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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 12:12
15thevaenue.jpg« ‘Ah, New York,’ Enid said, taking another sip of water. ‘New York has always been a difficult place. Ultimately, the city is bigger than all of us. I’ve lived here for over seventy years, and I’ve seen it happen again and again. The city moves on, but somehow the person does not, and they get run over in the process.’ »

Ce roman nous raconte l’histoire d’un immeuble, celui situé au n°1 de la Cinquième avenue, New York City. Plus glamour, ça n’existe pas. D’ailleurs, les gens qui y vivent ne s’y sont pas trompés : une actrice hollywoodienne, une journaliste reine de la Société new-yorkaise, un auteur autrefois vainqueur du prix Pulitzer maintenant scénariste de film, un auteur à succès, etc., etc., etc. Et ceux qui n’y vivent pas ne cherchent qu’une seule chose, et par tous les moyens (la prostitution, par exemple, ou l’étalage d’une fortune toute récente) : s’y faire un nid.

Mais One Fifth a sa propre morale, et ni les milliards, ni une paire de seins chirurgicalement acquise ne sont une clé pour cet endroit doté d’une vie et d’une âme propre. L’intelligence et le naturel d’une Annalisa Rice, en revanche, pourrait bien être la solution.

 

Candace Bushnell nous sert donc le prix convenu de la littérature de Chick Lit’ : les paparazzis, les paires de chaussures outrageusement chères, les soirées de gala, le sexe, le journalisme. Mais elles ne nous donnent pas que cela.

Déjà parce que ce roman ne tourne qu’autour d’une histoire d’immeubles et de copropriétaires, et que peu de choses sont aussi universellement répandues et peu glamour que les histoires avec les voisins. Qui n’a jamais espionné par la fenêtre pour découvrir le visage de la nouvelle copine du séduisant célibataire d’en face ? Qui ne s’est jamais demandé comment les nouveaux voisins allaient aménager l’appartement du premier ? Et qui n’a jamais connu ces réunions de voisins de palier, robe de chambre et chaussons aux pieds, lorsqu’un incident se produit, coupure générale d’internet par exemple ?

Secundo, parce que Candace Bushnell porte un regard sur la société qu’elle décrit, un regard qui n’est ni tendre, ni bienveillant. Au contraire, il y a un cynisme amer dans chacune de ces pages, et c’est bien le seul roman de Chick Lit que j’ai lu qui parle du 11 Septembre ou de l’effondrement du marché de l’immobilier à cause des subprimes. Dans son New-York, les gens font banqueroute, pour de vrai, des overdoses, ou se prennent des peines de prison, et rien de tout cela ne fait vraiment rire. Elle y décrit une société, la nôtre, dont les seules valeurs qui subsistent sont la fortune – et peu importe comment elle a été gagnée – et la célébrité – et là encore, ses origines ne comptent guère. Elle décrit un monde où les plus faibles, les plus fragiles sont brisés, et donne l’impression que ceux qui subsistent sont les plus pourris, les plus corrompus et les moins estimables.

Pour finir, une petite citation qui résume bien le bouquin : « For a short time, Billy had decided that aspiration was dead, or at least out of favor. This was just after 9/11, when the cynicism and shallowness that had beaten through the lifeblood of the city was interpreted as unnecessary cruelty, and it was all at once tacky to wish for anything other than world peace, and tacky not to appreciate what one had. But six years had passed, and like a racehorse New York couldn’t be kept out of the gate, nor change its nature. While most of New York was in mourning, a secret society of bankers had brewed and stirred a giant cauldron of money, adding a dash of youth and computer technology, and voilà, a whole new class of the obscenely super-rich was born. This was perhaps bad for America, but it was good for Billy. »

 

 


 

Lu en anglais ! LireEnVo.jpg

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 13:52

criquefrancais.jpg« Au dessus de sa tête, les voiles blanches, tendues, gonflées, chantaient, et tous les sons du navire, qu’elle avait appris à aimer, lui parvenaient dans leur puissance, leur gaieté : grincement des grandes poulies, tension des cordages, bruit sourd du vent dans les gréements ; et, d’en bas, dans l’entrepont, la voix des hommes en train de rire et de plaisanter. »

 

Dona St Columb est une élégante aristocrate londonienne du XVIIIème siècle. Vive, indépendante, sauvage, et aventurière, elle pimente sa vie de lady, d’épouse et de mère en se dévergondant dans les restaurants mal famés, et en ridiculisant des vieilles dames. Un jour, prise par la lassitude, elle décide de fuir cette ville et cette vie pourrissantes et elle s’installe, seule avec ses enfants, dans la demeure de famille de son mari en Cornouaille.

