
C’est pas avec n’importe qui que Candace Bushnell nous propose de passer du temps : Victory, Nico, Wendy apparaissent toutes les trois dans le classement des femmes les plus puissantes du monde, respectivement aux places de 17ème, 8ème et 12ème.
Bien sûr, elles vivent à New York. Victory est une créatrice de mode en vue, Nico est la rédactrice en chef d’un des plus grands magasines – Bonfire - et Wendy une productrice de cinéma qui a pris l’habitude que ses films reçoivent plusieurs Oscars tous les ans. Elles sont amies, et se retrouvent fréquemment chez Michael’s, un resto à la mode où elles sont placées à la meilleure table, pour papoter.
(Ça vous rappelle quelque chose ? Oui, Candace Bushnell est l’auteur de Sex and the City et Nico, Wendy et Victory sont des Carry, Miranda, Samantha et Charlotte avec dix ans de plus.)
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ?
Pas vraiment… C’est qu’une carrière est toujours difficile à mener, surtout quand on est une femme et qu’on veut conquérir le monde. Quand Victory s’essaie à la haute couture, sa saison est un échec, remettant presqu’en cause l’existence de sa maison de couture. Nico pédale pour virer son chef et récupérer sa place. Quant à Wendy, elle se rend compte qu’il n’est pas facile de créer le film de sa vie, celui pour lequel elle se bat depuis des années, celui qui aura l’Oscar du meilleur film et facilitera tellement sa vie professionnelle.
Et les hommes ? Comment gérer sa vie sentimentale quand on est soi même riche et puissante. Faut-il choisir un mari comme un coach, un compagnon qui accompagne sa vie professionnelle, quitte à sacrifier sa vie sexuelle ? Un homme plus riche, un milliardaire, avec le risque qu’il considère sa maison de couture comme un aimable passe-temps ? Ou un homme au foyer, avec tous les dangers que cela représente ?
C’est réellement un bouquin du 21ème siècle, avec une question centrale : qu’est ce qu’il adviendra au monde, aux affaires, aux relations amoureuses, aux familles le jour où les femmes prendront leur carrière autant au sérieux que les hommes ? Allons nous, homme comme femme, savoir gérer cela ? La Terre va-t-elle s’arrêter de tourner ?
Ce bouquin y répond avec beaucoup de cynisme : cela commence comme une agréable bleuette et se poursuit dans le sang et les larmes. Non, les femmes ne sont pas meilleures que les hommes. Et non, être riche, belle et puissante n’apporte pas le bonheur.
A noter également la vision que les new-yorkaises ont des français : « Pierre was charming as only Frenchmen can be – he made every woman think he found her sexually attractive and would, if given half a chance, take her to bed. » Les quelques pages sur la France débordent de clichés, à croire que nous ne buvons que du champagne, ne mangeons que des cuisses de grenouilles, et que nous passons nos journées à coucher ensemble … Mais c’est ça aussi qui fait le plaisir du livre !
Bref, un début de bouquin bien sympa et détendant, une seconde moitié intelligente, fine et grinçante… Ça me donne bien envie de lire One fifth Avenue !