tous les coups qui viennent de ta main, mais qu'un malheureux coquin ai le pouvoir de me traiter avec cette tyrannie, c'est ce qui me réduit au désespoir."

Ce livre parle aussi énormément d'argent, et j'ai été là assez surprise : Manon et des Grieux parviennent à vivre relativement confortablement (une maison, un appartement à Paris, deux serviteurs, des sorties tous les soirs) sur des sources d'argent assez périlleuses : des dons d'amis, le jeu et pas grand chose d'autre - si ce n'est les quelques dons des hommes à qui Manon se prostitue. De ceci, je conclue, peut-être à tort, mais c'est réellement l'impression que m'a donné le roman, que l'inégalité des richesses devait être énorme, et que les dons que font Tiberge ou M. T..., de médiocre importance pour eux, sont en fait très élevés.

Ceci dit, et malgré le plaisir que j'ai pris à lire ses aventures, je suis heureuse de le lire à 26 ans, et pas à 12 (l'âge que j'avais quand je l'ai acheté ^^) ni même à 16 ou 17. Adolescente, je n'aurais pas du tout aimé ce roman cynique et cruel, et je préférais les romans d'amour purs, avec des héros estimables.

Donc, ce livre est dans ma PAL depuis 16 ans (OMG !!!)
PAL.jpg
Et je l'ai lu dans le cadre du Défi XVIIIème de Canthilde !
défiXVIII
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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 11:12
Gatsby.jpg"I suppose he'd the name ready for a long time, even them. His parents were shiftless and unsuccessfull farm people - his imagination had never really accepted them as his parents at all. The truth was that Jay Gatsby of West Egg, Long Island, sprang from his Platonic conception of himself. He was a son of God - a phrase which, if it means anything, means just that - and he must be about His Father business, the service of a vast, vulgar, meretricious beauty."

Qui est Gatsby ? Existe-t-il vraiment ? Tout le monde en parle, à commencer par la cousine du narrateur, Daisy et son mari, Tom Buchanan, mais quelqu'un l'a-t-il déjà vu ? Ses fêtes sont splendides, accueillent des dizaines d'invités prestigieux, débordent de champagne et de plaisir, mais ses invités le connaissent-il ? Et les ragots qui courent sur lui ont-il quelque chose de véridique ? A-t-il fait Oxford ? A-t-il fait la guerre ? A-t-il tué quelqu'un ?
Qui est-il ? D'où vient-il ?
Le narrateur serait une des personnes les plus à même de le connaître : ils sont voisins. L'immense demeure construite à l'image d'un Hôtel de Ville normand (clin d'oeil de ma part à Edith Wharton, ses Heureux du monde et leurs maisons à l'image de palais européens ...) est juste à côté de sa médiocre demeure. De là, il peut voir les soirées, le champagne, les couples glissant dans la nuit, les chuchotements, entendre la musique, suivre le ballet des voitures. Et le lundi matin, les huit serviteurs qui s'escriment à tout nettoyer.
Mais un soir, en rentrant chez lui, il voit un homme qui regarde la nuit et la mer : C'est Gatsby.

"They were careless people, Tom and Daisy - they smashed up things and creatures and then retreated back into their money or their cast carelessness, or whatever it was that kept them together, and let other people clean up the mess they had made..."

Je n'ai pas envie d'en dire plus. C'est un livre superbe, complexe, riche et condensé. J'ai envie de le relire, dans quelques années, car je ne pense pas en avoir saisi toutes les subtilités. En vrac, ce que j'en retire, c'est l'impression d'une vaste mélancolie, d'un self-made-man aux prises avec une société égoïste et sclérosée, le portrait d'une société à la Dorian Gray, belle et raffinée en surface, pourrie derrière les apparences.
Et beaucoup de tendresse pour Gatsby, cet "Oncle Picsou" qui serait devenu amoureux... (oui, les images que j'ai eu dans les yeux en lisant la jeunesse de Gatsby, c'était Oncle Picsou et sa pioche de mineur ! Pas très intello, je le reconnais...)

J'ai très envie de voir le film de Jack Clayton maintenant !

