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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 10:02
cantiquenoel.jpg"Oh ! il tenait bien le point fermé sur la meule, le bonhomme Scrooge ! Le vieux pêcheur était un avare qui savait saisir fortement, arracher, tordre, pressurer, gratter, ne point lâcher surtout ! Dur et tranchant comme une pierre à fusil dont jamais l'acier n'a fait jaillir une étincelle généreuse, secret, renfermé en lui-même et solitaire comme une huître."
Voilà Scrooge. Un vieil avare désagréable, odieux avec son commis, blessant avec son jeune neveu venu lui souhaiter un "gai Noël."
Que voulez voux ? Ces deux imbéciles sont heureux, imprégnés de l'esprit de Noël, bien qu'ils ne gagnent pas d'argent, qu'ils aient une femme à entretenir, une femme ! Imbéciles !

Et pourtant. Scrooge est chanceux. Car l'esprit de Noël va venir le voir lui, particulièrement, pour lui sortir son avarice, son égoïsme, sa froideur et son mépris et le remplacer par de l'humanité, de la chaleur, de la générosité et un certain goût pour le bonheur.
En trois nuits, Noël va lui montrer son passé, comment le jeune enfant et l'adolescent qu'il était est devenu ce vieillard renfermé ; son présent et ses proches ; et son avenir, le jour de sa mort solitaire, et son cadavre profanné par des infirmiers âpres au gain.

C'est un très joli conte moral, plein de bons sentiments et d'affection, toute à cette chaleur de Noël qui nous donne envie d'être plus tendres, plus gais, plus généreux. On y retrouve Dickens et ses personnages si particuliers, son portrait de la misère, tant financière que morale ou affective. On y retrouve un Londres de contes de fées, avec son fog, ses averses, ses spectres et ses mendiants.

Ca nous fait 2 classiques anglais. Déjà fini ? C'est pas grave, je continue quand même !
EnglishClassics.jpgEdit : non, ça fait 3 en fait ... Je lis du classique anglais sans même m'en apercevoir.
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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 11:48
lavieestunsonge.jpgDans la salle transformée en colline, une colline polonaise isolée et battue par les vents, deux personnages se poursuivent dans le noir. Seul le faisceau de leur lampe de poche leur permet s'entr'apercevoir. Un valet fuyard. Un maître (ou une maîtresse?). Tous deux perdus, persuadés de mourir dans cette lande, sans avoir pu achever ce qui les conduit en Pologne. Quand devant leurs yeux apparait une construction. Un laboratoire. Le salut ?
Ils entrent. Découvrent un lieu froid et morne. Vide. S'apprêtent à en partir. Quand une voix s'élève, une voix triste et mélancolique.

Je ne veux pas en dire plus. J'ai eu la chance de découvrir cette pièce en n'ayant aucune idée de ce qu'elle racontait. Je me suis embarquée dans les différentes intrigues au fur et mesure, sans trop savoir où on allait. J'ai goûté la poésie du texte. La construction baroque et barrée de la pièce, les entrecroisements et les rêves (d'où vient que j'aime tellement le baroque au théâtre, et si peu en musique, sculpture ou peinture ?), les personnages qui sont et ne sont pas, les révélations et les amours.
J'ai aimé la violence de la pièce, très bien montrée par la mise en scène : tous les rapports sont conflictuels, même les relations amoureuses. Et la présence du valet-clown, bien loin d'apaiser en faisant rire, excite encore chacun des personnages, jusqu'au paroxysme.
La mise en scène, parlons en : comme à chaque fois que je suis allée au Théâtre 13 (ça ne m'arrive pas tous les jours non plus, je dois l'avouer - et c'est dommage car avoir un excellent théâtre à deux pas de la maison et y aller une fois de temps en temps par paresse, c'est honteux !), j'ai trouvé une mise en scène punchy, rock, qui actualise la pièce en la dynamisant. En particulier, j'ai été séduite par le laboratoire, cette ambiance de James Bond et d'Union Soviétique, ces silhouettes sombres qu'on découvre floues et mystérieuses derrière le rideau, cette boîte de verre électrifiée où séjourne Sigismond, séjour volontaire car il peut en sortir, métaphore de nos barrières internes qui nous font vivre la vie "en songe". J'ai adoré Clothalde, son long manteau de cuir et son affection paternelle, un humain déguisé en chien de garde, qui, par amitié pour le roi, exerce le pire des métiers, bourreau.
De plus, la mise en scène assume complètement le côté baroque de la pièce : est-on dans le rêve ? dans le conte ? dans le cauchermar ou dans la tragédie ? un peu de tout cela, et aux côtés du Clothalde bourreau, on voit apparaître un roi de conte de fées et une princesse tirée d'Alice au Pays des Merveilles.
Je me tais, je ne veux pas trop en dire, car j'ai adoré découvrir cette pièce et je ne voudrais pas gâcher ce plaisir à d'autres.

