Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
« If you have never had a garden you cannot understand, and if you have had a garden you will know it would take a whole book to describe all that came to pass there. »
La petite Mary a été élevée en Inde par une armada de serviteurs à son service. Alors, bien sûr, quand ses deux parents meurent et qu'elle est ramenée en Inde pour être élevée dans la demeure d'un oncle inconnu, elle est une abominable petite gamine mal élevée. Peu importe son oncle qui fuit la maison où son épouse tant aimée est morte. Peu importe les serviteurs, habitués aux frasques des maîtres. Finalement, personne ne s'intéresse vraiment à Mary, si ce n'est Martha, une jeune femme de chambre dont le petit frère, Dickon, a à peu près l'âge de Mary.
En découvrant Dickon, le printemps anglais, Mary va se mettre à changer. Et elle n'est pas au bout de ses surprises : un jardin secret dont l'entrée est interdite et un cousin encore plus irascible qu'elle.
C'est un très très joli roman pour enfant que ce Jardin Secret. Et même pour les adultes : je l'ai lu à un moment difficile de ma vie, et ses douces descriptions de la campagne du Yorkshire, des animaux, des vieux jardiniers et des jeunes bonnes, tout cela m'a mis du baume au cœur.
C'est très doux, très gentil, très moral, presque rousseauiste. Les enfants insupportables s'amendent et trouvent la bonté et la santé dans la nature qui refleurit. Les nobles pères absents pansent leurs plaies, la paysanne mère de douze enfants trouve encore le temps pour soigner les jeunes bourgeois délaissés. Avec une pointe (assez discrète) de religion, et un bon happy end comme on les aime.
Et en même temps, il y a un côté acerbe et terrible dans l'évocation de l'enfance de ces gamins, laissés à eux mêmes, abandonnés par des parents égoïstes, et grandissant sans la moindre contrainte. De l'autre côté, il y a Dickon et ses frères et sœurs, obligés de travailler dès le plus jeune âge, altruistes et généreux, mais surtout heureux.
Alors, il y a de la caricature dans ce portrait, mais une certaine attaque envers la société hautement hiérarchisée de l'époque et sur l'éducation des enfants, bien loin des fantasmes rousseauistes...
Lu dans le cadre du challenge edwardien sur whoopsy-daisy
(attention pour les néophytes en anglais : Dickon et sa famille parlent avec un accent prononcé, et évidemment retranscrit dans le texte. Donc, si lire des dialogues à base de « He's weak and hates th' trouble o' bein' taken out o' doors an' he gets cold so easy he says it makes him ill. » vous ennuie, lisez le en français.