Un ami m’avais conseillé de lire Les Déferlantes alors que je lui disais que j’avais envie de lire un roman qui se passerait dans un lieu désertique et où tout serait écrasé par la pesanteur d’un soleil dévastateur. Certes point de soleil ici mais la mer pèse de tout son poids sur ce petit coin de Cotentin désolé.
Tout commence par une grande tempête, les éléments se déchaînent contre un malheureux village du bout du monde, près de la Hague, en France. Cette tempête physique ne fait que présager du cataclysme causé par le retour de Lambert qui revient sur les lieux de la noyade du reste de sa famille, des années auparavant.
Ce retour fera ressortir et poindre tout ce qui restait caché dans ce village et ses habitants, tous leurs secrets, leurs rancœurs, leurs blessures.
J’ai été séduit d’emblée par ce roman âpre et rude, par cette narratrice écorchée vive et par les personnages extrêmes et taiseux qui peuplent ce village et ce roman. J’ai aimé ce style à l’image de ce qu’il raconte, rude, brusque et bref. Les phrases sont courtes, presque crachées, le vocabulaire simple et rustre mais l’ensemble, construit un peu à la manière d’un tableau impressionniste, par petites touches brèves, dégage une indéniable force.
C’est un roman que j’ai trouvé riche, j’ai aimé que Claudie Gallay y prenne son temps, j’ai aimé la façon dont elle a abordé ses sujets, les a liés entre eux. C’est, je pense un roman sur la déchirure, la brisure et sa rédemption, pour tant est qu’il puisse y en avoir. Tous les personnages ont à un moment ou un autre connu une tragédie qui les a brisés ou même annihilés. Tous continuent à vivre sur ce petit morceau de terre scarifié, chacun à sa manière. Comme leur village, leur lande sont balayés par les éléments, tous ces hommes et ces femmes sont courbés sous la force et le souffle de leur propre histoire.
Le silence est omniprésent, un silence oppressant qui se retire brutalement, par petites touches. Pour un ce sera la parole enfin libérée, pour un autre ce sera apprendre à laisser aller, un autre encore tente de vivre en se déversant dans son art. Tous tentent de continuer, comme ces plantes qui poussent entre les rochers battus par les vents et la mer.
Comme une pierre, ce roman vient de loin, il s’est extirpé des profondeurs non de la terre mais de l’être humain pour venir éclore à la lumière, brut et pur mais vraiment précieux si l’on sait regarder sa beauté.
B.