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Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.

William Faulkner : Le bruit et la fureur

bruitfureur.jpg"elle levait son visage vers le ciel qui était bas si bas qu'il semblait comme une tente affaissée écraser sous sa masse tous les sons tous les parfums de la nuit le chèvrefeuille surtout que j'aspirais qui recouvrait son visage sa gorge comme de la peinture son coeur battait contre ma main je m'appuyais sur mon autre bras il commença à tressaillir à sauter je dus haleter pour saisir un peu d'air dans l'épaisseur grise de tout ce chèvrefeuille."

 

C'était mon second essai de lecture avec Le Bruit et la Fureur et, heureusement, le dernier. Je ne crois pas que j'aurais eu le courage de réessayer. Je ne peux pas dire que j'ai vraiment apprécié ma lecture, même si je reconnais l'immense talent de l'auteur.

Le travail littéraire et stylistique de Faulkner est impressionnant. La manière dont il arrive à se mettre successivement dans la tête d'un débile mental, d'un dépressif et d'un type apparemment "normal", avant de revenir à une narration de type "narrateur omniscient" est parfaite. Sur ce plan, c'est magistral. 
Je suis aussi impressionnée par son talent pour dévoiler l'histoire par petite touche, en se basant sur les témoignages les moins clairs d'abord, pour peu à peu prendre du recul et "faire le point". On dirait un appareil photo qui se fixe peu à peu sur un paysage que l'on déchiffre petit bout par petit bout.
Je comprends tout à fait le Prix Nobel qui lui a été remis. Il porte le stream of consciousness à son point le plus haut. Et c'est clairement "a tale, full of sound and fury, told by an idiot".

 

"Merci j'ai beaucoup entendu parler votre mère ne se formalisera pas j'espère si je jette mon allumette derrière le garde-feu beaucoup entendu parler de vous Candace ne cessait de parler de vous à Lick J'en étais sérieusement jaloux je me disais qui ça peut-être ce Quentin il faut que je vois la tête qu'il a cet animal-à parce que j'étais bel et bien pincé vous savez dès le premier jour où je l'ai aperçue cette petite je n'ai aucune raison de vous le cacher il ne m'était pas venu à l'idée que ça pouvait être son frère dont ele parlait comme ça elle n'aurait pas parlé de vous davantage si vous aviez été le seul homme au monde si vous aviez été son mari vous ne voulez pas changer d'avis et accepter un cigare"

 

Voilà. Reste la question du plaisir de lecture et là ... J'avais tenté la première fois de me laisser porter par les mots, et ça avait été un échec. J'ai profité des vacances pour m'y remettre, en espérant pouvoir profiter de longues plages de lecture. J'ai d'abord pris une feuille et un crayon pour écrire au fur et à mesure l'arbre généalogique de la famille (pas simple, car un personnage porte deux noms, et deux personnages portent le même).
Comme ça ne suffisait pas, j'ai ouvert les pages wikipedia française et anglaise consacrées au roman pour essayer de suivre. Il faut savoir que les deux premières parties sont racontées par des gens dont l'esprit fait des sauts dans le passé, dans les souvenirs, dans des souvenirs différents, sans que rien ne soit indiqué pour signaler qu'on change d'époque.
Là, j'ai réussi à suivre - à m'immerger dans ces conditions là, il ne fallait pas trop en demander.
Le style est extraordinaire, l'idée sous-jacente brillante, mais c'est trop expérimental pour que je prenne réellement plaisir à le lire.

L'autre chose qui m'a réellement agacée, ce sont les personnages. Aucun des quatre frères et soeur n'est attachant, bien au contraire. Et la palme revenant sans doute à Miss Quentin, qui m'a donné envie de la gifler régulièrement. Mais elle n'est pas seule. la mère hypocondriaque aussi. Comme Jason et ses récriminations perpétuelles, le père et sa philosophie désabusée. Quand à l'égoïsme, je ne sais pas qui de Caddy ou de Quentin le porte le plus haut.
En fait, j'avais tous envie de les gifler.

Tout ça pour dire que j'ai très sérieusement compté les pages...

 

Lu dans le cadre du challenge du Prix Campus

PrixCampus

 

Lu en LC avec Maggie

lecturecommune3

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L
<br /> Je suis triste que tu sois déçue, parce que c'est un roman qui m'a complètement emportée. Mais, j'avoue que c'est pour des raisons très personnelles, donc je te pardonne et je te conseille<br /> "Lumière d'août", qui est beaucoup moins expérimental au niveau du style tout en étant un livre immense.<br />
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C
<br /> <br /> Je ne suis pas déçue, juste ... contrairement à toi, je n'ai pas été emportée, je ne suis pas entrée dans le roman. Je vais tester Lumières d'Août !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Ca fait deux ans que j'ai envie de lire ce roman parce que j'en avais étudié un extrait en khâgne en cours d'anglais où justement on faisait attention aux atouts strictement littéraires, le<br /> stream-of-consciousness, le point de vue de "l'idiot", etc dont tu parles très bien. Ca m'avait séduite. Mais, tu as raison de souligner le problème du plaisir de la lecture ! Je ne sais pas si<br /> je m'y risquerais bientôt, Faulkner a l'air si difficile... <br />
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C
<br /> <br /> C'est un roman qui vaut vraiment le détour, justement pour ses questions littéraires. Même s'il est délicat, je trouve que c'est un roman à lire. Mais va voir l'avis de Maggie qui a plus apprécié<br /> sa lecture que moi !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> PS : je voulais dire " j'aurai aimé trouver la même", désolée...<br />
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M
<br /> Excuse- moi pour le retard... Finalement, c'est amusant car on parle toutes deux du plaisir de lecture... Car la difficulté de lecture enlève parfois un peu de plaisir... Moi non plus je n'ai pas<br /> aimé ces personnages... En revanche j'adore ta métaphore de l'appareil photo !!!! J'aurai trouvé la même pour en parler parce que c'est exactement ce que j'ai ressenti, au fur et à mesure, tout<br /> s'éclaircissait... Comme je viens juste de relire un livre du même acabit -  même si moins complexe - j'ai finalement lu assez rapidement ce livre... J'avoue que je suis impressionnée !<br /> MERCI pour cette Lc et rdv en janvier :-)<br />
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C
<br /> <br /> Merci à toi ! Je crois que sans toi, je n'aurais pas été au bout de cette lecture et je serais passée à côté d'un très grand roman.<br /> <br /> <br /> Les deux premières parties sont vraiment difficiles, je trouve. Et, hélas, les personnages de la 3ème partie sont vraiment insupportables !<br /> <br /> <br /> Mais je tenterais d'autres romans de Faulkner :)<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Tes impressions sont assez proches de celles que j'ai éprouvées: le sentiment de lire un très grand livre, mais d'avoir du mal à accrocher parfois. Mais je ne crois pas que toute l'oeuvre de<br /> Faulkner soit comme cela: as-tu lu Absalon! Absalon! ? Un roman dense, à l'écriture très travaillée, un peu étouffant par endroit (c'est en rapport avec le sujet, mais je préfère ne rien<br /> te dévoiler), que j'ai lu d'une traite avec un réel plaisir.<br />
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C
<br /> <br /> C'est ma première tentative avev Faulkner, et je crois que je n'ai pas commencé avec le plus facile ;) Je vais en tenter d'autres, tu n'es pas le premier à me dire que ce n'est pas le plus<br /> évident...<br /> <br /> <br /> <br />