"Some readers of this history will doubtless regard it as incredible that people should construct matrimonial prospects on the mere report that a bachelor of good fortune and possibilities was coming within reach, and will reject the statement as a mere outflow of gall : they will avert that neither they, nor their first cousin have minds so unbridled; and that in fact this is not human nature, which would know that such speculations might turn to be fallacious, and would therefore not entertain them."
Il faut se rendre à l’évidence : avec moi, ça n’a pas marché. J’ai même fini par refermer ce livre à la page 550, sur 880, effrayée par les 330 pages qui me restaient à lire. Pourtant, j’ai essayé. A plusieurs reprises. Je l’ai laissé tombé, je l’ai repris, re-laissé tomber, re-repris. Mais non, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.
C'est le style, trop lourd, qui a fini par me rebuter : ça m’avait déjà frappée dans The Mill on the Floss, et Middlemarch, mais ces chroniques de la vie villageoise était tellement riches et intéressantes, qu’à part quelques moments de lassitude, je n’étais pas plus gênée que ça. Mais dans Daniel Deronda, où l’histoire ni les personnages ne sauvaient ma lecture, j’ai trouvé ce style, ces longues dissertations sur la religion, la spiritualité, le bien, le mal, la morale, ennuyeuses à mourir.
Et l’histoire … George Eliot nous propose, comme une expérience, deux personnages, de caractère opposé et d’éducation très différente, et nous montre leur destin : pour l’un, le malheur, pour l’autre (enfin, je suppose, j’ai craqué avant), la sérénité.
La suite n’est qu’un immense spoiler, sautez à la fin si vous ne voulez pas connaître les rebondissements de ce pensum.
"Gwendolen on her spirited little chestnut was up with the best, and felt as secure as an immortal goddess, having, if she had thought of risk, a core of confidence that no ill luck would happen to her."
Prenez Gwendoleen : belle comme un cœur, élevée en princesse, égoïste comme pas deux, incapable de constance. Elle a été pourrie-gâtée toute sa vie, et, quand la misère arrive, son égoïsme la pousse à se jeter dans un mariage avec un riche salaud, qui la fera souffrir toute sa vie.
"Her voice, her accent, her looks - all the sweet purity that clothed her with a consecrating garment made him shrink the more from giving her, either ideally or practically, an association with what was hateful or contamining."
En face, un couple, deux côté d’une même pièce, Daniel et Myrah. Daniel, qui donne son nom au roman, est un petit jeune homme gentil et discret, plein de morale et de bonnes pensées. Daniel a été élevé comme un fils par Sir Hugo Mallinger, mais ne sait pas d’où il vient ni qui sont ses parents. Un jour, il sauve une jeune fille, Myrah, qui s’apprêtait à se suicider dans la Tamise. On découvre dans la longue histoire de la belle et pure Myrah qu’elle est juive, dotée d’une mère, d’un frère et d’un père, et que dans sa tendre enfance, son père l’a éloigné de sa mère qu’elle aimait tant et de son frère en tout point parfait, pour l’emmener chanter sur des scènes américaines et européennes. Mais hélas, se produire en public est une douleur atroce pour cette enfant réservée : elle fuit son père (mais ça ne l’empêche pas de se lamenter après sur le sort de son pauvre papa qui doit pleurer tout seul et tout malheureux dans sa cuisine), revient à Londres, cherche sa mère, se rend compte que la rue où elle habitait a été démolie, et que retrouver un Cohen à Londres, c’est pas simple. C’est là qu’elle décide de mettre fin à ses jours, et que Daniel la sauve
Bien sûr, on se doute que Daniel va découvrir qu’il est juif, et qu’ils vont se marier et vivre happily ever after (sans parler du douteux "les chrétiens se marient entre eux, et les juifs entre eux", on sait jamais, un mariage mixte pourrait corrompre les uns et les autres).
Fin des spoilers
La série m'a l'air tout à fait charmante, par contre ...
Soyons honnêtes : je n’ai rien contre les bons sentiments. Un roman qui se termine avec la victoire des méchants et des malhonnêtes, et la défaite des êtres bons et gentils me plait rarement. Mais bons sentiments n’exclue pas un peu de complexité dans les personnages, des gentils avec quelques traits plus sombres, des méchants avec un peu d’humanité, enfin quelque chose qui ne nous donne pas l’impression d’être dans un sermon. Là, à part le personnage de Gwendoleen, qui est celui qui m’a fait continuer ce roman au-delà de la page 100, non. Pas de complexité, des personnages taillés au couteau, de longues péroraisons philosophico-religieuses (Mordecai est le personnage qui m’a fait arrêter le roman : quand j’ai vu un chapitre dédié à lui, je n’ai pas pu me convaincre de passer quelques pages en sa compagnie), et rien qui ne soit montré : tout est démontré.
J'ai craqué...
C'était une lecture commune avec Titine et Peneloppe. Désolée, je n'ai pas pu vous accompagner jusqu'au bout pour ce coup là...
C'est de la littérature anglaise, donc ça compte pour le challenge God save the livres !