Elle y redécouvre le bonheur. Elle joue avec ses enfants dans les herbes hautes, dort au soleil, se promène dans les sous-bois boueux, et regarde la mer et les bateaux. Un soir, du haut de la falaise, elle voit arriver un voilier. A son bord, se trouve Pierre Blanc, le fameux pirate français qui terrorise les bourgeois de la région. Bien évidement, ce qui doit arriver arrive, et la lady trop indépendante et le pirate sensible et cultivés tombent amoureux.

Il faut l’avouer, il y a un peu de 'Harlequin' dans ce roman. Daphnée du Maurier n’est pas arrêtée par les facilités, ni les incohérences, et nous sert une histoire simple, aux personnages bien arrêtés, gentils comme méchants, une histoire émouvante parsemée d’aventures rocambolesques.

Mais, elle le fait avec le talent de Daphnée du Maurier. J’ai suivi la passion entre ces deux personnages avec intérêt, je me suis amusée des rebondissements, des aventures des uns et des autres, j’ai frémi, j’ai pleuré, j’ai ri et j’ai souri. Et surtout, je me suis délectée du style. J’ai senti l’herbe fraîche sous les pieds de Dona, j’ai goûté la pomme dans laquelle elle croque, mes cheveux se sont emmêlés du même vent qui gonfle les voiles de la Mouette, et quelques boulets  de canon ont fait chauffé mes oreilles. Et ça, c’est tout ce que je demande à un roman !

Mais Daphnée m’a donné plus encore. Certaines des obsessions qui poursuivent la narratrice dans Rebecca font également réfléchir Dona. Qui est-elle ? Est-elle la mère ? L’épouse ? La maîtresse d’un pirate breton ? Est-elle plus à sa place sur ce bateau, déguisée en mousse, ou magnifiquement parée dans ce salon bourgeois ? Laquelle de toutes ces femmes est Dona ?

Ce livre, au-delà de l’amourette romanesque un peu cul-cul, ne parle que des difficultés qu’il y a de faire coïncider ses différentes personnalités, ses différentes facettes. A la fin, Dona sera obligée d’admettre qu’elle ne peut pas ne pas choisir, qu’il est impossible d’être mère, épouse et mousse pirate en même temps, qu’elle doit sacrifier une part d’elle-même.

Et c’est sur cet aspect très amer, et profondément naturaliste que se termine le roman, bien loin de la collection Arlequin…

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 11:32
Comme je n'ai pas écrit sur ce blog pendant un (long) mois, mais que j'ai continué d'aller au cinéma, j'ai aussi du retard dans les critiques de films ...
En résumé, mon mois de Décembre cinématographique :

away-we-go-2.jpgAway we go : très sympathique petit film indé américain. Je l'ai trouvé moins bien que Little Miss Sunshine et que le merveilleux Juno, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les tribulations de ce petit couple pas parfait (surtout lui), mais tellement sympathique qu'on les voudrait pour amis. D'ailleurs, leurs amis, parlons-en ! Entre la merveilleuse beauf texane (la maman de Juno, que ça fait très drôle de voir là, d'ailleurs) et les cinglés baba-cool, il y a de quoi rire ! Leurs amis canadiens sont plus émouvant, et c'est finalement sur une note plus douce et plus mélancolique que se termine le film. Une belle tranche de vie, entre fous rires, galères et émotion.

vincere.jpgVincere : film italien très particulier. Il raconte l'histoire de la première femme de Mussolini, Ida Dalser, totalement séduite par le tribun en devenir, qui se donne à lui corps et âme, tombe enceinte et se fait abandonner lorsque Mussolini rencontre son destin. C'est un film vraiment baroque qui m'a déstabilisée au début, avant que je finisse par me laisser séduire. Certaines scènes sont outrées, exagérées, mais tout cela parait bien fade quand on voit les images d'archive du leader fasciste, clown ridicule s'égosillant à la tribune. Et le destin de cette femme et de son fils, brisés, réduits en miette serre irrésistiblement le coeur.
L'actrice Giovanna Mezzogiorno est éblouissante.

