Dans les années 80, dans une ville illuminée et dynamique, dans un bureau blanc et épuré qui surplombe la rue, une interview a lieu. Entre un témoin, et un vampire. Blond, blanc (déjà, le maquillage farineux), beau (Brad Pitt, quoi), mystérieux et fascinant.
Avant d'être un vampire, Louis était un propriétaire terrien du sud des Etats-Unis, près de la Nouvelle-Orléans, rendu inconsolable par le décès de sa femme tant aimée. Avant sa rencontre avec Lestat, il écumait les lieux mal-famés à la recherche d'alcool, de prostituées, avec lesquels oublier sa douleur. Lestat lui promet l'ultime jouissance : la mort sans la mort, l'immortalité qui se nourrit de la mort des autres. Mais est-ce la solution à la dépression de Louis ? Comment se satisfaire d'un plaisir égoïste, sadique, qui vide la vie d'un autre ? N'est-ce pas la pire des malédictions, celle d'être un vampire empathique ?
C'est un film qui me laisse un sentiment mitigé. J'ai adoré l'histoire. J'ai adoré l'ambiance, cette Nouvelle-Orléans aux mythes puissants, à l'atmosphère humide et lourde, la sensualité qui se dégage de chaque scène. Je meurs d'envie maintenant de lire le roman d'Anna Rice dont il a été tiré, peut-être en espérant y retrouver ce quelque chose qui m'a tant plu dans Les contes de la fée verte de Poppy Z Brite
Les acteurs aussi sont excellents. Si Brad Pitt est parfois un peu terne, un peu trop guindé, digne, vampiresque, Tom Cruise est excellent. L'a priori que j'avais de cet acteur – un acteur de films d'action sans beaucoup d'intérêt – s'est révélé totalement faux. Il est brillant, il est juste, il est séduisant et dangereux en même temps. Et la révélation, Kirsten Dunst à peine sortie de l'enfance, la même petite fille qui jouait dans Little Women, mais en vampire capricieuse et séduisante, magnifiquement manipulatrice. Déjà un talent.
Ceci mis à part – mais le scénario, l'ambiance et les acteurs ne sont-ils pas la part la plus importante d'un film? - le film peine à me convaincre. Il est filmé sans finesse. Les effets spéciaux sont souvent grotesques. Les décors font bas de gamme, comme le maquillage, parfois désastreux. Et certaines scènes font plus rire que pleurer – leur but initial.
Est-ce un film majeur qui a mal vieilli ? Sans doute, mais c'est là qu'on reconnaît les chefs-d’œuvre : ils vieillissent sans peine. Entretien avec un vampire n'en est pas un.
Vu dans le cadre du challenge Halloween 2012