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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 08:00

DuBoutDesDoigts.jpg"Mais il y avait des années que son sort avait été décidé. Elle était comme une brindille dans le courant d'une rivière. Elle était comme le lait - trop pâle, trop pure, trop simple. Sa vie était faite pour être gâchée."

Sue Trinder a toujours vécu dans les bas-fonds du Londres victorien. Sa mère, lui a-t-on dit, est morte sur l'échaffaud qu'on voit de la fenêtre de sa chambre ; sa nourrice nourrit les bébés de cuillères de gin, et Mr Ibbs refond les objets d'or et d'argent pour en effacer la preuve qu'ils viennent de vols.


Alors, quand Gentleman, un habitué de la maison, vient lui proposer d'être la femme de chambre de la demoiselle noble et délicate qu'il veut épouser et escroquer, Sue n'y voit pas grand chose à redire. Après tout, quand la demoiselle aura été mise chez les fous, elle récupérera ses 3000 livres...

 

Sauf que Gentleman a plus d'un tour dans son sac et que Miss Maud est si douce et charmante qu'elle ne laisse pas Susan indifférente ...

 

Voici un roman que j'ai adoré : le style, l'histoire, l'ambiance, tout à su me séduire, et surtout les deux héroïnes, Sue et Maud. On le commence comme un page-turner : une fois lancé dans les premières pages, il est très difficile à poser. L'histoire continuait de me hanter pendant les journées de travail, ou la nuit - j'en ai même rêvé !

 

Et puis, il y a un vrai talent de scénariste chez Sarah Waters. J'ai été époustouflée par la fin de la première partie. Le retournement de situation est magnifique et complètement inattendu. Il y a l'ambiance de ce XIXème siècle victorien : glauque, sombre, violent. Le talent de Sarah Waters pour faire ressortir ces atmosphères, froide et humide à Briars, comme une vieille maison inhabitée ; chaude et puante dans les quartiers populaires de Londres ; est magnifique. Au bout de quelques dizaines de pages, plus que les rebondissements pourtant nombreux, c'est cette ambiance et cette plume qui me retenait...

 

Voici un roman que je conseille de tout mon coeur. Et une auteur que je continuerai à suivre...

 

Lu en LCA avec Bianca, Tiphanie et George ?

lecturecommune2

Lu dans le cadre du challenge victorien

victorien

 

Lu dans le cadre du challenge I love London !

IloveLondon

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 08:51

SaintTrinians.jpgUn froid matin, Beverly et son père (magnifique Rupert Everett) arrivent devant l'entrée d'un pensionnat pour jeunes filles, Saint Trinian's, tenue par la tante de Beverly (magnifique Rupert Everett). Un peu intimidée au début, elle va devenir franchement mal à l'aise en comprenant que cette école est loin d'être comme les autres... Les élèves, réunies en bande selon leurs centres d'intérêt (les gothiques, les puputes, les nerds, ...) et sous la direction de la charismatique Kelly (ravissante Gemme Arteton) y font la loi. La portière est alcoolique, la directrice est névrosée et la nuit, les filles se lancent dans des magouilles pas très nette.

 

Bizarre bizarre ? Oui, et ce n'est certes pas la nouvelle prof d'anglais (Lena Headey, impossible de reconnaître Cersei Lannister dans cette prof coincée au chignon strict et aux vêtements gris) qui dira le contraire. Bizarre, oui, mais tellement sympathique.

 

Mais deux menaces planent sur Saint-Trinian's. Le nouveau ministre de l'Ecole, ex ministre des Prisons, (Colin Firth, brillant) a décidé de remettre de l'ordre dans les écoles anglaises et en commençant par la pire, Saint-Trinian's. Ainsi se finirait le joyeux temps de l'anarchie ...

Une autre question est encore plus pressante : les caisses sont vides et l'école est tellement endettée que la banque menace de saisir les murs. Que faire ? Les élèves ont bien une idée ...

 

C'est un film absolument réjouissant et servi par un casting du tonnerre. J'adore le couple que forment Firth et Everett en règle général et dans cet opus, ils sont particulièrement flamboyant. Tous les acteurs prennent un plaisir évident à jouer : une bande de vieux potes particulièrement heureux de se retrouver ensemble. Les références au passé cinématographique commun ou indépendant des acteurs est elle aussi jouissive : aaaaahhhhh, Colin Firth sortant en chemise mouillée de la fontaine ...

