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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 21:24
"La soirée part en sucette, soupira Pimprenouche. Oh, Pétrol ! Il reste un fond de punch ?"

C'est un peu l'opinion que me donne ce roman... Il n'y a pas vraiment d'histoire, juste une vague trame avec une très très méchant Bille Guette, qui décide de trucider toutes les fées, dieux, démons, anges et créatures diverses et variées, pour une raison dont l'explication dure le temps d'un conte un chouia longuet. Il y parvient presque la première fois, et revient quelques millénaires plus tard, à notre époque, sous le nom de Will Door, fabricant d'ordinateurs, pour finir le travail et conquérir le monde.
Ca, j'ai compris.
Au milieu, il y a les princesses des contes de Perrault, Blanche Neige, Cendrillon, Peau d'Âne et consoeurs, plus déjantées les unes que les autres, avec un Prince Charmant absolument fadissime. Enfin, dans la première partie, uniquement. Dans la seconde, elles ont disparu, apparement, il parait qu'elles seraient les ancêtres de toute l'humanité.
Il y a des fées, alcooliques et nymphomanes, type Pétrol, Pimprenouche ou Cid, que je mélange allégrement. Il y a des morts, comme Evariste Gallois et Katic. Il y a l'Ankou, le Père Noël, bref, tout le monde.
On mélange tout ça, on secoue un bon coup et qu'est ce qu'on obtient ?

Ca, un livre pas méchant, avec des moments plutôt sympatiques, certains même bien (je pense aux passages avec l'Ankou, et Katic juste après son décès). Au milieu d'un océan d'ennui non-sensique.
L'auteur dit s'inspirer de Pratchett et des Monthy Python. Sans doute. Elle a récupéré ce qui me déplait le plus chez eux (le bordélisme, le non-sensisme), et en a soigneusement ôté ce qui me fait tant rire dans le Disque Monde ou dans Sacré Graal : l'humour potache et fin, les jeux de mots, les jeux de scène, les personnages admirablement bien croqués.

Et puis ... Il y a à la fin, quelques pages pour raconter la genèse de l'oeuvre. Pourquoi pas, même si je trouve cela un peu prétentieux. Mais quand je lis des passages comme "L'Histoire du chevalier Méthode. Elle a été écrite avant le reste du récit, mais j'ai estimé qu'elle faisait bien ici." ou "Cependant, sa façon de chercher fiévreusement le nom de son personnage sur le premier papier d'emballage venu est identique à la mienne. Pétrol'Kiwi est née du voisinage d'une bouteille de détachant et d'un sachet de fruits.", je comprends pourquoi je n'ai pas aimé. J'aime les romans construits, pas les bouts de papiers, écrits sur un bout de table avec ce qui passe dans la tête de l'auteur à ce moment là, et vaguement réunis entre eux, sans le moindre effort les rendre cohérents entre eux.
Bref, une bonne déception !
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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 20:23
 "I call it the baby-maker"
Il m'est arrivé hier soir un triple retournement de situation.
Prenez un couple, un gars, une fille. Prenez un cinéma qui joue une bluette (La Proposition) et un film avec des aliens très moches et plein d'effets spéciaux (District 9). Que croyez-vous qu'il arrivera ? Monsieur voudra aller voir les hexapodes bleuâtres tandis que Madame préférera les déclarations d'amour, les Louboutins et les descriptions du solitaire.
Que nenni ! Car Monsieur voulait admirer les charmes de l'adorable Sandra Bullock s'intéresser de plus près à la psychologie féminine, tandis que je préférais m’en foutre plein les yeux avec des effets spéciaux du feu de dieu, même que c’est Peter Jackson qui produit le film étudier le problème de l'apartheid en Afrique du sud, mais d'une manière originale.
Première objet d'étonnement.
Nous sommes donc allés voir La Proposition (Sandra Bullock est effectivement charmante), qui raconte donc comment, pour des raisons professionnelles, un patron tyrannique force son assistant-secrétaire à l'épouser. Ahhhhhh, l'éculée histoire du patron et de sa secrétaire... Les blagues grivoises et les coups d'oeils sous la jupe ... Et le patron qu'on découvre pas si méchant que ça, "avec un coeur qui bat dans sa mâle poitrine" (je crois que j'ai lu trop de résumés d'Harlequins cet été, moi ...)
C'est presque ça, sauf que la poitrine est un peu trop bombée pour appartenir à un individu du sexe masculin, que Miss Tate porte un peu trop bien les Louboutin pour être un homme, et que l'assistant est un secrétaire.
Deuxième originalité.
Mais malgré tout, ça ne suffit pas pour faire un bon film, et de voir : "Distribué par Walt Disney Studios Motion Pictures France" sur allociné m'inquiétait quand même. Et bien - et troisième surprise - j'avais tort. C'est pas le film qui va révolutionner l'histoire du cinéma, ni même de la comédie romantique. Mais c'est un film sympa, agréable, dans lequel on trouve des moments franchement drôles, et qui est totalement porté par la fraîche et joyeuse Sandra Bullock. On se laisse même parfois attendrir par l'incroyable Gammy - grand mère gardienne des traditions familiales, avec ses couvertures à fabriquer des bébés, qui communie avec la terre-mère lors de danses tribales, et avec sa robe de mariée de famille (et quelle robe !). On est mal à l'aise avec Margaret Tate lorsque le strip teaseur Ramone la force à monter sur la scène avec lui, pour un show devant inconnus, future belle mère, et future belle grand mère de 90 ans (qui n'est pas la dernière à mater les fesses du latino, loin s'en faut !). Et on s'émeut de la voir peu à peu tomber se laisser toucher et tomber amoureuse d'Andrew Paxton (qui lui rend bien mal la pareille, en jouant très très mal, sans aucune nuance ni évolution entre le début du film, et la fin).



