Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
Hugo Cabret commence comme un roman de Dickens : le jeune garçon, orphelin, est confié à un oncle ivrogne. L'un des rares souvenirs qu'il garde de son père lui est confisqué pour être brûlé par le marchand de jouets chez qui il tentait de dérober une souris mécanique.
Mais si Dickens est présent, Jules Verne n'est jamais loin : Hugo, qui remplace son oncle dans la tâche de remonter les immenses horloges de la Gare du Nord, passant son temps dans leur gigantesques rouages. Et l'autre souvenir que lui a légué son père est un automate, de la taille d'un enfant, qu'il tente de réparer.
C'est un film que j'ai trouvé très littéraire, à la manière de ces romans populaires du XIXème siècle. Son histoire, bien sûr, joue dans cette impression, ainsi que la galerie de personnages secondaires qui le peuple. Ces derniers sont souvent caricaturaux, symbolisant qui le méchant gardien malheureux, qui la douce et gentille fleuriste, qui le couple d'amoureux vieillissants.
Mais c'est également un film très cinématographique. Son sujet - la naissance du cinéma - et l'hommage rendu à Méliès mettent évidément cette thématique au coeur du film. Et il y a les madeleines de Proust que Scorcese distille à plusieurs reprises, de la séance de cinéma en catimini à l'installation religieuse de la caméra, en passant par le cliquetis des projecteurs de cinéma - une bouffée de nostalgie qui remonte à la surface.
Et pourtant, ce film est totalement moderne : c'est la première fois (la seconde en compte Coraline, un dessin animé) que je vois la 3D aussi bien exploitée dans un film. Des merveilleux engrenages qui prennent vie autour de nous à la neige tombant en lourds flocons sur Paris et la salle de cinéma, ou délicieux sentiment de vertige en se penchant de la tour de l'horloge ... Cette fois, cette technologie apporte réellement quelque chose à l'esthétique du film, et transporte le spectateur dans un monde imaginaire.
Car finalement au delà de la littérature ou du cinéma, de l'origine ou des développements plus récents du septième art, ce que ce film montre, c'est l'importance de l'imaginaire, de la fantasie, des histoires, tout simplement; dans la construction et le bonheur d'un être humain, qu'il ait neuf ans ou quatre-vingt dix.