 

Bref, un moment jubilatoire ...

 

Vu dans le cadre du challenge Une rentrée en pensionnat, sur whoopsy-daisy

pensionnat2.png

 

 

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 08:00

HistoireContemporaine.jpg

"Mais [ces détails] sont indispensables à l'intérêt de cette histoire, à laquelle le public actuel croira déjà difficilement, et qui débute par un fait presque ridicule : l'empire que prenait une femme de soixante ans sur un jeune homme désabusé de tout."


Âgé d'une trentaine d'année, Godefroid est un homme au bout du rouleau : désabusé, aigri, ruiné, endetté. Pour essayer de se refaire, pour prendre des vacances de l'agitation parisienne, il abandonne son appartement coûteux, pour un tout petit appartement, dans un hotel particulier au coeur de l'Île de la Cité, mais aussi éloigné de Paris que s'il était situé en Patagonie. Cette simple annonce :

"Petit logement de soixante-dixfrancs par mois, pouvant convenir à un ecclésiastique. On veut un locataire tranquille ; il trouverait la table, et on meublerait l'appartement à des prix modérés en cas de convenance mutuelle."

excite sa curiosité et son désir de calme et de solitude. Lorsqu'il parait, il est mis en présence d'une femme que tous semblent révérer : Mme de la Chanterie, qui vite le séduit par sa douceur maternelle et sa foi catholique militante.

Il s'installe et, en découvrant les autres pensionnaires, se doute vite que d'étranges manoeuvres ont cours dans cette demeure. Des gens vont et viennent ; de fortes sommes d'argent sont échangées.

Mais qui sont ces Frères de la Consolation ? Et quel est leur grand projet ?

 

"Il a fait passer toute une contrée de l'état sauvage à l'état prospère, de l'état irreligieux à l'état catholique, de la barbarie à la civilisation."

 

C'est un roman encore une fois excessivement moral. Il fait pendant à l'Histoire des Treize, à Splendeur et Misère des courtisanes, voulant montrer que la puissance de la bonté n'a rien à envier à celle du mal, ou de la débauche, pourvue qu'elle reste secrète et n'ait pour seule ambition que faire le bien. Madame de la Chanterie est une anti-Vautrin, son pendant féminin et bon, au passé aussi mystérieux que lui.

Etonnament, alors que le moralisme du Médecin de campagne (référence si dessus) m'avait agacée, ce roman m'a séduite. Même si je ne partage pas la foi ni la morale des Frères de la Consolation, leur bonté, leur conviction en la bonté de l'être humain rend ce livre magnifique et donne espoir en l'avenir.

 

"Arrivé rue Notre-Dame-Des-Champs dans la partie aboutissant à la rue de l'Ouest, qui ni l'une ni l'autre n'étaient encore pavées à cette époque, il fut surpris de trouver de tels bourbiers dans un endroit si magnifique. On ne marchait alors que le long des enceintes en planches qui bordaient des jardins marécageux ou le long des maisons, par d'étroits sentiers bientôt gagnés par des eaux stagnantes, qui les convertissaient en ruisseaux."

 

Et puis, il y a Paris, personnage magnifique et exotique de ce livre. L'Île de la Cité avant la construction de l'Hôtel Dieu et ses rues moyen-âgeuses dans lesquelles ont croit deviner l'ombre de Quasimodo. La rue d'Assas avant qu'elle ne soit pavée, bordée de jardins et de ruisseau. Arriver à imaginer cette rue maintenant ultra-chic, bordée par le Lycée Montaigne et l'Ecole Alsacienne, en repaire de brigands, infréquentable le soir après 6h, boueuse et marécageuse, relève de l'expérience inédite.

 

Alors que ce roman m'avait une première fois résisté, la seconde a été la bonne !

 

Lu dans le cadre du challenge Balzac.Balzac

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 10:00

TheForgottenGarden.jpg"The lady was called the Authoresse and she lived in the little cottage on the far side of the estate, beyond the maze."