PS : vous inquiétez pas, on ira voir District 9 la semaine prochaine !
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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 19:11
« A woman dictates before marriage in order that she may have an appetite for submission afterwards. »
Bienvenue à Middlemarch ! Venez, je vais vous présenter la fine fleur de la bourgeoisie et de l’aristocratie de cette contrée.
Mr Brooke, d'abord, propriétaire terrien indolent, et ses deux charmantes nièces, Miss Dorothea Brooke et Miss Celia. Alors que Miss Celia est la jeune fille pleine de bon sens, qui va devenir une épouse respectueuse et une mère aimante, Miss Dorothea tranche : passant sa vie le nez dans des ouvrages religieux, elle rêve de se dévouer à un grand homme, un saint, dont elle adoucirait la vie.
Voyez venir sur le chemin Sir James et Mr Casaubon, les deux prétendants de Miss Dorothea. Qui croyez vous qu’elle épousera ? L’adorable Sir James, prêt à céder à toutes ses volontés ? Ou l’austère religieux, dont la seule occupation est la rédaction d’un immense ouvrage de mythologie comparée ? Ou un jeune homme timide, Will Ladislaw, le cousin de Mr Casaubon qui l’observe de loin ?
Rentrons en ville, et rencontrez le maire de Middlemarch et son épouse, Mr et Mrs Vincy, leur fils Fred et leur ravissante fille, Rosamond. Rosamond est une fleur délicate, une de ces jeunes filles parfaites, éduquées, belles, sarcastiques et intelligentes. Elle le sait, pour son malheur. Qui est digne d’elle dans ce village de paysans ? Peut-être le jeune Lydgate, ce nouveau médecin qui vient de s’installer à Middlemarch, plein des idées pour révolutionner la médecine qu’il a entendues dans les cours parisiens de Bichat. Il est amoureux d’elle, comme tous ceux qu’elle rencontre, mais il vient de Paris et a un Lord dans sa famille ! Peut-être a-t-il une chance avec cette jeune demoiselle narcissique et dépensière ?
Fred, lui, est amoureux de Mary Garth, une jeune fille comme Jane Austen les aime, intelligente, cultivée, belle, et pauvre. Trop pauvre pour que Mrs Vincy voit ce mariage d’un mauvais œil, tandis que Fred est trop joueur et insouciant pour que Mrs Garth le considère comme un mari digne de sa fille. Mais Mary aime aussi Fred, depuis l’enfance, et aimerait bien qu'il se réforme...
Bienvenue à Middlemarch et ses affaires politiques ! Quel vicaire choisir pour le nouvel hôpital ? Faut-il voter la Grande Réforme ? Et comment envisager ce chemin de fer qui veut venir s’installer ici ? Quand à ce jeune Lydgate, qui a des idées bien particulières sur la médecine, peut-on lui faire confiance ?
Bref, ce roman est un monde. Un univers à lui tout seul. Une plongée dans l’Angleterre victorienne. Quelque chose pour nous faire pardonner à Jane Austen de n’avoir écrit que six romans – elle savait que George Eliot viendrait après. Un peu long, peut-être, un peu dense. Mais un de ces pavés qui nous emmènent loin, très loin. Un de ces classiques qu’on lit et relit en y trouvant à chaque fois un nouveau message, une nouvelle allusion qui nous avait échappé.

