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Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.

John Irving : L’épopée du buveur d’eau

« Une interprétation grandiose de ce personnage de raté solitaire et distant, se débattant entre l’échec d’un ancien mariage et une émouvante liaison actuelle ; un paranoïaque absolu victime du regard qu’il porte sur lui-même. »

Ce personnage, c’est le buveur d’eau lui-même, Bogus Trumper. Un gentil fumiste, doctorant en langues nordiques qui invente plus qu’il ne traduit l’épopée d’Akthelt et Gunnel ; qui part à d’étranges chasses aux canards ; qui se repait entre les seins de Tulipe-Tulpen, sa maîtresse ; qui regrette son fils, parti avec son ex-femme ; qui cherche celui qui cherche le tank noyé dans le Danube ; qui va, qui vient, un tel bon à rien qu’un de ses amis décide de tourner un film-documentaire sur lui.

D’habitude, je n’aime pas ce genre de personnages : ils me donnent envie de les secouer, de les réveiller. Je tourne chaque page excédée en me demandant ce que ce fichu héro va bien pouvoir inventer pour s’enfoncer dans sa galère. Ça n’a pas loupé avec Trumper, au moins au début : il m’a fatiguée, je ne comprenais pas ce que Tulpen ou Biggie (son ex-femme) pouvait trouver à cet espèce d’enfant incapable et incohérent. Et … je me suis laissée prendre. D’abord par la construction du roman, presque mathématique, deux suites qui se rejoignent, le passé avec Biggie, le présent avec Tulpen ; puis par le style, purement parlé, plein d’esprit et de répartie ; enfin par Trumper lui-même. C’est qu’il est touchant, ce pauvre type : il est tellement inadapté au monde, que la moindre action devient une épopée périlleuse ; aller pisser est aussi problématique que de revenir de Vienne avec un paquet de drogue dans le sac accompagné par d’obscurs services secrets.

Le monde nous est présenté par ses yeux : on devine son environnement à travers un brouillard opaque où quelques figures se dégagent, sa femme, ses amis, comme Sourisquetout et Moby Dick ou les héros étranges et barbares d’Akthelt et Gunnel. On finit par penser comme lui, être surpris que sa femme le quitte pour une vie plus paisible, et trouver normal que la merveilleuse Tulpen pense à lui ; trouver normal que la chasse aux canards se fasse cul nu, avec un préservatif sur le sexe et que les poissons lunes jouent aux hors-bord dans les aquariums. Et j’ai même fini par adorer cette émouvante plongée dans un absurde merveilleux et fantasque.

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S
<br /> <br /> BOB vient de me faire connaître ce roman d'Irving dont j'ignorais l'exisqtence jusqu'alors (!) Moi qui aime beaucoup les trois livres de Irving que j'ai lus je suis ravie d'en découvrir un<br /> nouveau! Ton billet me donne encore plus envie :)<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> C'est un roman très agréable et très drôle !<br /> <br /> <br /> <br />