C'est 1/ lu dans le cadre du challenge Lire Lolita à Téhéran, sur le forum Whoopsy Daisy
lolitatéhéran
2/ lu en VO
LireEnVo.jpg
3/ de la littérature américaine, Yes, I can !
yeswecan.png
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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 18:34
Deuxième édition du Blablatage et mes quelques nouvelles découvertes du web.

Pour commencer, grâce à Leiloona (qui écrit très bien, en passant), j'ai découvert le principe des Impromptus : ils se décrivent eux même comme un site d'écriture collective. Le principe est simple : chaque semaine, dans la nuit de Dimanche à Lundi, les organisateurs du site donnent un thème. La date de retour des textes est le dimanche soir suivant, avant minuit.
Cette semaine, le thème est chaptka, qui ne m'inspire pas beaucoup. Mais j'irais voir dès Lundi matin quel est le thème de la semaine suivantne !

Autre très bonne idée, Emma a fait le tour des adaptations littéraires en Mars : J'avais déjà noté The Ghostwriter et Alice, mais je découvre également avec plaisir Les chèvres du Pentagone (dont l'affiche m'a fait exploser de rire dans le métro) et Fleur du désert, dont j'ai beaucoup aimé la bande annonce. Si je me mets à lire tous les bouquins dont sont adapté les films que je vais voir, ma PAL est pas sortie de l'auberge !
En tout cas, je trouve que c'est une très bonne idée qui se marie bien avec le challenge Lunettes noires sur pages blanches.

lunettenoirepageblanche

Lucile a découvert un nouveau blog (et comme elle est très sympa, elle donne l'adresse à tout le monde) : il s'agit de LibriOlounge. C'est un site créé par trois libraires, qui regroupe les titres des livres disponibles et intéressants sur tel ou tel sujet. En vrac : le réchauffement climatique, la seconde guerre mondiale, les hommes d'Etat de la Vème République, etc. Un très beau travail de biblio, très intéressant ! C'est une adresse à diffuser !

Cédric Ferrand, du blog Hugin&Mugin continue à nous faire part de sa prose, avec la  très belle première partie d'une nouvelle appelée Les enfants de Cayenne. Je vous en conseille la lecture. En particulier, l'auteur a choisi d'utiliser un style argotique savoureux pour nous raconter l'histoire de ce mac, déporté à Cayenne après avoir assassiné l'un des clients de sa compagne prostituée. Vivement la suite !

Et enfin, Antigone nous a tenu au courant de son altercation avec un éditeur. Je vous laisse lire les détails sur son blog. Sous prétexte qu'il lui a fourni un livre lors d'un partenariat, l'éditeur estime que la critique sur son blog et ailleurs se devait d'être pleine de louanges. Je trouve cela inadmissible : il faut admettre, lorsqu'on publie un livre, lorsqu'on demande à des gens de le lire, que la critique puisse être négative. "Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur", disait Figaro il y a deux cents ans. Si cet éditeur ne veut que des critiques positives, il n'aura pas de critique du tout !
C'est pour cette raison que je suis réticente aux partenariats de ce type. D'abord parce que je trouve cela trop contraint (être obligée de lire un livre, de le lire avant telle date, d'en écrire une critique), et me rappelle les mauvais souvenirs de lectures obligatoires du collège. Mais surtout parce que, lorsqu'on m'offre un livre, j'ai envie de l'aimer et d'en dire du bien. Ca marche avec les livres offerts par des proches (j'ai eu beaucoup de mal à écrire une critique négative sur Le club Jane Austen, qu'une amie m'avait offert...), mais ça marcherait aussi avec les livres offerts par des éditeurs ... Et que dire si l'auteur lui même vous lit ? Démolir le travail de plusieurs années ? Un texte dans lequel il a mis de lui ? Je ne pourrais pas le faire, et comme je ne veux pas mentir, je préfère ne pas entrer dans ce jeu.

