Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 11:33
44scotlandstreet.jpg"Certes, il avait revêtu son costume traditionnel des Highlands, sa veste Prince Charles aux boutons argentés, son kilt Anderson, le sporran offert par son oncle pour son vingt et unième anniversaire, ses chaussettes blanches de chez Aitken et Niven, dans George Street, et, bien entendu, sa chemise neuve. En revanche, il avait oublié le slip."
Vous n'avez pas trop le moral en ce moment ? La grisaille de l'hiver vous déprime ? Vous avez envie de vivre des aventures romantico-artistico-fabuleuses, dans un décor chaleureux ?
Entrez dans 44, Scotland Street, et laissez vous emporter par les aventures de la jeune Pat.
Pat est écossaise, vit à Edimbourg, et quitte le foyer familial pour aller s'installer dans une colloc, sise 44, Scotland Street. Elle commence en même temps à bosser dans une toute nouvelle galerie d'art, et découvre en même temps l'amour (Bruce, celui-là même qui oublie de mettre des slips sous son kilt), et un tableau, appelé par la suite Peploe? (pour ceux qui comme moi, ne connaissent pas le peintre Samuel John Peploe, un petit détour wikipedia s'impose). Le tout dans une ambiance arty fort sympathique et gaie.

L'auteur raconte au début du livre le genèse de cette histoire : après un voyage en Californie et une discussion avec l'auteur des Chroniques de San Francisco, il écrit un récit dans lequel il déplore que les quotidiens aient abandonné le principe du roman feuilleton. Remarque qui ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd, puisque le quotidien The Scotsman le met au défi d'en écrire un. Défi relevé, et c'est la réunion de tous les chapitres qui forment 44, Scotland Street.
Ce style d'écriture donne un ton enjoué et dynamique au récit. Chaque chapitre, court, se termine sur une ouverture qui donne envie de lire la suite. Les personnages sont très sympathiques - ou drôles (Bruce est un chef d'oeuvre !). L'écriture est légère. Et Edimbourg follement attirante...

Et puis, l'auteur et moi partageons un secret qui me  tient à coeur : nous savons tous les deux que les fleurs de genêts ont une odeur très exotique. Elles sentent la noix de coco.
"Dehors, l'air sentait la noix de coco, à cause des genêts en fleur, et les soirées s'éternisaient car c'était la période de l'année où le jour n'en finit pas de tomber."
Mais chuuuuuuut, il ne faut pas le répéter...
Partager cet article
Repost0
18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 11:15
brighstar.jpg"Bright star, would I were steadfast as thou art--
Not in lone splendour hung aloft the night
And watching, with eternal lids apart,
Like nature's patient, sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth's human shores,
Or gazing on the new soft-fallen mask
Of snow upon the mountains and the moors--
No--yet still stedfast, still unchangeable,
Pillow'd upon my fair love's ripening breast,
To feel for ever its soft fall and swell,
Awake for ever in a sweet unrest,
Still, still to hear her tender-taken breath,
And so live ever--or else swoon to death."