En 1900, Eliza, une orpheline lutte pour sa survie dans le Londres victorien, après la mort de son marin de père, et de sa mère, une jeune fille de haute naissance qui s'est enfui avec lui.

 

En 1913, une petite fille de quatre ans est abandonnée sur le pont d'un navire, attendant l'Authoresse qui doit la venir chercher.

 

En 1975, Nell, une vieille dame australienne reçoit après la mort de son père adoptif, le seul bien qu'elle possédait quand il l'a trouvé : une valisette contenant un livre de contes.

 

En 2005, Cassandra, une jeune femme hérite de sa grand-mère une maison en Cornouaille, dont elle n'avait jamais entendu parler.

 

Entre ces femmes, entre ces époques, un inextricable réseau s'est tissé et le roman nous invite à le dénouer. Il est construit de courts chapitres, se passant aux différentes époques, chacun nous apportant ses réponses aux questions qui tendent le roman : qui est cette petite fille abandonnée sur un paquebot ? Pourquoi est-elle là ? Et pourquoi l'Authoresse n'est jamais venue la chercher ?

 

C'est un roman que j'ai énormément aimé. En lecture de vacances, ces 600 et quelques pages sont passée comme un rêve en deux petites journées. J'ai parcouru la lande avec Cassandra, erré dans une grande maison à la Downton Abbey avec Eliza, lu les contes de fée par dessus l'épaule de Nell. L'ambiance edwardienne de la grande maison est magnifiquement rendue, entre lady revêche, une jeune miss maladive, une servante au grand cœur et la cousine rousse et indépendante. J'avais envie de m'y installer, d'errer dans le jardin, dans le labyrinthe, et surtout, de m'allonger dans le jardin clos. La description de la nature, de ce « forgotten garden » qui, d'après l'auteur, inspira à FH Burnett son livre pour enfant The secret garden, est profondément touchante.

 

En bref, un coup de cœur...

 

Lu avec Karine:)

  lecturecommune2

Lu en anglais

Lirenanglais

et c'est un pavé !

Pavedelete

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 08:00

HeartlessCover.jpg

"Lady Maccon rubbed her protesting belly with one hand and sipped tea with the other"

Attention, spoiler ahead (J’aime les séries à cinquante tomes qui nous font écrire des billets qui n’intéressent personne : les gens qui n’ont pas lu la série ne les lisent pas de peur de se faire spoiler ; et les gens qui l’ont commencé sont déjà tombés sous le charme d’Alexia Tarabotti …)

 

Nous avions laissé à la fin du tome 3 Alexia Maccon dans une situation … intéressante. Nous la retrouvons quelques mois plus tard, dans une situation encore plus ‘intéressante’, « the infant inconvenience » ayant tendance à prendre de plus en plus de place.

En parallèle, Biffy semble avoir du mal à s’adapter à sa nouvelle vie de loup-garou et ses sentiments pour Lord Akeldama ne l’y aident pas. Ajoutez un fantôme à l’esprit confus qui annonce à Alexia qu’un assassinat contre la Reine est en préparation, et vous avez tous les bons ingrédients pour un tome parfait du Parasol Protectorate.

 

Sauf que cette fois-ci, ça n’a pas marché. Je l’ai commencé en pensant me plonger dans un roman délicieux qui me ferait oublier le monde autour de moi pendant 2 jours, et je l’ai traîné pendant 1 semaine, sans arriver à me mettre dedans et voyant arriver les rebondissement 100 pages à l’avance.

Pourquoi ? Est-ce parce que les intrigues de tous les volumes se ressemblent quand même pas mal ? Sans doute. Mais les autres volumes apportaient un petit quelque chose en plus, une complexification de l’univers qui m’accrochait à chaque fois. Dans celui-ci, non. On ronronne paisiblement, avec des méchants vampires, un Lord Maccon très porté sur la chose, un vampire homosexuel très homosexuel, un Bêta qui est un parfait Bêta, etc. etc. etc.