En vrac, Nanne a fait le compte des sorties poches de Mars, avec quelques uns qui me tentent beaucoup, comme les Zweig et Best loves Rosie de Nuada O'Faolain. Calepin, surfant sur le buzz du chatroulette, a créé le blogroulette : cliquez et tombez sur un blog ! Fashion lance son Sexy Swap Men 2, un swap avec que des beaux mecs dedans ! Ofelia m'a donné envie de lire (et de voir) the Stepford Wives.
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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 11:28
education.jpg"I am a music lover and I am worried about your cello"
Ce film raconte comment une jeune fille vive, belle, intelligente, découvre la vie, ses bons et ses mauvais côtés. L'histoire, en deux mots, est simple : Jenny, lycéenne entraînée (c'est un euphémisme) par son père pour être admise à Oxford, rencontre par hasard dans la rue David, une bonne trentaine. Coup de foudre de l'adolescente pour cet homme élégant, intelligent, qui transforme sa vie en conte de fée. Comment peut-on s'intéresser aux cours et aux concours quand un gentleman vous emmène dîner dans des restaurants à l'ambiance jazzy ? Quand il vous propose de partir en week end à Paris ? Paris !
Mais pourtant, très tôt, Jenny va sentir que quelque chose cloche. Et elle va découvrir que la vie, la vraie vie, n'est pas un conte de fée.

"Am I a ruined woman ? You're not even a woman"

J'ai adoré ce film. Parce qu'il est parfait. Sur la forme, et le fond. L'image, l'ambiance est merveilleuse. Les acteurs sont fantastiques, tous autant qu'ils sont. Bien sûr, Carrey Mulligan crève l'écran de sa fraîcheur, de sa jeunesse, de son innocence. Mais j'ai été également bluffée par Rosamund Pike, que j'avais découverte dans Pride and Prejudice 2005, qui est étonnante de charisme dans Wives and Daughters BBC, et qui là est époustouflante de bêtise et de vide
!
Mais en plus du film, j'ai beaucoup aimé la morale de l'histoire. J'ai lu ça et là que certains étaient déçus, car l'amour perdait, et que le droit chemin du travail gagnait.
Ce n'est pas du tout la lecture que j'ai de cette fin : pour moi, Jenny, riche de cette expérience, devient enfin indépendante. Elle n'a nul besoin de "se marier" pour vivre. Elle peut enfin vivre pour elle même, ni pour son père, ni pour David. C'est une conclusion que je trouve très belle.

Conclusion : courrez y, ce film faut vraiment la peine !

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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 19:45
vousnemeconnaissez.jpg"Je ne suis pas ce dont j'ai l'air. Je suis tellement plus."
Dans ce recueil de nouvelles, JCO démontre encore une fois ce qu'elle sait le mieux faire : décrire l'horreur, l'atrocité, l'inhumanité, la perversion, et lui donner un charme douloureux. Délicieuses pourritures est un titre qui aurait aussi pu convenir à ces textes. Je suis restée scotchée à ces récits, mais en éprouvant de temps à autres le besoin de poser le livre, d'entrecouper ma lecture par d'autres livres, car la charge émotionnelle de ces textes est trop forte.
Les trois premières parties (la quatrième est légèrement différente, et j'y reviendrai) permettent à JCO d'explorer ce qui fait qu'un être humain, vous, moi, votre voisin peut un jour basculer et devenir un criminel, un assassin, un violeur, une victime. Ou ne pas le faire, y réchapper de justesse, parce qu'un voisin ouvre sa porte à ce moment là. Parce qu'un détail se produit qui éloigne, définitivement ou provisoirement, le drame.
Ca met mal à l'aise. Vraiment. Parce que les sentiments qui y sont décrits sont tellement humains. Parce qu'on se met dans la peau de l'assassin, du violeur, de celui qui enfonce la tête du noyé une bonne dernière fois. Qu'on comprend leurs motivations, humaines, oh, trop humaines. Une bonne dose d'égoïsme, une touche d'insensibilité, deux doigts d'indolence. Un crime.
Oh, bien sûr, tous ces crimes ne sont pas des faits divers. JCO sait mettre le doigt là où ça fait mal, et juger équivalent le skin head qui tabasse un noir à mort, et le fils qui laisse son père âgé dans une maison de retraite. Le violeur-tueur en série, et la femme qui, par lâcheté, refuse d'ouvrir sa porte à l'homme qu'elle a aidé en prison. La jeune fille qui fait un faux témoignage par amour, et les enfants qui veulent tuer les responsables de l'incendie dans lequel est mort leur père. Le mari idéal qui, lassé des gérémiades de son beau-frère, laisse échapper qu'il vaudrait mieux qu'il se suicide, une bonne fois pour toutes.
C'est dur. Puissant. Violent. Comme toujours JCO. Que j'aime cette auteur !

