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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 08:37

SN.jpgContinuons dans les contes de fées, avec mon avis sur le film Blanche-Neige et le chasseur. Décidément, ce conte est à la mode en ce moment, se retrouvant à la base de Once Upon a Time, dans deux adaptations cinématographiques, et dans le seul passage lumineux du Livre des choses perdues.

J'avais zappé la première adaptation : trop de couleurs, trop de crème, trop de sourire sur le visage de Julia Roberts et de vide dans le regard de Lily Collins ; préférant me concentrer sur la seconde, dont la bande annonce sombre et grandiloquente me parle beaucoup plus.

Le conte y est un peu remodelé, par rapport au modèle classique. Le père veuf de Blanche-Neige se remarie avec une sorcière belle et blonde, dont la relation avec son frère est malsaine (Game of thrones ? Cersei ? Jaime ? Mais pardon, je m'égare). Dès la nuit de noce, elle tue le roi, prenant sa place le lendemain et déversant la mort et la désolation sur le royaume. La fille du roi est jetée dans un cachot sombre, d'où elle peut voir des jeunes filles revenir abominablement vieillies de leurs entretiens avec Ravenna, la reine et sorcière.

Bien sûr, elle finit par s'enfuir, et elle atterri dans une forêt maudite et sombre, dans laquelle une seule personne peut pénétrer : un chasseur alcoolique depuis que sa femme a été tuée par Ravenna. Comme dans tout bon film hollywoodien, le chasseur va tomber amoureux de la jeune fille après quelques scènes de confrontation et la protéger dans la reconquête de son royaume.

 SN1.jpg

C'est un film qui a de très grandes qualités, et d'immenses défauts. La réécriture du conte est extrêmement bien faite et crédible. Les variations sur le thème principal (la pomme, par exemple, ou les nains) sont bien introduites et redonnent une certaine jeunesse au conte. Les images, des actrices aux costumes, des effets spéciaux aux paysages d'Ecosse, sont magnifiques, des tableaux à part entière.

Mais le film manque souvent d'originalité. Les scènes fortement inspirées du Seigneur des Anneaux sont légions et j'ai presque pris comme un jeu de faire correspondre les passages du film au volume du SDA dont elles sont adaptées. Pire, un passage entier de Princesse Mononoké est repris, et, ce qui passe bien dans un animé peut sembler dramatiquement kitsch dans un film.

 SN2.jpg

Mais le film est sauvé par la majorité de ses acteurs : Charlize Theron est une Ravenna merveilleuse, belle et brûlante comme la glace, dangereuse, avec une pointe de folie qui gagne petit à petit. Même dans les scènes avant qu'elle ne se dévoile, son regard porte une froideur qui laisse présager le pire.

A mon grand étonnement, Chris Hemsworth fait un chasseur tout à fait pertinent. Son alcoolisme, son désespoir laissent peu à peu et avec beaucoup de finesse place à la tendresse pour Blanche-Neige et au courage de renverser le monde. Je ne m'attendais pas à un jeu aussi complexe pour cet acteur et m'en réjouis.

 SN3.jpg

Mais reste l'actrice principale, celle qui se fait complètement effacer de ce film : Kristen Stewart. Je ne l'avais vu dans aucun film, et partait sans préjugés. Je la trouve absente, inexistante, passive, sans émotion. Elle ne dote son personnage d'aucune personnalité, d'aucun trait de caractère. Et les quelques fois où elle joue une émotion (son réveil, son couronnement, par exemple), elle se contente d'une bouche entrouverte, et de profondes inspirations qui me font plus penser à une crise d'angoisse qu'à autre chose...

 

Au final, je sors de ce film avec un avis mitigé : il y a des passages excellents, des scènes qui m'ont profondément marquée, et d'autres que j'ai trouvées faiblardes et ridicules.

Drôle de sensation...

 

Rentre dans le cadre du challenge Once upon a time

OnceUponATime

 

 

 


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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 00:00

Marginall.jpg

"It’s just money.  It’s made up.  Pieces of paper with pictures on it so we don’t have to kill each other just to get something to eat."