On apprend certes des choses sur ce qui s’est passé à peu près au moment de la naissance d’Alexia, et son père acquiert une dimension plus importante (et plus touchante). Mais cet aspect reste vraiment secondaire …

 

Je lirai le dernier tome, bien sûr. Il est dans ma PAL et Gail Carriger a une plume enlevée qui se lit bien. Mais mon enthousiasme des deux premiers volumes est un peu retombé.

 

Lu dans le cadre du Challenge Halloween – chapitre Royaume Uni

 Halloween2012

Lu dans le cadre du challenge victorien

victorien

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 17:00

Ambassadorsmission.jpg"The most successfull and quoted piece by the poet Rewin, greatest of the rabble to come out of the New City, was called citysong. It captured what was heard in Imardin, if you took the time to stop and listen : an unending muffled and distant combination of sounds. Voice. Singing.  A laugh. A groan, A gasp. A scream."

 

Attention spoiler (grave) sur The Black Magician Trilogy. Lisez d'abord la première et puis … arrêtez vous là, car cette suite n'en vaut pas vraiment la peine.

 

Nous voici donc vingt ans après la mort d'Akkarin. Sonea est une « black magician » et le fils qu'elle a eu avec l'ancien High Lord, Lorkin, est devenu à son tour un magicien. Cery est resté dans la pègre et est maintenant un des Thiefs reconnus. Et les vieux amis Rothen et Dannyl de Sonea sont toujours là, n'ayant changé que de quelques rides.

Dannyl est nommé ambassadeur au Sachaka, et choisit comme assistant Lorkin. Le passé du père de Lorkin dans ce pays va évidemment causer quelques soucis. Pendant ce temps, Cery part à la recherche du Thief Hunter, un assassin tueur de parrains de la Mafia. Et ce faisant, il tombe sur un magicien rogue qui nécessitera l'aide de Sonea.

 

Il y a un point sur lequel ce livre est réussi : les conséquences géopolitiques et locales de la trilogie précédente sont très bien mises en scène. Les relations avec le Sachaka sont apaisées, si ce n'est pacifiques, et le dialogue s'est rétabli. Dans la Guilde, des magiciens de quartiers pauvres sont accueillis et s'entendent plus ou moins bien avec les fils de nobles. Enfin, Imardin elle même a changé, s'est embourgoisée, faisant disparaître la dichotomie nette qui existait entre quartiers riches et bidonvilles.

Ca, c'est très bien réussi. Le reste, en revanche …  Les histoires sont bateau et les rebondissements, prévisibles 50 pages à l'avance. Les personnages sont devenus monolithiques, inspirés que par une seule idée. Sonea, en particulier, passe complètement au second plan, gardant sur ceux qui l'entourent les préjugés qui datent de son adolescence (20 ans après !).

 

C'est un page-turner qui se lit sans mal, mais on est loin du charme des premières trilogies... Je vais donner une chance aux autres volumes, car The Black Magician Trilogy était magnifiquement monté en puissance. Mais j'ai peu d'espoir de chef d'oeuvre, hélas.

 

Lu en anglais

Lirenanglais

Lu dans le cadre du challenge Mondes imaginaires

mondesimaginaires

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 08:00

BarchesterTowers.jpg"Dr Gwynne was the Deus ex machina who was to come down upon the Barchester stage , and bring about deliverance from these terrible evils. But how can melodramatic dénouements be properly brought about, how can vice and Mr Slope be punished, and virtue and the archeacon be rewarded, while the avenging god is laid up with the gout?"

 

La petite ville de Barchester est en émoi après le décès de son bishop. Qui lui succèdera ? Son fils, l'archdeacon Grantly, un homme sage et raisonnable, bien qu'un peu politicien sur les bords ? Ou le faible Dr Proudie, un étranger venu de Londres et gouverné par sa femme, la terrible Mrs Proudie, et son chapelain, Mr Slope ?

Et lorsque c'est le Dr Proudie qui est choisi, la ville (enfin, surtoutr le clergé de la région), se divise entre les pros, et les cons. Hélas pour elle, la douce veuve Mrs Bold, la belle et jeune belle-soeur du sévère Grantly, accorde à Mr Slope les soins que la politesse seule commande. Mais qui passent très mal auprès de la "faction Grantly", persuadés qu'ils sont de l'affection qui l'unit à l'imbuvable Slope.

