« Charity’s heart throbbed with delight. It was as if all the latent beauty of things had been unveiled to her. »
Charity Royall est une jeune fille vivant dans un village isolé de la Nouvelle Angleterre, North Dormer. Elle est fille adoptive de Mr Royall, et vit seule avec lui depuis la mort de sa mère adoptive. Fille adoptive, car elle vient de la Montagne, cet endroit isolé qui domine le village et où se regroupent les parias, les fille-mère, les voleurs et les assassins ; mais son père et tuteur est avocat et personnage éminent de la contrée, et Charity elle-même se considère comme la plus aristocrate des jeunes filles du village.
Charity. Royall. La misère et l’opulence. Le déshonneur et l’orgueil. Ce sont les deux facettes, les deux composantes de sa personnalité. Ce qui fait d’elle une héroine hors du commun, mais qui en même temps l’empêche absolument de vivre dans le milieu mesquin et étroit du village.
Le déclencheur du désastre est un jeune homme, un jeune architecte new-yorkais qui vient passer quelques mois d’été chez sa vieille tante. Charity trouvant enfin un homme digne d'elle tombe amoureuse, et avec son caractère, ne peut et ne sait aimer avec mesure.
En parallèle, sa relation avec son père se dégrade. Depuis la mort de sa femme, il souhaite épouser sa fille adoptive : « I’m a lonesome man. » lui dit-elle en cherchant à rentrer dans sa chambre. Plein de dédain pour le jeune Harney, persuadé qu’il causera la perte de Charity, il cherche à éloigner la jeune fille, et à faire rentrer dans le rang (si on peut parler de rang…) l’adolescente révoltée et pleine d’absolu.
« He turned her head back, feeling for the curve of her throat below the ear, and kissing her there, and on the hair and eyes and lips. She clung to him desperately, and as he drew her to his knees on the couch she felt as if they were being sucked down together into some bottomless abyss. »
C’est un roman qui ressemble effectivement beaucoup à Ethan Frome : on y retrouve le petit village de Nouvelle-Angleterre, si éloigné du New-York auquel Wharton nous habitue généralement, l’ambiance étouffante de huis-clos, le triangle amoureux, et l’espoir d’une relation amoureuse belle et sereine. Mais je n’ai pas retrouvé la perfection, la poésie sombre et romantique d’Ethan Frome. Certains passages malgré tout m’ont transportée : en particulier, la nuit du 4 Juillet, le feu d’artifice, et la découverte de l’amour de Charity et de son Harney, m’ont laissée sans voix, lisant avidement dans la rue.
Le personnage de Charity, dans sa complexité et sa richesse m’a aussi beaucoup plu. Fière et pleine d’orgueil, on dirait une reine antique qui promène son regard sur une société beaucoup trop étriquée pour elle. Et la manière dont cette société se venge est l’essence même du drame.
Malheureusement, son roi n’est pas à la hauteur : Harney est un petit jeune commun, elle à qui il aurait fallu un héros. Et le souffle du roman s’en ressent un peu...
Challenge Edith Wharton,
et du challenge 100 ans de littérature américaine