
Cette histoire commence il y a quelques semaines, à Paris : je me balladais sur des blogs et celui là aussi quand j’ai vu que W. Thackeray, mon auteur adoré de Barry Lyndon, de Vanity Fair (ahhhh, Vanity Fair …), de Pendennis (ahhhhhhhhhhh Pendennis …), W. Thackeray, l’intelligence et l’humour faites auteur, mécontent de la fin donnée par l'auteur, avait écrit une suite parodique du fameux roman moyenâgeux Ivanhoé de Sir Walter Scott. Et là, j’ai senti s’éveiller en moi une envie irrépressible, indomptable … lire cette fin améliorée. Mais, il faut faire les choses dans l’ordre : lire une suite avant le bouquin auquel elle fait référence, ce n’est ni honnête, ni sérieux. Et pop ! l’idée de lire Ivanhoé a commencé à germer dans mon esprit…
Cette histoire continue il y a 15 jours, en Ecosse : visite du vieux château de famille du Clan McChose, les souvenirs, les portraits des grand-mères et des arrière-grand-pères côtoient les photos de mariage et des enfants qui jouent. Dans une vitrine, les lettres de remerciement des invités célèbres du château. Un obscur maréchal et … Walter Scott himself. Sa lettre, longue et alambiquée, avait pour but de remercier ses hôtes pour le séjour magnifique qu’il avait fait en leur compagnie, séjour au cours duquel de nombreux poèmes de son dernier recueil avaient été conçus, mais ne visait qu’à démontrer que ses hôtes avaient eu bien de la chance de le recevoir, lui, si talentueux, si prestigieux, et qu’il aurait bien songé à leur envoyer un exemplaire de son dernier recueil, mais il n’y en a plus ! Quel dommage ! mais vous attendrez bien la nouvelle parution, n’est ce pas ? Mes amitiés à Madame et aux enfants.
Bref, une lettre odieuse, ridiculement précieuse et qui donne de son auteur une image détestable. Mais, ma curiosité a été titillée : comment pouvait donc écrire un personnage pareil ??? Il va donc vraiment falloir que je lise Ivanhoé…
Ca se termine la semaine dernière en Bretagne, maison familiale, une petite PAL qui y végète depuis des années et là, au milieu, un Ivanhoé que j’avais acheté en 98, dans la collection de bouquins à 10 francs Maxi-Poche Classiques étrangers.
Comment résister ? Impossible ! J’ai donc empoché Ivanhoé, et c’est parti !
Et bien, aussi étonnant que ça puisse paraître, je n’ai pas réussi à le lâcher avant la fin. C’est un vrai conte de fée, avec des gentils vraiment gentils, des méchants odieux ou faibles, un roi, un frère traître, un templier débauché, des religieux alcooliques, un chevalier errant, une sorcière, Robin des bois, une belle princesse blonde, blanche aux yeux bleus, fière et digne (Rowena), une belle Juive, aux cheveux noirs et bouclés, savante et charmante, fière et digne (Rebecca).
L’histoire ? Ivanhoé, chevalier déshérité par son père pour être amoureux de la belle Rowena, revient sous le nom du Desdichado, rencontre Rebecca qui s’éprend de lui, combat lors d’un tournoi, l’emporte haut la main contre les plus grands chevaliers, tombe évanoui et blessé aux pieds de Rowena qui pâlit, se fait soigner par Rebecca, … Le tout dans le conflit larvé qui oppose les anciens saxons aux nouveaux normands à peine débarqués et dans le conflit ouvert entre Richard Cœur de Lyon et Jean sans terre.
Et le style ! Romantique à souhait, avec des « anciennes pierres druidiques » et des forêts de chênes millénaires, des châteaux aux salles recouvertes d’antiques tapisseries et des dames aux « boucles gracieuses et innombrables », aux « cou plus blanc que l’ivoire ». J’adore (certains me diront que l’abus de Victor Hugo dans la jeunesse nuit à l’appréciation littéraire, mais c'est juste de la mauvaise foi de leur part…)...
Bref, un vrai coup de coeur comme je n'en avais pas eu depuis Les Trois Mousquetaires et Quatreving treize !
Et en plus, c'est un livre PAL ! Je commence le défi officiellement : 1/25