 

"It is not my intention to breathe a word against the character of Mrs Proudie, but still I cannot think that with all her virtues she adds much to her husband's happiness."

 

C'est un roman à lire. J'avais adoré Mrs Mackenzie et son humour ravageur, mais je me suis encore plus régalée avec ce premier roman des Barchester chronicles.

Il y a l'ambiance. La petite ville de province, ses pasteurs, ses femmes de pasteurs, son noble qui se croit dans un roman de Walter Scott et sa soeur qui est elle en plein moyen-âge, ses veuves, sa femme scandaleuse, est incroyablement attachante. Trollope crée un monde dans lequel on est heureux de retourner à chaque fois qu'on rouvre le roman. J'ai fini par m'attacher à l'adorable Mrs Bold et à son vieux papa, le Dr Harding, à voir l'amour naître dans son coeur - et vaincre, bien sûr.

 

"Dissipation and low dresses during the week are, under her control, atoned for by three services, an evening sermon read by herself, and a perfect abstinence from any cheering employment on the Sunday. Unfortunately for those under her roof to whom the dissipation and low dresses are not extended, her servants namely and her husband, the compensating strictness of the Sabbath includes all."

 

Et puis, il y a l'humour. La plume de Trollope est trempé dans un acide ironique qui m'a fait longuement hésiter avant de choisir les citations de ce billet. Il y en avait tellement qui me plaisaient ! Trollope n'épargne pas ses concitoyens, mais le fait avec une sorte de bienveillance qui n'est pas de dénuée de tendresse. On se moque des idées old-fashion de la vieille Miss Thorne, mais elle si attendrissante avec sa "fête champêtre" ! Mrs Proudie est certes bien abominable et dictatoriale, mais n'est-elle pas une féministe avant l'heure ? Et même Slope, avec ses mains moites et ses manières suifeuses est touchant dans son amour sans espoir pour la belle Signora Neroni ...

 

" 'I know no life that must be so delicious as that of the writer for newspapers, or a leading member of the opposition - to thunder forth accusations against men in power ; to show up the worst side of everything that is produced ; to pick holes in every coat ; to be indignant, sarcastic, jocose, moral or supercilious ; to damn with praise, or crush with open calomny! What can be so easy as this when the critic has to be responsible for nothing?' "

 

Au delà encore de ce qui rend ce roman si charmant, on sent une intelligence vive. J'ai particulièrement aimé un passage sur la littérature où, après nous avoir quasiment donné le fin mot de l'histoire (en tout cas, qui Mrs Slope n'épousera pas), Trollope disserte sur l'importance du suspens dans la narration. Son roman n'est pas un roman à histoire et peu importe, finalement, la fin. Tout est dans l'ambiance, dans ces moeurs de village ressuscitées.

Le passage entier était trop long à citer, mais ceux qui le liront dans l'édition Penguin Classics, le trouveront  aux alentours de la page 127.

 

Un peu de Gaskell pour l'ambiance de village, d'Austen pour l'esprit sarcastique, et d'Eliot pour la profondeur des vues. Un Trollope, quoi.

 

Lu dans le cadre du challenge Trollope

Trollope

Lu dans le cadre du challenge de littérature victorienne

victorien

Lu dans le cadre du challenge A little village in the countryside sur whoopsy-daisy

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Lirenanglais

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 08:00

AmericanPsycho.gif« J'ai tellement l'habitude d'imaginer les choses comme sur un écran de cinéma, à voir les événements et les gens comme s'ils faisaient partie d'un film, qu'il me semble soudain entendre jouer un orchestre, voir littéralement la caméra s'approcher en travelling et tourner autour de nous tandis que des feux d'artifice éclater au ralenti dans le ciel et que ses lèvres en soixante-dix millimètres s'écartent pour murmurer l'inévitable « Je te veux » en Dolby stéréo. »

 

Années 80. New-York. Manhattan. Chez les gens qui ont de l'argent, beaucoup d'argent, trop d'argent. Et puis, il y a les autres. Les filles qui se prostituent aux premiers. Les clochards qui leur mendient de l'argent.