theroad.jpgThe road : autre serrement de coeur. Bon, c'est moins bien que le bouquin, il faut le dire. Mais le film parvient tout de même bien à rendre la tension et le désespoir qui habitent le récit. En revanche, j'ai trouvé que les scènes déjà atroces quand elles ne sont que suggérées, deviennent abominables à l'écran, et que les quelques moments d'espoirs qui ponctuent le récit ne sont qu'abordées. Avec comme résultat que le film est sombre, très sombre d'un bout à l'autre, alors que le roman ménageait des moments de respiration plus serein.
Viggo est ... semblable à lui même. Il donne au Père une présence quasi magnétique, arrivant à retranscrire quelque chose du style de McCarthy.

avatar.jpgAvatar : Une seule réflexion me vient à l'esprit : avec le fric qu'ils ont foutu dans ce film, ils auraient au moins pu se payer un scénario ! Est-ce du à l'abondance de bon films que j'ai vu ces derniers temps ? Je n'ai pas supporté l'accumulation de niaiseries, de facilités et de bons sentiments qui ponctuent ce film d'un bout à l'autre. Le film est beau, oui, certes, mais je ne trouve pas la 3D absolument indispensable. Pandora est surprenante, oui, sauf que la forêt magique m'a rappelé très clairement Miyasaki, et les montagnes flottantes, certes impressionnantes, ont déjà été vues dans Warcraft. Aucune originalité, aucune imagination, un film industriel fait pour plaire "à tout le monde" ... Il faudrait rappeler à Cameron qu'une prouesse technique et financière n'a jamais été une oeuvre d'art...

Globalement, j'ai été bien gâtée, avec des films de bonne à très bonne qualité.
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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 20:50
légendesautomne" 'Non. Aujourd'hui; j'ai tué un homme que je haïssais et je ne veux pas mêler les plaisirs. Je veux m'allonger sur le lit et me souvenir de ce que j'éprouvais à ce moment là."

Ce recueil est composé de trois récit, très différents mais qui partagent une même force et une même puissance narrative. Trois légendes très viriles, très américains, de l'Amérique des grandes plaines et des cow boys.

Le premier des récits, Vengeance ..., m'a rappelé l'adaptation de No country for old men, des frères Cohen. L'histoire commence dans un désert, des vautours regardent un homme agoniser. Il a été battu à mort et abandonné dans ce lieu solitaire pour y mourir. Sauf miracle, il ne peut pas s'en sortir. Et le miracle va se produire : un paysan et sa fille vont passer et le sauver. Un fois guéri, cet homme n'aura plus qu'un désir, se venger. Et goutte par goutte, on va apprendre comment lui, un être tout à fait normal, a pu se retrouver dans cette situation, parce qu'un mari trompé a voulu lui aussi se venger.
C'est ce récit que j'ai préféré, pur la violence brutale qu'il montre, sans fioritures, sans pincettes, comme un soleil blanc qui taperait sur une étendue désertique. Le style, épuré lui aussi, très simple est monstrueusement efficace. Un vrai coup de coeur.
Le second récit, l'homme qui perdit son nom, raconte comment un homme, quitté par sa femme, va petit à petit changer radicalement sa vie, et abandonner tout ce qui faisait son ancienne vie, se dépouiller et apprendre à vivre.
La troisième, qui donne son titre au récit, raconte les dégats que la guerre de 14-18 crée dans une famille. Trois jeunes américains, trois frères, Alfred, Tristan et Samuel, partent au Canada pour s'enrôler. Tous les trois ont des caractères totalement différents, et des destins opposés. Jim Harrison va prendre un malin plaisir à nous dévoiler leurs personnalités, leurs vies et leur avenir, et le mal-être qui les hante.

Trois très très grandes nouvelles qui me donnent envie de mieux connaître cet auteur !

Et ça compte pour le Challenge Yes we can !
yeswecan.png
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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 18:44
J’aime la Comédie Française – ou le Français comme disait encore si élégamment ma grand-mère, j’aime ses escaliers de pierre, ses rideaux de velours rouge et ses ouvreuses. Y aller est une fête (trop rare), et lorsque j’ai vu qu’on y jouait un Shakespeare, mon sang n’a fait qu’un tour.

