
Ce roman nous raconte l’histoire d’un immeuble, celui situé au n°1 de la Cinquième avenue, New York City. Plus glamour, ça n’existe pas. D’ailleurs, les gens qui y vivent ne s’y sont pas trompés : une actrice hollywoodienne, une journaliste reine de la Société new-yorkaise, un auteur autrefois vainqueur du prix Pulitzer maintenant scénariste de film, un auteur à succès, etc., etc., etc. Et ceux qui n’y vivent pas ne cherchent qu’une seule chose, et par tous les moyens (la prostitution, par exemple, ou l’étalage d’une fortune toute récente) : s’y faire un nid.
Mais One Fifth a sa propre morale, et ni les milliards, ni une paire de seins chirurgicalement acquise ne sont une clé pour cet endroit doté d’une vie et d’une âme propre. L’intelligence et le naturel d’une Annalisa Rice, en revanche, pourrait bien être la solution.
Candace Bushnell nous sert donc le prix convenu de la littérature de Chick Lit’ : les paparazzis, les paires de chaussures outrageusement chères, les soirées de gala, le sexe, le journalisme. Mais elles ne nous donnent pas que cela.
Déjà parce que ce roman ne tourne qu’autour d’une histoire d’immeubles et de copropriétaires, et que peu de choses sont aussi universellement répandues et peu glamour que les histoires avec les voisins. Qui n’a jamais espionné par la fenêtre pour découvrir le visage de la nouvelle copine du séduisant célibataire d’en face ? Qui ne s’est jamais demandé comment les nouveaux voisins allaient aménager l’appartement du premier ? Et qui n’a jamais connu ces réunions de voisins de palier, robe de chambre et chaussons aux pieds, lorsqu’un incident se produit, coupure générale d’internet par exemple ?
Secundo, parce que Candace Bushnell porte un regard sur la société qu’elle décrit, un regard qui n’est ni tendre, ni bienveillant. Au contraire, il y a un cynisme amer dans chacune de ces pages, et c’est bien le seul roman de Chick Lit que j’ai lu qui parle du 11 Septembre ou de l’effondrement du marché de l’immobilier à cause des subprimes. Dans son New-York, les gens font banqueroute, pour de vrai, des overdoses, ou se prennent des peines de prison, et rien de tout cela ne fait vraiment rire. Elle y décrit une société, la nôtre, dont les seules valeurs qui subsistent sont la fortune – et peu importe comment elle a été gagnée – et la célébrité – et là encore, ses origines ne comptent guère. Elle décrit un monde où les plus faibles, les plus fragiles sont brisés, et donne l’impression que ceux qui subsistent sont les plus pourris, les plus corrompus et les moins estimables.
Pour finir, une petite citation qui résume bien le bouquin : « For a short time, Billy had decided that aspiration was dead, or at least out of favor. This was just after 9/11, when the cynicism and shallowness that had beaten through the lifeblood of the city was interpreted as unnecessary cruelty, and it was all at once tacky to wish for anything other than world peace, and tacky not to appreciate what one had. But six years had passed, and like a racehorse New York couldn’t be kept out of the gate, nor change its nature. While most of New York was in mourning, a secret society of bankers had brewed and stirred a giant cauldron of money, adding a dash of youth and computer technology, and voilà, a whole new class of the obscenely super-rich was born. This was perhaps bad for America, but it was good for Billy. »
Lu en anglais !