
Not in lone splendour hung aloft the night
And watching, with eternal lids apart,
Like nature's patient, sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth's human shores,
Or gazing on the new soft-fallen mask
Of snow upon the mountains and the moors--
No--yet still stedfast, still unchangeable,
Pillow'd upon my fair love's ripening breast,
To feel for ever its soft fall and swell,
Awake for ever in a sweet unrest,
Still, still to hear her tender-taken breath,
And so live ever--or else swoon to death."
Est-ce vraiment nécessaire de raconter l'histoire de Bright Star ? La vie de John Keats est devenue le poncif du romantisme : le poète, à l'immence génie mais méprisé par la critique et misérable, rencontre une muse, l'aime, en est aimé de retour, mais meurt d'une maladie de poitrine avant de l'avoir épousée. Thème tellement classique, mais dont la vie de Keats est à l'origine.
Ce qui m'a le plus frappée dans ce film de Jane Campion, c'est la beauté des vers de Keats : même si je ne maitrise pas assez l'anglais pour goûter la poésie comme si elle était dans ma langue maternelle, la beauté des allitérations, des images qu'elles provoquent m'a frappée.
Le film est pareil, très beau. Les scènes sont léchées comme des tableaux, et elles restent longuement en tête. La scène où Fanny élève des papillons dans sa chambre, les scènes de promenade dans la campagne anglaise, le bureau de Keats et de Brown aux couleurs mordorées ...
En revanche, mon avis est plus partagé sur les acteurs, et en particulier Fanny. Sans que j'arrive vraiment à mettre le doigt dessus, le personnage de Fanny m'a empêchée de croire à cette histoire d'amour. Est-ce un problème avec l'actrice (qui pourtant est excellente lorsque Fanny s'écroule en apprenant le décès de Keats) ? Est-ce un problème avec Fanny elle-même, dont Brown dit à un moment qu'elle ressemble à n'importe quelle jeune fille qu'on trouve dans n'importe quel salon ? Pourtant, certaines scènes où elle intervient sont très émouvantes, comme celle où, par manque de son bien-aimé elle reste alitée durant cinq jours, pour finir par murmurer : "si c'est cela l'amour, je ne m'en moquerai plus ...". Mais ces quelques moments de grâce sont rares, et beaucoup plus nombreux ceux où elle disserte sur sa toilette (passablement atroce, je dois dire), danse avec ses soupirants et flirte. Je n'ai pas compris pourquoi un être comme Keats (parfaitement réussi, lui) tombe amoureux de cette fashionista sans goût, sans sensibilité, même pas jolie, et cela a évidement gâché une bonne partie du film.
En revanche, j'ai beaucoup apprécié les personnages secondaires, et en particulier Mr Brown. Cette espèce d'ours mal lêché, immense, gras et caustique, mais plein d'humanité (quand il s'extasie devant les poèmes de son ami, quand il s'effondre face à Fanny-la-juge parce que oui, oui, oui, il a abandonné Keats et qu'il s'en repend). Toots, la petite soeur de Fanny, est une espèce de petite fée rousse qui traverse l'écran avec une grâce et une légéreté impressionante. Le frère de Fanny, Samuel, m'a également beaucoup émue : j'ai eu l'impression que ce jeune homme, plus tout à fait un enfant et pas encore un homme, apprend l'amour en voyant sa soeur prise par une passion violente. Et la mère, complètement dépassée par la folie et la violence de cet amour est également très juste.
Alors, je ne sais pas trop quoi penser de ce film. J'ai été subjuguée par sa beauté, impressionée par les acteurs mais je n'ai pas cru à l'intrigue principale ... Etrange ...