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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 18:00

Hobbit.jpegCela faisait des années que j'attendais ce film. Le seigneur des anneaux, sorti entre mes 18 et mes 20 ans, que j'allais voir tous les ans avec une amie très chère et qui, de Octobre à Mars, remplissait nos semestres de cours de fantasmes et de fous rires partagés me manquait. Lorsque j'ai lu Bilbo, il y a deux ans, c'était les images du Seigneur des Anneaux que je recherchais (et que j'ai mal retrouvées, tant Bilbo est différent de la Trilogie).

 

 

 

 

 

Et puis, j'ai vu la première bande annonce ... Et j'ai pleuré intérieurement toutes les larmes de mon corps : les nains, pour la plupart, faisaient carton-pâte ou totalement humains.

Depuis, j'ai vu North and South, j'ai développé une Armitage-mania (je vous en reparlerai) et j'ai vu la seconde bande annonce - celle avec la chanson des nains. Trio de choc qui m'a regonflée dans mon désir d'aller voir ce film.

 

 

 

 

Au final ? Du bon et du moins bon...

Globalement, j'ai passé un excellent moment et j'ai complètement marché dans le film, frémissant de concert avec Bilbo et m'enthousiasmant sur l'épopée des nains (oh mon dieu, mais quelle voix ... ). Mais l'émotion est loin d'être la même qu'avec Le Seigneur des Anneaux.

Attention : je m'attendais à quelque chose de différent. Bilbo est un conte pour enfant, qui a cette voix propre aux contes ; Le Seigneur des anneaux est une épopée. Mais justement, j'ai trouvé que le film cherchait trop à coller à la première trilogie, sans avoir l'audace de s'en dégager. Il y a quelque chose comme d'une excellente parodie du Seigneur des anneaux, avec Bilbo remplaçant Frodon, Thorin remplaçant Aragorn, Kili à la place de Legolas (non, mais franchement, un nain qui tire à l'arc, je suis la seule que ça choque ??), la bataille contre les gobelins pour la bataille de la Moria, etc.

radagast.jpg

Le film choisit de faire des infidélités au roman - certaines qui marchent très bien, d'autres beaucoup plus douteuses. J'ai beaucoup aimé l'introduction du personnage de Radagast. C'est un être drôle et touchant, qui correspond bien à la note enfantine du roman. Et sa partie introduit très bien la terrible scène du second volet dans la Forêt de Mirkwood. L'avoir ajouté, l'avoir ajouté comme ça avec ses lapins, ses oiseaux et son air ahuri, est parfait.

En revanche, la scène avec Elrond, Galadriel et Saroumane me semble franchement inutile. Sans doute, cherche-t-on a trouver un lien avec Le Seigneur des anneaux, mais l'image qui en ressort est plus le désir de donner un cachet supplémentaire à des acteurs.

Enfin, le pire : le fil avec Azog. A quoi sert-il ? A rien. Il rajoute des batailles inutiles, il alourdit le scénario et franchement le "Azog est mort ! Oh non, il n'est pas mort en fait !!! " m'a soulée.

J'ai eu aussi plus de mal avec un certain nombre de choses qui m'ont semblées incongües. Pour moi, Gollum ne devient schizophrène que sous l'influence de Frodo dont la bonté le déchire ; et les orcs ne sont pas sensés pouvoir aller au soleil. La résistance au soleil est justement la caractéristique de ceux modifiés par Saroumane dans La communauté de l'anneau, et ce qui les rend si redoutables.

bilbo.jpg

 

Pour revenir sur le retour des personnages de la trilogie, j'ai beaucoup apprécié le clin d'oeil aux premières minutes de la première partie de la trilogie, due à Frodo et Bilbo. C'était émouvant et tendre à souhait.

 

armitage.jpg

Parlons du nouveau casting, maintenant : il est excellent.

Martin Freeman est Bilbo. Je ne sais où je lisais que Freeman était né pour jouer Bilbo et était né pour jouer Ian Holm jeune. C'est parfait... Il montre en plus une palette d'émotion extrêmement riche. Son regard, sa posture, lorsqu'il se réveille au matin et décide de suivre les nains, sont extraordinaires.