(et un  un ! Ce qui doit donc nous mettre à 3/25, faudrait que j'accélère !)
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20 septembre 2009 7 20 /09 /septembre /2009 15:44
"It was funny but now, thirty years later, the thing that drove her to distraction was that she couldn't remember what the dog was called. And there was no one left to ask."
J'étais une adoratrice de Kate Atkinson. J'ai lu passionément "Behind the scene at the museum", lu, relu et rerelu avec un plaisir shakespearien "Human Croquet", ai toujours apprécié "Emotionally Weird" bien qu'un peu moins, retrouvé mon ancien enthousiasme avec le petit bijou qu'est "Case Histories" - tout en me demandant un petit peu quel était l'intérêt de Jackson Brodie.
C'est vrai, pour une auteur aussi originale et imaginative qu'Atkinson, pourquoi choisir comme héros un personnage aussi commun que le détective-privé-ayant-raté-sa-vie-divorcé-ne-voyant-jamais-sa-fille-qui-en-plus-n'a-pas-d'affaires-et-pas-de-fric ?
Je lui ai pardonné pour Case Histories - tout le reste était si génial ...
En revanche, il serait temps d'arrêter là avec ces fameuses histoires policières. One good turn m'a profondément ennuyé, et When will there good news serait beaucoup plus intéressant sans Jackson Brodie, la pseudo enquête et ses pseudo déboires amoureux.
J'ai eu l'impression de lire un mix étrange entre un vrai roman de Kate Atkinson, et une série policière télévisée sans intéret.
Je m'explique : il y a de très beaux passages dans ce roman, ou du moins des situations intéressantes et riches. Certains des personnages m'ont beaucoup touchée comme Reggie et Joanna Hunter. Mais ... pour le transformer en "histoire policière", Atkison a noyé ces éléments dans des facilités inintéressantes, un mari mafieux, des enlèvements, une inspectrice mariée-mais-toujours-amoureuse-du-détective-privé-qui-a-raté-sa-vie, un détective-privé-qui-a-raté-sa-vie qui essaie de la refaire mais qui n'y arrive pas parce qu'il est toujours amoureux d'une inspectrice. Au milieu de tout ce bazar, la jolie histoire du Docteur Hunter et de sa relation avec l'adorable baby sitter Reggie passe presque au second plan.
Voilà pour mon avis. L'histoire est assez simple : il y a une trentaine d'année, une mère marche sur une route ensoleillée avec ses trois enfants, Jessica, 8 ans, Joanna, 6 ans et le bébé Joseph. Leur route croise celle d'un fou qui va assassiner la jolie famille, ne laissant échapper que Joanna qui s'est enfuie dans les blés. Trente ans plus tard, Joanna s'est reconstruit une vie, belle et heureuse, avec un mari incapable et le plus beau bébé du monde. Mais quand l'assassin qui a détruit sa famille est libéré, elle et son enfant disparaissent. Et seule la petite baby sitter Reggie semble y voir quelque chose de louche.
Il y aurait pu avoir une très belle histoire à la Atkinson, poids du passé et secrets de famille à la clé. Dommage ...