"Cela aurait pu être le même jour répété, ou cela aurait pu être quatre-vingts jours. C'était un endroit, pas un jour. Comme une dimension dans laquelle on pourrait se glisser, ou être aspiré, par un courant sous-marin. Elle est là, mais personne n'en a conscience. Tant que vous n'y êtes pas, vous ne savez pas ; mais quand vous y êtes, vous ne savez rien d'autre. Alors vous êtes incapable d'en parler autrement que comme ça. En bégayant, et dans l'ignorance."

Heureusement, les deux dernières nouvelles sont un souffle d'air frais. En particulier, Trois filles, dont je suppose que les échos autobiographiques sont forts, qui raconte la rencontre, en un frileux soir de Mars, entre deux jeunes filles (dont l'auteur ?) et Marilyn Monroe. J'ai aimé la description de la librairie dans laquelle elles se trouvent, Strand, une librairie d'occasion qui m'a fait penser à Shakespeare and co à Paris, une sorte de refuge chaleureux après la dureté des autres nouvelles.

"Jeunes, têtues, arrogantes, peu sûre de nous quoique "brillantes" - du moins nous avait-on amenées à le croire. Nuos ne nous pensions pas jeunes, cela dit : tu avais dix-neuf ans, moi vingt. Nous étions mûres pour notre âge, et immatures. Nous étions intellectuellement averties, et affectivement imprévisibles. Nous révérions quelque chose que nous appelions art, dédaignions quelque chose que nous appelions la vie. Nous avions une conscience exacerbée de nous même. Et pourtant : avec quelle patience, quel désir de protection, nous avons monté la garde près de Marilyn Monroe, assise sur son tabouret dans la section JUDAICA, dépassée de temps à autre par des clients qui marmonnaient "pardon", ou ne semblaient même pas remarquer sa présence, ni la nôtre."
C'est le genre de paragraphe qui me donne envie de ressortir mon cahier à citations, pour garder une trace d'un texte aussi parfait.

Cette critique rentre dans le cadre du challenge Yes we can,
yeswecan.pngAinsi que dans le cadre du challenge Joyce Carol Oates.
oates-challenge
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 09:00
orphelins.jpg"La difficulté est le travail que je mène ici. Il faut d'abord que j'en vienne à bout. Après tout, le monde entier est au bord de la catastrophe. Que penseraient les gens si je les abandonnais en un tel moment ? Vous-même, que penseriez vous de moi ?"
J'ai quelques difficultés à parler de ce texte car je ne sais pas si j'ai aimé ou pas. Je n'arrive pas à faire la part entre ce que je juge extraordinaire (le style d'Ishiguro, son univers, sa manière de construire des univers troubles et branlants), ce qui me déplait (les personnages, et en particulier le narrateur), et ce que je ne comprends pas : où va cette histoire ? Que veut-elle dire ? Pourquoi l'a-t-il écrit ?
J'ai refermé le livre sur une impression d'inachevement. Et pourtant, je suis certaine d'être passée à côté de quelque chose.

