Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
"Philosophy here is a very simple one : here, you may redeem yourself at working beyond human endurance, to remove your skin of the sins you have committed."
Trois jeunes femmes, trois jeunes filles, dans les années 60, en Irlande. La première, c'est Margaret, pas très jolie, trop sérieuse, obéissante, bonne fille. Lors d'un mariage (sublime première scène), elle se fait violer par son cousin. La deuxième, c'est Bernadette, une charmante orpheline, une petite brune piquante, qui aime se faire draguer par les garçons - mais sans jamais leur offrir le baiser qu'ils demandent. La troisième, c'est Rose, une fille-mère pleine d'amour et de tendresse.
Ces trois jeunes filles ont été, consciemment ou inconsciemment, volontairement ou involontairement, ont été salies par le désir des hommes. Elles sont impures aux yeux de leurs familles ou des religieuses qui s'occupent d'elles. Mais tout espoir n'est pas perdu, puisque même Marie-Madeleine a reçu la rédemption du Christ. Mais il faudra travailler, souffrir, et prier.
C'est l'histoire de ces couvents, de ces trois jeunes femmes et de quelques autres que nous raconte Magdalene Sisters. De cette injustice fondementale qui veut que les hommes sont incapables de résister à leurs pulsions - et que c'est aux femmes d'en payer le prix (et cette idée n'est pas passée d'actualité, bien malheureusement).
C'est aussi l'histoire d'un pays pétri de religion, abusé par les religieux. Une histoire très proche de celle d'Esme Lennox, et qui laisse percer une blessure purulente des pays celtiques : qu'avons nous fait par puritanisme ? A quelles personnes peu dignes de confiance avons-nous laissé nos âmes et nos corps ?
Au delà du témoignage, au delà de la dénonciation cinglante des religieux (plus que de la religion), c'est aussi un film magnifiquement filmé, une leçon de cinéma lumineuse et pleine de contraste. Les trois actrices sont émouvantes de vérité, d'émotion. La lumière, la musique joue avec brio sur elles et les décors. Il y a ce qu'il faut d'ellipse pour montrer sans démontrer (ohhhh, quel bonheur qu'un film qui prenne le spectateur pour un être intelligent...).
Et puis, un amour de l'Irlande, de ses hommes et de ses femmes, sans concession, sans gentillesse, mais avec une richesse de coeur émouvante. A ses paysages. A ses souffrances...
Un grand film.