
Ca fait parfois bizarre de lire un bouquin, et de s'y trouver complètement décrite. Avec ses petits snobismes, ses petites lâchetés, ses qualités aussi. D'avoir l'impression d'appartenir à un prototype.
Pourtant, ce n'est pas ce que je m'attendais à lire en ouvrant Une vie de pintades à Paris. Si je me considère comme une "fille", je ne me pense pas une pintade. De plus, généralement ce genre de bouquin, c'est comme les journaux féminins, ça a tendance à s'arrêter dans les "arrondissements à un seul chiffre" et à oublier les parisiennes qui gagnent moins de 2000 E par mois, qui travaillent pas dans un bureau tailleur-escarpins, qui ne passent par leur vie à faire les magasins râlant après leur n+1 et leur n-1. Je m'attendais donc à lire un ouvrage, sans doute fort pintadique, mais connaissant mal Paris et les parisiennes. En plus, écrit par deux américaines ! On allait avoir droit aux "Champs" et à la rue du Faubourg Saint-Honoré et c'est tout.
Que nenni ! Je me suis trompée : c'est bien de moi que parle ce bouquin, et de mes amies.
Il commence avec une vérité simple, et brève : la parisienne est râleuse et rebelle. Râleuse, je le suis. Et si rebelle consiste à s'acharner à traverser au vert, en dehors des clous, alors oui, c'est tout à fait moi, qui ai fait de cette pratique un sport quotidien (la version avec obstacle en talons hauts est encore plus amusante, je le conseille à toutes). Mais bon, rien là qui ne soit si extravaguant : même les américains savent que le français, donc la française, ronchonne à tout bout de champs. Et je crois que la pratique de la traversée sauvage fait partie des mythes parisiens.
Deuxième affirmation, la parisienne est snob : oui, je l'affirme, je l'avoue, je le suis. Mais ce qui m'a étonnée, c'est quand l'exemple de snobisme parisien a été donné dans la comparaison de macarons : Ladurée, diable non ! c'est pour les touristes, au même titre que les Champs Elysées, la Tour Eiffel, et les tee-shirts University of Sorbonne. Non, les seuls, les vrais, ce sont les Pierre Hermé (auquel j'ajouterai Mulot, parce que quand même, ils sont bons les Mulots).
Ah. Qui sait cela connait peut-être mieux Paris que le guide de tourisme moyen.
Et la suite n'a fait que confirmer ce que je pressentais : c'est bien des parisiennes, qu'il s'agit. De celles qui font du vélib en talons, de celles qui jonglent entre boulot et gamins (là, j'y suis pas encore !) de celles qui collectionnent les bouquins de cuisines et sont abonnées à Elle à table (tiens, ça c'est moi !). Des papotage sexe/bouffe/politique à table avec les amis. Des deux bises, pas trois, pas quatre, qu'on se fait en se voyant. Des parisiennes du faubourg Saint-Honoré, des bobos du marché d'Aligre, des blacks du XXème et de toutes les autres. De celles qui font fantasmer le monde, et qui se rongent les ongles-parce-que-pas-le-temps-de-faire-une-manucure.
Les descriptions sont tellement bien vues que ça me donne envie de rencontrer les autres pintades, celles de New-York, de Téhéran et tout autour du monde !
Une dernière pour la route : "Les Louboutins c'est pas fait pour marcher. C'est fait pour faire mal au pieds (pain is pleasure !), et c'est fait pour être regardé dans un placard en poussant des soupirs de volupté."