"My kind of women needs a man. Not for sex. Oh, I like a good screw. But I've had my share; I can do without it. But I can't live without a man. Women like me have no other focus, no other way of scheduling our lives; even if we hate him, even if he's an iron head with a cotton heart, it's better than this footloose routine. Freedom may be the most important thing in life, but there's such a thing as too much freedom. And I'm the wrong age, now, I can't face all that again, the long hunt, the sitting up all night's at Elmer's or Annabel's with some fat greaser swimming in a sea of stingers. All the old gal pals asking you to their little black-tie dinner and not really wanting an extra woman and wondering where they're going to find a suitable extra man for an aging broad like Ina Coolbirth. As though there were any suitable men in New-York. Or London. Or Butte, Montana, if it comes to that. They're all queer. Or ought to be. That's what I meant when I told Princess Margaret it was too bad she didn't like fags because it meant she would have a very lonely old age. Fags are the only people whe are kind to wordly old women."
La plume de Capote m'évoque toujours une journée d'automne, de fin septembre ou début octobre, quand la splendeur de l'été recule, que les feuilles mortes ne sont que le témoignage de leur beauté passée, mais que, dans la douceur persistante de l'air, l'éclat persistant du soleil, demeure un reste de la belle saison.
C'est un peu cela que raconte Answered prayers : les derniers restes d'une aristocratie qui mêle naissance, éducation, et culture, mais déjà souillée par les cocottes. Après tout, l'héritier des grands écrivains, n'est-il pas en même temps un gigolo ?
"Afterwards, whenever I encountered Camus at the Pont Royal, and once at a Gallimard garden party that I gate-crashed, he always nodded and smiled encouragement."
Est-ce un roman ? Est-ce une confession ? des mémoires ? Le héros et narrateur, PB Jones est-il Capote ou est-il un narrateur fictionnel ? Oscillant entre la vie d'un prostitué bisexuel, et celle d'un jeune auteur en devenir, le narrateur entre dans toutes les classes de la société, de l'éditrice qui le publie en échange de faveurs sexuelles à la femme mystérieuse, malheureuse, épouse d'un homme riche et cruel dont il tombe amoureux.
Ce livre, empreint de vérité, d'anecdotes réelles, a mis Capote au ban de la société, au ban de sa société. Mais, même si on l'ouvre en cherchant des bouts d'histoire (et on en trouve, Capote faisant apparaître des personnes historiques à l'intérieur, des écrivains français à Wallis Windsor, en passant par Gertrude Stein), on y trouve quelque chose d'encore plus vrai, des fragments d'âme humaine dans ce qu'elle peut avoir de plus vile, de plus noble, de plus pur, de plus sale.
"'Mon Dieu', said Mme Apfeldorf, making a sign of the cross. 'She must bee a very frightened woman'
'Not frightened. Despairing, even suicidal perhaps; but she wears a jovial mask convingly.' "
Certaines descriptions (la première de ce billet ou celle juste au dessus) rappellent celle d'Holly Golightly, et me convainquent encore plus que l'interprêtation d'Audrey Hepburn dans Diamants sur canapés, pour charmante qu'elle soit, manque cruellement de la gaieté suicidaire, du désespoir joyeux de l'héroîne du roman.
L'intérêt immense de ce court livre (à peine trois chapitres) réside aussi dans le style de Capote. Sans fioriture, plutôt dépouillé, il parvient à trouver à chaque phrase le mot juste, le ton juste, le juste rythme qui créent devant nous le tableau de ce qu'il décrit :
"When I think of Paris, it seems to me as romantic as a flooded pissoir, as tempting as a strangled nude floating in the Seine. Memories of it clear and blue, like scenes emerging between a windshield wiper's languid erasures ; and I see myself leaping puddles, for it is always winter and raining, or I see myself seated alone skimming Time on the deserted terrace of the Deux Magots, for it is also always Sunday afternoon in August. [...] Admittedly, my life was not that of a workaday native; but even the French can't endure France. Or rather, they worship their country, but despise their countrymen - unable, as they are, to forgive each other's shared sins: suspicion, stinginess,envy, general meanness."
Au final, mon immense regret est que l'auteur n'a pas poursuivi son travail, son ambition d'écrire La recherche du temps perdu des années 50, de devenir le Proust américain.
Lu dans le cadre de l'animation Oh ! I love New-York, sur whoopsy-daisy
Lu dans le cadre de l'animation New-York en littérature