L'histoire raconte la vie de Christopher Banks. Il nait à Shangaï,
où vivent ses parents, au tournant XIXème/XXème siècle . Sa mère, très impliquée dans la lutte contre le commerce de l'opium, est une figure lumineuse qui éclaire ses jeunes années : "Je me souviens qu'une fois, au cours de nos jeux, elle se figea soudain en voyant un pasteur sortir de l'église. Nous restâmes sagement debout au bord de la pelouse, le saluant au moment où il passa. Mais à peine eut-il disparu de notre vue que ma mère fit volte-face et, s'inclinant vers moi, se mit à pouffer d'un air complice."
Mais alors qu'il a une dizaine d'années, ses parents disparaissent l'un après l'autre : la police locale conclut à un enlèvement. L'enfant est envoyé en Angleterre, chez une tante.
Quelques années plus tard, alors qu'il est devenu un célèbre détective et membre de la fine fleur de la Haute Société, il décide de retourner à Shangaï afin de résoudre l'énigme de cet enlèvement. La quête de ses parents, dans les années qui précèdent la Seconde Guerre Mondiale, alors que la guerre entre chinois et japonais fait rage à Shangaï, devient alors plus importante que tout, tout persuadé qu'il est que retrouver ce couple va changer le monde, arrêter la guerre, et résoudre tous les problèmes de la Terre. Bref, sauver le monde.
Il ne faut que quelques pages pour se rendre compte que le narrateur n'a pas toute sa raison. Comme un enfant qui joue, et transforme sa chambre en royaume moyen-âgeux ou en vaisseau spatial, Christopher transforme ce qu'il voit pour le faire coincider avec son histoire, sa vie telle qu'il veut qu'elle soit.
"il me fallu un moment pour comprendre qu'il s'agissait tout simplement d'une illusion qu'il s'était fabriquée - selon toute vraisemblance, d'une fable qu'il avait inventé bien des années plus tôt pour rendre moins amers les souvenirs d'une époque d'intense tristesse." dit-il au sujet d'un ami de collège. Mais partout et tout le temps, c'est lui qui réécrit l'histoire avec ses fantasmes.

Cela m'a énormément destabilisée, comme si j'avais passé quelques heures en compagnie d'un fou. D'autant plus fou que ceux qui l'entourent semblent se plier à sa folie : le colonel chinois accepte d'abandonner ses hommes en plein combat pour le suivre dans les ruines de Shangaï, les autorités anglaises se plient à ses desideratas... Alors, bien sûr, comme Christopher est le narrateur, on suppose que tout ce qu'il raconte n'est pas vrai. Mais jusqu'à quel point ? Où est le vrai ? J'ai eu l'impression d'être dans un bateau qui tangue, à essayer de retrouver un équilibre, devenant légèrement nauséeuse.

Tout ceci prouve, je pense, le talent d'Ishiguro qui parvient à nous introduire dans n'importe quel univers, et à nous mettre mal à l'aise quand il le souhaite. J'y ai également retrouve le style, sans faille, de cet auteur que j'adore. Sa manière de raconter des souvenirs, comme j'avais déjà pu le voir dans Auprès de moi, toujours, est très émouvante. On sent les odeurs de Shangaï, on caresse de la main le cuir et le bois des bureaux coloniaux, on joue avec Christopher et son ami Akira dans le jardin tropical. C'est merveilleux de douceur et de nostalgie.
Un autre aspect m'a profondément émue : Ishiguro décrit la guerre, dans ce qu'à d'atroce une ville démolie par les tirs croisés des chinois et des japonais. Ishiguro est né à Nagasaki, et même si il n'était pas né pendant la guerre, je me dis que ses descriptions sentent trop le vrai pour ne pas être nourris de souvenirs familiaux.
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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 08:42
vague.jpg"La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l'Action."
Ce livre est tiré d'une histoire vraie, arrivée aux Etats-Unis en 1969. La plupart des élèves de Ben Ross, professeur d'histoire, ne comprennent pas comment le parti nazi a pu arriver au pouvoir : c'est vrai, les allemands auraient du se rebeller, on ne se fait pas avoir comme ça par un dictateur grandiloquent. Et puis d'ailleurs, toutes ces questions ne les intéressent plu vraiment car maintenant que ça s'est produit une fois, ça ne pourra plus se reproduire, et puis, sortis du cours d'histoire, il y a tellement plus de choses auxquelles penser, comme la vie sociale, la cantine, les filles, les gars...
Alors, après un cours sur les camps de concentration, Ben Ross décide de tenter une expérience : le lendemain, il explique aux élèves que leur réussite passe par la discipline. Qu'ils devront désormais lui obéir au doigt et à l'oeil. Abandonner tout esprit critique. Apprendre par coeur des leçons suffit, ça ne sert à rien de réfléchir dessus.
Etonnament, pour le prof, et pour le lecteur, les étudiants se prennent au jeu, remerciant leur professeur de leur montrer ainsi le droit chemin. Poursuivant l'expérience, Ben Ross va vite se trouver à la tête d'un mouvement fasciste, la Vague. Des tabassages vont se produire, et petit à petit, le mouvement va gagner de l'ampleur.