Richard Armitage est aussi fantastique. Il joue magnifiquement le nain renfrogné et acariâtre (ce type est fait pour jouer des sales caractères, décidément). Et sa posture de commandement le rend parfait pour un prince-nain tombé dans la pauvreté.

gollum.jpg

Enfin, LA scène : Gollum et Bilbo. Je suis heureuse que le film prenne son temps sur cette scène, qui est l'une des plus belles du roman. Gollum est parfait, et le voir dans ce cadre, dans son cadre, cette grotte sombre et humide, est un délice. Quant à la scène des devinettes, totalement incongrüe en ce lieu sombre, humide et dangereux, elle est l'une de mes préférées de la littérature et est très bien rendue ici.

 

Au final, j'ai passé de très bons moments, j'ai souffert des longueurs, même si mes longueurs à moi ne sont pas les mêmes que celles des critiques (j'aime le début, je ne supporte pas les batailles qui duuuuuuuuuuurent).

Et la certitude que j'irais voir les 2 et 3 (mais qui en doutait ?).

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25 décembre 2012 2 25 /12 /décembre /2012 09:55

au-bonheur-des-ogres.gif« Toutes lumières allumées, le Magasin repose dans sa poudre d'or. Bien que le silence soit absolu dans ma tête, il me semble entendre en prime son grand silence à lui. Des escaliers roulants qui ne roulent pas, c'est pire que de l'immobilité. Des rayons regorgeant de marchandises sans aucun vendeur derrière, c'est plus que de l'abandon. Des caisses enregistreuses qui ne font pas entendre le tintement de leurs clochettes, c'est plus que de l'abandon, c'est plus que du silence. Tout cela vu par un sourd, c'est un autre monde. Un monde où les bombes explosent sans laisser de trace. »


Benjamin Malaussène est un homme sur qui beaucoup de choses pèsent : une tripotée de frères et sœurs, dont l’une est enceinte, une mère en vadrouille, et tous les malheurs du Magasin, dans lequel il travaille : dès qu’une pièce est défectueuse, on l’appelle pour se faire engueuler. Normal, il est Bouc Emissaire.

Mais quand le Petit se met à rêver d’Ogres Noël, et que des bombes explosent sous ses yeux au Magasin, la situation a tendance à se corser quelque peu…


« Il n'est pas venu se plaindre, ni discuter, ni même exiger - il est venu imposer son droit par sa force, c'est tout. Suffit de lui jeter un coup d'oeil pour comprendre qu'il n'a jamais eu d'autre mode d'emploi. Suffit de lui en jeter un second pour constater que ça ne l'a pas mené bien loin dans la hiérarchie sociale. »


Ca fait une éternité que je l'avais dans ma PAL, dix éternités qu'on me conseillait de le lire. Et j’ai profité du Marathon de lecture pour le dévorer… J'ai tout aimé, l'ambiance foutraque de la famille Malaussène (y compris leur chien qui pue, et pourtant, les chiens qui puent et moi…), le grand magasin, les collègues, les histoires de Benjamin, l'enquête policière.

Mais ce qui m'a séduite par dessus tout, c'est le style de Pennac. Il arrive à créer un mélange d'humour malicieux et de poésie, assaisonné d'un regard un cynique sur notre société, qui sait en pointer les travers les plus douloureux.


« Il n'y a pas un seul livre dans la pièce ! Rien que cet étalage de jaquettes peinturlurées. Pas de doute, tu es bien chez un éditeur, Malaussène. »


Et avec au bout de l’histoire, derrière cette ambiance gaie et bordélique, un drame terrible qui m’a rappelé certaines des pages les plus sombres de Millénium. Comme si l’insouciance elle-même ne pouvait rien contre les pires crimes…

Je ne résiste pas à la plus belle déclaration d’amour du monde :

« Et voilà que moi aussi je te veux. Comme porte-avion, Benjamin. Tu veux bien être mon porte-avion ? Je viendrais de temps en temps faire mon plein de sens. »

 