Parmi les rich and famous, il y a Patrick Bateman, un héritier qui passe si peu d'heures au bureau, et tant d'heure à faire de la gym pour parfaire sa plastique, à boire des verres avec ses autres amis rich and famous, à chercher le dernier resto à la mode pour y réserver une table, à y aller. Et après …

Une vide fade, répétitive, chiante, marquée par la description détaillée de ce que portent les uns et les autres, marques et couleurs inclues ; par les débats sur des sujets de société hautement intéressant : « comment porter la pochette ? » ; « dans quelles conditions mettre un smoking ? », débats sur lesquels Patrick Bateman a toujours le dernier mot ; et visionnage du Patty Winter's Show et de cassettes vidéos qu'il est toujours en retard pour rendre.

 

« - Tu n'es pas... Elle renifle, baisse les yeux, les épaules agitées de soubresauts... Tu n'es pas vraiment là. Tu … elle suffoque... tu n'existes pas. »

 

Mais ce monde ultra glamorous est aussi extrêmement cruel. Déjà, personne ne se reconnaît, au sein de ces gens. « Est-ce là truc ? Non c'est machin. Mais puisque je te dis que c'est truc. Voyons, mais c'est bidule » Après tout, quelle importance a l'individu, si on reconnaît qu'il porte les tenues les plus chère.

Et puis, - est-ce Bateman qui commence ? Non – quel est l'intérêt d'avoir de l'argent, si on ne peut pas faire souffrir les autres avec ? N'est ce pas amusant de faire croire à un clochard qu'on va lui donner un dollar, pour le retirer de sous ses yeux avant qu'il ne le saisisse.

Alors, entre ça et le tuer …

 

« Tout d'abord assez content de moi, je me sens soudain secoué par une violente décharge de tristesse, d'accablement, en me rendant compte à quel point il est gratuit, et affreusement douloureux de prendre la vie d'un enfant. Cette chose devant moi, cette petite chose qui se tortille et qui saigne, n'a pas de vraie histoire, pas de passé digne de ce nom, rien n'est vraiment gâché. Il est tellement pire (et plus satisfaisant) de prendre la vie d'un être qui a atteint ses belles années, qui est déjà riche des prémisses d'un destin, avec une épouse, un cercle d'amis, une carrière, quelqu'un dont la mort affectera beaucoup plus de gens – dont la capacité de souffrance est infinie – que ne le fera la mort d'un enfant, ruinera peut-être beaucoup plus de vies que la mort dérisoire, minable, d'un petit garçon. »

 

La nausée s'introduit petit à petit, des détails d'abord choquent, l'ambiance malsaine se développe. Et puis, avec froideur, netteté, précision chirurgical, Bateman nous raconte ses crimes, les clochards, les prostituées, lentement torturés, défigurés, égorgés, découpés, et dont il garde longuement les cadavres dans son appartement, pourrissant et puant. C'est révoltant, dégoûtant, fascinant, magnifique et ignoble.

Vers la fin, quand les crimes sont plus nombreux, plus précis, plus lents et plus longs, j'ai stopé le livre, le coeur au bord des lèvres. Il m'a fallu plus de trois semaines pour pouvoir le reprendre, et encore avec réticence. Le brio de Bret Easton Ellis est incontestable, son talent également - mais sa capacité à nous dégoûter n'en est que plus forte.

 

« Il n'y avait pas en moi une seule émotion précise, identifiable, si ce n'est la cupidité et, peut-être, un dégoût absolu. Je possédais tous les attributs d'un être humain – la chair, le sang, la peau, les cheveux -, mais ma dépersonnalisation était si profonde, avait été menée si loin, que ma capacité normale à ressentir de la compassion avait été annihilée, lentement, consciemment effacée. »

 

Et puis, au fur et à mesure des pages, le doute pointe : pourquoi ce tueur en série n'est-il pas recherché par la police ? Pourquoi une de ses victimes apparait, toujours vivante, à l'un de ses amis ? Pourquoi l'appartement où il a tué deux femmes en y laissant leur corps n'en porte plus trace ?

Sommes nous dans un New-York parallèle, fantasmagorique ? Ou sommes nous dans la folie ?