Les Joyeuses Commères ? Connais pas, mais ça doit être bien : c’est Shakespeare. Je suis donc entrée dans la magique salle Richelieu comme un peu dubitative, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Je m’assois sur mon fauteuil, on était bien placé pour une somme assez raisonnable. J’attends.

20h30 précise, une sorte de « Pantalone » bossu glisse sa tête par le rideau et commence à nous parler. Petit à petit le brouhaha se calme, les gens se tiennent tranquilles et essaient de comprendre ce que ce moine à l’accent flamand essaie de nous dire. Et lorsque le calme s’est enfin fait, le rideau se lève … sur une scène plongée dans l’obscurité. Petit à petit, des chandelles s’allument et un tableau de Rembrandt, des buveurs autour d’une table de bois brut, apparaît.

Plusieurs intriguent s’entremêlent dans cette pièce. La principale concerne Falstaff, un buveur impénitent, coureur de jupon, joueur aux dés pipés, pilier de la taverne de la Jarretière, joué par Bruno Raffaelli aux attributs masculins proéminents. Alors que ses finances s’assèchent, il décide de courtiser deux épouses dotées de maris riches : il envoie donc deux lettres strictement identiques à Mrs Duflot et à Mrs Lepage. Hélas, ces lettres sont pitoyables et totalement identiques, ce que les deux amies découvrent vite. Et pour se venger de Falstaff, elles mettent au point un plan : Mrs Duflot va faire semblant d’être séduite par le débauché et les deux complices en profiteront pour lui jouer farce sur farce et lui faire passer le goût de la débauche. Elles sont aidées en cela par Mr Duflot, l’extraordinaire mari de la belle Mrs Duflot (fantastique Christian Hecq). Ce petit être chétif et nerveux, jaloux comme une puce, entre à son insu dans le jeu des deux commères pour lui donner encore plus de sel.

En parallèle, les galants tournent autour de la ravissante fille de Mrs Lepage, Miss Anne Lepage. Maigreux, un être laid et chétif, bègue, mais doté de nombreuses terres, ce qui en fait le favori du père de la donzelle. Le Dr Caïus, fou et échevelé, riche et donc préféré de la mère. Et Fenton, élégant et gai soupirant de la jeune fille, dont il reçoit les préférences. Bien évidemment, les amoureux gagnent contre les parents, Anne épouse son bien-aimé (et s’apprête donc à vivre une vie malheureuse auprès d’un homme dont tout indique qu’il est volage, dépensier et inconstant, mais elle l’aura choisi !).

Et au milieu, Mrs Petula, servante à quadruple jeu, drôlissime, qui mène tout son monde, et collectionne les dessous de tables, jouée par la drôlatique Catherine Hiegel.

Rien de tout cela n’incite à la pièce sérieuse, et cette pièce est une énorme farce, qui ne recule devant rien, même la vulgarité. Falstaff jure, et les « merdes » fusent sous le plafond doré de la Comédie Française. Les acteurs jouent à chat-bite, lorgnent les larges décolletés des belles, tentent de retrousser leurs jupes, tandis que le jeune page et une des servantes échangent des caresses on ne peut plus explicites.

Ca m’a un peu dérangé au début : on ne s’attend pas à voir ça dans ce lieu. Et puis, la drôlerie des scènes, le ridicule accentué de certains personnages complètement surjoués, le côté farce médiévale de l’ensemble m’a saisie, et je me suis mise à rire comme tout le monde.

La traduction est, je pense, récente et assez peu fidèle : je serais très étonnée d’apprendre que Shakespeare s’est amusé à mettre le Plat Pays de Brel dans la bouche de son curé. Mais, si la lettre n’est pas là, l’esprit de drôlerie reste, avec des références plus adaptées à nous, spectateurs.

 

Mais cette pièce n’est pas si gaie, et se termine sur une note amère. Anne, comme je vous l’ai dit, épouse un homme léger et frivole qui ne la rendra sans doute pas heureuse (mais le Docteur ou Maigreur auraient-ils été meilleurs ?). Et Falstaff, le vivant, le joyeux Falstaff, perd, se range, laissant le champ libre à la morale et à la bienséance. Je lisais dans le dossier de presse que le metteur en scène, Andrès Lima, voyait dans cet aspect de la pièce une métaphore de notre monde, de plus en plus aseptisé, où boire, fumer, baiser deviennent interdit. Oui, il y a de cela derrière la farce, et ça donne une saveur douce-amère à la soirée…

 

PS : pas d'image ou de photos parce que la Comédie française interdit qu'on en prenne pendant la pièce (ce que je comprends). Mais si ils avaient la gentillesse d'en mettre une dizaine sur leur site, cela faciliterait bien la vie des pauvres bloggeurs ...