PS : est-ce parce que je revenais d'Ecosse ? J'ai adoré les clins d'oeil à Edimbourg, l'accent incompréhensible écossais et les paysages grandioses sur des routes désertes...
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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 20:31
"A l'époque, j'avais dix-sept ans, et il me semblait qu'on avait ouvert cette route à travers la forêt de Blanc Coeur rien que pour moi - une rivière de bitume étroite et sinueuse tellement lisse que mes pneus émettaient un son que seuls pouvaient produire un soupir et un baiser, un baiser et un soupir."
Kristy Sweetland est belle, jeune, gentille et sympathique. Avec son amie Desiree et l'autre Kristi, elle a échappé au camp d'été des pompom girls auquel elle participe pour une après midi de liberté, de baignade dans les eaux profondes du Lac des Amants. Dans la mustang rouge de Kristy, elles ressemblent à des incarnations de la jeunesse et de la fraîcheur, de l'odeur des chewing gum à la fraise.
En s'arrêtant dans une station service, Kristy va changer sa vie : son regard va croiser celui de deux jeunes garçons, dans un vieux break rouillé. Elle qui sourit à tout le monde va leur sourire, et quelques minutes plus tard, alors qu'elles ont repris leur route, son amie Desiree, qui se déshabille devant toute personne de sexe masculin, va leur montrer ses seins.
C'est à ce moment là que le drame débute. Comme le dit l'autre Kristi, "quelque chose d'atroce va arriver". Et nous autres lecteurs allons attendre qu'elle se produise, dans la chaleur étouffante de cet été, dans l'odeur de la résine et le vrombissement des cigales. Nous allons voir ces parfaites petites américaines, épilées de prêts, bronzées, pomponnées, coiffées vivre avec une angoisse croissante dans un coin de leur tête, qui disparait dans les bras du maître nageur T.J.
A travers ces trois gamines, et quelques flashbacks dans leur passé, l'auteur va en profiter pour dénoncer l'insouciance et la légèreté de la culture américaine, l'égoïsme et la solitude atroce qui touche tous les personnages.
C'est un bouquin touchant, qui m'a surprise et qui ne se révèle que la dernière page tournée.
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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 19:01
"L'idée, c'est de sortir un petit peu moins con qu'on y est entré."
Des images qui clignotent, floues, comme vues entre des yeux mi-clos. Des bruits lointains, étranges, agressifs, de grilles, de clés, de cris. Des insultes qui fusent, on ne sait pas d'où.
Un gamin, Malik, 19 ans, cheveux trop longs, cicatrice sur la joue, l'air paumé face à son avocat, qui lui annonce son transfert à la centrale.
Découverte d'un milieu différent. Une sorte de huis clos surpeuplé, où règne la promiscuité, la saleté, la tension, la violence. Où les matons ne sont que des pièces aux mains de deux joueurs autrement plus puissants, le clan des Barbus, et celui des Corses. "Si tu ne le tues pas, c'est moi qui te tue" et voilà Malik à la solde du puissant, du léonin parrain des Corses, César. Le film dure six ans, six ans pendant lesquels le petit Malik, armé de sa timidité, de son insignifiance, de son intelligence, de sa curiosité et de son profond désir de vivre, va s'adapter à la prison et devenir un parfait criminel.
Ce film n'est pas un film social dénonçant les conditions de détention en France. Il le fait malgré tout, montre la misère de notre système pénitentiaire, ses efforts infructueux pour réinsérer, la violence qui transforme de agneaux égarés en loups dangereux. Mais ce n'est que le cadre. Ce qui compte, c'est Malik, ses remords, sa lutte quotidienne et cruelle pour sa survie et ces quelques instants d'émotion absolue, quand il retrouve par moment la liberté, le chant des oiseaux et les vagues de la mer léchant ses pieds.
Via ce jeune garçon, le film acquiert une résonance intemporelle, quasi mythologique : le petit rien qui, par son talent et ses épreuves, devient chef, héros, parrain, prophète, dieu est de tous les temps, de tous les lieux et de tous les mythes.
Et le regard un peu perdu de Tahar Rahim, face au magistral Niels Arestrup (extraordinaire César), donne toute sa profondeur au petit Malik.
Bref, un film dur, violent, sans concessions, mais un chef d'oeuvre inoubliable.

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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 16:06
" Tôt ou tard, ils nous attraperont et ils nous tueront. Ils me violeront. Ils le violeront. Ils vont nous violer et nous tuer et nous manger et tu ne veux pas regarder la vérité en face."