Une banque, un après-midi d'automne, à New-York. Deux juniors, Peter et  Seth, assistent surpris à un événement curieux : la moitié des personnes travaillant à leur étage se font virer devant leurs yeux. Quoiqu'elles aient été en train de faire, elles abandonnent tout et ne bénéficient que de quelques minutes pour emballer leurs biens personnels - tout ce qui appartenant à l'entreprise, téléphone compris, devant y rester.

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Le propre chef de Peter et Seth, Eric Dale est viré, alors qu'il travaillait sur un travail personnel. En partant, avec une hésitation, Dale transmet à Peter une clé USB en lui demandant de finir le travail, avec ce seul mot "Be careful". Le soir venu, alors que ses collègues vont se souler dans un bar, Peter reste seul à regarder le contenu de cette fameuse clé USB. Et découvre la raison du "be careful" : les calculs de Dale démontrent que les investissements de la banque dans les subprimes la mettent au bord du gouffre.

Il rappelle le supérieur hiérarchique de Dale, Emerson, qui revient avec Seth. Et d'Emerson jusqu'au grand patron, John Tuld, toute la hiérarchie de la banque va revenir au milieu de la nuit, pour prendre au final la décision de vendre les actifs toxiques - et créer ainsi la crise financière dans laquelle nous sommes encore aujourd'hui.

 

MarginCall2.jpg

 

C'est un film que j'ai énormément apprécié. Il m'a beaucoup fait penser à The Social Network, par la tension qu'il arrive à créer dans une simple salle de réunion. Même en connaissant la fin, je me suis surprise à espérer que la découverte de Peter et Dale soit anodine. J'ai frémis, souvent, face à l'inhumanité de ce monde : la première scène en est un exemple flagrant, le défilé des RH qui vire sans frémir, suivi du discours remobilisateur de chef à base de "vous êtes des survivors.", comme peut l'être l'égoïsme de Seth ou les propos désincarnés de John Tuld sur l'argent.


"Shit, this is really gonna affect people."


Sans trop en dire, en laissant au spectateur le soin de remplir les non-dits, Margin Call en dit plus sur le monde de la finance et les pulsions qui le traversent que le meilleur des documentaires.

 

MarginCall1.jpg

 

C'est surtout un film servi par d'excellents acteurs, de Penn Badley (que je suis heureuse de découvrir dans autre chose que Gossip Girl) à Jeremy Irons (iconique), en passant par Demi Moore (magistrale en ambitieuse ayant tout sacrifié), Stanley Tucci, Kevin Spacey, Paul Bettany et surtout Zachary Quinto que je découvre ici. Ils donnent tous énormément d'humanité à leurs personnages, et montrent avec talent leurs égoïsmes et leurs faiblesses, avec une forme de tendresse.

 

 

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 08:15

la_mort_aux_trousses.jpgRoger O Thornhill est un publicitaire à la Mad Men. Élégamment habillé d'un complet gris clair, il dicte des informations à sa secrétaire, en allant boire un verre au bar d'un hôtel avec des amis avant de rejoindre sa mère pour aller au théâtre.


Mais voilà que le bât blesse : alors qu'il se lève pour envoyer un télégramme à sa maman, il est confondu avec un dénommé Kaplan, molesté, enlevé, emmené dans une demeure un peu à l'écart, et là, impossible de convaincre ses geôliers qu'il n'est pas le fameux espion introuvable aux multiples identités.

Se lance alors une course poursuite entre le héros, qui cherche Kaplan (qui est le seul à pouvoir démontrer qu'il n'est pas Kaplan) et les méchants à la poursuite de Thornhill qu'ils pensent être Kaplan.

Et comme si ce n'était pas assez compliqué comme ça, une dernière révélation sur le gateau : Kaplan n'existe pas, c'est un personnage créé par les Services Secrets pour brouiller les pistes et ils sont bien trop heureux que quelqu'un se présente et endosse le rôle.


Bref, notre ami est dans la mouise...

la-mort-aux-trousses2.jpg

 

Alors que je n'aime pas trop d'habitude les films de gangster et d'espions, j'ai pris beaucoup de plaisir à regarder celui là. Déjà parce que le personnage principal n'est pas un agent secret, mais un quidam, un monsieur tout le monde qui se retrouve embarqué dans cette histoire et qui essaie de s'en sortir tant bien que mal. Très naïf, innocent, un peu pataud avec sa carrure immense, Carrie Grant est un régal à regarder. Il surjoue avec un côté presque cinéma muet.