Lu dans le cadre du challenge du Prix Campus

PrixCampus

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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 15:06

Je m'étais inscrite l'an dernier au challenge Des lieux imaginaires d'Arieste, challenge auquelle je n'ai pas été particulièrement brillante. Mais j'aime beaucoup l'esprit de ce challenge et, comme elle remet ça cette année, je me ré-engage avec bonheur !

lieuximaginaires.png

Elle a cette fois ci définit plusieurs catégories de lieux imaginaires :les lieux isolés, les dystopies, les utopies, ..., pour classer les billets, ce qui nous permettra de nous y retrouver plus facilement. Je suis bien curieuse de voir les romans se passant dans des lieux isolés, en particulier !

 

***

Je vous avais parlé dans la blablatage précédent du challeng Winter Time Travel, challenge que je vous conseille chaudement même si je ne le fais pas. Pour couronner le tout, Lishbei propose des livres à gagner dans le cadre du challenge !

En parlant de lectures "de saison",  Will va se consacrer à Zweig cet hiver - heureuse idée !

 

***

 

Adalana propose des lectures communes pour 2013, et je me suis proposée pour l'accompagner dans la lecture de Quelle époque, de Trollope.

Ce qui nous a ensuite donné des idées avec Titine : on va se lire Silvia's lovers de Gaskell pour le 9 Janvier, Le temps des métamorphoses de Poppy Adams pour février, The scarlett letter de Nathaniel Hawthorne pour Mars et Les vagues, de Virginia Woolf pour Avril !

D'ailleurs, si vous en voyez dans ma PAL qui vous tentent (pour février et après), say hello !

 

*** 

 

George et ses amies du Club des Lectrices nous proposent de participer à leur grand Prix des Lectrices. Elles ont sélectionné quelques romans 'coup de coeur' et nous proposent de les lire, pour voter et élire ensuite le meilleur d'entre eux ! 

La sélection est alléchante...

 

*** 

 

Sinon, Tor.com m'a donné très envie de découvrir un roman de Robin McKinley : Spindle's End ;Cedric Ferrand fait une critique de Bilbo à laquelle je n'adhère pas, mais qui m'a fait pleurer de rire ; Emjy, comme toujours, m'a allêchée avec un roman "à la mode de Jane Austen", For Myself alone, de Shannon Winslow ; Benoit Felten est en train de lire Les mille et une nuits ;Jo Watson, auteur de science fiction et de fantasy, explique pourquoi Cranford, d'Elizabeth Gaskell, amène le sourire sur les lèvres de tous ceux qui l'ont lu ; Delphine propose de faire voyager des livres de Romain Gary, dans le cadre de son challenge consacré à l'auteur ; Book Snob présente un ouvrage d'analyse littéraire des romans de Jane Austen qui me tente beaucoup : What matters in Jane Austen, by John Mullan ; Cléanthe a lu deux romans de Zola, La joie de vivre et Germinal.

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 17:38

Warden.jpg"He did not believe in the Gospel with more assurance than he did in the sacred justice of ecclesiastical revenues. When he put his shoulder to the wheel to defend the income of the present and future precentors of Barchester, he was animated by as strog a sense of the holy cause, as that which gives courage to a missionary in Africa or enables a sister of mercy to give up the pleasure of the world for the wards of a hospital."

Je vous avais déjà parlé de Barchester et de son clergé, dans The Barchester Towers. Je suis retournée dans ce charmant village anglais, en lisant The Warden, qui précède les Tours de quelques années.
Le roman porte sur un conflit d'ordre légal : au XVème siècle, un type a légué à l'Eglise des terres, avec pour mission de les faire fructifier et d'utiliser les rentes ainsi obtenues pour faire vivre 12 vieillards pauvres. Cependant, les terres ont gagné de la valeur au fil des siècles, au contraire de l'allocation versée aux vieillards. C'est la paie du pasteur qui s'en occupe qui a gonflé avec les ans...
Quand le récit commence, c'est Mr Harding, le "warden", qui en est le récipiendaire. Il a été placé là par son vieil ami, le bishop, dont le fils (Dr Harding, futur héros des Barchester Towers) a épousé la fille aînée de Mr Harding. L'autre fille de Mr Harding est toujours jeune fille et vit avec son père dans un affection filiale remarquable.