Est-ce vraiment nécessaire de raconter l'histoire de Bright Star ? La vie de John Keats est devenue le poncif du romantisme : le poète, à l'immence génie mais méprisé par la critique et misérable, rencontre une muse, l'aime, en est aimé de retour, mais meurt d'une maladie de poitrine avant de l'avoir épousée. Thème tellement classique, mais dont la vie de Keats est à l'origine.
Ce qui m'a le plus frappée dans ce film de Jane Campion, c'est la beauté des vers de Keats : même si je ne maitrise pas assez l'anglais pour goûter la poésie comme si elle était dans ma langue maternelle, la beauté des allitérations, des images qu'elles provoquent m'a frappée.
Le film est pareil, très beau. Les scènes sont léchées comme des tableaux, et elles restent longuement en tête. La scène où Fanny élève des papillons dans sa chambre, les scènes de promenade dans la campagne anglaise, le bureau de Keats et de Brown aux couleurs mordorées ...
En revanche, mon avis est plus partagé sur les acteurs, et en particulier Fanny. Sans que j'arrive vraiment à mettre le doigt dessus, le personnage de Fanny m'a empêchée de croire à cette histoire d'amour. Est-ce un problème avec l'actrice (qui pourtant est excellente lorsque Fanny s'écroule en apprenant le décès de Keats) ? Est-ce un problème avec Fanny elle-même, dont Brown dit à un moment qu'elle ressemble à n'importe quelle jeune fille qu'on trouve dans n'importe quel salon ? Pourtant, certaines scènes où elle intervient sont très émouvantes, comme celle où, par manque de son bien-aimé elle reste alitée durant cinq jours, pour finir par murmurer : "si c'est cela l'amour, je ne m'en moquerai plus ...". Mais ces quelques moments de grâce sont rares, et beaucoup plus nombreux ceux où elle disserte sur sa toilette (passablement atroce, je dois dire), danse avec ses soupirants et flirte. Je n'ai pas compris pourquoi un être comme Keats (parfaitement réussi, lui) tombe amoureux de cette fashionista sans goût, sans sensibilité, même pas jolie, et cela a évidement gâché une bonne partie du film.
En revanche, j'ai beaucoup apprécié les personnages secondaires, et en particulier Mr Brown. Cette espèce d'ours mal lêché, immense, gras et caustique, mais plein d'humanité (quand il s'extasie devant les poèmes de son ami, quand il s'effondre face à Fanny-la-juge parce que oui, oui, oui, il a abandonné Keats et qu'il s'en repend). Toots, la petite soeur de Fanny, est une espèce de petite fée rousse qui traverse l'écran avec une grâce et une légéreté impressionante. Le frère de Fanny, Samuel, m'a également beaucoup émue : j'ai eu l'impression que ce jeune homme, plus tout à fait un enfant et pas encore un homme, apprend l'amour en voyant sa soeur prise par une passion violente. Et la mère, complètement dépassée par la folie et la violence de cet amour est également très juste.

Alors, je ne sais pas trop quoi penser de ce film. J'ai été subjuguée par sa beauté, impressionée par les acteurs mais je n'ai pas cru à l'intrigue principale ... Etrange ...

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 11:51
clubausten.jpg" 'En fait, c'est Austen qui écrit les livres vraiment dangereux, continua Allegra. Des livres auxquels les gens croient vraiment, même des siècles plus tard. Que le courage sera reconnu et récompensé. Que l'amour prévaudra. Que la vie est une belle histoire d'amour.' "
Il faut faire attention quand on cite Jane dans le titre de son roman : des passionatas risquent de ce jeter dessus, en recherchant des bribes de leur auteur favorite, et d’être déçues.

C’est ce qui m’est arrivé avec ce roman : je ne sais pas trop ce que j’y cherchais, quelque chose de Jane à coup sûr. Une ambiance – l’Angleterre verdoyante et pluvieuse, une galerie de personnages croqués avec humour et une bonne dose de cynisme, ou peut-être même une belle histoire d’amour impossible qui se résout miraculeusement dans les dernières pages. Quelque chose d’Austen, en tout cas.

Je ne l’ai pas trouvé. Ca se passe aux Etats-Unis, tellement loin de l’Angleterre géorgienne. Les personnages sont gentils, à coup sûrs, un peu torturés, évidement, mais rien à voir avec Jane. Très modernes en fin de compte. Quant aux histoires d’amour, … Elles sont à peine abordées, en aucun cas disséquées, suivies affectueusement comme sait le faire notre Jane.

Bref, ce n’est pas un mauvais roman, on passe un bon moment en le lisant même si je ne prévois pas qu’il me reste indéfiniment en tête, mais il ne correspond absolument pas à ce que je pensais y lire. Et cela, la « publicité mensongère » qui est faite dans le titre, je ne le pardonne pas.

