Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
"Unjust I may have been, weak and resentful I have been, but never inconstant."
J'ai choisi de chroniquer ensemble ces deux romans car ils forment pour moi les deux versants d'une même histoire : deux jeunes filles échangent involontairement leur vie. La première, c'est Courtney Stone, trente ans et des poussières en 2009, célibataire après avoir été trompée par son fiancé, habitant à Los Angeles et travaillant dans le cinéma. La seconde, c'est Miss Jane Mansfield, trente ans et des poussières en 1813, célibataire après avoir refusé un jeune veuf un peu trop charmant, et n'ayant pour seule et unique occupation journalière que de tenir compagnie à sa mère.
Un seul point commun (avec le célibat) entre ces deux jeunes femmes : la janéite aigüe se traduisant par la nécessité relire régulièrement Orgueil et Préjugés en période de blues, et par une capacité à appliquer des citations d'Austen à toutes les situations ou presque.
Soyons honnête, ces deux romans ne vont pas révolutionner la face de la littérature mondiale. C'est de la chick lit honnête, une bonne lecture de vacances ou de canicule. On ne se passionne même pas pour les histoires d'amour, sachant très bien comment elles vont finir (et oui, comme Jane Austen, Laurie Viera Rigler finit systématiquement ses romans par un bon et honnête mariage).
Mais, là où il est intéressant, c'est dans le décalage entre les deux manières de voir le monde. Ce que Viera Rigler nous dit, mine de rien, c'est que quand on fantasme sur Lizzie et Darcy, on met gentiment de côté les désagréments de la vie de Miss Elisabeth Bennett. Les odeurs, la médecine approximative, l'ennui profond qui rythme les journées, le manque désespérant d'intimité, et la situation de la femme, terrible. On redécouvre l'angoisse de vivre à une époque où la contraception n'existait pas, où un baiser innocent échangé avec un jeune homme pouvait conduire à la déchéance, et où un homme se devait d'épouser la femme avec qui il avait couché, sous peine d'ostracisme.
Notre époque n'est pas non épargnée : l'amour y apparait comme profondément désespéré, dépressif. Les relations se font et se défont dans la douleur, dans l'alcool et dans une absence de respect pour son corps et son coeur assez douloureuse.
Et c'est pas Sex and the City que je suis en train de lire en ce moment qui va dire le contraire !