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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 17:38
Me revoici, après avoir abandonné ce blog pendant beaucoup trop longtemps. Les raisons ? tristement banales, malheureusement... Beaucoup de boulot (ce qui en soit est une bonne nouvelle), un article à écrire pour des raisons professionnelles, et pas vraiment la motivation pour écrire sur ce blog, après avoir fait ça pendant toute la journée... Et j'étais sans internet pendant les wacances, pas moyen de poster le moindre bout d'article ou de brevinette ...
Mais en 2010, foi de lectrice, je ne laisserai pas cela se reproduire ! (même si les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets lors de la rédaction de thèse.)

Bien que je n'ai pas écrit pendant cette période, j'ai pas mal lu : préparez vous donc à voir venir des notes sur Candace Bushnell, Stevenson et Nancy Mitford (aucune relation entre ces différents auteurs, à part que j'ai adoré les bouquins d'eux que j'ai lu...).

Et tant qu'on en est aux bonnes résolutions, j'ai décidé d'en prendre quelques unes :
- d'abord, ne plus négliger ce blog, quelque soit la quantité de boulot qui m'attend, c'et une excuse beaucoup trop facile.
- ensuite, ne plus dévaliser toutes les librairies que je rencontre : j'ai assez à lire dans ma PAL pour les trois ans à venir (Noël et la série complète du Trône de fer en anglais n'a pas arrangé les choses). Et donc arrêter de noter des bouquins dans le joli carnet qui me sert de LAL. Et donc arrêter de lire vos blogs, bandes de tentatrices ! ... Pas une si bonne idée, quand on y réfléchit à deux fois ...
- enfin, essayer d'avoir une vie culturelle un peu plus dynamique : ça sert à quoi de vivre à Paris, si on ne profite ni des concerts, ni des théatres, ni des expos ? J'vous l'demande ??
On va commencer ça dès ce soir, avec une chtite pièce à la Comédie française, je vous en parle demain ...

Et très bonne et excellente année à tous, qu'elle soit pleine de curiosités et de découvertes !
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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 18:07
"Si je pouvais rencontrer réellement Alfred Tayler et Emily McVeagh tels que je les ai fait vivre par écrit, tels qu'ils auraient été si la Grande Guerre n'avait pas eu lieu, j'espère qu'ils approuveraient l'existence que je leur ai donné".

Alfred et Emily est un roman qui a une face et un revers. Doris Lessing y imagine la vie qu'aurait eu ses parents si la Guerre de 14 n'avait pas été déclarée, au milieu de leur jeunesse, bouleversant leurs projets et sacrifiant leur avenir.
Avant la guerre, Alfred était un paysan, dans une verte campagne anglaise qui s'apprête à épouser une gironde infirmière londonienne. Emily est une infirmière efficace, dans un hôpital de Londres, amoureuse d'un médecin brillant.
Si la guerre n'avait pas eu lieu, Alfred aurait épousé Betsy, aurait eu des enfants avec elle, serait resté dans sa campagne anglaise, avec sa ferme et ses bêtes. Et il aurait été heureux. Si la guerre n'avait pas eu lieu, Emily aurait épousé ce médecin, serait devenue riche, aurait eu les belles robes et les fanfreluches dont elle rêve, et aurait mis son énergie indomptable au service des autres.
Et Doris Lessing ne serait jamais née.
La première partie de ce roman, la face, décrit les vies idéales d'Alfred et d'Emily, et  on discerne dans l'ombre le destin d'une Europe pacifiée, où les conflits à l'extérieur de l'Europe ne pénètrent que parce qu'ils changent les modes et les coiffures.
Le revers est fait de souvenirs d'enfance de Doris Lessing : la guerre a eu lieu, son père a perdu une jambe et gagné une foule de cauchemars dans les tranchées, ses parents se sont mariés et ont émigré en Rhodésie où ils n'ont rien à y faire.
C'est une très belle médaille que nous présente Doris Lessing, et très triste, même dans la première partie. Je trouve profondément émouvant qu'elle imagine la plus belle vie qu'aurait pu vivre son père et sa mère se serait passé sans elle et sans sa naissance.
Mais c'est surtout la seconde partie qui m'a serré le coeur. De voir ces deux vies gâchées par une guerre ignoble et un exil stupide. De lire les regrets d'une autre vie, d'un autre temps, qui aurait pu être leur et qui leur échappe. La scène où Doris retrouve, dans une malle étiquetée 'à garder pour la traversée', les tenues de ville de sa mère, les robes de dîner et de bal, les étoles, les chaussures, dans une ferme africaine où le confort est des plus rudimentaire, est bouleversante :