On ne cite pas impunément les classiques …

Partager cet article
Repost0
16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 11:40

mauvaise-pente.jpg« Il pleut sur Cavan et Monaghan ; il pleut sur les collines, sur les lacs et sur les routes ; sur les maisons, sur les fermes, sur les clôtures qui les divisent, sur les fossés et sur les champs, sur la terre qui soupire ; la pluie tombe sur toute cette géométrie biscornue et lui impose une forme. »

Grace Quinn s’est installée en Irlande, après son mariage avec un irlandais alcoolique et violent. Et là, sous la pluie, elle a regardé sa vie petit à petit se défaire : elle a vu son petit garçon Sean mourir noyé dans un étang, son mari boire, la battre, son autre fils, Martin, partir à Dublin, loin de tout cela. Finalement, une nuit, soûl, son mari renverse une jeune fille qu'il tue. Il part en prison pendant six mois, revient et se remet à boire. Et, le jour où il recommence à la battre, elle décide de le tuer. A l’endroit où il a renversé la jeune fille, avec la même voiture encore cabossée, elle lui roule dessus. Puis rentre chez elle, prépare ses affaires et part pour Dublin afin de renouer avec son fils Martin.

Que dire ? Je n’ai absolument pas accroché à ce roman. Pourtant, il y avait beaucoup d’ingrédients qui auraient pu me plaire : l’Irlande, déjà, certains personnages, comme Martin, coincé entre la tradition et la modernité, entre son père et sa mère, entre la très catholique Irlande et son homosexualité. J’étais attirée par un roman qui prend un personnage et lui demande ce qu’il a fait de sa vie. Et pourtant.

Peut-être n’ai-je pas du tout accroché au personnage de Grace que j’ai trouvée trop fade, trop imprécise, trop inexistante. Peut-être que ce roman ne demande rien à cette femme, qu’il se borne à décrire un fait-divers, sans introduire rien de romanesque ni de littéraire. Peut-être que c’est juste une mauvaise pente, où on la voit petit à petit tout perdre, son père, son mari, sa ferme, son fils, toute sa vie, sans que rien ne vienne le remplacer, sans qu’aucun événement ne se produise.

J’ai eu l’impression que quelque chose me manquait dans ce roman, même si je ne sais pas vraiment quoi. Comme si personne ne nous parlait vraiment à nous, lecteurs. Comme si nous étions inopportuns, et que, par pudeur, l’auteur cherchait à nous éloigner de Grace et de son drame.

Voilà, je ne suis pas rentrée dans ce livre, et je le regrette. J’ai eu l’impression de passer à côté de quelque chose qui aurait pu me séduire, et puis finalement non.
Partager cet article
Repost0
15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 12:25
lunettenoirepageblancheJ'aime la lecture. J'aime le cinéma. J'aime voir la représentation au cinéma des livres que j'ai aimé. J'aime (mais un peu moins) lire les romans dont sont tirés les films que j'ai adorés. J'aime critiquer le scénariste/le réalisateur/les acteurs/ les décors/les costumes en disant d'un air blasé : "pfiouuu, ils n'ont rien compris, le héros est beaucoup plus intelligent, et cette scène - si magique dans mon théâtre intérieur - a été complètement gâchée par leur mise en scène stupide/cet acteur incompétent/cette actrice ridicule".
Oui, je suis comme ça, j'aime bien râler...

Alors, quand Fashion a proposé un de ces défis fantastico-fabulo-drolatico-glamour qui lie cinéma et lecture, je n'ai plus que sauter dessus !
Le défi : lire un livre et voir son adaptation (ou l'inverse, j'ai pas très bien compris, mais comme je préfère lire puis voir à voir puis lire, je choisirai cet ordre).
Et comme j'aime les défis, je m'en ajoute un perso : le film doit être vu dans une salle de ciné (parce que je ne parle ici que des films que je vois au ciné).

Pour décider de mon programme, j'ai été regarder ce qui va sortir cette année et j'ai repéré :
- Lovely Bones par Peter Jackson, adapté du roman La Nostalgie de l'Ange d'Alice Sebold
- Shutter Island par Scorsese tiré du roman de Dennis Lehane (Avec di Caprio qui a l'air encore une fois extraordinaire)
- Alice au Pays des Merveilles, de mon bien-aimé Tim, tiré bah, de Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll
Va falloir que je me dépêche pour Lovely Bones et pour Shutter Island, si je veux les lire avant leur sortie. On avait prévu quoi ce week end ? Une sortie chez Gibert, non ?
Partager cet article
Repost0
14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 11:51

Altan.jpgSamedi, c’était concert. On a été voir le groupe irlandais - du Donegal pour être plus précise - Altan, qui passait au Théâtre de la Ville.