Le lien vers la bande annonce, sur le site du Théâtre 13 : http://www.theatre13.com/2009_theatre.php?id=10
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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 15:19
DelicieusesPourritures.jpg"Frappez au point le plus faible. Frappez la jugulaire."
Gillian a vingt ans, est étudiante de littérature dans les années 70, écrit des poèmes, et est amoureuse du charismatique Andre Harrow, brillant professeur de littérature. Comme toutes les autres étudiantes du campus, elle est hypnotisée par cet homme, intelligent, fin, cultivé, et ... doté d'une compagne, la troublante Dorcas. Elle se retrouve à agir d'une manière insoupçonnée. A suivre Dorcas dans la rue. A se cacher dans le jardin du couple pour les espionner. Elle suit les cours de poésie d'Andre, qu'elle ne parvient pas à appeler Andre, mais uniquement M. Harrow. Elle cherche en elle les émotions les plus puissantes, les plus intimes pour en nourrir ses textes, sortir du classicisme dont l'accuse son professeur,  et dévoiler des émotions aussi brutes que les sculptures de Dorcas. Comme les autres étudiantes, elle se met à écrire un journal intime et à le lire à haute voix en classe. Et elle découvre le passé de ses compagnes. Inventé ? Pas si sûr. Un passé fait d'inceste, de suicides, de viols.
Jusqu'au jour où elle se décide à pousser la porte du bureau d'Andre Harrow.

Dans ce court roman, Joyce Carol Oates développe les thèmes de la fascination, de la découverte du sexe, du phantasme, de la perversité, de la fragilité des jeunes filles en fleur. Avec toujours autant de talent. Je n'ai qu'un seul regret : que ce texte ne fasse qu'une centaine de pages. J'aurais aimé voir l'histoire développée, plus lente, plus fouillée. Moins dense. Mais ces cent pages sont un bijou.

"Une fin heureuse, donc. Est-si sûr ?"
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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 12:11
defiXVIII.jpgCanthilde propose un sympathique petit défi : elle l'a fait pour elle, mais je trouve l'idée tellement bonne que je ne peux pas m'empêcher de la reprendre. Et son logo est si décalé que je suis très heureuse de l'arborer sur mes pages.

Je ne résiste donc pas au Défi XVIIIème : lire six titres écrits au XVIIIème siècle, avant le 31 Décembre. Je ne sais pas si j'arriverais à en lire autant, mais l'idée me plait.
Déjà parce que je ne connais que très mal la littérature de cette époque : je n'ai lu Voltaire que scolairement, j'ai parcouru Rousseau (et j'ai même la suite de L'Emile dans ma PAL), mais j'étais très jeune. J'ai dévoré Beaumarchais et Marivaux, mais suis restée sourde aux autres tentations. J'ai vaguement survolé quelques auteurs anglais, et ne connais la littérature allemande que par Werther. Un peu de Crébillon, un peu de Laclos et c'est tout. J'ai donc énormément de choses à découvrir !
De plus, ces romans ont été lus, et adorés ou honnis, par des auteurs qui me touchent. J'ai tant de fois entendu parler de Camilla ou de la Nouvelle Héloïse !
Et devrais-je passer à côté des Lettres Persanes ? de Manon Lescaut ? Du Paysan perverti ? de Pamela ? de Robinson Crusoe ? de Tom Jones ?


VirginiaWoolf.jpgPar ailleurs, je me suis décidée à m'inscrire au défi Virginia Woolf, de Lou. Je ne sais pas encore lesquels de ses romans je lirai, mais j'ai déjà énormément aimé Orlando, Les Années et Mrs Dalloway (que j'ai fait l'erreur de lire en anglais ...). J'ai noté Les Vagues sur ma LAL, ainsi que Une chambre à soi qui me tentent énormément. Je vous tiendrai au courant de l'évolution de ce challenge "free style" dans les jours qui viennent...

