Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
"Telles étaient les histoires que la mère de David avaient adorées durant son enfance et que David lui avaient lues tandis que la maladie étendait peu à peu son emprise sur elle, réduisant sa voix à un murmure et sa respiration à un crissement de papier de verre sur du bois pourri jusqu'à ce l'effort soit trop insurmontable et qu'elle cesse tout à fait de respirer."
David est un petit garçon rêveur. De sa mère, il a hérité l'amour des livres et des histoires, des contes en particulier. Et, après la mort de sa mère et le remariage de son père, dans la grande maison mystérieuse, ce sont dans les contes de fées laissés dans sa chambre qu'il trouve son réconfort.
Réconfort ? Non pas vraiment, car ceux là sont plus sombres, plus cruels que les contes de fées que l'ont connait.
Et petit à petit, l'étrangeté s'étend dans la vie de David. Le lierre pénètre sa chambre, les livres murmurent entre eux, et un homme étrange entre dans sa vie, un homme qui lui demande le nom de son demi-frère nouveau-né. Et, une nuit où la guerre fait rage, il va rentrer dans le monde des contes de fées et y découvrir la corruption que cet homme biscornu y fait régner.
"Dans la clairière devant la maison s'étaient assemblée une congrégation de créatures avec des corps d'enfants et des têtes d'animaux. Il y avait là des renards, des biches, des lapins, des belettes dont les petites têtes reposaient curieusement sur des épaules humaines trop larges, avec des coups rétrécis par l'action du baume."
C'est un roman extrêmement dur et sombre, et un immense coup de cœur. Certains passages m'ont mise au bord des larmes (la mort de la mère, en particulier), et d'autre m'ont dérangée, me laissant mal à l'aise et troublée.
Alors que les contes de fées ont l'utilité de rassurer les enfants sur leurs pulsions et de les aider à la maîtriser, ce roman montre exactement l'inverse, un monde où les passages les plus atroces des contes de fées prennent leur indépendance et sont transformés par les cauchemars des enfants.
En particulier, ce roman tourne autour d'un thème dérangeant : l'intrusion de la sexualité des adultes dans l'univers de l'enfance. Le remariage du père de David, l'enlèvement des enfants par des pédophiles, les tortures raffinées que l'homme biscornu fait subir à ses victimes, ou l'origine des Sire-Loups partent du même principe : la corruption de l'innocence par la libido des adultes et la souffrance qui en résulte.
Tout cela fait de Le livre des choses perdues, de cette innocence perdue, un grand roman, merveilleusement bien écrit, et un roman très dur à la fois. Un peu comme Le Labyrinthe de Pan, qui m'avait laissée aussi dans une ambiance cauchemardesque.
Lu dans le cadre du challenge Once Upon a Time
et du challenge Fairy Tales sur whoopsy-daisy