Un beau voyage. J’ai été complètement transportée. Les gigues et autres danses sont fantastiques, à la fois d’un dynamisme rafraichissant, et d’une précision technique parfaite. Les musiciens sont tous extrêmement doués, avec une mention spéciale pour le joueur de Bodhràn, qui a réussi à captiver la salle lors d’un solo impressionnant.

Quant aux chants, portés par la voix merveilleuse, d’une pureté envoûtante, de Mairéad Ni Mhaonaigh, ils sont … exceptionnels. Je n’aime pas d’habitude les voix féminines, mais j’ai été conquise par cette voix de fée. Leur Dùlaman était encore mieux que celui de Clannad (et la comparaison est élogieuse !)

Parmi les moments très émouvants de cette soirée, j’ai beaucoup aimé le solo (Tin Whistles sur le CD de la BO de Barry Lindon) de Ciaran Tourish à la whistle. Le son un peu tremblant de cette flûte, le bruit de l’air qui y coulait, et ses respirations un peu haletantes étaient hors du temps, comme un instant de grâce absolue.

Et en plus, ce qui ne gâche rien, les musiciens de ce groupe sont drôles, vivants, plein d’humour et de gaieté. Ils ont animé le concert (et pourtant, la salle du Théâtre de la Ville doit sembler bien impressionnante, bien haute, bien noire quand les lumières sont éteintes), ont déridé les spectateurs, dynamisé l’audience.

Il ne me manquait qu’une pinte pour être au paradis !

 

 

 

 

(Cette video n'est pas du concert, mais retranscrit bien l'ambiance qu'on y trouvait !)

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 15:35
amourclimatfroid.jpg« Je n’oublierai jamais ce jour mille fois heureux. La maison, enfin, m’appartenait, les ouvriers étaient partis, les Cozens étaient venus, les jonquilles perçaient dans le jardin, et un merle s’égosillait dans l’arbre le plus proche. »

Attention, petit moment de délices en perspective.

Déjà, j’adore le titre : il me fait penser à « L’amour au temps de choléra », de Garcia Marquez, que j’avais aussi adoré. L’amour, ce penchant si général, et ce qu’il peut avoir de particulier dans un climat froid. Va-t-on nous parler d’igloos et de peaux de bêtes ?

Non, on nous parle d’Angleterre : mais l'Angleterre n’est pas si froide, elle est plutôt pluvieuse. Pourquoi ne pas l’avoir dans ce cas appelé « L’amour dans un climat humide et océanique » ?

Mais ce roman ne nous parle pas de météorologie, si ce n’est celle du cœur, et prend le parti de nous décrire la très haute société londonienne à travers le regard piquant et affectueux de Fanny, qui n’y appartient pas. Ses amis les Montdore, Sir Montdore, si anglais, Lady Montdore, si vulgaire, Boy Dougdale, si snob et Polly, si extravagante, en revanche, en forment une des colonnes vertébrales.

Fanny raconte sa jeunesse et son amitié avec Polly, comment elles vont toutes deux se démêler avec l’amour et la famille, se sortir plus ou moins heureusement de cette lutte qu’est la recherche d’un mari et du bonheur. Et elle la raconte avec joie et esprit.

Il y a un mélange entre Austen et Proust dans ce trop bref roman, et la rencontre entre la romancière de l’amour, et le peintre des snobismes est un petit chef d’œuvre totalement réjouissant.

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 17:51
Dans l’histoire de l’humanité (que je vais ici réduire à celle de l’Europe, la quasi-totalité des études étant faite sur cette partie du Monde), de nombreuses cultures se sont succédées : les fermiers du néolithique prennent la place des chasseurs-cueilleurs de la préhistoire, eux même remplacés par d’autres cultures. Arrivent ensuite les Indo-européens, à l’origine des grecs par-ci, des italiques et des romains par là, des celtes à un autre endroit, chacun arrivant en plusieurs vagues.