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 10:13
Invictus.jpg"I think he wants us to win the World Cup."
Un vieil homme courageux et humain sort de prison, après y avoir été emprisonné pour des raisons politiques durant 27 ans, se fait élire président, cherche à rassembler un peuple profondément divisé, à deux doigts de la guerre civile et trouve LA solution : le rugby.

Dans un pays déchiré, avec une misère étourdissante, le SIDA qui fait rage, de quoi se préoccupe ce saint homme ? Ce prix Nobel de la Paix ? de savoir si l'équipe nationale s'entraîne suffisament.

Franchement, cette histoire n'aurait pas été tirée d'une histoire vraie, j'aurais refusé d'y croire. Le rugby, le sport, pour rassembler un peuple ? Certes, je sais bien qu'une bonne guerre est le meilleur moyen de souder une nation qui n'ait jamais été inventé par l'esprit humain, et je sais que le sport est un succédané de guerre. Certes, j'ai bien vu la France black-blanc-beur des années 1998 (et la manière dont le soufflé est retombé dans les mois qui ont suivi), mais régler les problèmes de l'Afrique du Sud en gagnant une coupe du monde de rugby ? J'ai du mal à y croire...
C'est pourtant ce qui s'est produit (oui, j'ai été vérifié sur wikipédia, et oui, cet épisode y est), et c'est ce que raconte Invictus. Tout y est, la rencontre entre Mandela et François Pieenar, capitaine des Springboks, la manière dont le premier ensorcelle le second, les entrainements, les matchs et la victoire à portée de bras, la coupe et FIN. Ce qui suivra cette coupe du monde, si ce rapprochement aura été durable, si les problèmes sociaux auront été réglés, si la bonne noire des Pienaars sera considérée comme un être humain après leur sortie commune du stade, nous n'en saurons rien.

Heureusement, on a droit à quelques aspects de la vie de Mandela en dehors de ce minuscule épisode. Les quelques passages le montrant dans le privé, avec sa dircab ou sa bonne sont très émouvants. Le portrait de ce vieil homme, si bon et si doux, mais si solitaire est très beau. Et Morgan Freeman joue un Mandela plus vrai que nature, époustouflant, émouvant, grandiose et humain.
J'ai beaucoup aimé l'histoire des gardes du corps, au second plan du récit : ces 8 hommes, 4 noirs, 4 blancs, fait pour se détester et se mépriser, qui en travaillant de concert, dans un même but, parviennent à s'estimer et même à s'aimer. Aux marques de rejet et d'incompréhension, succèdent petit à petit la camaraderie de ceux qui prennent des risques ensemble, le tout sous la tutelle bienveillante de Madiba pour les noirs, de Sir pour les blancs. J'ai finalement trouvé ce passage beaucoup plus intéressant que le tournoi de rugby.
Oui, je sais, je suis allergique au sport.

Parlons style, maintenant. Ce qui est terrible avec ce genre de film, c'est que ce n'est pas mauvais, au contraire, plutôt bon. Mais que c'est tellement prévisible que j'avais l'impression d'avoir vu les images au moment même où elles s'imprimaient sur ma rétine. On fait du bon, du formaté, pas de mauvaise surprise, mais aucune bonne.
Quoique ... il y a un passage que j'ai trouvé franchement médiocre, c'est la finale du tournoi, le match contre les All Blacks. Pas dans la manière dont le match en lui même est filmé. Mais dans la succession de prises de vues pour nous faire entrer dans notre petite tête que, "ouhlala, c'est fou, tout le pays est derrière son écran". Alors, à plusieurs reprise, on voit "le match vu dans la famille noire", puis, "le match vu dans la famille blanche", puis, "le match vu dans un premier bar", puis "le match vu dans un second bar" et enfin, ce qui est la seule scène pour laquelle la répétition est intéressante : "le match écouté par un gamin des rues noirs et par deux flics blancs, qui petit à petit se rapprochent, pour finir par s'embrasser".
Pour toutes les autres saynettes, les répétitions sont inutiles et lourdes.
Autre aspect très lourd de la fin : le ralenti très très ralenti et très très long à     la      fin      du      match           pour               nous             montrer                   à                        quel                      point                     le                         suspens                          est                     intense                          .
Oui, je sais, je me moque, mais les idoles sont faites pour être déboulonées, non ?

PS : je lis la critique du Monde qui dit que c'est un film "honnête". Je trouve que le terme convient parfaitement.


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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 09:07
shutterisland.jpg"It's good to have dreams," Chuck said. "Don't you think ?"