Aux côtés d'une Hitchcock girl sans beaucoup d'intéret, il y a LE méchant. Et là, LE méchant est joué par James Mason, celui là même qui jouait Humbert Humbert dans le Lolita de Kubrick et, oh ! By Jove ! (oui, c'est le genre de film qui donne envie de dire "By Jove !"), il est toujours aussi extraordinaire. Il joue un méchant complexe, à la fois terrible et implacable, mais doté d'une fragilité qui le fera tomber.


la-mort-aux-trousses4.jpg

 

Et certains plans sont justes inoubliables. Si certains (Carrie Grant conduisant soul sur une route côtière, en mauvaise incrustation sur le fond) sont franchement loupés, d'autres s'ancrent dans l'histoire du cinéma, comme lorsque Thornhill, attendant Kaplan sur une route de campagne, est poursuivi par un avion venu pour le tuer ou quand il perturbe une vente aux enchères. Les jeux d'ombre, sur les regards, voilés ou montrés, sont admirables eux aussi.

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Du grand cinéma, et, du cinéma qui donne le sourire !

 

Vu dans le cadre du challenge Fifties sur whoopsy-daisy

fifties

et du Challenge Hitchcock

Hitchcock

 

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 19:00

GhostMrsMuir1.jpg"You must make your own life amongst the living and, whether you meet fair winds or foul, find your own way to harbor in the end."

1900, à Londres. Mrs Muir, veuve depuis un an, prend une décision importante qui va bouleverser sa vie : elle quitte sa belle-mère et sa belle-soeur (de vrais personnages secondaires à la Jane Austen) pour aller s'établir au bord de la mer, avec sa fille Anna et sa bonne Martha.

Sur place, une maison l'attire plus particulièrement, mais l'agence semble particulièrement réticent à la lui louer. Et quand elle finit par la visiter, un rire sardonique retentit : la maison est hantée ! Qu'importe, le coup de coeur de Mrs Muir est telle qu'elle décide de s'y installer quand même. Dès le premier soir, elle rencontre le fantôme, à qui elle tient tête avec courage. Le fantôme, un ancien capitaine, veut la faire partir de la maison pour qu'on en fasse un asile pour les marins blessés. Elle, elle souhaite y habiter et ne se laissera pas faire.

De fil en aiguille, séduit par le courage de la jeune femme, le Capt'n tombe amoureux, et l'exprime d'une manière si verte que Mrs Muir ne peut s'empêcher d'être séduite.

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Voilà un sublime petit bijou de comédie romantique. Vous voulez une héroîne forte et courageuse ? Vous l'avez. Un héros viril et sensible ? Vous l'avez (et y'a pas à dire, les capitaines barbus, c'est plus séduisant que les vampires imberbes....). Une histoire d'amour impossible ? Y'a-t-il plus impossible qu'une relation entre mort et vivante ?

Et quel charme dans ses promenades romantiques le long de la côte anglaise, dans ce fantôme qui apparait et disparait, dans ces discussions bâtons rompus, et dans cette merveilleuse et charmante romance...

Il y a, bien sûr, quelques défauts. L'histoire avec Uncle Neddy que je ne trouve pas nécessaire, en particulier, et un tableau bien laid qui en résulte. Mais ils sont bien minimes face au charme général du film

 

GhostMrsMuir.jpg

Et puis, j'ai toujours eu un faible pour les marins

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et pour les robes de la Belle Epoque...

 

Vu dans le cadre du challenge Back to the Past de   de Maggie et Lou !

Backtothepastcup

 

 


 

 

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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 08:34

Detachment.jpg"You have no reason to be angry with me, because I'm one of the few people that see and try to give you an opportunuity."


Henry Barthes est un prof remplaçant, spécialisé dans les collèges les plus difficiles. "Détaché" de l'Education Nationale, il l'est aussi de sa vie, habitant un appartement sans âme, allant deci-delà et ne s'attachant à personne, si ce n'est à son grand-père, un vieillard en maison de retraite à laquelle il apporte chaleur et réconfort. Son grand-père ne se remet toujours pas de la disparition de sa fille, la mère d'Henri dont les nuits sont troublées par les souvenirs d'enfance dans laquelle il apparait.