 

Mais que se passe-t-il exactement ? La population initiale disparait-elle au profit des envahisseurs ? Ou seuls quelques individus, apportant avec eux les innovations qui permettront de définir la nouvelle culture, s’intègrent à une société déjà formée, modifiant profondément les us et coutumes, mais ne touchant pas ou presque pas à la diversité génétique ?


Trois études presque simultanées s’intéressent à cette transition entre deux cultures. Celle de Silvia Guimaraes, du laboratoire de David Caramelli, porte sur les relations génétiques entre les étrusques et les populations actuelles et médivales de toscans ; les deux suivantes portent sur la transition entre les chasseurs-cueilleurs du paléolithique et les fermiers du néolithique. Celle de Barbara Bramanti, du laboratoire de Joachim Burger s’intéresse à des populations d’Europe centrale et celle d’Helena Malmström, du laboratoire d’Eske Willerslev, porte sur les chasseurs-cueilleurs scandinaves de la culture du Pitted Ware (PWC) et les fermiers néolithiques appartenant à la Culture de Trichterbecher (TRB).

De manière intéressante, les chasseurs cueilleurs du PWC apparaissent relativement tardivement, il y a environ 5 300 ans, après l’arrivée des fermiers du TRB, et disparaissent environ 1 000 ans plus tard. Trois hypothèses pourraient expliquer leur origine :

- ils pourraient venir des populations mésolithiques (entre le paléolithique et le néolithique) européennes, chassées par les populations néolithiques, ce qui les rendraient génétiquement différents des scandinaves actuels, qui seraient alors semblables aux fermiers du TRB.

- ils pourraient être les ancêtres des Saami, également appelés Lapons, qui vivent actuellement au nord de la Scandinavie.

- ou ils pourraient tout simplement être des fermiers du TRB revenus à la chasse et à la cueillette.

malmstrom.jpg

Dans son étude, Helena Malmström a extrait l’ADN de 22 squelettes dont 3 membres des fermiers du TRB et 19 chasseurs-cueilleurs du PWC. Elle a séquencé une fraction du génome mitochondrial (une partie du génome transmise uniquement par la mère – sauf dans la famille royale anglaise, mais c’est une autre histoire). La partie qu’elle a choisie est appelée hypervariable car elle mute tellement vite qu’elle permet de différencier des populations au sein d’une même espèce.

Les haplotypes (c'est-à-dire les séquences) qu’elle a trouvé chez les chasseurs-cueilleurs du PWC sont U4/H1b, U5 et U5a ; ces haplotypes sont très rares actuellement, que ce soit chez les Scandinaves ou chez les Saamis ; en revanche, d’autres études ont montré qu’il y avait de fortes chances pour que l’haplogroupe U, et en particulier l’haplotype U5, soit celui que possédaient les populations pré-Néolithique de l’Europe. Il est encore assez présent dans les populations actuelles des rives orientales de la Baltique.

Et en ce qui concerne les fermiers du TRB ? Les trois individus ont des haplotypes encore présent en Scandinavie et aucun ne porte une séquence appartenant à l’haplogroupe U. Ils ne seraient donc pas apparentés aux chasseurs cueilleurs du PWC, et pourraient être les ancêtres des Scandinaves actuels, bien que le faible nombre d’individus séquencés empêche toute analyse statistique.

Qu’en conclure ? Primo, qu’il est très peu probable que la population de chasseurs cueilleurs du PWC soit à l’origine des populations scandinaves et Saamis actuelle. Et que secundo, en revanche, elle est apparentée aux populations non scandinaves de la Baltique. Et que donc, en Scandinavie, on se retrouve face à un remplacement de la population mésolithique par d’autres populations.