Voilà. Vous savez à peu près tout ce qu'il y a besoin de savoir. Il ne vous sert à rien de lire le livre. Le livre ne dit rien de plus. Finalement, plus qu'un roman, l'auteur aurait du se contenter de raconter le fait divers tel qu'il s'est produit. Le passage au roman ne fait qu'ajouter des poncifs (la jolie élève intelligente qui résiste, le joueur de foot qui succombe, le pauvre élève mal dans sa peau qui se révèle ...), est mal écrit (très mal écrit, vraiment très très mal écrit), et rien n'y est développé. Comment, pourquoi succombe-t-on ? Quel est l'influence du groupe ? De la volonté de faire partie d'un mouvement ? Rien de cela n'est vraiment développé, et c'est dommage.
Plus qu'à un livre de réflexion sur notre pulsion à succomber au fascisme, j'ai l'impression de me retrouver face à un scénario mal ficelé de sitcom sur W9. Dommage ! Il y avait tellement à faire à partir de cette idée...
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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 12:30
Chante, Déesse, la saison des défis, fertile en lectures, qui fait croître les PALs.
Muse, guide ma lyre pour présenter ce nouveau challenge, le défi Mythes et Légendes.

Combien seront-ils, les lecteurs téméraires, à s'embarquer dans ce long voyage ? Car il leur faudra passer, au moins une fois, par l'île de l'Eternelle Jeunesse, où les récits antiques sommeillent, aussi frais que le jour de leur naissance. Car là, dorment Isis et son frère, Achille aux pieds légers, Deirdre des Douleurs, Zeus le tout puissant et leur compagnons.
Il leur faudra connaître la Forêt des Adaptations, où des bardes et des aèdes des temps modernes chantent les récits anciens dans une langue nouvelle. Morgane et Vivianne y revivent, devenues Soeurs à Avalon. La ville de Troie s'y reconstruit, et Orphée y retrouve son Euridice, Pénéloppe y attend son Ulysse.
Enfin, ils découvriront les villes où logent les savants, obscurs et bavards. Savants qui comparent les contes entre eux, mesurent Cucchullain et Achille - pour leur trouver la même taille, fouillent dans les origines de Dieu, et cherchent au plus profond des esprits où vont se reposer les mythes.

mythesetlegendes.jpg

Pour faire plus simple, et en français, je lance un Défi Mythes et Légendes.
Il y a longtemps, quand j'étudiais avec plaisir le latin et le grec, je lisais beaucoup de textes mythologiques. Je traduisais l'Iliade en cours, je parcourais les Métamorphoses d'Ovide, je me lançais à corps perdu dans la Razzia des boeufs de Cooley. Et puis, avec le temps, j'ai trouvé moins de temps à consacrer à ces lectures. Je le regrette beaucoup, et je voudrais revenir à ces bonnes habitudes. Et à force de voir des défis germer un peu partout, quel meilleur moyen pour remplir mes voeux que de créer un nouveau défi ?
Pour relever ce défi, il suffira de
- lire une oeuvre mythologique (en vrac, la Bible, l'Odyssée, l'Iliade, l'épopée de Gilgamesh, Les Métamorphoses, l'Eneide, les pièces de théâtre d'Euripide, de Sophocle, la Razzia des boeufs de Cooley, le Cycle de la Branche Rouge et tous ceux que je ne connais pas).
- lire une oeuvre adaptée de la mythologie (Les Dames du Lac de MZ Bradley, Ilium et Olympos de Dan Simmons, Antigone d'Anouilh, l'Odyssée de Pénéloppe de Margaret Atwood,...)
- et une étude sur la mythologie, que ce soit la mythologie comparée, ou une étude sur les origines de la mythologie, ou ...

