Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
« Mon cœur se mit à battre à tout rompre, mes cheveux se hérissèrent sur mon crâne, comme je restai là à regarder – tant le spectacle était étrange, tant les frayeurs qu’il suscitait étaient affreuses. »
L’histoire de ce « conte d’hiver » débute en Ecosse, en 1745. Une lutte oppose le roi du Royaume-Uni, le roi George, et Bonnie Prince Charlie, descendant des Stuart, qui veut prendre sa place. Et quand le Prince Charles débarque en Ecosse, les vieilles familles ne savent que faire : doivent-elles prendre le parti de leur roi légitime, ou celui de leur roi de cœur ? La famille de Lord Durrisdeer, composé du vieux Lord, de ces fils James et Henri, et de la jeune parente et fiancée de James, Miss Alison, décide de tricher : un des fils prendra le parti de George, l’autre, le parti de Charles. Quelque soit le gagnant, la famille s’en sortira et pour le mieux. La logique voudrait que le fils aîné, James, appelé aussi le Maître de Ballantrae, prenne le parti du roi légitime, tandis que Henri se battrait aux côtés des jacobites.
Mais, hélas, le Maître ne se voit pas rester au manoir, tandis que son frère se couvrirait de gloire dans l’aventure. Il est violent, bagarreur, dissipé, et ne rêve que de batailles. Il décide donc de partir, et tant pis s’il perd, tout reviendra alors à Henri.
James meurt, et Henri devient à la fois l’héritier du domaine, qu’il gère avec sagesse et raison, et le fiancé de Miss Alison, mais avec beaucoup moins de succès que James.
Sauf que James est un démon, un de ceux qu’on ne peut pas tuer, et, bien que laisser pour mort, il revient frapper à la porte, réclamant son héritage et sa fiancée.
Le Maître emprunte beaucoup aux contes fantastiques et au roman romantique. Les landes écossaises sont battues par les vents, les pirates pullulent et James, ce frère indigne, a quelque chose de purement diabolique. Peu importe qui et comment on le tue, on peut être sûr qu’il reviendra, jusqu’à la fin.
Mais, alors que j’adore habituellement ces contes gothiques, je n’ai pas été enthousiasmée par ce roman. J’ai bien aimé la première partie, en Ecosse ; la seconde en Amérique m’a laissée beaucoup plus froide. En fait, ce conte commence comme un conte fantastique, et se termine en roman d’aventure. J’aime bien ces deux styles, mais je n’accroche pas au mélange des deux… Stevenson me donne l’impression de ne pas croire complètement à son héros, ou du moins de ne pas être très sûr de ce à quoi il ressemble. D’une partie à l’autre, James change presque du tout au tout, et la pauvre lectrice que je suis est restée hébétée, en se demandant comment le diabolique seigneur écossais avait bien pu se retrouver en cordonnier à New-York.