 

"You might pass Eleanor Harding in the street without notice but you could hardly pass an evening with her and not lose your heart."

 

Hélas pour la paisible harmonie de tous, un jeune docteur idéaliste, Mr Bold, va venir fouiller les revenus de Harding et se dire que ce n'est pas très juste, tout ça, et que Mr Harding se met dans les poches de l'argent qui devrait revenir aux douze vieillard, lesquels seront bien d'accord avec lui... Et pour compliquer l'affaire, Harding aime Mr Bold comme un fils, et Miss Harding aime Mr Bold ... tout court. D'ailleurs, il le lui rend bien et espère s'en faire épouser. Mais comment épouser la fille quand on cherche à ruiner le père ???

 

"The party went off as such parties do. There were fat old ladies, in fine silk dresses and slim young ladies, in gauzy muslim frocks; old gentlemen stood up with their backs to the empty fireplace, looking by no mean as confortable as they wuld have done in their own armchairs at home; and young gentlemen, rather stiff around the neck, clustered near the door, not as yet sufficiently in courage to attack the muslim frocks, drawn up in a semicircular array."


C'est délicieux, comme toujours. Le roman traite là des changements que subit l'Eglise d'Angleterre, avec la fin de ses privilèges, ainsi que du pouvoir croissant de la presse. Si le ton général est farouchement opposé au clergé, accusé d'abuser clairement de la situation, les journalistes en prennent aussi pour leur grade.
Heureusement que l'amour résiste à tout  ...

 

Lu dans le cadre du challenge Trollope (j'essaie de rattraper mon retard...)

Trollope

Et du challenge victorien

victorien

Lu en anglais

Lirenanglais

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 17:25

Typhon.jpg"C'est là qu'il rédigeait ses lettres à sa femme. Chacune d'elles, sans exception, contenait cette phrase : Il a fait très beau temps pendant ce voyage ou, sous quelque forme presque semblable, une semblable constatation. Et cette constatation, dans sa merveilleuse persistance, était aussi parfaitement exacte que quelque autre constatation que contînt la lettre"

 

Le capitaine Mc Whirr est le capitaine d'un navire à vaisseau, plutôt chanceux : dans aucune de ses tribulations en Mer de Chine, jamais il n'a rencontré de vraie tempête. Alors, le jour où le baromètre descend brutalement, où un calme plat étrange se fait voir, il ne sait pas reconnaître ce qu'il a devant lui, et fonce droit sur ce qu'il devrait contourner : un typhon.

 

Comment Mc Whirr, son second Mr Jukes et le chef machiniste Rout vont mener à bon port la Nan-Shan, c'est le propos de ce roman...

 

Vous vous en doutez, vu le sujet, il m'a beaucoup fait penser à du Jules Verne, en plus court et avec moins de détails techniques. La description de le tempête est merveilleuse de pédagogie : on reconnaît même quand on se trouver dans l'oeil du cyclone ...

Mais les passages sont très réussis ne sont pas techniques ou scientifiques : ce sont les trois personnages principaux ! Conrad en fait une description ironique et cynique. En particulier, il nous décrit les trois personnages les plus importants  en montrant les lettres qu'ils envoient à leur proches. En quelques pages, le portrait est dressé !


D'autres choses m'ont moins plu. C'est un peu trop court, ce qui fait que la tempête semble brutale, mais n'évolue plus vraiment dès qu'elle atteint son paroxysme. Verne m'a habituée à des descriptions plus précises.
Et il y a un fond de racisme latent anti-chinois qui ... m'a mise mal à l'aise. On sent fort le colonialisme de l'Angleterre victorienne !

 

Lu dans le cadre du challenge victorien

victorien

Lu avec les frogs !