Je ne sais pas si vous aviez vu No country for old man, mais moi, je n'avais pas aimé ce film. Il y avait quelque chose dans l'ambiance de trop dur, de trop violent, de trop sec, quelque chose comme une Fatalité impitoyable en marche. J'ai retrouvé dans La Route ce quelque chose. Sauf que cette ambiance qui m'avait tant déplue dans No country, là, je l'ai adorée.
Entre tous les articles qui parlent du bouquin, et ceux qui parlent du film, vous savez déjà ce que raconte ce roman : quelque part dans le futur, quelques années après une catastrophe écologique qui a anéanti toute vie, un père et son fils cherchent à atteindre le "sud" pour y passer l'hiver. Ils cheminent le long d'une route, dans le froid qui s'installe, avec un maigre caddie contenant tous leurs biens, se nourrissant des rares boîtes de conserves qu'ils trouvent dans les maisons abandonnées. Il y en a de moins en moins, d'ailleurs, d'autres pilleurs sont passés avant eux. Et on voit se profiler à l'horizon le moment où ces derniers restes de notre civilisation auront disparu, et où, dans un monde sans végétaux, sans animaux, sans fruits à cueillir, sans poissons à pêcher, sans lapins à chasser, il ne restera plus qu'à se laisser mourir de faim.
D'autres ne le voient pas comme ça. Car ce père et ce petit garçon ne sont pas seuls sur la Route : d'autres voyagent comme eux. D'autres humains comme ce vieillard amaigri. Et puis ... certains ayant perdu tout humanité, qui choisissent de chasser et de se repaître d'autres êtres humains. C'est à cause d'eux que le père garde en permanence une arme avec lui, qu'il veille à recouvrir les cendres le matin et à choisir des lieux éloignés pour bivouaquer le soir. C'est eux que l'on voit passer parfois sur la route et qui ne laissent comme traces que quelques os et des peaux humaines enterrées sous des pierres.
C'est un roman dur, par ce qu'il raconte, par les questions qu'il nous pose (est-on toujours un humain, un "gentil", quand pour survivre, on en est réduit à commettre des actes inhumains, tirer sur celui qui va nous tuer, laisser crever un vieillard de faim plutôt que de partager avec lui des provisions qui nous feront défaut, demain, dans trois jours ou quelques semaines ?). C'est un roman dur par la manière dont il nous les raconte. Les phrases simples, courtes, hachées donnent l'impression que le texte halète, n'arrive pas à respirer, tenaillé par l'angoisse. Les scènes se répètent, les journées, les semaines de famine, les quelques heures de festin quand une cache encore inviolée est découverte, les heures sur la route, les bivouacs dans la forêt. C'est un quotidien qui se crée ainsi sous nos yeux, un quotidien de l'après, avec comme seul objectif, la mort.

Un seul regret : ma lecture a été gâchée par la pitoyable qualité de l'édition. Point a vraiment fait n'importe quoi sur le coup, et lire toutes les deux pages des fautes d'édition du type "Il examinait attentivement ce qupouvait voir" gâcherait le plus grand des chef d'oeuvres. Quel dommage !

Enfin, j'ai vu le trailer du film qui est sorti, si je ne me trompe, au festival de Deauville. Les scènes d'action m'ont l'air plus nombreuses que dans le livre, mais je suppose que la succession des journées telle qu'elle est présentée dans le roman aurait semblée fastidieuse au cinéma. En revanche, l'ambiance me semble bien conservée et je pense, j'espère, que je ne serais pas trop déçue par la mise en images.


PS : si, une différence : je voyais cette histoire en gris et noir. Ils la voient en marron ...


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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 11:03
"On voudrait être celui qui va tendre la main, on voudrait être celui qui va accueillir et aider, et on est également celui qui rejette et qui refuse."
Je vagabondais hier soir sur France Inter, vers 21h. J'aime bien écouter Humeur vagabonde. J'aime la voix de Kathleen Evin, la douce musique du générique, un peu mélancolique comme un début de soirée, et les reportages toujours décalés et toujours pertinents.
Hier, c'était sur le racisme, la haine de l'autre et le roman L'Arabe d'Antoine Audouard. J'avais déjà repéré ce titre et noté sur ma LAL. Mais le phénomène de "rentrée littéraire" m'insupporte au plus au point et je procrastinai mon achat. Je décidai d'attendre qu'il sorte en poche.
Mais voilà, hier, en écoutant parler Antoine Audouard, en entendant la lecture de quelques extraits de ce roman (délicieuse voix de la lectrice ), j'ai eu vraiment envie de le lire. Je crois que je vais me laisser tenter ...
Je voulais donc vous mettre le lien de l'émission, si douce, si cruelle et si intelligente et vous demander votre avis sur ce roman et cet auteur.
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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 16:37
"Mais non, la partie terminée, cette machine à jouer aux échecs prononça "Mat!", sans plus, puis resta là, immobile et muette, attendant de savoir si nous désirions recommencer."

En 1941, le narrateur effectue la traversée entre New-York et Buenos-Aires sur un paquebot où voyage également le champion mondial d'échecs Czentovic, aussi prodigieux qu'il est bête, frustre et désagréable. Un de leur compagnons de voyage propose un pari : une partie d'échec entre Czentovic d'un côté et une dizaine de curieux de l'autre. La première partie se passe normalement : les amateurs perdent et le champion du monde gagne facilement. Mais lors de la revanche, un inconnu, spectateur de la première partie, intervient dans leur jeu, et permet au narrateur et à ses compagnons de finir sur une très honorable "partie nulle".
Qui est cet inconnu ? Comment peut-il maîtriser si parfaitement les échecs alors qu'il se déclare lui même un joueur amateur qui n'a vu depuis vingt à vingt cinq ans un échiquier ?