" - J'aurais du mettre davantage de naphtaline, observa ma mère d'une voix très froide, presqu'indifférente, comme si elle ne s'apprêtait pas à voir tous les précieux rêves liés à ces robes disparaître dans des trous de mite."

Et il y a en plus, en filigrane, Doris Lessing nous donne les pensées et les réflexions d'une vieille dame intelligente et qui a analysé le monde. Ses quelques notes sur les relations mères-filles, sur le travail des femmes, sur la guerre, sur le colonialisme, sont d'une pertinence remarquable et ne nous donnent qu'une envie : avoir la chance et le privilège de partager une tasse de thé avec elle, et discuter du passé et de l'avenir.
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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 18:15
" 'And if my Master has given me ten talents, my duty is to trade with them, and make them ten talents more. Not in the dust of household drawers shall the coin be interred. I will not deposit it in a broken-spouted teapot, and shut it up in a china-closet among tea-things. I will not commit it to your work-table to be smothered in piles of woollen lose. I will not prison it in the linen-press to find shrouds among the sheets : and least of all, mother' - (she got up from the floor) - 'least of all will I hide it in a tureen of cold potatoes, to be ranged with bread, butter, pastry, and ham on the shelves of the larder.' "

Il y a un peu de Jane Austen dans Shirley. Deux jeunes filles, Caroline et Shirley, découvrent l'amour et se marient dans un village anglais. Elles sont aussi différentes que la Lune et le Soleil, et pourtant, une amitié profonde et altruiste les lie. La Lune, c'est Caroline Helstone, orpheline de père, abandonnée par sa mère, élevée par son oncle, le révérend Helstone. C'est une jeune fille rêveuse et douce, à la santé fragile, qui prend des cours de française auprès sa cousine belge, Hortense Moore. Bien entendu, Caroline tombe amoureuse du frère d'Hortense, Robert Moore, le propriétaire de la manufacture de tissus, un homme viril et volontaire, un entrepreneur sans pitié, mais qui la traite toujours avec tendresse et affection.
Le Soleil, c'est Shirley Keeldar. Un prénom d'homme pour une fille élevée par son père comme un garçon. Héritière des biens familiaux, dynamique, volontaire, sûre d'elle, le "capitaine Shirley" dénotte dans l'Angleterre pré-victorienne.
Saison après saison, Charlotte Brontë fait vivre devant nous ces deux jeunes filles très seules, et très attachantes.

Il y a beaucoup d'Emile Zola dans Shirley. Charlotte Brontë s'émeut des conditions de travail des ouvriers de Robert Moore, s'inquiète du chômage créé par l'apparition des machines-outils dans la manufacture, craint la famine, dénonce les salaires trop faible. Rage après la guerre, la guerre qui détruit le commerce, détruit l'économie, guerre stupide qui met un pays à terre. Elle y critique le clergé, vantard et ivrogne, les riches maîtres de maison, qui insultent et méprisent les pauvres précepteurs.

Il y a surtout beaucoup de féminisme dans Shirley. Charlotte Brontë dénonce à plusieurs reprise le gâchis qui est fait des femmes, comment l'éducation stupide qui leur est donnée les rend inutiles. Elle y regrette le mépris pour les vieilles filles, qui, parce qu'elles ont été incapables de trouver un mari, sont considérées comme inexistantes et mortes au monde. Elle y déclare surtout que l'intelligence, la force, le courage des femmes n'ont rien à envier à ceux des hommes, et que si on voulait se donner la peine d'émanciper les femmes, l'Angleterre ne s'en porterait que mieux.

" Having but an indifferent opinion of women, he always suspected them ; he thought they need constant watching."