VFAL

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 13:10

Tempete.jpgProspero

"La fête est à présent finie. Ces acteurs,

Comme je vous l'ai annoncé, étaient tous des esprits

Et ils sont partis en fumée, se fondant dans l'air subtil,

Et tel l'édifice sans base de cette vision,

Les tours coiffées du nuages, les palais grandioses

Les temples solennels, le grand globe lui-même,

Et tous ceux qui en jouissent , seront détruits, et tout comme

Ce spectacle immatériel s'est évanoui. Nous sommes tous

Faits de l'étoffe des rêves, et notre petite vie,

Est entourée de sommeil."

 

Un bateau fait naufrage. A son bord, Alonso, roi de Naples, son fils Ferdinand, son conseiller Gonzalo, et le roi de Milan, Antonio. Sur l'île sur laquelle le vaisseau s'échoue, Prospero, le légitime roi de Milan, chassé par Antonio, son propre frère, vit avec sa fille, la belle Miranda, un esclave, Caliban et l'esprit aérien, Ariel.

C'est Prospero qui a provoqué la tempête, pour se venger d'Antonio, et pour faire se rencontrer Miranda et Ferdinand.

 

Cette pièce serait presque un condensé des autres pièces de Shakespeare : on y a la lutte fratricide du bon frère et du mauvais frère ; l'histoire d'amour entre le prince et la princesse ; la féérie avec le génie Ariel; et la grosse comédie portée par la rencontre de Caliban et du fou et du sommelier d'Alonso.

C'est sans doute ce qui fait l'intérêt de cette pièce - et sa faiblesse. Car si les différentes intrigues m'ont plu (un peu moins la grosse comédie burlesque, j'avoue), je les ai trouvées trop rapidement évoquées. Au final, je suis restée un peu sur ma faim.

 

Lu dans le cadre du challenge Les Naufragés

challenge naufrages 9-copie-1

Lu dans le cadre du challenge En scène !

CategorieRacine

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 08:00

Birotteau.jpg"Peut-être me suis-je rendu digne de cette insigne et royale faveur en siégeant au tribunal consulaire et en combattant pour la cause royale au treize vendémiaire, à Saint-Roch, où je fus blessé par Napoléon."


César Birotteau raconte la vie du personnage éponyme, un tourangeau monté à Paris pour y être commis dans une parfumerie, la Reine des Roses, avant d'en devenir premier commis puis patron quand les patrons précédents décident de prendre leur retraite. Il y vit entouré de sa femme, Constance, une ancienne beauté de Paris, mais qui a su garder la tête sur les épaules et un solide bon sens, qu’il aime comme un adolescent aime son premier amour (c’est extrêmement touchant), et de sa fille Césarine, qu’il élève comme une demoiselle, et que tous les commis veulent épouser, pour hériter de la baraque (ça, c’est du Tillet) ou parce qu’ils sont sincèrement amoureux de la jeune fille (ça, c’est Anselme Popinot).

Quand commence le roman, César s’apprête à recevoir la légion d’honneur, en reconnaissance de sa réussite (après tout, de rien du tout, il est devenu un vrai bourgeois), mais également de son engagement royaliste de la blessure reçue contre Napoléon, lors des combats de Saint-Roch, le 13 Vendémiaire An IV.

Pour fêter ça, il décide d’agrandir sa boutique, de donner un bal, et se met à tremper dans une spéculation qui fait trembler sa femme, qu’un rêve prémonitoire, où elle se tenait mendiante devant la porte de sa boutique, trouble.

 

Je dois vous avouer que je n’ai pas tout saisi de la finesse de la spéculation. Et la confusion que j’ai entretenue durant toute ma lecture entre Ragon et Roguin ne m’a pas aidée, au contraire. Je plaide aussi coupable pour les pages consacrées aux aspects juridiques de la faillite d’un commerce de détail dans les années 1820 – je les ai justes parcourues.

J’ai été en revanche saisie par la richesse et la causticité des descriptions que fait Balzac. César Birotteau est l’occasion d’un tour d’horizon de la bourgeoisie parisienne, la dépensière, l’avare, la jeune, la vieille, la sage, la dissolue. Et chaque portrait est accompagné de quelques phrases qui font mouche.


