« Dès leur enfance, elle leur avait appris à lire dans Cicéron et dans Sénèque : tandis qu’ils écoutaient cette voix tendre leur expliquer un argument ou une maxime, leurs cheveux s’entremêlaient sur les pages. »
Anna et Miguel sont frère et sœur. Ils ont toujours vécu ensemble, dans la forteresse dont leur père est gouverneur, dans la Naples de la fin du XVIe siècle. Ils y ont été élevés par leur mère, donna Valentine, une belle et aimante humaniste, tandis qu’autour d’eux, la contre réforme faisait rage. Anna et Miguel étaient heureux dans cette douce sérénité, s’abandonnant avec bonheur aux textes antiques, aux prières et à l’affection fraternelle.
Un jour, alors que leur mère préside aux vendanges dans la propriété familiale près d’Alicante, le vent tourne. Valentine meurt d’une fièvre et Miguel prend conscience qu’il aime sa sœur, d’un amour incestueux, violent.
Cet amour va bouleverser les vies d’Anna et de Michel, et c’est l’objet de ce magnifique petit roman de Yourcenar. Elle nous glisse tour à tour dans l’esprit de l’une ou de l’autre, nous fait ressentir la chaleur napolitaine, la lourdeur religieuse, la lenteur du quotidien, et le paradis (dévoyé après la mort de Valentine) de la relation entre Anna et Miguel. Elle nous dit la fatalité presque antique, la malédiction jetée par une vipère, l’acceptation quasi religieuse. Et le tout, avec une délicatesse pudique…
Un petit (trop petit) chef d’œuvre…
L'avis de Biblioblog et celui d'Erzebeth.
(Et une lecture PAL, une ! 2/25, le défi progresse ...
)