C'est un texte que j'ai énormément aimé, même si je garde quelques réserves. Je me suis énormément attachée aux personnages, ai versé quelques larmes quand Caroline tombe malade, me suis réjouis de l'heureux dénouement. J'ai beaucoup aimé l'intelligence et la modernité des thèses de Charlotte Brontë et le tableau cruel qu'elle fait de la société anglaise. Jane Austen se moque, gaiement et avec légèreté ; Charlotte Brontë dénonce, vigoureusement, et appuie sur les défauts les plus graves. J'aime énormément ce que ce comportement dévoile du caractère de la seconde.
Mais ... il y a quelques maladresses. L'histoire est globalement assez mal ficelée, le happy-end est un peu tordu par le cheveux : on sent que l'auteur, ne sachant pas comment finir sans rendre malheureuse une des jeunes filles, décide de sortir un personnage providentiel de sa boîte. Les passages de philosophie politique viennent parfois comme un cheveu sur la soupe ...
Malgré tout cela, la lecture de Shirley est un moment très agréable et je pense que Miss Helstone et Miss Keeldar resteront longtemps dans mon imagination.

Alors ...
C'était un bouquin de ma PAL depuis vraiment longtemps, donc, un de moins ! (je ne compte même plus, ça me fait trop peur ...)

En plus, c'est un classique anglais

Et je l'ai lu en VO

Pfiouu ... Trois challenges d'un coup !
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 09:44
"Ses bras sont couverts de tâches de rousseur, et elle m'a raconté que lorsqu'elle était petite fille, en Ecosse, elle croyait que toutes ces tâches voletaient dans l'air, comme des flocons de neige, et tombaient sur vos bras et votre nez quand vous alliez faire du patin à roulette, les après-midi d'été."

Cette chronique est assez difficile à faire, car je suis très partagée au sujet de ce roman. Il est divisé en trois parties, de qualité inégale, et dont aucune ne m'as entièrement convaincue.

L'histoire est racontée par Lewis Little, aussi appelé Louis, un jeune adolescent. Sa mère, Alice, est traductrice. Elle est appelée à Paris pendant l'été pour effectuer la traduction d'un livre que la romancière à succès, Valentina, n'a même pas fini d'écrire. Les bluettes moyen-âgeuse de Valentina sont si populaires que l'éditeur en veut la version anglaise le plus vite possible. Alice et son fils vont donc partager la vie de la jeune femme pendant un été.
La première partie décrit cette vie, les immenses ballades du jeune garçon dans Paris, et son amitié avec un couvreur de toit philosophe, sa lecture du Grand Meaulne, et son attirance de plus en plus forte pour Valentina, son corps de femme, son luxe et sa manière de vivre, si différente de celle de ses parents anglais. Cette partie, je l'ai assez appréciée. J'ai aimé le fait que l'auteur connaisse suffisament Paris pour ne pas faire un désastre des promenades de Louis au hasard des rues, qu'elle ait su capter un quelque-chose dans l'air qui fait que Louis et moi aimons cette ville. J'ai aimé la manière dont elle décrit l'évolution de ce petit garçon en jeune homme, ses pulsions, son désir pour Valentina. J'ai aimé l'ambiance de cet appartement, ses émigrés russes, Babba et son couvreur existentialiste.
Puis, dans la seconde partie, Valentina se fait enlever, et là, je me suis franchement ennuyée. Le petit garçon un peu maladroit du début se transforme, par miracle, en enquêteur hors pair ; on nous ressort les traditionnels commissaires négligents et une mafia russe dangereuse et toute puissante ; et l'enquête ne progresse que grâce à quelques miracles assez attendus. Bref, Rose Tremain n'est pas une auteure de roman policier, et ça se sent.
Quand à la troisième partie, je ne la raconterai pas pour ne pas trop spoiler. Un tournant se prend dans le roman, ses personnages se retrouvent dans une situation assez particulière et intéressante, qui n'est pas 'trop' mal traitée. Il manque juste à cette partie ce qui fait que Le joueur d'échec est une nouvelle bouleversante, le petit grain de génie de Zweig.