« Monsieur Molineux était un petit rentier grotesque, qui n’existe qu’à Paris, comme un certain lichen ne croît qu’en Islande. Cette comparaison est d’autant plus juste que cet homme appartenait à une nature mixte, à un Règne Animo-Végétal […] Ce petit vieillard ennuyeux n’avait ni femme, ni enfant, ni neveu, ni nièce ; il rudoyait trop sa femme de ménage pour en faire un souffre-douleur, car elle évitait tout contact en accomplissant rigoureusement son service. Ses appétits de tyrannie étaient donc trompés ; pour les satisfaire, il avait patiemment étudié les lois sur le contrat de louage et sur le mur mitoyen ; il avait approfondi la jurisprudence qui régit les maisons à Paris dans les infiniment petits des tenants, aboutissants, servitudes, impôts, charges, balayages, tentures à la Fête-Dieu, tuyaux de descente, éclairage, saillies sur la voix publique, et voisinage d’établissements insalubres. »


Et au milieu, il y a la très charmante histoire d’amour entre Césarine et Anselme, presque trop belle pour être vraie, qui m’a fait beaucoup penser à ce qu’aurait pu être l’amour entre Colomban et Geneviève Baudu, dans le Bonheur des Dames.

De façon générale, César Birotteau m’a fait beaucoup penser au Bonheur. J’avais lu quelque part que Zola écrit les Rougon-Macquart pour faire la Comédie Humaine du Second Empire. Si c’est le cas, le Bonheur est la réponse de Zola à César Birotteau. Beaucoup de notions abordées par Zola dans son roman sont déjà présentes en filigrane ici : la spéculation immobilière (ici à Madeleine, chez Zola à Opéra, mais les deux quartiers ne sont pas bien loin) ; l’organisation d’un petit commerce ; les changements que la publicité y apportent ; les relations patrons/employés…

 

Lu dans le cadre du challenge Balzac

Balzac

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 08:39

au-bonheur-des-dames_couv.jpg"C'était, au fond du hall, autour d'une des colonettes de fonte qui soutenait le vitrage, comme un ruissellement d'étoffe, une nappe bouillonnée tombant de haut et s'élargissant jusqu'au parquet. Des satins clairs et des soies tendres jaillissaient d'abord : les satins à la reine,, les satins renaissance, aux tons nacrés d'eau de source ; les soies légères aux transparences, aux transparences de cristal, vert Nil, ciel indien, rose de mai, bleu Danube."

Je ne sais pas si vous savez, mais la BBC a sorti une adaptation d’un roman bien de chez nous : Au Bonheur des Dames, de Zola. Et, comme tout ce que fait cette vénérable maison, cette mini-série (que je n’ai pas encore finie de regarder) est un délice. En tout cas, sur whoopsy-daisy, on a adoré suivre les aventures de Denise et Mr Moray (oui, l’histoire a été anglicisée). Et on a tellement aimé qu’on a décidé de relire cette merveilleuse histoire.  Le seul Zola qui ressemble à un conte de fées, on ne peut pas passer à côté, non ?


C’était la quatrième ou cinquième fois que je le relisais : je me souvenais assez bien de l’histoire. Denise, une petite provinciale, qui débarque à Paris avec ses deux jeunes frères. Cherchant un travail de vendeuse, elle finit par être embauchée dans le magasin qui monte dans le quartier, dans Paris, dans la France : Le Bonheur des Dames.

Le magasin de nouveautés, tenu de main de maître par Octave Mouret, séducteur, intelligent, brillant, grignote peu à peu le pâté de maisons, comme un ogre affamé. Autres boutiques, clientes, rien ne résiste à son appétit et à son charme enchanteur. Grâce au Bonheur, grâce à Mouret, on n’achète plus ce dont on a besoin, mais ce dont on a envie, ce que Mouret à réussi à nous faire désirer.


"Puis, venaient des tissus plus forts, les satins merveilleux, les soies duchesse, teintes chaudes, roulant à flots grossis. Et, en bas, ainsi que dans une vasque, dormaient les étoffes lourdes, les armures façonnées, les damas, les brocarts, les soies perlées et lamées, au milieu d'un lit profond de velours, noirs, blancs, de couleur, frappés à fond de soie ou de satin, creusant avec leurs tâches mouvantes un lac immobile où semblaient danser des reflets de ciel et de paysage."