Petit à petit, on comprend que ce roman fait d'abord le portrait d'une Amérique où l'inégalité règne entre très-riches, très-puissants, et très-pauvres, victimes obligés de la luxure et de la cruauté des premières, des Misérables. Le portrait d'une Amérique où les premiers ont tout pouvoir sur les seconds, où rien ne peut leur être reproché.

 

« Parfois, Jean, la frontière entre les apparences – ce que vous voyez-, et la réalité – ce que vous ne voyez pas – devient, disons, floue. »


Sauf par une personne, la secrétaire de Bateman, seule personne sensée de ce chaos, seule à aimer Bateman pour qui il est, seule à lui dire le vrai. Serait-ce la rédemption ?

 

« En retournant vers Park Avenue pour prendre un taxi, je passe devant un clochard, laid, un vagabond – un membre du tiers monde génétique – qui mendie quelques pièces, « ce que vous aurez », et, remarquant le sac à livres Barnes & Noble posé à côté de lui sur les marches de l'église où il est installé, je ne peux m'empêcher de me moquer de lui, à haute voix : « Eh bien, vous, au moins, vous aimez lire... » »

 

Lu dans le cadre du challenge New-York

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Lu dans le cadre du Mois américain

Amerique

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 18:00

Nightfall.jpg"They thrill him, these little demonstration of womanly certainty. They're right out of Henry James and George Eliot, aren't they ? We are in fact made of the same material as Isabel Archer and Dorothea Brooke."

Peter et Rebecca sont deux new-yorkais d'une quarantaine d'années, aisés. Leur carrière dans le monde des arts (il tient une galerie, elle est éditrice d'un magazine d'art) a rencontré le succès.

Mais leur fille s'est éloignée d'eux et de la vie qu'ils voyaient pour elle. Mais Peter sent son désir pour le corps vieillissant de Rebecca s'affaiblir. Mais le sens de leur vie leur échappe..

Arrive chez eux le jeune frère de Rebecca, Mizzy (pour The Mistake, le petit garçon étant vingt ans plus jeune que ses soeurs), un jeune garçon de vingt-cinq ans, paumé, écrasé par les espoirs de sa famille et son addiction à la drogue.

Entre Peter et Mizzy se noue une relation dont Peter ne sortira que changé.

 

"We build palaces so that younger people can break them up, pillage the wine cellars and pee off the tapestry-draped balconies."

 

C'est un livre que j'ai beaucoup aimé. L'histoire est assez banale - au moins dans la fiction : j'ai cru parfois voir le scénario d'un film français, avec Bacri dans le rôle de Peter et Jaoui dans celui de Rebecca. Sauf qu'à la différence de ces films, l'auteur entre dans l'esprit de Peter, dans ses pensées avec du stream of conscioussness à la Virginia Woolf.

Peter est à un tournant de sa vie, et la questionne sous tous ses aspects ? Trouvera-t-il les réponses ? Oui, et non. Il apprend à vivre avec ses questions, à passer au delà de ses doutes, à continuer à vivre malgré tout. C'est la fin de l'adolescence à d'un homme et il apprend que la jeunesse n'est pas éternelle, que le corps androgyne de sa femme vieillira, que réussir sa carrière sans compromission est impossible. Qu'on ne peut pas tout avoir.

C'est triste, évidemment, profondémment nostalgique. La morale en est douloureuse, mais la résignation de Peter est si belle ...

 

"Peter waits for the light, crosses among a small congregation of those nighttime pedestrians of lower Broadway, the couples and quartets (they're always paired) who are neither old nor young, who are clearly prosperous, who are Out for the Night and seem to be having a good-enough time, having driven in, he supposes, from somewhere nearby, parked in a public garage, had dinner, and are now headed ... where? To retrieve their cars, to go home; Where else ? These are not people with inscrutable assignations. They're not tourists, either, they're nothing like te gawkers and brayers in a place like Times Square, but they don't live here, they live in Jersey or Westchester, they're burghers right out of seventeenth-century Amsterdam, they cross Broadway as if they fucking own it, they think they look rakish, they think they're creature of the night, they have neighbors whom they consider burghers because they don't like driving in New-York, because they'd rather stay home [...], while the residents of downtown Manhattan, the ones who survive the days here, walk more modestly, certainly more quietly, more like penitents, because it's almost impossible to maintain a sens of hubris when you live here, you're too constantly confronted by the rampant otherness of others; hubris is surely much more attainable when you've got a house and lawn and a Audi, when you understand that at the end of the world you'll get a second's more existence because the bomb won't be aimed at you, the shock wave will take you out but you're not anybody's main target, you've removed yourself from the kill zone, no one gets shot where you live, no one gets stabbed by a random psychopath, the biggest threat to your personal ongoing security is the possibility that the neighbor's son will break in and steal a few prescription bottles from your medicine cabinet."

