"Ne croyez à aucune fatalité absolue et nécessaire, mes enfants, et cependant admettez une part d'entrainement dans nos instincts, dans nos facultés, dans les impressions qui ont entouré notre berceau, dans les premiers spectacles qui ont frappé notre enfance."
Fin du XVIIIème siècle dans la campagne berrichonne. Alors que la Révolution française s'approche, certains nobles vivent encore comme au Moyen-Âge. : ils volent, brigandent, boivent et violent comme des brutes et maltraitent leurs paysans. Ce sont les Mauprat Coupe-Jarret.
Parmi eux se trouve un tout jeune homme, leur neveu, qui les a rejoint après la mort de ses parents. De sa première éducation, de l'exemple de sa mère, il garde encore un peu de morale ; mais sa survie à Mauprat l'a obligé à s'adapter aux moeurs violentes de ses compagnons.
Une nuit, une jeune fille égarée arrive dans le château de Roche-Mauprat : il s'agit d'Edmée de Mauprat, sa cousine de l'autre branche de la famille, les Mauprat Casse-tête, des gens nobles et droits. On la donne en pâture à Bernard, pour qu'il abuse d'elle. Convaincu par les arguments de la jeune fille, émue par sa détresse, il s'enfuit avec elle, non sans lui jurer qu'il sera le premier à la prendre, avant même son mari.
Accueilli comme un fils dans la demeure des Mauprat Casse-têtes, qui s'entêtent à faire de lui un être civilisé. Porté par l'amour qu'il porte à Edmée, par la vertu et l'intelligence de la jeune femme, par la bonté de son oncle, Bernard devient peu à peu un être civilisé...
"Les hommes s'imaginent que la femme n'a point d'existence par elle-même et qu'elle doit toujours s'absorber en eux, et pourtant ils n'aiment fortement que la femme qui parait s'élever, par son caractère, au-dessus de la faiblesse et de l'inertie de son sexe."
Y'a pas à dire : ce roman a beau avoir été publié en 1837, il sent le XVIIIème siècle à plein nez. Les premières pages ressemblent à un roman gothique. Le château moyenâgeux à moitié en ruines, les brigands barbares, la jeune prisonnière vierge et pure, la fuite sous les balles, tout y est !
Mais très vite, on passe au roman de formation initiatique, à la Rousseau. Le jeune sauvage, Bernard, est pris en charge par son oncle Mauprat, qui lui donnera l'éducation sociale, par Edmée pour l'éducation sentimentale, un curé pour l'éducation scolaire, et Patience, un marginal, un saint qui lui apprendra à être un Homme.
Grâce ces quatres parrains, Bernard va apprendre à devenir un Homme, dans la conception la plus humaniste du terme. Du monde des bêtes, il va entrer dans le monde des hommes. Et sa motivation ? Obtenir l'amour d'Edmée sa belle cousine.
Car Edmée est une femme qu'on ne peut s'empêcher d'aimer. Belle, lumineuse, sage, elle est aussi forte et courageuse. Fière dans le sens d'une fierté qui la conduit à se respecter, et à se faire respecter des autres. C'est un splendide personnage de femme, comme seule George Sand sait en produire ...
Lu en lecture commune avec Somaja et Syl
Entre dans le challenge Dames de lettres
Ce roman a été adapté en 1926 : il entre donc dans la catégorie La littérature fait son cinéma !