Barbara Bramanti trouve des résultats équivalentes : elle compare des séquences obtenues chez les derniers chasseurs-cueilleurs européens, les premiers fermiers (âgés de 7 500 ans) et les populations modernes. Et ses résultats montrent que ces trois populations sont génétiquement très différentes. Là encore, l’haplogroupe U est sur-représenté dans les populations mésolithiques de chasseurs-cueilleurs. En revanche, la diversité est beaucoup plus grande pour les populations plus récentes néolithiques (âgées d’environ 3 200 ans). Plusieurs haplogroupes sont représentés, et l’haplogroupe U est minoritaire.

 

bramanti

 

L’analyse de Silvia Guimaraes sur les étrusques apporte des résultats à peu près semblables. Elle a extrait l’ADN de toscans du Moyen-Âge et d’étrusques de l’Antiquité, a séquencé la même région hypervariable de l’ADN mitochondrial et elle a comparé ses résultats avec des séquences analogues de toscans actuels, provenant de Murlo, Volterra et Casentino.

Ses analyses montrent les toscans contemporains et médiévaux sont très proches génétiquement ; en revanche, les étrusques forment une branche différente, sans relation génétique avec les toscans. Là encore, le modèle permettant d’expliquer ces résultats est celui d’un profond bouleversement démographique, il y a environ 1 000 ans.


Que conclure de ces trois études ? Que pour chaque région, ou époque étudiée, le remplacement de population plus que la continuité génétique, semble être la règle. Que les populations humaines bougent, beaucoup, souvent et en masse. Qu’il est présomptueux de supposer que la signature génétique actuelle dans une région reflète celle du passé.


Pourtant, cette attitude semble être la règle dans beaucoup d’études génétiques sur des échantillons anciens.

Ainsi, par exemple, dans une étude de 2005, publiée dans Science, portant sur des séquences obtenue sur les premiers fermiers européens, âgés de 7 500 ans, Haak et collaborateurs montraient que ces séquences s’éloignaient fortement des haplotypes actuels des européens. Cela ne peux plus nous étonner, nous voici donc sans doute face à un n-ième phénomène de remplacement génétique. Mais qu’en concluait Haak ? « these first Neolithic farmers did not have a strong genetic influence on modern European female lineages. Our finding lends weight to a proposed Paleolithic ancestry for modern Europeans. » Que si les premiers fermiers n’étaient pas les ancêtres des européens actuels, c’est que ces ancêtres étaient donc forcément les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique ! Et niait au passage 7 500 ans d’histoire démographique, de déplacements de populations, d’invasions, de migrations et toute l’influence que ces phénomènes ont pu avoir sur le génome des européens.


Par ailleurs, revenons à notre vieille question : Néandertal et Cro-Magnon ont-ils échangés des gènes ? Et si oui, l’hybride ainsi obtenu est-il à l’origine des européens actuels ?

La seconde question semble avoir beaucoup moins de sens après les deux études que nous venons de voir : non, vraisemblablement. Si hybride il y a eu, les séquences néandertaliennes ont probablement été diluées dans les séquences apportées par les migrations néolithiques, indo-européennes et tutti quanti.

Mais comment cherche-t-on à répondre à la première de ces questions et à mettre en évidence cette hybridation ? En comparant les séquences néandertaliennes, âgées de plus de 30 000 ans aux séquences d’européens actuels, que nous assimilons aux séquences portées par les hommes modernes de la préhistoire. Or nous avons vu à quel point cette méthode d’analyse était peu pertinente. Jamais nous ne trouverons de preuve de cette hybridation, puisque les européens actuels ne peuvent en garder trace dans leur génome !

L’étude la plus pertinente dans ce cas ne serait pas de séquencer le génome de Néandertal et d’obtenir une information que l’on ne peut comparer à rien, comme ce qui est fait, mais bien d’accumuler des données génétique sur les Homo sapiens contemporains de l’Homme de Néandertal, les Hommes de Cro-Magnon, qui sont encore presqu’inconnus.


Les sources :

Guimaraes S, Ghirotto S, Benazzo A, Milani L, Lari M, Pilli E, Pecchioli E, Mallegni F, Lippi B, Bertoldi F, Gelichi S, Casoli A, Belle EM, Caramelli D, Barbujani G. Genealogical discontinuities among Etruscan, Medieval, and contemporary Tuscans Mol Biol Evol. 2009 Sep;26(9):2157-66. Epub 2009 Jul 1.

