
ex æquo - sans la moue boudeuse, malheureusement : « Y’a des croissants ? »
Si je devais me limiter à trois bonnes raisons d’aller voir ce film, je choisirais :
Attention, faut pas s’attendre à aller voir un biopic, ça n’en est pas un : Joann Sfar s’autorise une variation sur le chanteur, de Ginsburg à Gainsbourg, de Gainsbourg à Gainsbarre, sur sa musique et ses rencontres, sur une époque à la fois plus coincée, et plus libre et joyeuse que la nôtre. Variation qui prend la forme d’une bande originale fantastique, qui fait revivre tout un monde, des Frères Jacques à Jane Birkin, de Vian à Brassens.
Joann Sfar est un dessinateur de BD, et ça se voit : c’est sous la plume du petit garçon Lucien, un vrai petit Nicolas, que naît le Génie de Gainsbourg, cet être étrange et sublimé qui pousse quelques années plus tard, le jeune Ginsburg à devenir Gainsbourg, et encore plus tard Gainsbourg à se vautrer dans Gainsbarre. Cet être immense, fantasmagorique et élégant, laid et séduisant, angoissant et attachant, suit les pas de son créateur durant tout le film, comme une ombre sublimée.
Alors, oui, j’ai lu à de nombreuses reprises que la fin était moins bonne que le début. Je ne l’ai pas ressenti. Bien sûr, j’ai préféré le début, et surtout le milieu du film, aux dernières scènes, à la déchéance, l’alcool, le désespoir. Mais est-ce dû au film, ou à ce qu’il représente ? Et était-ce possible de faire un film sur la légende de Gainsbourg, en omettant ces dernières strophes ?
Vous avez pu le deviner, j’ai adoré ce film, j’ai battu légèrement la cadence sur mon genou pendant une bonne moitié du film (mes voisins de ciné ont dû s’estimer heureux qu’on ait été dans un endroit public, à la maison j’aurais chanté en même temps), je me suis extasiée, j’ai trépigné, j’ai r,i j’ai même failli pleurer quand M. Ginsburg père s’effondre, ou quand le rimel de BB coule autour de ses beaux yeux.
Et un bout du meilleur moment du film : l’alcoolisme vu par Vian/Katerine et Gainsbourg/Elmosnino