En 1954, Teddy Daniels est envoyé sur l'île de Shutter Island, un hôpital-prison où sont gardés et soignés des criminels malades mentaux : en tant que marshal, il doit y résoudre une enquête et retrouver une des pensionnaires, Rachel Solando qui s'est enfuie de sa cellule close, au sein d'un bâtiment ultra-sécurisé, et reste introuvable sur cette petite île à 18km de la côte. Elle s'est littéralement évanouie dans la nature, et le travail de Teddy et de son collègue Chuck n'est pas facilité par l'ambiance lourde et mystérieuse qui règne sur Shutter Island, par les secrets des uns et des autres et toutes les entraves que les étranges docteurs de l'île  leur mette dans les jambes. D'autant plus que Teddy a une autre mission, plus secrète : un sénateur compte sur lui pour découvrir ce qui se passe réellement sur Shutter Island, les expériences malsaines faites sur les patients prisonniers, les lobotomies, les expérimentations de nouvelles drogues et la maltraitance.
De plus, Teddy est hanté par le souvenir de sa femme, Dolorès, morte dans un incendie causé par un pyromane Andrew Laeddis. Andrew est maintenant enfermé sur Shutter Island, dans le mystérieux bâtiment C, bien que tous les docteurs nient son existence. Trois quêtes à remplir sur cette mystérieuse île où les gens disparaissent et apparaissent sans prévenir.

Je n'aime pas habituellement les thrillers, ce n'est pas du tout le style de romans que je lis. Mais, après un début un peu long, je me suis faite embarquer sur Shutter Island, j'ai suivi les raisonnements de Teddy, j'ai gelé sous les coups de l'ouragan qui secoue l'île, j'ai tremblé avec Teddy et Chuck. Et j'ai dévoré la fin, extraordinaire, sans pouvoir m'arrêter.
Le style ne casse pas trois pattes à un canard. J'ai même eu pas mal de difficultés avec l'anglais, le vocabulaire utilisé étant très américain et souvent argotique. Les personnages ne sont pas très originaux non plus, du flic dépressif hanté par son passé, la mort de sa femme, la guerre, la libération des camps de concentration, au docteur sans pitié et sans âme. Sauf que, comme le dit la quatrième de couverture, "nothing at Ashecliffe hospital is remotely what it seems", et que Teddy va comprendre, à ses dépends, pourquoi on l'a fait venir. Les 100 dernières pages sont époustouflantes.

Livre lu dans le cadre du challenge Lunettes noires sur pages blanches. La critique cinéma viendra dès qu'il sera sorti !
lunettenoirepageblanche

Et lu en anglais !
LireEnVo.jpg
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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 13:13
Diaboliques.jpg"Pour lui, cette femme qui s'en allait devant lui, déferlant onduleusement comme une vague, n'était qu'une fille du plus bas étage ; mais elle était d'une telle beauté qu'on pouvait s'étonner que cette beauté ne l'eût pas classée plus haut, et qu'elle n'eût pas trouvé un amateur qui l'eût sauvé de l'abjection de la rue, car, à Paris, lorsque Dieu y plante une jolie femme, le Diable, en réplique, y plante immédiatement un sot pour l'entretenir."

Ahhh, qu'elles sont diaboliques, ces femmes. Qu'elles sont éloignées de gentilles et douces oies blanches qui écoutent le narrateur dans un salon cossu, qui frémissent et s'inquiètent. Pas de peur, chez les Diaboliques, pas d'angoisse ou de crainte. Un courage, une force animale les poussent vers le plaisir et la débauche. Bien loin des donzelles du quartier Saint-Germain, les Diaboliques sont maîtresses de leur vie, elles choisissent l'homme qu'elles vont aimer, ou dans les bras duquel elles vont jouir. Elles aiment le plaisir charnel, et comme des animaux, des panthères à la fourrure moirée, des serpentes froides et cruelles, elle s'y complaisent.
De quoi faire trembler les dames comme il faut, dont Barbey règle le compte en quelques mots acerbes : "Mlle Delphine de Cantor, élevée aux Bénédictines où, sans nulle vocation religieuse, elle s'était horriblement ennuyée, en était sortie pour s'ennuyer dans sa famille, jusqu'au moment où elle épousa le comte de Savigny, qu'elle aima, ou crut aimer, avec la facilité des jeunes filles ennuyées à aimer le premier venu qu'on leur présente."
Même si c'est d'elles que Barbey recherche la compagnie, pour elles qu'il écrit cet opus qui doit les éloigner du péché, ce ne sont pas ces cygnes qui font rêver et fantasmer Barbey. C'est plutôt la jeune fille qui traverse toutes les nuits la chambre parentale, longe le lit où dort sa mère et ronfle son père, pour aller rejoindre son amant et, sans un mot, coucher avec lui. C'est plutôt la jeune femme, maîtresse d'arme, toujours vêtue en homme, qui va tuer de sang froid l'épouse de son amant. La noble espagnole vertueuse qui se venge de son époux en se prostituant dans les rues les plus sales de Paris. La rougissante maîtresse d'un officier de Napoléon qui va prendre comme amant l'un après l'autre, tous les collègues de son compagnon. C'est ... Ce sont toutes ces femmes indépendantes et égoïstes, ces femmes qui font l'amour comme le font les hommes, qui sont aussi diaboliques que leurs compagnons.

