"Usé peu à peu sur tous ces amusemens frivoles, mon coeur perdoit insensiblement son premiér ressort et devenoit incapable de chaleur et de force ; j'errois avec inquiétude d'un plaisir à l'autre ; je recherchois tout et je m'ennuyois de tout ; je ne me plaisois qu'où je n'étois pas, et m'étourdissois pour m'amuser." (je guarde l'orthographe fantaisiste de mon livre, assez pénible je l'avoue).
L'Émile racontait l'éducation d'un jeune garçon en suivant des principes rousseauistes : il faut chercher à développer la nature de l'enfant, foncièrement bonne et juste ; les dépravations ne sont dues qu'à la corruption de la société. Cet ouvrage, bien plus philosophique que pédagogique, se terminait sur le mariage d'Émile avec une jeune femme ayant reçu la même éducation, Sophie, et la naissance de leur premier enfant.
Peu après, l'éducateur quittait le couple heureux. Émile et Sophie est constitué de deux lettres que lui écrit Émile. Les principes reçus par Émile et Sophie leur permettront-ils de rester heureux dans leur vie future ?
Non.
Car ces idiots (et Émile le dit souvent) décident de partir à Paris, la ville, lieu de perditions où les pratiques sociales éloignent l'Homme de la Nature. Là bas, la passion amoureuse d'Émile se refroidit ; Sophie gagne de mauvaises fréquentations : bref, la jeune femme trompe son époux et tombe enceinte d'un bâtard.
Émile décide, après moultes tergiversations, de quitter Sophie et de lui laisser la garde des enfants qu'ils ont eu ensemble. Il part sur les routes, exerçant le métier que son maître a pris soin de lui apprendre, et menant une vie heureuse de vagabond. Là encore, les enseignements de sa jeunesse lui sont bien utiles (comme il le répète à peu près trois fois par page) lui permettant d'exercer tous les métiers, de ne jamais se fâcher, d'être aimé de tous.
Arrivé à Marseille, il décide de prendre un bateau pour aller jusqu'à Naples. Las ! le bateau est attaqué par des pirates ! Tous les passagers sont faits prisonniers et vendus à Alger (histoire de rajouter un petit peu d'exotisme ...). Là encore, Émile puise dans sa morale et y trouve du réconfort. Car "Soumis par ma naissance aux passions humaines, que leur joug me soit imposé par un autre ou par moi, ne faut-il pas toujours le porter, et qui sait de quelle part il me sera plus supportable ?".
Là encore, son bon naturel, sa justice et son bon sens le font aimer des gens, et il finit par être libéré.
Heureusement, le roman épistolaire est inachevé, et ça s'arrête là. Ouf !
Bon, faut être honnête, malgré tout le bien que je pense (ou j'ai pensé) de Rousseau, c'est mauvais. Oui, franchement. Je ne m'attendais pas à lire un bon roman, mais là, ça dépasse un peu les bornes de niaiserie et de lourdeur stylistique et philosophique. Rousseau a décidé de nous montrer l'excellence, non de sa méthode d'éducation, mais de sa philosophie : l'Homme est bon par nature, et corrompu par la société. Il place donc ses deux cobayes dans la société, et bam ! ils sont corrompus ! En revanche, quand il les en sort et qu'il les place en province (ça devait être plus ou moins l'équivalent de la jungle sauvage pour Rousseau), son excellente éducation permet à Emile de s'en sortir.
Ouf. On avait eu peur pour ce détestable personnage...
Plus démonstratif, on ne trouve pas ; plus ennuyeux non plus : j'aime généralement suivre les tergiversations des héros (Ahhhhh, les pages où Hugo décrit les atermoiements de Jean Valjean dans Les Misérables ...), mais là, les 3-4 pages où cet imbécile d'Émile se demande si il va quitter ou non sa Sophie (il finit par le quitter pour "être digne d'elle" - no comment ...) m'ont semblées très très très longues. Et ça manque singulièrement d'humour, de légéreté, de second degré !
Un vrai prêche !
Dans ma PAL depuis plus de 10 ans !
C'est un roman épistolaire
Et c'est de la littérature XVIIIème !