Dans cette nouvelle classe, dans cette nouvelle ville, il va faire deux rencontres, deux jeunes filles qui vont attendre de lui soutien et affection, émotions dont il se protège. La première est une élève de sa classe, brillante et obèse, donc dévouée aux remarques désobligeantes de ses camarades de classe et de son père. Mais la petite est douée d'une sensibilité hors du commun. La seconde est une très jeune jeune prostituée, presqu'une enfant sauvage qu'il prend sous son aile comme un grand frère.

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C'est un film terrible, une mise en accusation de la société américaine, d'abord par son école : profs insultés, méprisés par les parents, agressés par les élèves ; élèves en désherence totale, en désespérance, sans avenir, avec ou sans diplôme. Ecole de la solitude, où règne la loi du plus fort. Au milieu de cette jungle sauvage, Henry et son costume tiré à quatre épingles, son amour de la littérature hors de propos, mais tellement nécessaire.

Detachment2.jpg

C'est étonnant que ce film soit sorti à quelques mois de Shame, car ils traitent du même sujet : la solitude. Comme si après des décennies d'individualisme, l'Amérique se rendait compte qu'il porte en lui ce corollaire. Solitude chez ce vieil homme qui meurt sans la personne qu'il aimait le plus, sa fille. Solitude chez cette adolescente surdouée et mal dans sa peau. Solitude chez ce professeur mal-aimé rentrant en famille pour trouver encore plus de solitude, femme et fils mutiques devant la télévision.

De la solitude, Henry ne s'en sort qu'en apprenant à s'attacher à cette prostituée, Erica. Comme dans Shame, dont le héros réapprenait la nature de l'amour grâce à sa soeur. Deux relations qu'il serait intéressant de mettre en parallèle, ou en confrontation. Deux hommes seuls s'engageant dans une relation fraternelle avec une femme perdue. Deux relations où l'un a un rapport assidu au sexe (Shame via la maladie de Brandon, Detachment via le métier exercé par Erica). Deux femmes mal dans leur peau, mal insérrées dans la société, qui vont venir s'incruster dans le coeur de ces hommes possédant un statut social, et les aider peu à peu à dénouer les fils de leur mal-être.

 

Je n'ai pas parlé du jeu d'Adrian Brody, extraordinaire en donnant corps et âme à cet homme, ni des derniers images, bouleversantes. Mais j'espère vous avoir convaincus que Detachment est un film à voir.

 

 

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 18:40

 

HolySmokeJaneCampionLors d'un voyage en Inde, Ruth, une jeune australienne, rencontre un guru et est immédiatement bouleversée. Elle décide de s'y installer et de coonsacrer sa vie à honorer le saint homme, ce que sa famille ne voit pas d'un très bon oeil. Après l'avoir fait rentrer en Australie (sous le prétexte mensonger de l'agonie de son père), ils la confient à PJ  Waters, un spécialiste de la déprogrammation spirituelle qui, en trois jours, selon un planning très organisé, devrait effacer l'influence du guru. Enfermés dans une maisonette au milieu du désert, Ruth et PJ forment un huis-clos fascinant - surtout que PJ n'avait pas prévu une chose : l'influence que Ruth pourvait avoir sur lui.

 

Encore une fois, un film de Campion que j'ai adoré. J'ai savouré ces images de l'Inde, de la foule et de l'agitation qu'elle filme aussi bien qu'elle filmait la forêt dense et luxuriante de la Nouvelle Zélande, ou le calme mortel du désert. La caméra est vive, rapide, nerveuse, n'hésitant pas à faire quelques ellipses. Mais certaines scènes, cruciales, sont examinées avec la minutie du savant, guettant sur les traits de Ruth ses moindres pensées.

Car l'enchantement de ce film, comme systématiquement quand elle joue, c'est Kate Winslet. Jeune, fragile, rebelle, vivante, oh, combien vivante, adolescente rebelle et tendre, garce adorable ... J'ai été impressionnée par la densité qu'elle donne au personnage de Ruth, par la manière dont elle donne, couche après couche, une terrible réalité à la jeune fille. Si bien qu'Harvey Keitel en face semble un peu trop fade : mais comment tenir entre des mains ce feu follet violent et délicat qu'est Ruth ?