"Cependant, les crimes de l'extrême civilisation sont, certainement, plus atroce que ceux de l'extrême barbarie par le fait de leur raffinement, de la corruption qu'ils supportent et de leur degré supérieur d'intellectualité."
C'est ce que Barbey va prouver à toutes les pages de ce recueil, s'amusant à imaginer les tortures les plus perverses et et les plus vicieuses, à faire frissonner ses lectrices attentives, comme il les voit frissonner dans les salons. Et il le fait avec style, avec allure, avec son écriture si chargée, si élégante, si précieuse. Je ne résiste pas au plaisir d'un dernier extrait :
"Il faisait ce jour-là, un de ces temps d'automne, gais et clairs, à arrêter les hirondelles qui vont partir. Midi sonnait à Notre-Dame, et son grave bourdon semblait verser, par-dessus la rivière verte et moirée aux piles des pont, et jusque par-dessus nos têtes, tant l'air ébranlé était pur ! de longs frémissements lumineux."

J'ai adoré !
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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 14:47
gainsbourg.jpg« Vous voudriez pas le faire chier un peu, votre père ? Que je vous écrive une chanson cochonne ? Elle pourrait parler, je sais pas, d’une jeune fille qui aime les sucettes ? »

ex æquo - sans la moue boudeuse, malheureusement : « Y’a des croissants ? »

Si je devais me limiter à trois bonnes raisons d’aller voir ce film, je choisirais :

Attention, faut pas s’attendre à aller voir un biopic, ça n’en est pas un : Joann Sfar s’autorise une variation sur le chanteur, de Ginsburg à Gainsbourg, de Gainsbourg à Gainsbarre, sur sa musique et ses rencontres, sur une époque à la fois plus coincée, et plus libre et joyeuse que la nôtre. Variation qui prend la forme d’une bande originale fantastique, qui fait revivre tout un monde, des Frères Jacques à Jane Birkin, de Vian à Brassens.

Joann Sfar est un dessinateur de BD, et ça se voit : c’est sous la plume du petit garçon Lucien, un vrai petit Nicolas, que naît le Génie de Gainsbourg, cet être étrange et sublimé qui pousse quelques années plus tard, le jeune Ginsburg à devenir Gainsbourg, et encore plus tard Gainsbourg à se vautrer dans Gainsbarre. Cet être immense, fantasmagorique et élégant, laid et séduisant, angoissant et attachant, suit les pas de son créateur durant tout le film, comme une ombre sublimée.

Alors, oui, j’ai lu à de nombreuses reprises que la fin était moins bonne que le début. Je ne l’ai pas ressenti. Bien sûr, j’ai préféré le début, et surtout le milieu du film, aux dernières scènes, à la déchéance, l’alcool, le désespoir. Mais est-ce dû au film, ou à ce qu’il représente ? Et était-ce possible de faire un film sur la légende de Gainsbourg, en omettant ces dernières strophes ?

Vous avez pu le deviner, j’ai adoré ce film, j’ai battu légèrement la cadence sur mon genou pendant une bonne moitié du film (mes voisins de ciné ont dû s’estimer heureux qu’on ait été dans un endroit public, à la maison j’aurais chanté en même temps), je me suis extasiée, j’ai trépigné, j’ai r,i j’ai même failli pleurer quand M. Ginsburg père s’effondre, ou quand le rimel de BB coule autour de ses beaux yeux.

Et un bout du meilleur moment du film : l’alcoolisme vu par Vian/Katerine et Gainsbourg/Elmosnino





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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 09:13
graindegrenade.jpg"Lorsqu'elle prononça ces mots : 'si vous allez en Bretagne, promettez moi de passer voir cette chère Mary', cela toucha en moi les profondeurs obscures où sont contractées les obligations inutiles."