Malmström H, Gilbert MT, Thomas MG, Brandström M, Storå J, Molnar P, Andersen PK, Bendixen C, Holmlund G, Götherström A, Willerslev E. Ancient DNA reveals lack of continuity between neolithic hunter-gatherers and contemporary Scandinavians. Curr Biol. 2009 Nov 3;19(20):1758-62. Epub 2009 Sep 24.

Bramanti B, Thomas MG, Haak W, Unterlaender M, Jores P, Tambets K, Antanaitis-Jacobs I, Haidle MN, Jankauskas R, Kind CJ, Lueth F, Terberger T, Hiller J, Matsumura S, Forster P, Burger J. Genetic discontinuity between local hunter-gatherers and central Europe's first farmers. Science. 2009 Oct 2;326(5949):137-40. Epub 2009 Sep 3

Haak W, Forster P, Bramanti B, Matsumura S, Brandt G, Tänzer M, Villems R, Renfrew C, Gronenborn D, Alt KW, Burger J. Ancient DNA from the first European farmers in 7500-year-old Neolithic sites. Science. 2005 Nov 11;310(5750):1016-8.

Partager cet article
Repost0
9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 12:22
Tetro.jpg"Do you what love is in a family like us, Benny ? It's a quick stab in the heart".

Un très beau coup de cœur cinématographique. Tout m’a plu dans ce film, des premières images aux derniers frémissements du générique de fin, et même après où je suis restée, assise dans mon fauteuil, soufflée, alors que les lumières se rallumaient.

Tout est parfait. Le scénario est riche et complexe, émouvant également même si on ne prend pas en compte la part autobiographique qu’il révèle. Il y a quelque chose d’extrêmement beau dans cette histoire d’amour torturé entre frères. En plus de l’intrigue principale (Tetro a fui son père trop génial et trop célèbre, en promettant à son frère Bennie de venir le chercher ; quelques années plus tard, il n’a toujours pas tenu sa promesse, et Bennie vient le voir pour lui demander des comptes et des explications sur cette famille pleine de secrets), Coppola ébauche des intrigues qui n’aboutissent pas, commence des histoires qui finalement avortent, et finalement reproduit la vie, où toutes les possibles ne se produisent pas.


Il la reproduit également dans le portrait qu’il dresse des personnages, des deux frères en particulier. Même si tous deux sont attendrissants, aucun n’est l’être absolument gentil et pur qu’il prétend être, et aucun n’est le monstre d’égoïsme que son frère croit voir en lui. Tous deux ont leur part d’ombre et  leur part de lumière, et ils débordent surtout d’un amour passionné et insatisfait. Cette rencontre entre deux êtres écorchés vifs est d’une beauté douloureuse.


L’image enfin. Elle est lumineuse. Noir et blanc, d’un noir et blanc photographique. Elle accroche les traits de Tetro, de Bennie, de Miranda. Elle joue dans les rides torturées de Vincent Gallo et rebondit sur les joues lisses de Alden Ehrenreich. Chacune des scènes de ce film n’aurait pas été déplacée dans une exposition de photographie. Partout la mise en scène est soignée, pleine de sens.

Et les quelques scènes en couleur (qui dans ce film presqu’onirique donne l’impression de nous plonger dans le réel), même ces scènes ont un grain particulier, un peu jaune, un peu chaud.

Whouhahou, quel film …

 


 


Partager cet article
Repost0
9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 10:27

Ballantrae.jpg« Mon cœur se mit à battre à tout rompre, mes cheveux se hérissèrent sur mon crâne, comme je restai là à regarder – tant le spectacle était étrange, tant les frayeurs qu’il suscitait étaient affreuses. »

L’histoire de ce « conte d’hiver » débute en Ecosse, en 1745. Une lutte oppose le roi du Royaume-Uni, le roi George, et Bonnie Prince Charlie, descendant des Stuart, qui veut prendre sa place. Et quand le Prince Charles débarque en Ecosse, les vieilles familles ne savent que faire : doivent-elles prendre le parti de leur roi légitime, ou celui de leur roi de cœur ? La famille de Lord Durrisdeer, composé du vieux Lord, de ces fils James et Henri, et de la jeune parente et fiancée de James, Miss Alison, décide de tricher : un des fils prendra le parti de George, l’autre, le parti de Charles. Quelque soit le gagnant, la famille s’en sortira et pour le mieux. La logique voudrait que le fils aîné, James, appelé aussi le Maître de Ballantrae, prenne le parti du roi légitime, tandis que Henri se battrait aux côtés des jacobites.