Double roman, où on suit plein d’espoir et de bonheur l’amour naître et croître entre Octave et Denise, et où on voit le génie de Mouret faire naître les ruines autour de lui. C’est dans les charniers que poussent les plus belles fleurs, et la passion amoureuse d’Octave pour Denise en est une…

Encore une fois, j’ai adoré ce roman. C’est un des livres les plus aboutis de la littérature française : la double histoire, la pulsion de vie qui déborde de chacune des pages, le style enchanteur sont simplement parfaits. J’aime énormément Denise : il est impossible de ne pas s’identifier à elle, douce et timide enfant, sur la réserve, mais capable d’emportement quand sa passion la dépasse. De la même manière qu’il est impossible de ne pas tomber sous le charme d’Octave, d’être prise dans les rets de sa séduction vénéneuse ni d’être touchée par sa passion, son désir grandissant pour Denise (mon dieu, les dernières pages du Bonheur me font plus d’effet que tous les Fifty Shades of Grey imaginables).


"Des femmes, pâles de désirs, se penchaient comme pour se voir. Toutes, en face de cette cataracte lâchées, restaient debout, avec la peur sourde d'être prises dans le débordement d'un pareil luxe et avec l'irrésistible envie de s'y jeter et de s'y perdre."

 

Des Rougon-Macquart, Le Bonheur des Dames est le roman de la pulsion de vie. Désir d’Octave pour Denise, désir de croissance du magasin, désir des clientes pour la sensualité des tissus, désir de Colomban pour Clara : ce roman est le roman de la libido. Sans qu’il y ait un mot cru ou osé, c’est un hommage à la sexualité de la femme : il est parsemé de descriptions qui, sous le couvert de tissus, de dentelles de la couleur d’une gorge de jeune fille, de soies rougissantes, montrent le désir de la femme.

A côté du magasin et de son dynamisme, les autres marchands apparaissent étriqués, vieillis, affaiblis. Même Geneviève, dont la jeunesse et la position devraient faire le pendant de Denise, perd peu à peu ce qui fait d’elle une femme.  Il n’y a plus de sang, plus de vigueur de ce côté de la rue. Le sang s’est transformé en sève végétale et sans la libido du Bonheur, les Baudu sont voués à mourir.

En quelques mots, en quelques comparaison, en quelques magnifiques descriptions, Zola montre à la fois un Paris qui change, du Paris moyen-âgeux au Paris Haussmannien, et une philosophie de vie : vivre, c’est se battre, c’est avancer toujours, c’est être du côté du cœur qui s’affole sous le désir.

 

Lu dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

Defi-Emile-Zola

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 18:28

Tout petit blablatage. Je m'attendais à céder à plein de challenges pour 2013, mais, je n'ai pas la forme et la blogo est (relativement) calme, car j'ai résisté.

Pourtant, il y a eu quelques tentations ...

 

Adalana, qui comme on le sait (ou pas - moi, je ne le savais pas) habite au Japon, organise un challenge pour découvrir les auteurs japonais. Elle a ainsi choisi 11 auteurs, qu'elle a réparti sur les 12 mois de 2013 (avec un mois de répit) et se propose de nous les faire lire.

Je ne participerais pas, mais je trouve que c'est un très joli challenge ...

 

Toujours des les challenges, Lhisbei relance le Winter Time Challenge, dont le but est de lire des romans uchroniques ou parlant de voyages dans le temps durant ... l'hiver. Vert donne quelques idées de lecture.

 

Autre challenge : Lune organise un challenge consacré aux nouvelles et novellas.

