Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
Je n'avais pas du tout envie d'aller voir ce film. L'affiche ne m'attirait pas, et puis ... je fais une overdose d'humour gras et français. C'est pas que j'en vois beaucoup, hein ; mais c'est que je le digère vraiment très mal.
Et puis 'on' m'a forcée et je dois bien avouer que j'ai passé une excellente soirée ; j'en suis sortie toute joyeuse et heureuse.
Le héros, Charles, est un écrivain alcoolique au dernier degré. Il ne se déplace jamais sans son bébé, son seau à glace dans lequel baigne une bouteille de blanc. Ses pas sont toujours accompagnés du bruit des glaçons s’entrechoquant dans le seau.
Il boit. Sa compagne l’a quitté ; il a déjà eu le Goncourt ; il a une maison merveilleuse (je veux la même ! La même piscine, la même cuisine, la même gazinière, la même bibliothèque, la même …) ; une maîtresse russe au corps de déesse. Donc, il boit. 6 bouteilles de blanc par jour, et puis du rouge et des alcools forts, le soir.
Sa seule compagne, outre la merveilleuse blonde en maillot de bain qui ne dit pas un mot (elle se contente d'être belle), c’est sa gouvernante Louisa, une femme entre deux âges, discrète, sombre, qui rôde.
Finalement, quand son cancer débarque, ben, ça lui fait de la compagnie. Ils peuvent parler, partager un verre. Le cancer a plein d’histoires, des hommes qu’il a tué, des agonies déchirantes. Ça lui change les idées.
Sauf que la mort n’est pas si tendre et qu’il finit par se rebeller. Il veut aimer, encore ; il veut voir grandir son fils ; il veut vivre, même sa pauvre petite vie minable…
Le sujet en paraît tragique, et dangereux. Alcoolisme, cancer, mort, est-il possible d’en rire ? Blier répond oui, et il a bien raison. On rit, souvent. On rit à des blagues tragiques « J’vais vous faire un pancréas. C’est rapide, un pancréas. ». On rit à la vie pitoyable de cet homme, image de toutes nos vies.
Je trouve ça courageux de la part de Blier : il serait tellement facile de dire « le cancer ? Non, c’est un sujet trop tragique pour en faire de l’humour. » ; il serait facile de se laisser aller au politiquement correct. Mais non. On a droit aux plaisanteries (douteuses, mais ça en fait tout le charme) sur les petites boules aux seins et les métastases, tout ce qui est rentré, malheureusement de plus en plus souvent, dans nos vies.C'est de l'humour noir et désespéré, un désir de danser avec la mort et de li mettre un nez rouge. Et ça marche.
J’ai beaucoup aimé la fin, qui m’a surprise. Mais, ne dit-on pas que ceux qui sont sur la mer ne sont ni morts, ni vivants ?