Mais, hélas, le Maître ne se voit pas rester au manoir, tandis que son frère se couvrirait de gloire dans l’aventure. Il est violent, bagarreur, dissipé, et ne rêve que de batailles. Il décide donc de partir, et tant pis s’il perd, tout reviendra alors à Henri.

James meurt, et Henri devient à la fois l’héritier du domaine, qu’il gère avec sagesse et raison, et le fiancé de Miss Alison, mais avec beaucoup moins de succès que James.

Sauf que James est un démon, un de ceux qu’on ne peut pas tuer, et, bien que laisser pour mort, il revient frapper à la porte, réclamant son héritage et sa fiancée.

 

Le Maître emprunte beaucoup aux contes fantastiques et au roman romantique. Les landes écossaises sont battues par les vents, les pirates pullulent et James, ce frère indigne, a quelque chose de purement diabolique. Peu importe qui et comment on le tue, on peut être sûr qu’il reviendra, jusqu’à la fin.

Mais, alors que j’adore habituellement ces contes gothiques, je n’ai pas été enthousiasmée par ce roman. J’ai bien aimé la première partie, en Ecosse ; la seconde en Amérique m’a laissée beaucoup plus froide. En fait, ce conte commence comme un conte fantastique, et se termine en roman d’aventure. J’aime bien ces deux styles, mais je n’accroche pas au mélange des deux… Stevenson me donne l’impression de ne pas croire complètement à son héros, ou du moins de ne pas être très sûr de ce à quoi il ressemble. D’une partie à l’autre, James change presque du tout au tout, et la pauvre lectrice que je suis est restée hébétée, en se demandant comment le diabolique seigneur écossais avait bien pu se retrouver en cordonnier à New-York.

 

EnglishClassics.jpg

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog bleu
  • : Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
  • Contact

En passant

Envie de vacances, de bouquinage dans un jardin anglais, de farniente...

Recherche

http://www.wikio.fr

Archives

http://www.wikio.fr

Mon planning

Janvier 2013

Lecture commune approximative : Imposture, de Benjamin Markovits, avec George

 

9 Janvier 2013

Lecture commune : Silvia's lovers, de Gaskel, avec Titine

 

20 Janvier 2013

Lecture commune : Les Chouans, de Balzac, avec Maggie, Nathalie , Cléanthe et Marie

 

Février 2013

Lecture commune : La fausse maîtresse, de Balzac, avec Marie

 

4 Mars 2013

Lecture commune : Le temps des métamorphoses, de Poppy Adams, avec Tiphanie, Soukee et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : The scarlett letter, de Nathaniel Hawthorne, avec Noctenbule et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : Quelle époque !, de Trollope, avec Adalana, Shelbylee, Maggie et Titine

 

Avril 2013

Lecture commune : Les vagues, de Virginia Woolf, avec Cléanthe , Anis et Titine


21 Juin 2013

Lecture Commune : Petite soeur, mon amour, avec Valérie

 

 Juin 2013

Lecture de L'Argent, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Juillet 2013

Lecture de La débâcle, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Août 2013

Lecture de Le Docteur Pascal, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

7 Novembre 2013

Lecture de Le dernier Homme de Camus, dans le cadre du défi Albert Camus

Mes défis persos

On peut me retrouver : whoopsydaisy.jpg
Et j'en fais partie :
wildpal9.png
mythesetlégendes

souver10

D'autres blogs de lectures ?

Cuné a fait le compte et c'est !

 

Et Acr0 a recencé les blogs de fantasy, c'est ici