HolySmoke.JPG

Etonnament, c'est un film drôle : la famille de Ruth, vulgair, dysfonctionnelle, pas très fine, semble un exact contre-point à Ruth elle-même, et sa fuite en Inde semble d'un seul coup beaucoup plus crédible. On voit cette famille, chaleureuse et pesante comme à travers le regard de cette post-ado, qui ne peut s'empêcher de les aimer et de les juger.

Mais cet humour est peut-être l'un des deux petits défauts du film. Un peu gras, un peu vulgaire, un peu lourd, il éloigne de la poésie et de la fascination qui lient Ruth et PJ.

 

HolySmoke2.JPG

 

L'autre défaut ? Trois fois rien, pas plus de 20 secondes sur toute la durée du film : les scènes de ravissement hindou me sont ultra kitsch et m'ont fait rire - alors que je suis bien consciente que ce n'était pas le but du film.

 

Mais ces détails mis à part, ce film est un must-see !

JaneCampion2

Vu avec Sabbio !

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 08:00

Eden1jpg.jpg

Ce film raconte une quête d'amour, et le terrible abandon que ressent celui qui aime sans être aimé. Il se passe en 1917, dans une petite ville de l'est des Etats-Unis et comprend trois personnages : un père, Adam, et ses deux fils jumeaux, Aron et Cal. Tandis qu'Aron représente le fils parfait, sage, raisonnable, affectueux, fiancé à une parfaite petite jeune fille, Abra, Cal est un rebelle mal dans sa peau, plein de violence et de brutalité refoulée. Hélas, Adam ne se reconnait qu'en Aron, et néglige Cal qui en souffre terriblement. Cal retrouve sa mère qu'il croyait morte et qui en fait a fui la demeure familiale après la naissance de ses fils, pour aller tenir un bar louche, loin de la pureté biblique d'Adam. Cal croit reconnaître en elle le mal dont il sent affublé, mais cherche toujours à se faire aimer par son père - sans succès.

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C'est un film bouleversant. Le thème de l'enfant mal-aimé qui le sous-tend est terriblement émouvant. James Dean joue un être blessé, désespéré, certain de ne pas avoir de place dans la société, persuadé qu'il ne pourra jamais être aimé, lui qui est si différent de son frère. Découvrant sa mère, il fonce dans l'autodestruction, sans voir que sa destruction affectera les siens.

Eden2.jpgMais son père et son frère sont-ils innocents ? Parfaits, justes, scrupuleusement honnête, suivant à la règle les principes de la Bible, ils sont en fait d'une cruauté froide sans pareille. Rejettant les défauts de Cal, cherchant à le corriger, ils ne font en fait que isoler leur fils ou leur frère, et rendre sa vie impossible.

 

Au final, c'est le chef d'oeuvre d'un homme, d'un très jeune homme, qui parait dans ce film : le jeu d'acteur de James Dean est extraordinaire, montrant trop de talent pour qu'on imagine que les failles de Cal sont aussi celles de l'acteur.

C'est malin, j'ai envie de voir La fureur de vivre maintenant !

 

Vu dans le cadre du challenge I love the Fifties sur whoopsy-daisy !

fifties

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 10:00

takeshelter.jpg

Dans le midwest américain, vit une famille heureuse. Curtis LaForche, un ouvrier travaillant dans une carrière, vit avec sa femme Samantha et ils soignent leur petite fille, Hannah, sourde. Leur quotidien est celui de nombreuses familles, la joie de vivre ensemble, les beaux-parents désagréables, les soucis d'argent pour soigner leur fille...

Mais une nuit, Curtis se met à faire des rêves atroces, d'une tempête qui dévasterait tout et dont les gouttes jaunes rendent fous hommes et bêtes, forcant Curtis à protéger sa fille à tout prix. Au réveil, le matin, Curtis est encore sous le choc de ses cauchemars et plie sa vie à se conformer à ses craintes en préparant un abris pour se protéger de la tempête. Petit à petit, des visions lui viennent même quand il est éveillé...

Est-il visionnaire ? Un Cassandre que personne n'écoute ? Ou est-il fou, la schizophrénie qui a touché sa mère le contaminant à son tour ?