J'avais vu ce bouquin dans la liste qui a circulé au moment du Bloody Swap, et, comme je suis amoureuse d'Edith Wharton, j'ai sauté dessus : bonne idée ! La moins bonne idée, en revanche, était d'attendre deux mois avant de le chroniquer. Mes souvenirs précis de ce recueil de contes s'estompent, l'excellente impression reste en revanche.
Edith Wharton nous raconte des histoires de fantôme. Mais elle part du principe que les fantômes ne se cachent pas dans les lochs brumeux de l'Ecosse, ou ne datent pas des temps reculés, mais qu'ils sont autour de nous, dans notre monde. Dans la campagne anglaise où un mari trompe son épouse avec sa défunte soeur. Dans un cottage breton, dort la soeur d'une riche américaine, qui ne se lève que la nuit. Une jeune lady hérite d'une propriété familiale, gardienée par un mystérieux Mr Jones.
Ma préférée est Grain de Grenade : sitôt après l'avoir finie, je l'ai relue et plus d'une fois, pour me pénétrer encore du mystère produit par les lettres étranges qui arrivent chez Mr et Mrs Ashby.
J'ai savouré le style de Wharton, ce talent de savoir en quelques mots révéler une ambiance, un monde, une personne. "Caroline Ashby hésita sur le seuil de sa porte. La nuit était tombée sur un après-midi de mars éclatant et la vie bruyante et trépidante de la cité était à son comble. Elle lui tourna le dos et s'arrêta un instant dans le vestibule à l'ancienne mode, dallé de marbre, avant d'introduire la clé dans la serrure. Les rideaux à embrasse garnissant les panneaux de la porte intérieure adoucissait la lumière, brouillant les objets en une agréable masse dépourvue de détails." Ca vous donne pas envie de continuer ? Moi, si !

C'est un roman lu dans le cadre du challenge : Yes we can !
yeswecan.png
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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 14:46

Miss Popila propose un projet de lecture de groupe que je trouve très sympathique et auquel je compte bien participer.

Ce projet part d’un roman, Lire Lolita à Téhéran, d’Azar Nasifi et dans lequel on parle « surtout de l'amour des livres qui anime un groupe de jeunes femmes qui lisent, au nez et à la barbe d'un régime qui proscrit tout ce qui se réfère à la culture occidentale », citation de Popila.

Dans ce projet de lecture, nous suivrons le même programme qu’elles en lisant :

Lolita de Nabokov,

Gastby le magnifique de Fitzgerald

Daisy Miller et Washington Square d'Henry James

Orgueil et Préjugés de Jane Austen

En terminant bien sûr par Lire Lolita à Téhéran

Comme j’ai déjà lu O&P (mais je le relis chaque fois avec émotion), que j’ai Gatsby dans ma PAL, que je veux absolument lire Lolita, et que je souhaite me réconcilier avec Henri James (Les ailes de la colombe ont un peu coupé les miennes), et que j’adore découvrir de nouveaux auteurs, j’ai décidé de relever le défi.

 

lolitateheran.png

 

Ca commence en Février, avec Lolita !

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Janvier 2013

Lecture commune approximative : Imposture, de Benjamin Markovits, avec George

 

9 Janvier 2013

Lecture commune : Silvia's lovers, de Gaskel, avec Titine

 

20 Janvier 2013

Lecture commune : Les Chouans, de Balzac, avec Maggie, Nathalie , Cléanthe et Marie

 

Février 2013

Lecture commune : La fausse maîtresse, de Balzac, avec Marie

 

4 Mars 2013

Lecture commune : Le temps des métamorphoses, de Poppy Adams, avec Tiphanie, Soukee et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : The scarlett letter, de Nathaniel Hawthorne, avec Noctenbule et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : Quelle époque !, de Trollope, avec Adalana, Shelbylee, Maggie et Titine

 

Avril 2013

Lecture commune : Les vagues, de Virginia Woolf, avec Cléanthe , Anis et Titine


21 Juin 2013

Lecture Commune : Petite soeur, mon amour, avec Valérie

 

 Juin 2013

Lecture de L'Argent, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Juillet 2013

Lecture de La débâcle, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Août 2013

Lecture de Le Docteur Pascal, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

7 Novembre 2013

Lecture de Le dernier Homme de Camus, dans le cadre du défi Albert Camus

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