
Un vieil homme courageux et humain sort de prison, après y avoir été emprisonné pour des raisons politiques durant 27 ans, se fait élire président, cherche à rassembler un peuple profondément divisé, à deux doigts de la guerre civile et trouve LA solution : le rugby.
Dans un pays déchiré, avec une misère étourdissante, le SIDA qui fait rage, de quoi se préoccupe ce saint homme ? Ce prix Nobel de la Paix ? de savoir si l'équipe nationale s'entraîne suffisament.
Franchement, cette histoire n'aurait pas été tirée d'une histoire vraie, j'aurais refusé d'y croire. Le rugby, le sport, pour rassembler un peuple ? Certes, je sais bien qu'une bonne guerre est le meilleur moyen de souder une nation qui n'ait jamais été inventé par l'esprit humain, et je sais que le sport est un succédané de guerre. Certes, j'ai bien vu la France black-blanc-beur des années 1998 (et la manière dont le soufflé est retombé dans les mois qui ont suivi), mais régler les problèmes de l'Afrique du Sud en gagnant une coupe du monde de rugby ? J'ai du mal à y croire...
C'est pourtant ce qui s'est produit (oui, j'ai été vérifié sur wikipédia, et oui, cet épisode y est), et c'est ce que raconte Invictus. Tout y est, la rencontre entre Mandela et François Pieenar, capitaine des Springboks, la manière dont le premier ensorcelle le second, les entrainements, les matchs et la victoire à portée de bras, la coupe et FIN. Ce qui suivra cette coupe du monde, si ce rapprochement aura été durable, si les problèmes sociaux auront été réglés, si la bonne noire des Pienaars sera considérée comme un être humain après leur sortie commune du stade, nous n'en saurons rien.
Heureusement, on a droit à quelques aspects de la vie de Mandela en dehors de ce minuscule épisode. Les quelques passages le montrant dans le privé, avec sa dircab ou sa bonne sont très émouvants. Le portrait de ce vieil homme, si bon et si doux, mais si solitaire est très beau. Et Morgan Freeman joue un Mandela plus vrai que nature, époustouflant, émouvant, grandiose et humain.
J'ai beaucoup aimé l'histoire des gardes du corps, au second plan du récit : ces 8 hommes, 4 noirs, 4 blancs, fait pour se détester et se mépriser, qui en travaillant de concert, dans un même but, parviennent à s'estimer et même à s'aimer. Aux marques de rejet et d'incompréhension, succèdent petit à petit la camaraderie de ceux qui prennent des risques ensemble, le tout sous la tutelle bienveillante de Madiba pour les noirs, de Sir pour les blancs. J'ai finalement trouvé ce passage beaucoup plus intéressant que le tournoi de rugby.
Oui, je sais, je suis allergique au sport.
Parlons style, maintenant. Ce qui est terrible avec ce genre de film, c'est que ce n'est pas mauvais, au contraire, plutôt bon. Mais que c'est tellement prévisible que j'avais l'impression d'avoir vu les images au moment même où elles s'imprimaient sur ma rétine. On fait du bon, du formaté, pas de mauvaise surprise, mais aucune bonne.
Quoique ... il y a un passage que j'ai trouvé franchement médiocre, c'est la finale du tournoi, le match contre les All Blacks. Pas dans la manière dont le match en lui même est filmé. Mais dans la succession de prises de vues pour nous faire entrer dans notre petite tête que, "ouhlala, c'est fou, tout le pays est derrière son écran". Alors, à plusieurs reprise, on voit "le match vu dans la famille noire", puis, "le match vu dans la famille blanche", puis, "le match vu dans un premier bar", puis "le match vu dans un second bar" et enfin, ce qui est la seule scène pour laquelle la répétition est intéressante : "le match écouté par un gamin des rues noirs et par deux flics blancs, qui petit à petit se rapprochent, pour finir par s'embrasser".
Pour toutes les autres saynettes, les répétitions sont inutiles et lourdes.
Autre aspect très lourd de la fin : le ralenti très très ralenti et très très long à la fin du match pour nous montrer à quel point le suspens est intense .
Oui, je sais, je me moque, mais les idoles sont faites pour être déboulonées, non ?
PS : je lis la critique du Monde qui dit que c'est un film "honnête". Je trouve que le terme convient parfaitement.