Hésitant entre ces deux options, dans une famille qui frôle le délitement, dans un cadre social qui s'effondre, le film est un chef d'oeuvre. Il joue avec nos nerfs jusqu'à la fin, alors même qu'on sait que la fin ne pourra qu'être dramatique : ou la fin du monde approche, ou Curtis est fou et sera interné. Et le talent de Michael Shannon, qui passe imperceptiblement du bon père de famille rassurant et solide à l'être malade d'angoisse et de folie n'est pas pour rien dans la réussite du film. Jessica Chastaing, toute de grâce et de délicatesse, mère de famille et compagne tendre et douce, lui est un pendant parfait.

takeshelter1.jpg

Il y aurait mille choses à dire sur ce film. Sur la vision de l'Amérique profonde, de ces petites familles dans leurs pavillons, de l'amitié qui unit les foyers, mais qui abandonne bien vite celui de ses membres qui se distingue. Sur l'incompréhension que rencontre Curtis quand il parle de ses cauchemars et la manière dont il est exclu de la société. Sur la très belle relation qui l'unit à sa femme, sur cette famille douloureuse et soudée, débordant d'amour et de tendresse. Sur l'isolement qui les touche peu à peu, dans cet abris sous-terrain et sur la beauté du soleil. Sur l'immensité des espaces et la petitesse du refuge. Sur ce que Curtis fait subir à la terre, en la trouant et en la perçant, et la manière dont la nature se venge...

C'est un terrible portrait de notre société, se repliant sur sa famille, son foyer, craignant le regard et la société des hommes, et tremblant que la Nature se venge (ou pas) un jour.

 

 

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 12:51

ThePianoJaneCampion.jpgAngleterre - période victorienne. Une femme, Ada, muette depuis l'enfance, ne s'exprime que par son piano, dont elle joue avec talent et émotion. Son père la marie à un homme vivant au delà des mers, en Nouvelle-Zélande, sans qu'elle n'ait jamais vu que sa photo.

Elle part pour cette terre sauvage et ce mari inconnu, Alistair, avec sa fille (est-elle veuve ? Fille mère ?) et ses biens, ses crinolines, ses chapeaux et son piano. Arrivée sur une vaste plage, elle attend une nuit, avant que Alistair, son ami Baines et les porteurs indigènes ne parviennent à elle. Ses nombreuses caisses sont embarquées, mais le piano reste sur la plage : il n'y a pas assez de porteurs.

Dès cette première rencontre, une méfiance nait entre Ada et Alistair : elle ne lui pardonne pas d'avoir laissé son piano, son moyen d'expression ; il ne comprend pas cette femme si peu adaptée à la vie locale, et si étrange, sauvage, comparée aux autres femmes du village.

thepiano1.jpg

Mais Baines, l'ami, le blanc qui s'accoquine avec les maoris, est fasciné par Ada, son regard sombre et ses ses cheveux bien coiffés. Il récupère le piano, l'achète à Alistair avec une terre, et le revend, touche par touche à Ada, en échange de séances de piano sensuelles...

 

C'était la seconde fois que je voyais ce film et j'en connaissais l'histoire - même si certaines scènes m'ont encore semblées insoutenables. Je me suis donc perdue dans  la beauté de l'image, de cette nature sauvage, de la musique enchantée au piano, de la beauté marquée des corps et des visages, Ada, Alistair, Bairnes. Certaines scènes sont d'une beauté suréaliste, comme la vue de ce piano gisant abandonné sur une plage aux vagues immenses, la grâce d'Ada jouant passionnément sur ce piano et sur cette même plage.

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C'est une splendide histoire sur la manière de communiquer, sur tout ce qui peut se dire et qui ne passe par les mots, mais par les sons, la sensualité et l'émotion. Entre la société victorienne, froide et restreinte, et la société maori, où tout est communication, jusqu'aux tatouages sur les visages. Et Ada ne se sort de la première qu'en refusant le mode de communication "normal" : la parole.

Il y a une beauté monstrueuse dans le fait de superposer une époque victorienne raffinée et guindée et cette nature sauvage, immense, envahissante, sublime et boueuse. Ces hommes, ces femmes anglais ne semblent que des pustules sur le dos d'une forêt à laquelle les maoris appartiennent. Hélas, le "progrès" est en marche ...