 

Et c'est tellement bien écrit ! Je comprends pourquoi Cunningham a écrit The hours, car son amour pour Virginia Woolf transparait à chacune des lignes. Il y a la même poésie, ce rythme des phrases sans fin au fur et à mesure des pensées. Et la culture de littérature anglo-saxonne de l'auteur est impressionnante, imprégnant les pages.

 

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Lu dans le cadre du mois américain.

Amerique

 

Lu dans le cadre du challenge New-York

challenge-ny-12

 

Lu dan

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 08:00

Beastly.jpg"I knew why Will had suggested the book of course, because Quasimodo was like me, locked away somewhere. And in my fifth-floor room, watching over the city, I felt like him. Quasimodo watched the Parisians and a beautiful gypsy girl, Esmeralda, who danced far below. I watched Brooklyn."


Dans un lycée privée huppé de New-York, Kyle est un peu la méga star. Son père est un richissime présentateur de télé à succès, il est beau comme un dieu grec, sort avec la pétasse, la blondasse  la jolie fille de la classe et est la coqueluche de sa classe.

Et en profite donc pour être odieux avec les autres, ceux qui ne sont pas aussi beaux et riches que lui, que ce soit la nouvelle femme de ménage de son père, les profs, ou les filles pas très jolies de sa promo…

 

Parce qu’il s’est moqué d’une fille étrange de sa classe, gothique et laide, il sera transformé en bête poilue ; parce qu’il a eu un mouvement de bonté pour une élève pas très jolie, il lui sera donné un espoir de rédemption : il lui faut parvenir à aimer et se faire aimer malgré son physique bestial et échanger un vrai baiser d’amour, d’ici deux ans. Sinon, la malédiction sera éternelle…

 

Bien sûr, vous aurez reconnu le thème de la Belle et la Bête, à la sauce Young Adult Fiction et modernisé pour les besoins de la cause. J’ai trouvé la modernisation assez bien jouée pour certains aspects (notre Bête isolée découvre le chat pour rencontrer d’autres personnages de contes de fées, par exemple). En revanche, l’aspect « star du lycée, Gossip Girl, fric à gogo et parents absents » m’a semblé  facile. Je me lasse un peu de ce poncif dans la fiction actuelle pour ados …

 

En revanche, ce que j’ai adoré, c’est la place de la littérature : ce roman est un hommage à la lecture comme moyen de s’embellir « de l’intérieur » et ça, c’est merveilleux. Dans sa solitude, la Bête est rejointe par un professeur particulier, Will, un jeune homme passionné de littérature et qui va aider la Bête à se sortir de sa dépression, à l’aide de romans particulièrement tournés vers le questionnement de la beauté et de la monstruosité.

 

Le roman s’inspire énormément de la Belle et la Bête de Cocteau. On retrouve souvent des références qui m’ont fait penser à ce film magnifique : la tempête, la roseraie … Hélas, le roman manque parfois un peu d’ambition et a du mal à se détacher de cet illustre ancêtre.

 

Au final, j’ai un avis assez mitigé sur ce roman : il y a d’excellentes choses , qui auraient mérité d’être plus fouillées et des facilités qui, sans me déranger, m’ont un peu ennuyée.

 

Lu en anglais

Lirenanglais

Lu dans le cadre du challenge Fairy Tales sur whoopsy-daisy

fairytale

Et du challenge Once upon a time

OnceUponATime

 

Et, même si ce n'est pas l'aspect principal du roman, il se passe à New-York

challenge-ny-12

qui est une ville des Etats-Unis

Amerique

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