Je ne m'intéresse pas d'ordinaire aux échecs et, sans la réputation de Zweig, je serais volontairement passée à côté de ce très court récit. J'aurais eu tort, car on ne parle pas ici de jeu. Les échecs ne sont ici qu'une stratégie pour résister à une des tortures les plus atroces mises en place par les nazis pour faire craquer un homme : l'isolement le plus parfait, la privation de toute distraction. Cette nouvelle décrit de manière effroyable comment, de manière très simple, dans le confort le plus humain, on peut mener un être au bord de la folie. Et comment M. B va leur résister, en nourrissant son cerveau grâce aux échecs...

Même si cet aspect est le plus frappant et le plus émouvant de ce récit, je ne pense pas que ce soit le seul. Qui est "le joueur d'échec" ? M. B ou Czentovic ? Leurs histoires ne sont-elles pas à mettre en parallèle ? Czentovic, "apathique et taciturne", est aussi isolé qu'a pu l'être M. B lors de son emprisonnement. L'un comme l'autre sortent de cette solitude grâce aux échecs, et chacun y gagne une forme de folie...

C'est un récit très poignant, très prenant, d'une richesse insoupçonnée à la première lecture. Le seul reproche que je devrais lui faire, c'est sa taille. Une petite centaine de pages me semble insuffisant pour tout ce que ce récit porte.

Comme toujours avec Zweig, un chef d'œuvre ...
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4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 18:53
« C’est ainsi que je me sens : plate, blanche, mince ; je me sens transparente. »

Attention, chef d’œuvre. Ce livre est le journal intime de Defred. Defred n’est pas son nom, le vrai, celui que sa mère, une jolie féministe en salopette bleue, lui a donné à sa naissance. Defred n’a plus de vrai nom depuis que la république de Gilead a été instaurée. C’est une servante écarlate, et elle change de nom à chaque fois qu’elle change de maison, et de propriétaire. Celui-ci s’appelle Frédéric, et étant sienne, elle s’appelle donc Defred, rien de plus simple.

Avant, elle avait un nom à elle, un mari à elle, Luke, une petite fille, un compte en banque, des amies, un métier, une vie. Avant. Quand la République de Gilead est arrivée, en réponse à tous ces viols, toute cette indécence, en réponse à la montée de l’islamisme, du féminisme et de la stérilité, Luke et elle ont cherché à fuir vers le Canada. Ils se sont fait attraper avant la frontière, et depuis, elle n’a plus de nouvelles, ni de Luke ni de sa fille.

Le commandant qui la possède est puissant : il a droit à quatre épouses. Deux sont des Marthas, habillées en vert, qui veillent aux tâches domestiques. Une est l’Epouse, toute de bleu vêtue, qui promène son ennui dans le jardin et le salon. La dernière est Defred, habillée de rouge, à l’exception d’une cornette blanche qui empêche à quiconque de croiser son regard, pour la reproduction.

Ce livre a été un vrai coup de poing. Pas pour la manière un peu vulgaire dont le présente la 4ème de couverture, qui compare Defred à une « matrice » : les relations sexuelles sont très peu évoquées et d’une manière volontairement très plate « Fermez les yeux et pensez à l’Angleterre ».

Non, c’est le reste qui m’a le plus frappée : qu’est ce que ça fait de se vivre dans une dictature religieuse où tout, des vêtements que l’on porte aux mots que l’on s’échange doit suivre une règle ? Comment supporter de devenir un objet, un pion que d’autres bougent et déplacent ? De savoir que, s’il nous reste encore des souvenirs d’un temps où les femmes étaient libres et indépendantes, sa fille n’en aura que très peu, et les générations suivantes, pas du tout ? De se dire qu’on a cédé, qu’on n’a pas résisté, qu’on a accepté ce choix ?

C’est un récit très oppressant, très lourd, très lent. J’ai cherché à m’en évader de temps en temps en me disant que cela n’est qu’une fiction, que cela n’est pas vrai, que cela n’existe pas. Et je me suis souvenue avec un frisson glacial de pays où les femmes vivent derrière une lourde tente noire, et d’un régime qui avait ordonné la mort de tous les oiseaux domestique « car c’est un plaisir que de les entendre chanter, et il ne faut pas avoir de plaisir ». Rien que ce fait rend selon moi la lecture de ce livre indispensable.

Quelques autres avis la Tellectuelle, Biblioblog, J'ai lu, Sylvie, Chiffonnette.

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