
Ils entrent. Découvrent un lieu froid et morne. Vide. S'apprêtent à en partir. Quand une voix s'élève, une voix triste et mélancolique.
Je ne veux pas en dire plus. J'ai eu la chance de découvrir cette pièce en n'ayant aucune idée de ce qu'elle racontait. Je me suis embarquée dans les différentes intrigues au fur et mesure, sans trop savoir où on allait. J'ai goûté la poésie du texte. La construction baroque et barrée de la pièce, les entrecroisements et les rêves (d'où vient que j'aime tellement le baroque au théâtre, et si peu en musique, sculpture ou peinture ?), les personnages qui sont et ne sont pas, les révélations et les amours.
J'ai aimé la violence de la pièce, très bien montrée par la mise en scène : tous les rapports sont conflictuels, même les relations amoureuses. Et la présence du valet-clown, bien loin d'apaiser en faisant rire, excite encore chacun des personnages, jusqu'au paroxysme.
La mise en scène, parlons en : comme à chaque fois que je suis allée au Théâtre 13 (ça ne m'arrive pas tous les jours non plus, je dois l'avouer - et c'est dommage car avoir un excellent théâtre à deux pas de la maison et y aller une fois de temps en temps par paresse, c'est honteux !), j'ai trouvé une mise en scène punchy, rock, qui actualise la pièce en la dynamisant. En particulier, j'ai été séduite par le laboratoire, cette ambiance de James Bond et d'Union Soviétique, ces silhouettes sombres qu'on découvre floues et mystérieuses derrière le rideau, cette boîte de verre électrifiée où séjourne Sigismond, séjour volontaire car il peut en sortir, métaphore de nos barrières internes qui nous font vivre la vie "en songe". J'ai adoré Clothalde, son long manteau de cuir et son affection paternelle, un humain déguisé en chien de garde, qui, par amitié pour le roi, exerce le pire des métiers, bourreau.
De plus, la mise en scène assume complètement le côté baroque de la pièce : est-on dans le rêve ? dans le conte ? dans le cauchermar ou dans la tragédie ? un peu de tout cela, et aux côtés du Clothalde bourreau, on voit apparaître un roi de conte de fées et une princesse tirée d'Alice au Pays des Merveilles.
Je me tais, je ne veux pas trop en dire, car j'ai adoré découvrir cette pièce et je ne voudrais pas gâcher ce plaisir à d'autres.
Le lien vers la bande annonce, sur le site du Théâtre 13 : http://www.theatre13.com/2009_theatre.php?id=10