"Antoine : Je pense à toutes les âmes perdue par ces faux dieux.
Hilarion : Ne trouves-tu pas qu'ils ont ... quelque fois ... comme des ressemblances avec le vrai ?
Antoine : C'est une ruse du Diable pour séduire mieux les fidèles. Il attaque les forts par le moyen de l'esprit, les autres par la chair."
Antoine vit en ermite en haut d'une montagne égyptienne. Une nuit, les tentations viennent tester sa foi et sa constance, tentations dont il sortira vainqueur, bien sûr (sinon, ça ne serait pas Saint Antoine).
Ce sont d'abord les péchés de la chair qui viennent le poursuivre, la luxure, la gourmandise, vite suivis par les philosophes. Ils sont introduits par un homme, une ombre qui se présente comme Hilarion, disciple d'Antoine, qui fait défiler devant les yeux de son maître toutes les philosophies, toutes les sectes, plus bizarres et étranges les unes que les autres. Antoine est troublé, mais résiste toujours. Ce sont ensuite les religions païennes qui sont amenées devant ces yeux, le Bouddha, les religions de l'Orient ancien, de la Grèce, de l'Egypte, les dieux familiers des romains.
Enfin, l'ombre qui se prétend Hilarion se dévoile : il est la Science, il est le Diable qui emmène Antoine dans un voyage à travers l'espace, lui montrant la petitesse de sa manière de penser, et l'absence du Dieu qu'il prie. Mais Antoine espère encore, et ce n'est ni la Mort, ni la Luxure, dernières visiteuses imbriquées l'une dans l'autre, qui le feront changer d'avis.
Quand le Soleil se lève, c'est le Christ qui lui apparait dans le disque.
"Et ils vivent toujours ! L'Empereur Constantin adore Apollon. Tu retrouveras la Trinité dans les Mystères de Samothrace, le baptême chez Isis, la rédemption chez Mithra, le martyr d'un Dieu aux fêtes de Bacchus. Proserpine est la Vierge ! ... Aristée est Jésus."
Quelle oeuvre étrange et baroque ! Mi pièce de théâtre fantastique, mi poème en prose, il est de lecture ardue. Les noms se succèdent, les références aussi, et ma faible culture m'a empêchée de tout comprendre. Si les références à l'Egypte, à la Grèce, à Rome passaient bien, j'ai senti mon manque quand il s'agissait de l'Orient ancien ou des débuts de Christianisme.
Qu'importe : je me suis laissée bercer par les phrases, leur rythme, la beauté des substantifs choisis. Flaubert déroule devant nos yeux une fresque soyeuse et riche, et peu m'importe si des figures m'y étaient inconnues. J'y ai retrouvé des passages à la Théophile Gautier, à la Nerval, à la Baudelaire ; des images qui m'ont fait penser à des tableaux de pré-raphaélites.
Très loin de la sécheresse aride de Bouvard et Pécuchet, qui m'avait ennuyée, cette oeuvre lue par petits bouts, saynettes après saynette, m'a séduite.
Lu en lecture commune avec Maggie
Lu, sans le savoir a priori, dans le cadre du challenge Mythes et Légendes