Et comme je ne suis pas trop ambitieuse, je me laisse jusqu'à fin Juin 2011 pour remplir ce déf i !
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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 10:16

12

12.jpg"S'il ne l'a pas tué, quelle différence qu'il ne parle pas russe ?"
Je m'aperçois que j'ai du mal à écrire cet article, je ne sais pas pourquoi. On a vu le film Mardi, et j'ai repoussé jusqu'à aujourd'hui l'écriture de ce billet, en attendant l'inspiration.

Elle n'est pas venue. Pourtant c'est un film que j'ai énormément aimé.

Il reprend le film de Sidney Lumet, Douze hommes en colère. Le film commence quand, après trois jours d'un procès accablant, les douze jurés se retirent dans un gymnase (le tribunal est en travaux) pour délibérer. En entrant dans la salle, leur opinion est faite : l'accusé est coupable, il a tué son père adoptif sans aucun doute raisonnable, et dans 20 min, chacun de ces hommes va pouvoir retourner vaquer à ses occupations.
Sauf que parmi ces douze, un homme choisit de donner une chance au doute et de ne pas condamner un homme à la perpétuité sans prendre le temps de discuter. Alors qu'il faut l'unanimité pour rendre le verdict, il choisit de voter non coupable. Petit à petit, un par un, chacun de ces jurés va découvrir lors du débat qui s'ensuit des inexactitudes, des erreurs dans l'enquête, et ils vont finir par innocenter l'adolescent.
J'aime autant le dire tout de suite : cet aspect du film n'est pas le plus réussi. Les retournements de situation sont parfois assez grossiers, arrivant comme un cheveu sur la soupe. Les démonstrations qui permettent de convaincre les uns et les autres ne me convainquent pas personnellement. L'hommage est maladroit.

Mais ce n'est pas grave. Car ce n'est pas le jeune tchétchène enfermé dans sa cellule, le véritable accusé de cette histoire. C'est la Russie. Chaque débat est l'objet d'un témoignage de la part d'un juré, témoignage qui enfonce ce pays.
Racisme, antisémitisme, corruption, pots de vin, mafia, égoïsme, et cette propension à danser sur un abîme qui est celui de beaucoup de sociétés actuelles. C'est poignant, beau, réel, réaliste. Comme le journal intime d'un pays qui se cherche.

Et puis, 12 est un beau film. Un peu grandiloquent, un peu kitsch, un peu surjoué. Oui. C'est ce qui en fait sa poésie. C'est un beau film dans les flashbacks montrant comment la politique et le fanatisme de quelques uns peuvent conduire un gamin de 5 ans, orphelin, à errer dans les rues d'une ville en ruine recouverte de cadavres, entre les tirs de kalashnikov, en tenant contre lui le cadavre de son chien. Ou à regarder l'eau couler du doigt d'un cadavre vers la bouche d'un autre, images atroces, mais encore plus atroces lorsqu'elles sont reflétées dans le regard d'un innocent.
Beau aussi quand il filme les jurés. Ce sont généralement des très gros plans, qui s'attardent sur les traits de ces hommes matures, sur leurs rides comme il s'attarde sur leur vie et leur passé. Des plans bien équilibrés, qui font naître une harmonie à partir d'un cadre qui ne l'est pas, un gymnase.
Alors oui, c'est long. Mais pas une seconde j'ai regretté cette longueur. Au contraire, à la fin du film, je voulais rester. Parce que finalement, de l'ingénieur ressuscité au chauffeur de taxi barbare, j'avais fini par m'y attacher à ces douze jurés.
Et une mention spéciale à l'acteur qui joue le chauffeur de taxi, Sergeï Garmash, extraordinaire d'un bout à l'autre, de la violence à l'épuisement.
Dasola a également beaucoup aimé.
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