 

Sinon, Cédric Ferrand a lu Baltimore (et en fait un billet magnifique) ; George et ses amies du Club des lectrices organisent le Prix des Lectrices ; et George pousse un coup de gueule contre un auteur confondant vulgarisation et débilitisation ; Tor.com s'intéresse à la place des femmes dans la fantasy ; Cathulu m'apprend que cette merveilleuse BBC a fait une adaptation des romans policiers de Kate Atkinson ; toujours une série et toujours la BBC, Filipa présente des photos d'une adaptation de la The Crimson Petal and the White qui me tente beaucoup ; les Imaginales donnent déjà la liste des auteurs invités ; Cléanthe a lu et aimé un roman dont je vais très prochainement revenir vous parler : Le bonheur des dames, de Zola ; Clara me fait ajouter un Emma Donoghues à ma liste ; et Cédric me fait rejeter un coup d'oeil à Fragment d'une fantasy antique ; Pralinerie me fait ne pas regretter de ne pas être allée (je sais, ça fait beaucoup de négations dans une seule phrase) voir cette expo dont le thème m'intéresse quand même énormément ; Reka me reconne envie de me plonger dans du Margaret Atwood ; et Gromovar m'a donné le titre avec lequel je découvrirai Silveberg !

 

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 10:32

RAT-copie-1.jpg

22h39: 994 p

12 h que je lis et je pense que je vais laisser les du Frocq en plein repas de Noël, entre la dinde et le pudding

Ce fut encore une fois un grand plaisir que de s'offrir cette journée de lecture, journée volée aux cadeaux de Noël à faire ! Merci à Arieste de l'avoir organisée et à tous ceux qui y ont participé de l'avoir rendue si vivante et agréable !


19h52

"Ce dernier voeu ressemblait plus à une prière, la plus fervente qu'il eut jamais faite. Elle s'envola de son âme, suivit le cours du ruisseau le long de la sente, à travers la grève et jusque dans la mer, où elle se nicha dans un coquillage pour attendre en sûreté le moment de sortir et d'être exaucée."

Je crois que c'est pour ce genre de phrase que j'adore Elizabeth Goudge !


19h18 : 694 p

Voilà fini ce cher César Birotteau (dans tous les sens du terme). C'est une lecture touffue que j'ai adorée. J'ai envie de me plonger dans La maison du chat qui pelote tout de suite, mais je vais plutôt me tourner vers un bon gros pavé comme je les aime : L'arche dans la tempête, d'Elizabeth Goudge !
Mais avant, je pends la lessive qui attend depuis 1/2 h !

 

16h23 : 511p

Fini La tempête, de Shakespeare. Ce ne sera pas mon oeuvre favorite de l'auteur, car elle manque de la profonde poésie mélancolique qui peut traverser Hamlet ou Macbeth. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à lire la vengeance de Prospero, comme l'amour qui lie Miranda et Ferdinand ...

 

15h35: 361p

Je suis en plein dans César Birotteau, et je prends tant de plaisir à le lire, que j'avance à pas de tortue. Il faut dire que je relis plusieurs fois presque chaque paragraphe, tellement ils me plaisent ! (la préparation du repas a sans doute aussi joué dans mon ralentissement.)

C'est fin, drôle, plein d'esprit caustique. Et le portrait de ce Paris de la Restauration m'enchante toujours autant.

Pour faire durer un peu le plaisir, je laisse Balzac de côté quelques temps et je commence La tempête de Shakespeare !

 

 

12h25 : 214 p

Voici deux heures que mon RAT est commencé et je viens de finir un petit régal de livre : Au bonheur des ogres. J'ai adoré ce livre, d'abord drôle et caustique, plein de poésie, mais dont on découvre peu à peu la noirceur...

Je vais 1/me doucher, et 2/déjeuner et je reviens avec César Birotteau !

 

10h32

Et voilà ! Je le savais bien que j'aurais du mettre un réveil ... Je ne me suis pas réveillée à temps pour commencer ce marathon ! Tant pis, je le finirai une demi-heure plus tard.

Un thé et je commence en poursuivant ma lecture de Au bonheur des ogres, de Pennac. J'en suis à la page 72...

Sur ma PAL de ce jour, César Birotteau, de Balzac, l'Arche dans la tempête, de Goudge, la Tempête et Le roi Lear, de Shakespeare, et The warden de Trollope.

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