Après Musique et Silence, du même auteur, que j'avais adoré, vous comprendrez donc que je suis un peu déçue et reste sur ma faim... J'essaierai sans doute encore un ou deux bouquins d'elle, et si je suis encore déçue, je passerai à autre chose. Il y a tellement de chefs-d'oeuvre à lire !
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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 18:25
"Et Maman, elle n'est pas en voyage ? Elle est morte ?"
Le ruban blanc est un film en noir et blanc. De part sa forme, bien sûr, puisque Haneke a choisi de tourner un film sans couleur, tout de contraste. Un noir très pur, très sombre, presqu'envoûtant, qui absorbe tellement la lumière qu'il en parait gras. Un blanc pur lui aussi, lumineux, aveuglant, douloureux, surtout quand la neige recouvre les champs et en sature l'écran. Il n'y a pas de gris dans ce film, ou très peu.
Noir et blanc de part son sujet. Pour les parents de ce village, il n'y a pas de gris non plus. Les enfants sont des anges aux voix diaphanes, ou de petits animaux qu'il faut débarrasser de toute pulsion, y compris en les torturant - ou en leur attachant au bras un ruban magique, sensé leur rappeler leur nature angélique.
Il n'y a effectivement pas de gris chez les enfants. Il y a les ravissants angelots, le fils du baron Sigi, les enfants du médecin et le plus jeune fils du pasteur. Et les autres, menés par la diabolique Karla.
Ce film est comme un conte. Un conte où un monstre agresserait un à un les habitants du village. Adultes et enfants, femmes et hommes. Et d'une manière de plus en plus cruelle. Ca commence comme un accident, ça se continue avec un meurtre, et ça se poursuit avec des séances de torture sur des innocents. Une montée en puissance de l'horreur que les premiers mots de l'instituteur nous font pressentir.
Mais plus que le conte, je trouve qu'il y a dans ce film une sorte d'évangile. On y trouve les blonds chérubins, tout en tendresse et amour, qui pour un oiseau, qui pour sa soeur. Il y a la patiente victime - la malheureuse Anni. Il y a les traitres sournois, les imbéciles tout à leur méchanceté, suivant aveuglément une loi, la loi que leur enseigne les adultes.
Ahhhh, les adultes. Face à la mythologie représentée par les enfants, ils sont d'un réalisme glauque. Bien sûr, tous ne sont pas mauvais. L'instituteur, par exemple, est un chic type. Même s'il est lâche. Et peureux. Même si son attirance pour une jeune nurse de 16-17 ans, de presque 15 ans sa cadette, me dérange. Mais comparé aux autres ...
Comparé au régisseur qui bat ses enfants. Au médecin qui viole sa fille. Au pasteur qui, à force de sévérité, de respect de règles absurdes, transforme ses enfants en monstres... Si le monde des enfants est une mythologie du bien et du mal, celui des adultes est un vaste arrangement avec les valeurs, une suite de lâchetés et d'égoïsme, une trahison de tout ce qui est beau et de tout ce qui est bon.
La bonté, justement, il y en a si peu... Le monde qui est décrit est dur, et sans concession pour les faibles. Les quelques gestes d'affection m'ont surprise. La sage-femme et son fils Karli. Le père de la nurse qui ébouriffe tendrement les cheveux de sa cadette. Et c'est tout. Le reste n'est que froids baise-mains et respect imbécile.

Bref, ce film est génial. Il m'a fait penser à certains chefs-d'oeuvres littéraires que j'ai pu lire. Il se déroule comme un livre, un de ces romans du dix-neuvième ou du début du vingtième, où l'auteur annonce la couleur dès le prologue : "Je vais vous raconter ici quelques faits, qui sont peut-être à l'origine des événements très graves qu'a subi l'Allemagne au vingtième siècle" (je cite de mémoire). Et d'un plan d'abord large, qui se rapproche, on entre dans l'histoire pour n'en ressortir que secoué, ému, chuchotant.

D'ailleurs, que j'ai aimé ce silence. L'absence de musique d'ambiance est d'abord troublante et angoissante. Elle nous déstabilise, et nous rend d'autant plus sensible au message du réalisateur. Mais enfin ! Quel bonheur que d'avoir un film qui ne prend pas ses spectateurs pour des imbéciles à qui il faut tout préciser, tels des rires enregistrés : ici il faut être ému, ici trouver ça romantique, et là avoir peur. Pas besoin de ça, et la scène où le gamin du docteur descend l'escalier de chez lui dans la nuit et le silence restera une des scènes les plus terrifiantes qu'il m'ait été donné de voir.


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