Cela faisait des années que j'attendais ce film. Le seigneur des anneaux, sorti entre mes 18 et mes 20 ans, que j'allais voir tous les ans avec une amie très chère et qui, de Octobre à Mars, remplissait nos semestres de cours de fantasmes et de fous rires partagés me manquait. Lorsque j'ai lu Bilbo, il y a deux ans, c'était les images du Seigneur des Anneaux que je recherchais (et que j'ai mal retrouvées, tant Bilbo est différent de la Trilogie).
Et puis, j'ai vu la première bande annonce ... Et j'ai pleuré intérieurement toutes les larmes de mon corps : les nains, pour la plupart, faisaient carton-pâte ou totalement humains.
Depuis, j'ai vu North and South, j'ai développé une Armitage-mania (je vous en reparlerai) et j'ai vu la seconde bande annonce - celle avec la chanson des nains. Trio de choc qui m'a regonflée dans mon désir d'aller voir ce film.
Au final ? Du bon et du moins bon...
Globalement, j'ai passé un excellent moment et j'ai complètement marché dans le film, frémissant de concert avec Bilbo et m'enthousiasmant sur l'épopée des nains (oh mon dieu, mais quelle voix ... ). Mais l'émotion est loin d'être la même qu'avec Le Seigneur des Anneaux.
Attention : je m'attendais à quelque chose de différent. Bilbo est un conte pour enfant, qui a cette voix propre aux contes ; Le Seigneur des anneaux est une épopée. Mais justement, j'ai trouvé que le film cherchait trop à coller à la première trilogie, sans avoir l'audace de s'en dégager. Il y a quelque chose comme d'une excellente parodie du Seigneur des anneaux, avec Bilbo remplaçant Frodon, Thorin remplaçant Aragorn, Kili à la place de Legolas (non, mais franchement, un nain qui tire à l'arc, je suis la seule que ça choque ??), la bataille contre les gobelins pour la bataille de la Moria, etc.
Le film choisit de faire des infidélités au roman - certaines qui marchent très bien, d'autres beaucoup plus douteuses. J'ai beaucoup aimé l'introduction du personnage de Radagast. C'est un être drôle et touchant, qui correspond bien à la note enfantine du roman. Et sa partie introduit très bien la terrible scène du second volet dans la Forêt de Mirkwood. L'avoir ajouté, l'avoir ajouté comme ça avec ses lapins, ses oiseaux et son air ahuri, est parfait.
En revanche, la scène avec Elrond, Galadriel et Saroumane me semble franchement inutile. Sans doute, cherche-t-on a trouver un lien avec Le Seigneur des anneaux, mais l'image qui en ressort est plus le désir de donner un cachet supplémentaire à des acteurs.
Enfin, le pire : le fil avec Azog. A quoi sert-il ? A rien. Il rajoute des batailles inutiles, il alourdit le scénario et franchement le "Azog est mort ! Oh non, il n'est pas mort en fait !!! " m'a soulée.
J'ai eu aussi plus de mal avec un certain nombre de choses qui m'ont semblées incongües. Pour moi, Gollum ne devient schizophrène que sous l'influence de Frodo dont la bonté le déchire ; et les orcs ne sont pas sensés pouvoir aller au soleil. La résistance au soleil est justement la caractéristique de ceux modifiés par Saroumane dans La communauté de l'anneau, et ce qui les rend si redoutables.
Pour revenir sur le retour des personnages de la trilogie, j'ai beaucoup apprécié le clin d'oeil aux premières minutes de la première partie de la trilogie, due à Frodo et Bilbo. C'était émouvant et tendre à souhait.
Parlons du nouveau casting, maintenant : il est excellent.
Martin Freeman est Bilbo. Je ne sais où je lisais que Freeman était né pour jouer Bilbo et était né pour jouer Ian Holm jeune. C'est parfait... Il montre en plus une palette d'émotion extrêmement riche. Son regard, sa posture, lorsqu'il se réveille au matin et décide de suivre les nains, sont extraordinaires.
Richard Armitage est aussi fantastique. Il joue magnifiquement le nain renfrogné et acariâtre (ce type est fait pour jouer des sales caractères, décidément). Et sa posture de commandement le rend parfait pour un prince-nain tombé dans la pauvreté.
Enfin, LA scène : Gollum et Bilbo. Je suis heureuse que le film prenne son temps sur cette scène, qui est l'une des plus belles du roman. Gollum est parfait, et le voir dans ce cadre, dans son cadre, cette grotte sombre et humide, est un délice. Quant à la scène des devinettes, totalement incongrüe en ce lieu sombre, humide et dangereux, elle est l'une de mes préférées de la littérature et est très bien rendue ici.
Au final, j'ai passé de très bons moments, j'ai souffert des longueurs, même si mes longueurs à moi ne sont pas les mêmes que celles des critiques (j'aime le début, je ne supporte pas les batailles qui duuuuuuuuuuurent).
Et la certitude que j'irais voir les 2 et 3 (mais qui en doutait ?).