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Et ce piano participe à la juxtaposition surréaliste (quoi de plus complexe qu'un piano - si ce n'est une crinoline ?), et en même temps, à une réalité plus profonde : en créant de la beauté, en partant chercher au plus profond de ses émotions, Ada lui donne une place dans cette nature sauvage.

 

 

Vu en visionnage commun avec ma chère Sabbio. D'autres films à venir ...

JaneCampion2

 

Et vu dans le cadre du challenge Back to the past !

backtothepast

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 08:00

JaneEyreaffiche.jpgJ'ai eu la chance de voir cette adaptation au cinéma, grace au Champollion qui la repassait la semaine dernière,et j'ai été enchantée ...


(Ce billet n'est qu'un immense spoiler de Jane Eyre. Si vous ne l'avez pas encore lu, ne lisez pas ce qui suit. Mais lisez le roman, en revanche !)


Pour tenir dans la petite heure et demi dévolue au film, les scénaristes ont fait de grandes coupes dans l'histoire. La jeunesse de Jane est montrée très rapidement, certains passages sont mis de côté, voire même réécrit. Ainsi, nulle épidémie ne frappe l'Ecole, et Brocklehurst reste directeur de l'établissement jusqu'à la fin des études de Jane.


La fin est encore modifiée de façon plus flagrante, Les Rivers disparaissant complètement.

 JaneEyre1.jpg 

Mais finalement, ces coupes allègent le livre et rendent l'histoire plus centrée sur l'amour entre Jane et Rochester ...

 

Rochy.jpgEt là, c'était merveilleux ... Joan Fontaine est une très jolie Jane, mignonne et naturelle, sans la beauté écrasante (et boursouflée) de Miss Blanche. Quant à Orson Welles ... Je n'imaginerais maintenant Rochester que sous ses traits... Dès les premières scènes, il se montre rustre et grossier avec Jane. Mais sous cette apparence d'ours, il laisse transparaître toute la tendresse et l'affection qui ne se déploiera que dans les quelques semaines avant le mariage. Il n'est pas un acteur qui joue bien Rochester, il est Rochester.

(même si j'avoue que la scène de la déclaration est beaucoup trop kitsch, et que je préfère celle de la mini-série)

 

JaneEyre4.jpg

 

Et la photographie ... Oh my ! Cette photographie m'a subjuguée, ce noir et blanc profond, ces plans cadrés comme des tableaux d'art moderne, ce château gothique, immense et effrayant, ces ombres et ces lumières, cette lumière sur le visage de Jane et cette ombre sur celui de Rochester, avec juste le blanc de ses deux yeux ...

Janeyre1944

En deux mots comme en cent : encore ...

 

Vu dans le cadre du mois anglais chez Lou, Titine et Cryssilda

Moisanglais1Et du challenge Back to the Past, chez les mêmes Titine et Lou, catégorie Cup of tea !

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  • : Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
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Envie de vacances, de bouquinage dans un jardin anglais, de farniente...

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Mon planning

Janvier 2013

Lecture commune approximative : Imposture, de Benjamin Markovits, avec George

 

9 Janvier 2013

Lecture commune : Silvia's lovers, de Gaskel, avec Titine

 

20 Janvier 2013

Lecture commune : Les Chouans, de Balzac, avec Maggie, Nathalie , Cléanthe et Marie

 

Février 2013

Lecture commune : La fausse maîtresse, de Balzac, avec Marie

 

4 Mars 2013

Lecture commune : Le temps des métamorphoses, de Poppy Adams, avec Tiphanie, Soukee et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : The scarlett letter, de Nathaniel Hawthorne, avec Noctenbule et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : Quelle époque !, de Trollope, avec Adalana, Shelbylee, Maggie et Titine

 

Avril 2013

Lecture commune : Les vagues, de Virginia Woolf, avec Cléanthe , Anis et Titine


21 Juin 2013

Lecture Commune : Petite soeur, mon amour, avec Valérie

 

 Juin 2013

Lecture de L'Argent, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Juillet 2013

Lecture de La débâcle, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Août 2013

Lecture de Le Docteur Pascal, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

7 Novembre 2013

Lecture de Le dernier Homme de Camus, dans le cadre du défi Albert Camus

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