"The two who lived to hear of Alcestis' death - if one could call it death - would recall her birth, then, and mutter to each other about the way the girl had opened her tiny mouth to each other about the way the girl had opened her tiny mouth to suck the fouled air as if it could replace her mother's milk. perhaps, she'd been hungry for it all her life."
Le mythe d'Alceste n'est pas l'un des plus connus de la mythologie grecque. Epouse modèle, folle amoureuse de son mari, elle demande à prendre sa place lorsque la Mort vient le chercher. Pendant trois jours, elle erre dans le royaume d'Hadès et Perséphone, avant qu'Héraclès, vainquant mille périls, viennent la chercher pour la ramener chez les vivants.
C'est cette histoire, et pas tout à fait celle-là, que raconte le roman de Katharine Beutner. Les premiers chapitres montrent quelle est la vie d'une femme noble dans la Grèce archaïque. Une vie enfermée, loin du regard des hommes. Une vie dans l'angoisse des raids, des morts, des viols. Dans l'angoisse des maladies, des couches qui se terminent mal, des enfants qui meurent trop jeunes. Une vie où les très jeunes filles sont enlevées aux leurs à l'âge de 15 ans, pour être emmenées dans une autre demeure, sans aucun espoir de revoir leurs mères, sœurs, nourrices, pour être données à des hommes deux fois plus vieux qu'elles qui les traiteront sans ménagement.
La vie de la jeune Alceste est montrée de manière très crue, très sensuelle ou plutôt très sensible. L'auteur parvient à faire renaître ce quotidien, ses odeurs, ses sons et y instille une dose de fantastique avec beaucoup de finesse. Alceste est petite-fille de Poséidon, et la maison vit dans l'angoisse des apparitions du dieu ; les héros peuplent la Terre, et Apollon sert de cocher à son futur mari. Mais aucune apparition divine ne semble kitch. Au contraire, elles s’insèrent dans le quotidien avec justesse.
Et puis, arrive le passage aux enfers. Il n'y a plus là aucune volonté au réalisme, et si les Enfers sont reconstruits avec fidélité aux mythes (du moins, à mes souvenirs), Perséphone sort complètement du lot. Sombre, belle, puissante, sauvage, c'est un personnage marquant, comme on en voit rarement.
C'est un roman que j'ai beaucoup aimé. Il m'a presque semblé trop court, sa richesse ayant sans doute mérité quelques centaines de pages supplémentaires. Et j'étais tellement triste de quitter Alceste !
Lu dans le cadre du challenge Mythes et Légendes
Lu en anglais